L'expérience de la « Grande Guerre » - article ; n°2 ; vol.20, pg 327-336

Alain Besançon, Marc Ferro, Annie Kriegel

Description

Annales. Économies, Sociétés, Civilisations - Année 1965 - Volume 20 - Numéro 2 - Pages 327-336
10 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

• Sociologie, société et politique

Informations

• Publié par: ANNALES_ECONOMIES_SOCIETES_CIVILISATIONS
• Publié le: 01 janvier 1965
• Nombre de lectures: 40
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 1 Mo

Extrait

Marc Ferro
Annie Kriegel
Alain Besançon
L'expérience de la « Grande Guerre »
In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 20e année, N. 2, 1965. pp. 327-336.
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Ferro Marc, Kriegel Annie, Besançon Alain. L'expérience de la « Grande Guerre ». In: Annales. Économies, Sociétés,
Civilisations. 20e année, N. 2, 1965. pp. 327-336.
doi : 10.3406/ahess.1965.421798
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ahess_0395-2649_1965_num_20_2_421798HISTOIRE ET CINEMA
L'EXPÉRIENCE DE « LA GRANDE GUERRE
Rien n'a mieux souligné l'urgence d'un développement des sciences
humaines que l'incertitude générale des concepts auxquels on fit appel
pour célébrer le cinquantième anniversaire de l'Été 1914.
Il ne s'agit pas ici de l'incertitude officielle du Pouvoir, duquel il
était peut-être malaisé d'obtenir plus qu'une relative abstention — le
Ministre français des Anciens Combattants admettant qu'il aurait été
regrettable de « célébrer », mais décent de « commémorer » l'épreuve
meurtrière.
Il ne s'agit pas non plus de l'incertitude d'une opinion publique au
sein de laquelle les Anciens Combattants — dans l'entre-deux-guerre,
un ingrédient très spécifique de la constellation socio-politique — ont
perdu bonne partie de leur poids physique et affectif.
Il s'agit bien davantage de l'incertitude très frappante des milieux
scientifiques intéressés. Sans doute journalistes et spécialistes de « litt
érature » historique, à la semaine dite, nous regagnent-ils — très brillam
ment — la bataille que « nous » avions déjà gagnée il y a cinquante ans.
Mais aucune grande œuvre sérieuse, individuelle ou collective, interdis
ciplinaire ou à dominante historique, sociologique, psychologique, éco
nomique, n'est venue approfondir ou remettre en cause des concepts
globalement aussi pauvres que ceux de la « fatalité » ou de « l'absurdité »
de la première guerre mondiale. On peut seulement, et surtout pour
atténuer la sévérité de ce jugement, faire entrer en compte deux entre
prises d'une certaine envergure : en France le « Colloque Jaurès » qui
analysa les contradictions du monde ouvrier dans la question de la paix
et de la guerre, du patriotisme et de l'internationalisme ; en Allemagne
fédérale, le Congrès national des Historiens allemands qui, cet automne,
dressa un bilan sévère des « responsabilités » proprement allemandes
dans le déclenchement du conflit.
De telle sorte que, paradoxalement, mais dans une cohérence pro
fonde avec le style de notre époque, c'est la télévision qui, de loin, avec
le remarquable film de Marc Ferro et Solange Peter, a fourni la meilleure
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contribution, pas seulement éducative, mais ayant valeur problématique,
à l'histoire de la première guerre mondiale 1.
Certes, je soulignerai aussitôt les trois grandes réserves que m'a
inspirées le spectacle des trois épisodes entre lesquels le film, pour son pas
sage à la télévision, était fragmenté.
Première réserve : l'absence de toute prise de position quant aux
origines du conflit. Je sais bien que ce genre de questions est particu
lièrement délicat à traiter par des moyens audio-visuels : ceux-ci ayant
tendance à grossir et à figer ce que l'analyse écrite maintient dans
l'ordre de l'hypothèse et de la nuance. Je sais bien aussi qu'il s'agissait
d'une co-production franco-allemande et qu'il eût été choquant de faire
à cette occasion rebondir des controverses périmées. Cependant il demeure
d'un intérêt pédagogique certain comme d'une très chaude actualité
scientifique de dévoiler les mécanismes d'une crise qui, diplomatique
par nature, a fait basculer dans l'irrémédiable une société dont, en appar
ence, les contradictions internes ne semblaient pas insurmontables.
Il y a d'ailleurs là deux problèmes de dimensions et d'implications
très différentes. Il y a d'abord ce qu'on a appelé le problème des respons
abilités et qui consiste à déterminer quelles initiatives ou quelle absence
d'initiatives ont, en trente et quelques jours, amené une affaire au départ
banale à prendre ce tour désastreux. (On a un peu oublié que des assas
sinats de rois, de princes et de grands, la petite histoire des quarante
années antérieures à 1914 en regorge, comme s'il fallait à chaque géné
ration sa juste mesure de scandales et de meurtres.) Or, si personne ne
songe plus à dénoncer la responsabilité exclusive de l'Allemagne, il n'est
peut-être pas plus exact de tout ramener à un « malheureux enchaîne
ment de circonstances ». Le professeur Renouvin a clairement souligné,
dans une importante mise au point 2, qui ne fut pas en définitive série
usement contestée, qu'il fallait conclure à la responsabilité majeure de
l'Allemagne.
Il y a un second problème : s'il est nécessaire de décrire de façon exacte
l'enchaînement réel des « circonstances » qui ont conduit à la guerre, il
faut aussi se prononcer sur le caractère de cet enchaînement ; on sait
1. La Grande Guerre. 1914-1918. Der erste Weltkrieg, composé par Solange Petek
et Marc Ferro. Texte historique de base : Pierre Renouvin ; Direction du montage :
Denise Baby ; Commentaire écrit par P. Guimard et J. Legris, avec la collaboration
de Marc Ferro, dit par Renaud Mary et Roger Pigaut ; Musique originale de J. Wiener.
Montage : D. Baby, S. Cabon ; assistés de J. P. Bonis, Daniele Annezin et Françoise
Mougell Laporte ; Ing. du son : J. Decerf et J. Marchetti. La Grande Guerre a été
composé et réalise avec l'aide d'Ernst Weisenfeld de la Télévision allemande, et de
Jacques Meyer, P. Huber, du Pr Eckert et de Mme Ritchel. Direction de la production :
J. Anjubault (pour la version allemande : E. Weisenfeld). Réalisation S. Peter, aux
Studios Pathé Cinéma.
Ce film a été réalisé sous l'égide et sur l'initiative de M. Jean Sainteny, Ministre
des Anciens Combattants et Victimes de la Guerre et sous la Direction historique de
Henri Michel.
2. Le Monde, juillet 1964.
328 départ en 1914. Le
... en 1939. Verdun.
La Somme. illusions de la Révolution (Petrogracl, mars 1917). Les
Et celles de l'armistice (Berlin, 11 novembre 1918). •
•
Durée des plans Commentaire
2,9 2,9 2,9 Retour de Poincaré t foule P. G. façade gare 10' 15" 3/4 Foule
Mobilisation allemande
Affiche ambours 4" 3/4 Foule sur place faibles 12» 1/4 Foule sur place, défilé au loin G. P. foule tambours 19" fort: 3/4 Cavaliers défilant. Foule .... 24" Soldats défilant G. P. foule pas des 35" Soldats soldats 44" 3/4 défilant
Mobilisation française
Destruction magasin Maggi.. . brouhaha 16" 15. T. « Jaurès assassiné ». ... 27" Ordre de mobilisation géné- 3/4
37" Vendeurs de journaux . . . foule 41" 3/4 Foule. Rue étroite. Journaux. journaux cris P. L. soldats défilant sur les
boulevards 54" 3/4 Foule acclamant l'O3" Soldats défilant « fleur au fusil » ' 13" Soldats ' 19" Soldats défilant. Chevaux. . . ' 22" Gare de l'Est. Grille ' 29" Mobilisés. Civils. Quai /31" Mobilisés montant dans wagon gare train à '35" Ap. wagon avec inscription. . l'arrêt '43" Train démarre \ démar 1' 50" Illustration non autorisée à la diffusion 3/4 s'éloigne
Invasion de la Belgique
и 2' 1/4 G. 1'. soldats allemands à l'assaut accord 1 Maisons brûlent incendie bataille P. G. maisons brûlent lointaine 11" 3/4 Barricade de soldats Train explose! explosion 20" 1 /4 Réfugiés belges 22" 1 /4 Barricade abandonnée ...... Mort dans les blés
Carie Plan. Schlieffen
Mobilisation anglaise
Affiche « War declared » Londres. Foule Foule. Carrefour . . . défilé Défilé soldats Foule et musique
Les Allemands en Belgique
Allemands défilant au pas de l'oie défilé Chariots Pont détruit sur la Meuse. . . baissei I Sentinelles au bout du pont . . ■I Voiture arrêtée par Allemand poussei Allemand faisant discours. . . 33" Soldats allemands écoutent . . 43" 3/4 Affiches