L'État et les salariés face au chômage dans les pays d'Europe centrale et orientale - article ; n°2 ; vol.26, pg 59-83

Jenö Koltay

Description

Revue d’études comparatives Est-Ouest - Année 1995 - Volume 26 - Numéro 2 - Pages 59-83
The State, and the problem of unemployment facing wage-earners in the countries of East Central Europe.
The countries of East Central Europe, in full flow of transition, are suddenly facing massive and persistent unemployment. They have difficulty in devising adequate measures to curb its increasing momentum, and to allay the economic and social damage it causes. Researchers and decision makers in every country are exercised by the same questions : what are the causes of mass unemployment ; who are the actual, or potential, unemployed ; why, within one country, are there such differences in the lineaments of unemployment ; how is one to halt the rising tide of unemployment and limit its destructive effects ; what part can the State play in this respect ? An analysis of what are frequently contradictory and heterogeneous facts and data serves the author as a starting-point in his search for even a partial answer, allowing for the doubts and uncertainties arising through interpretation and methodology.
Les pays d'Europe centrale et orientale (PECO), en pleine transition, se sont soudainement vu confronter à un chômage massif et persistant. Ils ont du mal à trouver les moyens adéquats pour en freiner l'augmentation et en atténuer les retombées économiques et sociales. Les mêmes questions préoccupent chercheurs et décideurs dans chaque pays : quels sont les origines du chômage de masse, qui sont les chômeurs ou les chômeurs potentiels, pourquoi existe-t-il de telles différences à l'intérieur d'un pays dans les dimensions du chômage, comment arrêter la marée du chômage et limiter ses dégâts, quel peut être le rôle de l'État à cet égard ? L'analyse des faits et des données souvent contradictoires et peu homogènes sert de point de départ pour trouver des fragments de réponse, en tenant compte des incertitudes et doutes suscités par l'interprétation et la méthodologie.
25 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

• Sociologie, société et politique

Informations

• Publié par: REVUE_D-ETUDES_COMPARATIVES_EST-OUEST
• Publié le: 01 janvier 1995
• Nombre de lectures: 23
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 2 Mo

Extrait

Jenö Koltay
L'État et les salariés face au chômage dans les pays d'Europe
centrale et orientale
In: Revue d’études comparatives Est-Ouest. Volume 26, 1995, N°2. pp. 59-83.
Abstract
The State, and the problem of unemployment facing wage-earners in the countries of East Central Europe.
The countries of East Central Europe, in full flow of transition, are suddenly facing massive and persistent unemployment. They
have difficulty in devising adequate measures to curb its increasing momentum, and to allay the economic and social damage it
causes. Researchers and decision makers in every country are exercised by the same questions : what are the causes of mass
unemployment ; who are the actual, or potential, unemployed ; why, within one country, are there such differences in the
lineaments of unemployment ; how is one to halt the rising tide of unemployment and limit its destructive effects ; what part can
the State play in this respect ? An analysis of what are frequently contradictory and heterogeneous facts and data serves the
author as a starting-point in his search for even a partial answer, allowing for the doubts and uncertainties arising through
interpretation and methodology.
Résumé
Les pays d'Europe centrale et orientale (PECO), en pleine transition, se sont soudainement vu confronter à un chômage massif
et persistant. Ils ont du mal à trouver les moyens adéquats pour en freiner l'augmentation et en atténuer les retombées
économiques et sociales. Les mêmes questions préoccupent chercheurs et décideurs dans chaque pays : quels sont les origines
du chômage de masse, qui sont les chômeurs ou les chômeurs potentiels, pourquoi existe-t-il de telles différences à l'intérieur
d'un pays dans les dimensions du chômage, comment arrêter la marée du chômage et limiter ses dégâts, quel peut être le rôle
de l'État à cet égard ? L'analyse des faits et des données souvent contradictoires et peu homogènes sert de point de départ pour
trouver des fragments de réponse, en tenant compte des incertitudes et doutes suscités par l'interprétation et la méthodologie.
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Koltay Jenö. L'État et les salariés face au chômage dans les pays d'Europe centrale et orientale. In: Revue d’études
comparatives Est-Ouest. Volume 26, 1995, N°2. pp. 59-83.
doi : 10.3406/receo.1995.2726
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/receo_0338-0599_1995_num_26_2_2726Revue d'études comparatives Est-Ouest, 1995, 2 (juin)
pp. 59-83 - Jenô KOLTAY
L'Etat et les salariés face au chômage
dans les pays d'Europe centrale et orientale
Jenô KOLTAY*
Les pays d'Europe centrale et orientale (PECO), en pleine transition, se sont
soudainement vu confronter à un chômage massif et persistant. Ils ont du mal à
trouver les moyens adéquats pour en freiner l'augmentation et en atténuer les
retombées économiques et sociales. Dans chaque pays, les mêmes questions
préoccupent chercheurs et décideurs : quelles sont les origines du chômage de
masse, qui sont les chômeurs ou les chômeurs potentiels, pourquoi existe-t-il
de telles différences à l'intérieur d'un pays quant à l'ampleur du chômage,
comment arrêter la marée du chômage et limiter ses dégâts ? L'analyse des
faits et des données, souvent contradictoires et peu homogènes, sert de point de
départ pour trouver des fragments de réponse, en tenant compte des incerti
tudes et doutes suscités par l'interprétation et la méthodologie '.
1. L'évolution du chômage et de l'emploi
l.l.La montée du chômage
Dans plusieurs pays de la région, l'accroissement du chômage a débuté
parallèlement à l'effondrement de l'ancien régime, avec une forte accélération
en 1991 et un certain ralentissement en 1992. A la fin de 1992, parmi les pays
examinés, les taux de chômage les plus élevés sont enregistrés en Pologne
(13,8 %), Hongrie (12,3 %) et Slovénie (13,2 %), c'est-à-dire les pays les plus
* Institut des Sciences Economiques, Académie des Sciences de Hongrie.
1. Cet article est une version remaniée d'une communication présentée lors du colloque
organisé les 20 et 21 janvier 1994 à la Sorbonne par le CIEH, Université de Paris III
et le ROSES-CNRS. Pour rédiger ce texte, je me suis servi des données et informations
des études nationales effectuées par Sonja Drobnic, Veljko Rus, Kamil Janacek, Kôllo
Jânos, Michaela Miron, Alena Nesporova, Janusz Witkowski et Vincze Maria, dans le
cadre d'une recherche internationale coordonnée par moi-même et entreprise avec
l'aide de l'Institut des sciences économiques et de la Katholieke Universitet de Leuven
et le soutien respectif de l'OTKA et de Î'ACE. Il va de soi que l'auteur de cet article
garde l'entière responsabilité des éventuelles erreurs de déduction et d'interprétation.
59 Jenô Koltay
avancés dans la transformation et ayant des antécédents de réformes partielles
sous l'ancien régime. En 1993, ces taux, élevés même à l'aune européenne,
continuent d'augmenter dans les trois pays, avoisinant 15 % en Pologne et en
Slovénie et culminant au-dessus de 13 % en Hongrie, avec une légère diminut
ion à partir du mois de mars.
La Tchécoslovaquie, encore unie à l'époque, handicapée par son manque
d'expérience réformatrice, représente un cas particulier. Comme dans les trois
pays mentionnés précédemment, le chômage s'y accroît rapidement en 1991
pour atteindre un taux de 6,6 % en fin d'année (4,1 % en Bohême et 1 1,8 % en
Slovaquie). En revanche, selon les données disponibles, à la fin de 1992, le
taux retombe à 5,5 % et s'avère donc plus faible qu'un an auparavant (le chô
mage avait atteint son point culminant en janvier et était revenu à son niveau le
plus bas en novembre 1992). Ce chiffre "national" cache cependant des diff
érences considérables. Si la Slovaquie avait déjà été indépendante à cette
époque, elle se serait placée en tête du peloton - du moins en ce qui concerne
le chômage - avec un taux de 10,8 %. La Bohême, avec un taux de 2,6 %, est
la zone la moins atteinte de la région. Après la décélération observée en 1992
et la partition intervenue en 1993, le chômage dépasse 13 % en Slovaquie, tan
dis qu'en Bohême il reste inférieur à 3 %.
En Roumanie, où l'absence de tradition réformatrice est aussi un handicap
parmi d'autres pour la transformation de l'économie, le chômage - qui n'a été
Tableau I
Chômeurs enregistrés en proportion de la population active
(Taux de chômage, enfin de période)
Année Bohême Hongrie Pologne Roumanie Slovénie
slovaquie quie
- - - - 1989 0,5 3,2
1990 1,0 1,0 3,0 5,9
1991 4,1 11,8 6,6 8,5 11,8 3,0 10,1
1992 5,5 2,6 10,8 12,3 13,8 9,2 13,2
10,4a 13,5a 8,3a
1993
I. tr. 2,9 12,0 12,9 14,2 9,3 13,5
II. tr. 2,8 13,5 12,7 15,2 9,4 14,5
3,9a 12,4a 12,0a 13,8a
III. tr. 3,2 13,7 13,4 15,4 9,1
3,8a 12,5a 11,9a 13,1a
IV. tr. 3,5 14,0 12,8 16,4 10,4
3,7a 13,0a 11,5a 14,9a
1994
I. tr. 3,5 14,5 12,5 16,7 11,5
4,0a 13,7a 11,5a 16,0a 8,2a
a = données tirées des Labour Force Surveys.
Sources : Employment Observatory Central & Eastern Europe, 1 992 et 1 993 ; statistiques nationales
Labour Force Surveys.
60 État et salariés face au chômage
reconnu officiellement qu'à partir de la fin de 1990 - a commencé à croître en
1991 seulement. Après la forte accélération de 1992, le taux de chômage s'est
élevé à 9,2 % et a continué sur cette lancée pour atteindre 1 1,5 % en 1994.
Les pays concernés diffèrent également l'un de l'autre du point de vue du
nombre et de la qualité des données sur le chômage. D'un côté, nous avons la
Roumanie et, pendant un certain temps, la Tchécoslovaquie où le phénomène
nouveau du chômage ne pouvait être examiné qu'à travers l'appareil statistique
traditionnel et en termes de chômeurs enregistrés. De l'autre côté, la Pologne,
la Slovénie et la Hongrie, qui se retrouvent une fois de plus dans le même
groupe, où les données sur le chômage paraissent plus crédibles, non seule
ment parce que les taux affichés sont plus élevés, mai