L évaluation dans les ONG belges : entre volonté et contrainte - article ; n°180 ; vol.45, pg 799-823
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Tiers-Monde - Année 2004 - Volume 45 - Numéro 180 - Pages 799-823
25 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 2004
Nombre de lectures 39
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Patrick Develtere
Bénédicte Fonteneau
Ignace Pollet
L'évaluation dans les ONG belges : entre volonté et contrainte
In: Tiers-Monde. 2004, tome 45 n°180. pp. 799-823.
Citer ce document / Cite this document :
Develtere Patrick, Fonteneau Bénédicte, Pollet Ignace. L'évaluation dans les ONG belges : entre volonté et contrainte. In: Tiers-
Monde. 2004, tome 45 n°180. pp. 799-823.
doi : 10.3406/tiers.2004.5529
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/tiers_1293-8882_2004_num_45_180_5529L'EVALUATION
DANS LES ONG BELGES:
ENTRE VOLONTÉ ET CONTRAINTE
par Patrick Develtere, Bénédicte Fonteneau et Ignace Pollet*
Système social particulièrement hétérogène, les ong belges se sont
récemment lancées dans un processus de reflexivitě. Parce quelles
confrontées à de multiples défis internes et externes, ce processus est res
senti comme indispensable à la réaffirmation de leur légitimité, voire à
leur survie. Parmi d'autres stratégies, les ong se sont ouvertes à la
recherche appliquée pour alimenter ce processus de réflexivité. Cette
confrontation entre logique de connaissance et logique d'action permet
d'observer comment et sur quels thèmes prioritaires les ONG cherchent,
individuellement et collectivement, à se repositionner et à traverser leur
crise d'identité.
Cet article propose une description analytique du processus de
réflexivité récemment entamé au sein d'un système social particulier,
celui des ONG belges1. Ce phénomène nous semble intéressant car il
traduit clairement le besoin de positionnement individuel et collectif
d'organisations qui ont longtemps fonctionné de manière isolée (peu
d'interactions avec d'autres acteurs, peu de remise en question par
l'opinion publique ou les pouvoirs publics) tout en rencontrant depuis
toujours des difficultés à se trouver une cohérence interne et un
agenda commun de travail et de revendications. Actuellement confront
ées à de multiples défis internes et externes, les ong se sont donc
* HIVA / Katholieke Universiteit Leuven.
1. Les informations sur lesquelles repose cet article ne portent pas sur toutes les ong belges. Celles
auxquelles il sera fait référence (particulièrement dans la quatrième partie) sont, selon la classification
belge, des ong de développement bilingues ou néerlandophones. Les données recueillies nous semblent
représentatives de l'ensemble de ce sous-groupe, tant en termes de profil de ces ong (origine, secteur
d'activité, famille sociologique, taille) qu'en termes de nombre d'ONG étudiées par rapport au total.
Revue Tiers Monde, t. XLV, n° 180, octobre-décembre 2004 800 Patrick Develtere, Bénédicte Fonteneau et Ignace Pollet
engagées dans un processus de reflexivitě ressenti comme indispensable
à la réaffirmation de leur légitimité, voire à leur survie.
Nous aborderons ici les ong en termes de système social, c'est-à-
dire comme un ensemble d'entités en relation les unes avec les autres.
L'ensemble existe en tant que système quand il se distingue de son
environnement et qu'il définit son positionnement par rapport à cet
environnement. Sauf précision contraire, l'expression « système
social » sera ici utilisée, qu'il s'agisse d'une ong ou des ong prises col
lectivement. Bien qu'une distinction aurait pu affiner notre propos,
cette « confusion » volontaire nous semble justifiée car le phénomène
de reflexivitě appliqué au système social se vérifie ici tant en termes
individuels (dans plusieurs ong) que de manière collective (au niveau
des fédérations d'ONG, par exemple).
Dans les deux premières parties, nous décrirons le processus histo
rique qui explique à quel point le système social que composent
les ONG est constitué de différentes générations et se trouve en proie,
depuis sa création, à des changements constants de stratégies ; d'où un
système social hétérogène ayant des fondements, des visions et des
idéologies très diverses, parfois contradictoires. Pourtant, les stratégies
et les méthodes d'action semblent de plus en plus standardisées (activi
tés génératrices de revenus, méthodes participatives, tendance à la
marchandisation, partenariat avec des organisations de la société
civile). Mais leur mise en pratique et surtout leur portée ne sont pas
toujours examinées et ne constituent pas toujours un ensemble cohé
rent traduisant une vision politique particulière des objectifs à
atteindre. Tout cela a conduit à une crise d'identité à laquelle les ong
tentent de répondre par un travail de réflexivité.
Bien qu'il ait été annoncé plus tôt, ce travail de réflexivité a part
iculièrement été provoqué par une réforme de la coopération interna
tionale belge entamée au milieu des années 1990 et touchant tous ses
acteurs, publics et privés. Les ong ont ainsi vu leurs pratiques et leurs
identités remises en cause par leur environnement institutionnel et,
significativement, par les pouvoirs publics. Elles ont été confrontées à
un ensemble de défis très concrets : la relative faiblesse des résultats
obtenus par rapport aux efforts investis, le faible support societal sur
lequel les ong peuvent asseoir leurs actions et leur légitimité, une posi
tion institutionnelle fragilisée tant par la multiplication et la diversif
ication des acteurs du développement que par le changement des règles
du jeu, notamment avec les pouvoirs publics financeurs. De cette con
frontation a découlé, pour les ong, une perception de perte de posi
tion stratégique, de perte d'autonomie et d'instrumentalisation. Ces
défis feront l'objet de notre troisième partie. L'évaluation dans les ONG belges 801
De nombreuses ONG se posent donc des questions sur elles-mêmes.
Parmi diverses stratégies de réponse à ces défis (notamment le regrou
pement entre pairs), certaines ONG se sont ouvertes à la recherche
appliquée, en autorisant des « externes critiques » à analyser leurs stra
tégies et pratiques. Nous verrons donc dans une quatrième partie com
ment, en tentant de confronter une logique de connaissance à une
logique d'action, ces ong veulent à la fois trouver des réponses à des
doutes internes et renforcer ainsi leur identité, mais également trouver
des moyens de mieux justifier, légitimement ou non, leurs pratiques
par rapport à leur environnement : bailleurs de fonds, nouveaux
acteurs et opinion publique.
La généralisation du phénomène décrit dans cet article serait abus
ive. Cependant, les ong concernées et la caractérisation de ce phéno
mène (types de collaborations proposées par ces ONG au monde de la
recherche appliquée ainsi que les questions et hypothèses de recherche
posées) nous semblent symptomatiques de ce qui aujourd'hui retient,
ou non, l'attention des ong dans ce processus de reflexivitě et les logi
ques qui le sous-tendent.
Le point de vue des auteurs de cet article est celui d'acteurs,
témoins privilégiés du phénomène décrit. En effet, les données utilisées
ici sont en grande partie issues d'études réalisées sur les ong (évalua
tions organisationnelles, évaluations de partenariat, enquêtes sur le
support et la base sociétale des ong, etc.) par le centre de recherche1
auquel sont rattachés les auteurs. Cet article est donc également le
produit d'un travail réflexif par des acteurs de la recherche appliquée
réalisant non seulement des études sur les ong mais aussi souvent à la
demande celles-ci.
I- PROFIL ET CONTOURS D'UN SYSTÈME SOCIAL HÉTÉROGÈNE
Avant d'aborder la présentation des ONG belges sous un angle his
torique et sociologique, voyons quelle est l'ampleur de ce secteur en
Belgique et quelques-unes de ses principales caractéristiques.
1 . Les auteurs sont rattachés au secteur « développement durable » de l'Institut supérieur du travail
de la Katholieke Universiteit Leuven. Ce secteur mène un ensemble de recherches axées sur la participa
tion et la société civile, au Nord (aspects institutionnels et socio-économiques des politiques environne
mentales) et au Sud (acteurs de la coopération internationale, mouvements sociaux, coopératives, champ
de la s

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