L évolution de l organisation régionale française - article ; n°1 ; vol.122, pg 219-232
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Norois - Année 1984 - Volume 122 - Numéro 1 - Pages 219-232
Since Vidal de la Blache and Demangeon, two themes are prominent in the study of French regional organization : the theme of the historical evolution of territorial systems, which is central to Vidal's research, and the theme of the remarkable stability of many regions, which Demangeon developed at the end of his life.
The article try to show that the two themes are fundamental for understanding the French organization : French regions were built on ethnic bases at the time of independant Gaul, on administrative bases at the time of Rome and at the time of the emergence of feudal states ; they were linked more and more to economic centers. In this process of evolution, old structures are continually outdated by new organizations.
Many of the old limits and boundaries remain yet unchanged. It is linked to the fact that old centers and old territories can be used by new functional systems. It is mainly the result of psychological facts : old divisions remain alive in the mind of inhabitants and serve as tools to buhd new structures.
The administrative division of France appears, in this optic, as a suboptimal one : it is certainly the more efficient one as long as two constraints were accepted before any new partition : the integrety of the old « département » and the choice of middle size units.
Deux thèmes dominent les études relatives à l'organisation régionale de la France depuis Vidal de la Blache et Demangeon : le thème de la dérive historique des systèmes territoriaux, qui est au cœur des recherches de Vidal, et celui de la stabilité remarquable de beaucoup de régions, que Demangeon systématisa à la fin de sa vie.
L'article essaie de montrer que ces deux thèmes sont également fondamentaux pour comprendre l'organisation de l'espace français : les régions françaises se sont constituées sur des bases ethniques à l'époque de l'indépendance gauloise, sur des bases administratives à l'époque romaine ou au moment où se sont formés les Etats féodaux ; elles doivent par la suite de plus en plus au rayonnement des centres économiques. Au cours de l'évolution, les vieilles structures sont continuellement remises en cause par les nouvelles organisations.
Beaucoup des vieilles limites demeurent cependant inchangées. Ceci est lié au fait que les centres et les territoires anciens peuvent être réutilisés dans de nouvelles configurations fonctionnelles. Cela traduit surtout le jeu de facteurs psychologiques : les vieilles divisions demeurent vivantes dans l'esprit des gens et servent d'outils mentaux lorsqu'il s'agit d'imaginer de nouvelles structures.
La division administrative de la France actuelle apparaît, dans cette optique, comme presque optimale : c'est certainement la plus efficace de celles que l'on pouvait imaginer si l'on acceptait au départ deux contraintes : celle de respecter les limites des départements, et celle de retenir une dimension standard moyenne pour les cadres nouveaux.
14 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1984
Nombre de lectures 19
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Paul Claval
L'évolution de l'organisation régionale française
In: Norois. N°122, 1984. Avril - juin 1984. pp. 219-232.
Citer ce document / Cite this document :
Claval Paul. L'évolution de l'organisation régionale française. In: Norois. N°122, 1984. Avril - juin 1984. pp. 219-232.
doi : 10.3406/noroi.1984.4175
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/noroi_0029-182X_1984_num_122_1_4175Abstract
Since Vidal de la Blache and Demangeon, two themes are prominent in the study of French regional
organization : the theme of the historical evolution of territorial systems, which is central to Vidal's
research, and the of the remarkable stability of many regions, which Demangeon developed at
the end of his life.
The article try to show that the two themes are fundamental for understanding the French organization :
French regions were built on ethnic bases at the time of independant Gaul, on administrative bases at
the time of Rome and at the time of the emergence of feudal states ; they were linked more and more to
economic centers. In this process of evolution, old structures are continually outdated by new
organizations.
Many of the old limits and boundaries remain yet unchanged. It is linked to the fact that old centers and
old territories can be used by new functional systems. It is mainly the result of psychological facts : old
divisions remain alive in the mind of inhabitants and serve as tools to buhd new structures.
The administrative division of France appears, in this optic, as a suboptimal one : it is certainly the more
efficient one as long as two constraints were accepted before any new partition : the integrety of the old
« département » and the choice of middle size units.
Résumé
Deux thèmes dominent les études relatives à l'organisation régionale de la France depuis Vidal de la
Blache et Demangeon : le thème de la dérive historique des systèmes territoriaux, qui est au cœur des
recherches de Vidal, et celui de la stabilité remarquable de beaucoup de régions, que Demangeon
systématisa à la fin de sa vie.
L'article essaie de montrer que ces deux thèmes sont également fondamentaux pour comprendre
l'organisation de l'espace français : les régions françaises se sont constituées sur des bases ethniques
à l'époque de l'indépendance gauloise, sur des bases administratives à l'époque romaine ou au
moment où se sont formés les Etats féodaux ; elles doivent par la suite de plus en plus au rayonnement
des centres économiques. Au cours de l'évolution, les vieilles structures sont continuellement remises
en cause par les nouvelles organisations.
Beaucoup des vieilles limites demeurent cependant inchangées. Ceci est lié au fait que les centres et
les territoires anciens peuvent être réutilisés dans de nouvelles configurations fonctionnelles. Cela
traduit surtout le jeu de facteurs psychologiques : les vieilles divisions demeurent vivantes dans l'esprit
des gens et servent d'outils mentaux lorsqu'il s'agit d'imaginer de nouvelles structures.
La division administrative de la France actuelle apparaît, dans cette optique, comme presque optimale :
c'est certainement la plus efficace de celles que l'on pouvait imaginer si l'on acceptait au départ deux
contraintes : celle de respecter les limites des départements, et celle de retenir une dimension standard
moyenne pour les cadres nouveaux.Poitiers, 1984, t. 51, n° 122, p. 219-232. Norois,
L'évolution de l'organisation
régionale française
par Paul CLAVAL
Université de Paris -Sorboune
191, rue Saint-Jacques 75005 PARIS.
I. — DE VIDAL DE LA BLACHE A DEMANGEON : LA DECOUVERTE
DE LA REGION FRANÇAISE.
Les études consacrées à l'organisation régionale de la France sont
nombreuses et leur histoire est longue. Les deux grands initiateurs, dans
ce domaine, sont Vidal de La Blache et Demangeon. Le premier est revenu
plusieurs fois sur ce thème : il l'aborde en 1888 en s'interrogeant sur les
«divisions fondamentales du sol français» (1)*; il y revient dans le
Tableau de la géographie de la France (2), puis, d'une manière plus génér
ale, dans ses grands articles sur la notion de région (3) et, à propos
d'un cas régional, dans la France de l'Est (4). Vidal de La Blache est
sensible à la diversité des échelles auxquelles correspondent les faits de
relation. Il s'intéresse aux constructions territoriales de taille moyenne,
mais les saisit toujours dans un tout qui part de la cellule locale et va
à la nation et aux grands ensembles internationaux. Sa réflexion s'arrête
de plus en plus longuement sur le rôle déterminant des échanges et des
sphères de sociabilité (5). Dans un premier temps, il saisit l'espace français
dans ses complémentarités et autour des pôles qui structurent la vie
générale, le foyer de dispersion du plateau central et le centre de conver
gence du Bassin Parisien : il reprend à son compte les indications des
auteurs de la Carte géologique de la France, Dufresnoy et Elie de Beau-
mont, et ouvre ainsi la voie aux analyses de régions naturelles et d'espaces
sociaux calqués sur leurs indications.
Dans le Tableau de la géographie de la France, les articulations recon
nues comme essentielles sont tout autres : la France n'est plus saisie dans
l'unité de son territoire, dans sa totalité ordonnée par le centre parisien ;
elle est découpée en ensembles qui paraissent homogènes à Vidal par
les formes de sociabilité élémentaire qui y dominent. Au nord, du Bassin
Parisien aux terres flamandes et à l'Alsace, l'espace est structuré par
des communautés villageoises vigoureuses, ce qui a préparé le pays à la
vie d'échanges et à une activité sociale diverse ; au sud, le long de la
Méditerranée, la vie s'ordonne également autour de foyers groupés, plus
importants d'ailleurs que ceux de la France du nord et qui auraient
* La numérotation se rapporte à la bibliographie située en fin d'article.
Mot^-clés : Fiance. Région. Organisation de l'espace. Géographie historique. PAUL CLAVAL 220
favorisé l'épanouissement d'une civilisation aussi riche si la gamme
d'activités ouvertes à l'initiative locale avait été aussi large. L'ouest,
avec son habitat pulvérisé, est marqué par une sociabilité beaucoup plus
fruste et une pénétration plus difficile des influences et des genres de vie
urbains, si bien que c'est l'isolement qui lui donne sa tonalité. Entre
ces trois ensembles aux caractères bien marqués, la France moyenne qui
va du Jura ou des Alpes aux rivages de l'Atlantique a des groupements
intermédiaires par leurs formes et une vie sociale qui est plus ouverte
que celle de l'ouest, mais où les sphères de sociabilité sont souvent
contenues, du fait du relief et de l'organisation des terroirs, dans des
espaces de petite dimension
Dans ses dernières analyses, la curiosité de Vidal de La Blache s'ouvre
aux influences économiques et aux courants d'échanges intenses qui sui
vent la révolution des transports. Les régions cessent d'être saisies dans
leur complémentarité politique et stratégique, ou dans leurs particularités
sociologiques : elles sont appréhendées dans leurs orientations agricoles
et industrielles et dans leur rôle au sein d'un espace où la division des
tâches s'accentue. Les formes locales de sociabilité ont moins de poids,
dans ce monde modernisé, que les solidarités nées autour des grands
centres. La région est saisie dans ses rapports avec l'organisation nodale
du pays.
L'approche vidalienne n'est jamais vraiment historique, mais ses trois
manières successives d'appréhender l'organisation régionale de notre pays
peuvent s'intégrer dans un schéma de développement : à la société tradi
tionnelle, qui est celle des forts contrastes dans les styles de vie, corres
pond une France où les aires de dimension moyenne constituent des
ensembles unis par des liens stratégiques en fonction des facilités de
communication — le pays s'ordonne autour du pôle répulsif du Massif
central, contourné grâce aux trois seuils majeurs du Lauragais, du Poitou
et de Bourgogne, et trouve son unité autour de Paris. A la France moderne
correspond une différenciation des activités que commande l'échange éc
onomique généralisé : les échelons significatifs de la vie régionale s'art
iculent désormais autour des grands

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