L évolution de la science et la planification de la recherche - article ; n°1 ; vol.15, pg 1-62
63 pages
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Description

Revue économique - Année 1964 - Volume 15 - Numéro 1 - Pages 1-62
62 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1964
Nombre de lectures 20
Langue Français
Poids de l'ouvrage 4 Mo

Extrait

Monsieur Pierre Lelong
L'évolution de la science et la planification de la recherche
In: Revue économique. Volume 15, n°1, 1964. pp. 1-62.
Citer ce document / Cite this document :
Lelong Pierre. L'évolution de la science et la planification de la recherche. In: Revue économique. Volume 15, n°1, 1964. pp. 1-
62.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/reco_0035-2764_1964_num_15_1_407591L'EVOLUTION DE LA SCIENCE
ET LA PLANIFICATION DE LA RECHERCHE
I. INTRODUCTION
On s'est efforcé d'analyser ici un ensemble de conditions extrê-
mement complexes qui régissent en fait les rapports de la Science et
de l'Etat. La recherche scientifique et technique dans ses rapports
avec l'économie suscite depuis quelques années l'attention de milieux
de plus en plus larges. Elle est en effet présente comme facteur
d'innovation dans un nombre croissant de secteurs de l'activité éco
nomique.
Le nombre va en augmentant des techniques qui deviennent seien"
tifiques après avoir été d'abord « ouvrières » et qui, utilisant des
données élaborées par la science, dépendent de plus en plus d'elle
pour leur développement : la condition moderne de la technique est
d'être scientifique.
Il en résulte que certaines activités de production se modifient.
Des branches professionnelles se créent, d'autres disparaissent par le
jeu de transformations qui ont ceci de grave qu'elles portent simul-
tanément sur l'objet de la production et sur ses méthodes. Des équi-
pements ayant nécessité de coûteux investissements deviennent obsol
ètes ; de ce fait, la période d'amortissement à prévoir est raccourcie
et rendue aléatoire.
Des marchés se modifient : la notion même de marché, dans la
mesure où elle suppose la stabilité du produit et du besoin, tend sinon
à s'effacer, du moins à se déformer dans certains secteurs où l'effort
porte sur le renouvellement incessant, la « modernisation » des pro
duits et des biens et où, en conséquence, une certaine forme d'instab
ilité est au nombre des facteurs appréciés.
Revue Economique — N° 1, 1964 1 REVUE ECONOMIQUE
Pour l'économiste, ces bouleversements sont rapportés à une ori
gine exogène, car l'invention scientifique et technique n'est pas com
mandée seulement par des facteurs économiques. Il apparaît bien
que s'intègrent actuellement au cycle économique des forces qui
souvent en demeurent à l'écart : d'une part une faculté inventive
des individus et des sociétés qui n'a pas seulement un aspect culturel,
d'autre part une recherche de la puissance, de l'efficacité, qui déborde
largement le domaine militaire, celui-ci devenant au contraire à
l'époque moderne tributaire des applications de la science.
Il est alors naturel pour l'économiste d'aller vers celle-ci non pas
tant pour la connaître, ce qui est l'œuvre des spécialistes, que pour
essayer de deviner « ce qui en sortira ». Il n'est d'ailleurs pas seul
à avoir vis-à-vis de la recherche des préoccupations prospectives.
Pour la prévision des moyens — en rapide augmentation, en hommes
et en moyens financiers — qu'il faut mettre aujourd'hui à la dispo
sition de certaines recherches scientifiques et des recherches tech
niques, le pouvoir doit disposer et d'informations sur la science et
de perspectives qui lui permettent les choix nécessaires. Ces préoc
cupations de milieux divers poussent à la publication de nombreux
articles et ouvrages sur la recherche scientifique et technique. Ceux-
ci diffusent des informations utiles, apportent des vues générales et
témoignent d'un évident souci de coordination et de prospective vis-
à-vis de la recherche conçue comme un ensemble très vaste d'activités.
Les ébauches de planification qu'ils contiennent contribuent — et
ce n'est pas un mince mérite — à faire connaître certaines nécessités :
importance des moyens à mettre en œuvre, harmonisation à prévoir
entre les équipements de recherche et la formation des chercheurs.
On risque toutefois de simplifier à l'excès des situations encore
mal connues : le mécanisme de l'invention est complexe, peu exploré
et, ne l'oublions pas, il n'existe pas de recherche véritable sans cher
cheurs ni aléas inhérents à la recherche. Rares sont encore aujour
d'hui les textes rédigés après discussion au sein d'une équipe réu
nissant économistes et hommes de science. Il est cependant récon
fortant de constater que le dialogue s'amorce au sein de certaines
institutions récemment créées. On entre, en effet, dans un domaine
particulièrement délicat du fait que l'analyse y décèle des données
hétérogènes, dont les principales sont : d'une part les conditions très
spéciales de la « production » scientifique, c'est-à-dire du succès dans
le domaine scientifique et technique; d'autre part l'impact récemment
accru de la science et de la technique sur la société ; enfin ce qu'on
peut appeler l'esprit de planification, la dynamique qui pousse à son PLANIFICATION DE LA RECHERCHE
extension ; dans le style du Plan français, elle ne peut que pousser
au dialogue avec les intéressés et à une meilleure connaissance de
mécanismes peu connus et trop peu explorés.
Il existe au IVe Plan une Commission de la Recherche scienti
fique et technique qui assume un rôle mixte : elle est une commission
« horizontale » en ce sens qu'elle prépare les investissements néces
saires à l'activité de recherche scientifique des grands organismes du
pays, mais elle est aussi — ou elle devrait être — une commission
« verticale » recoupant les travaux des commissions de modernisation
qui ont à connaître des principales activités nationales, leur appor
tant des vues nouvelles dans la mesure où ces activités productrices
font appel à la recherche scientifique et technique pour se moderniser.
A l'heure où l'on s'interroge sur les résultats du IVe Plan, où l'on
réfléchit sur les méthodes d'élaboration du Ve Plan français, il a paru
opportun de rappeler quelques-uns des problèmes d'un ensemble éto
nnamment complexe.
Mais que penser d'abord des tendances planificatrices appliquées
à la récherche ?
Un savant français exprimait naguère au ministre chargé de la
recherche scientifique ce qu'il pensait des travaux de coordination et
de planification : « Qu'on nous donne de l'argent, disait-il, et qu'on
nous laisse travailler en paix ! Nous n'en demandons pas plus au gou
vernement ».
C'est là évidemment un point de vue sommaire, mais qui corres
pond, on doit le dire, au sentiment net de certains hommes de science :
le progrès de la recherche exige leur indépendance et une totale
liberté de travail. Toutefois, on trouverait dans le monde scientifique
un certain éventail d'opinions à ce sujet. Elles semblent varier avec
la part de création purement intellectuelle et d'invention personnelle
qui est requise dans le travail de la recherche : il est clair que cette
proportion n'est pas exactement la même quand on passe de recher
ches purement théoriques à des recherches appliquées telles que
l'agronomie, où l'œuvre comporte une fraction non négligeable de
travaux d'exécution, la poursuite de séries d'expériences, planifiées
et coordonnées, souvent fort longues et méticuleuses.
De toute manière, on est tenté de demander à notre savant com
ment il conçoit que l'Etat ainsi sollicité peut répartir les fonds et les
moyens qu'il accorde à la recherche scientifique. Pourquoi donner
satisfaction à l'une plutôt qu'à l'autre, parmi les équipes scientifiques
qui réclament dès appareillages coûteux ? Peut-on donner surtout aux REVUE ECONOMIQUE
hommes de science qui bénéficient d'un accès auprès du pouvoir
politique ? Et, lorsque l'Etat ne peut suffire à toutes les recherches
possibles, quels savants, quelles recherches choisir ?
D'autres causes encore, essentielles et que nous aurons à analyser,
ont fait que, dans le monde actuel, la recherche scientifique et
technique est devenue affaire de l'Etat et que les rapports de celui-ci
avec

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