L expérience des « unités coopératives de production » dans la région du Kef (Tunisie) - article ; n°27 ; vol.7, pg 567-580
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L'expérience des « unités coopératives de production » dans la région du Kef (Tunisie) - article ; n°27 ; vol.7, pg 567-580

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Tiers-Monde - Année 1966 - Volume 7 - Numéro 27 - Pages 567-580
14 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1966
Nombre de lectures 16
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Jean Poncet
L'expérience des « unités coopératives de production » dans la
région du Kef (Tunisie)
In: Tiers-Monde. 1966, tome 7 n°27. pp. 567-580.
Citer ce document / Cite this document :
Poncet Jean. L'expérience des « unités coopératives de production » dans la région du Kef (Tunisie). In: Tiers-Monde. 1966,
tome 7 n°27. pp. 567-580.
doi : 10.3406/tiers.1966.2255
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/tiers_0040-7356_1966_num_7_27_2255L'EXPÉRIENCE
DES « UNITÉS COOPÉRATIVES
DE PRODUCTION »
DANS LA RÉGION DU KEF (TUNISIE)
par Jean Poncet*
La thèse de troisième cycle récemment soutenue à Strasbourg par
Ezzedine Makhlouf (i) nous apporte de précieux renseignements sur
l'expérience tunisienne en matière de coopération agricole et de lutte
contre le sous-développement rural. Dans un cadre géographique déli
mité et décrit avec précision, le jeune économiste et géographe tunisien
s'attache à montrer d'abord — en utilisant une abondante documentation
et surtout une somme d'enquêtes personnelles menées avec le maximum
de rigueur compatible avec les moyens et les circonstances — quels sont
les problèmes posés tant en matière agronomique que sur le plan social
et humain. A ces problèmes, les uns liés au milieu traditionnel, les autres
engendrés par l'évolution des structures agraires et des rapports de pro
duction, le gouvernement tunisien a entrepris d'apporter une réponse
avec la création des « unités coopératives de production ». Quelles sont
les premières leçons de cette expérience, qui ne remonte encore qu'à
quelques années — les premières U.C.P. ont été créées en 1962-63 — et
qui tend à la fois à moderniser et à diversifier la production agricole,
ainsi qu'à développer une méthode « coopérative » originale ?
* * *
Les hautes plaines de la région du Kef sont situées à la limite des
bonnes zones céréalières du Tell et des zones steppiques semi-arides du
* Chargé de recherches au Centre National de la Recherche Scientifique.
(1) Structures agraires et modernisation de l'agriculture dans les plaines du Kef. Les Unités
Cooperatives de Production, Strasbourg, 1966. TIERS MONDE
Centre et du Sud tunisiens, compartimentées par des lignes de hauteur
modeste assurément, mais suffisante, sous un tel climat, pour donner au
problème de la végétation, de l'existence et du maintien des sols arables
une importance prépondérante — irrégularité climatique et pluvio-
métrique, sécheresse saisonnière, violence de l'érosion... Traditionnelle
ment consacrées aux céréales (orge surtout) et à l'élevage, pâturage
saisonnier pour d'importants troupeaux transhumants, au point d'avoir
renfermé les plus importants marchés de bétail de l'Ouest tunisien
(Ebba-Ksour et Le Sers), ces plaines, dépeuplées vers la fin du xixe siècle
et le début du xxe, sont redevenues un grand secteur de production
céréalière pour l'agriculture traditionnelle. Elles ont même attiré un
certain contingent de colons français et italiens, qui y ont surtout déve
loppé, dans les meilleures terres, une monoculture céréalière extensive
et mécanisée, en grande partie basée sur la location et le métayage.
E. Makhlouf décrit bien le cheminement et les effets de ce processus
par lequel ont été profondément transformées les structures agraires et
les relations sociales, mais aussi tout le paysage naturel et humain des
plaines ainsi étudiées. La double dégradation qui s'est ensuivie, dégra
dation et destruction des sols soumis à une exploitation épuisante, refoul
ement et émigration des populations hors des secteurs les plus productifs,
doit être soulignée. Et la décolonisation n'a pas mis un terme à cette
évolution fâcheuse. Jusque vers 1962, le catastrophique système des
grandes locations, destructrices de la fertilité, excluant hommes et trou
peaux, n'a fait que se propager ; les efforts du gouvernement pour déve
lopper la C.E.S. (Conservation des Eaux et des Sols) n'ont fait que
restreindre dans l'immédiat les superficies disponibles pour un médiocre
élevage.
L'institution des Unités Coopératives de Production a tenté de
résoudre cette quadrature du cercle : relever les conditions de vie et la
productivité de la paysannerie sans faire de réforme agraire, en regrou
pant un certain nombre de petits propriétaires et en les aidant à s'équiper
et à se moderniser dans le cadre de coopératives qui s'articuleraient le
plus souvent possible autour d'anciennes fermes coloniales revenues
au domaine public. Il s'agissait, dès lors, de déterminer le nombre des
coopérateurs à admettre dans ces unités remembrées, d'étudier les plans
de production, les assolements, les reconversions culturales qui devraient
assurer à terme une mise en valeur rationnelle et restauratrice des ter
roirs réorganisés. Il fallait aussi trouver les crédits nécessaires pour
568 DOCUMENTATION
l'acquisition des moyens modernes, pour l'amélioration des conditions
de vie..., calculer et tenir des échéances, prévoir une rentabilité. Cet
ensemble d'efforts n'a pu être le fait que de l'État tunisien ; il s'appuyait
avant tout sur les apports de celui-ci : terres domaniales, cadres, experts,
crédits et machines, en partie fournis par l'aide étrangère. Le gouverne
ment tunisien espérait s'épargner de la sorte les risques d'une transfo
rmation révolutionnaire des structures agraires et des rapports de pro
duction.
Au bout de quatre années seulement d'expérience, le système coopér
atif tunisien ne peut faire l'objet d'un jugement définitif. Il a déjà
évolué. Si l'on suit Makhlouf, certaines erreurs paraissent avoir été
commises. Il pouvait difficilement en aller autrement. Mais un pas import
ant n'en a pas moins été fait. Les insuffisances ou les limites mêmes du
système, correctement analysées, permettent de voir comment l'expé
rience peut progresser, à quelles conditions et dans quelle mesure. Sur la
base de ce travail solide, compte tenu de ce qui n'y est exprimé qu'à
demi-mot, et de la prudente objectivité dans laquelle a voulu se maint
enir son auteur, vis-à-vis d'un problème controversé, qui se situe au
centre de l'actualité tunisienne, d'intéressantes et profitables remarques
peuvent et doivent être faites. Nous essaierons de les regrouper dans une
brève esquisse de ce qui, selon nous, mérite surtout d'être retenu de
l'exemple régional analysé par E. Makhlouf. Nous verrons, du même
coup, de quelle manière des études de ce style, allant au fond des
problèmes concrets, géographiques, historiques, humains, permettent
d'échapper enfin à la routine des inutiles spéculations sur le sous-
développement et de revenir à une notion plus claire de ce que doivent
être réformes de structure et réformes sociales, dans une perspective
de progrès réel.
* * *
Le premier des mérites du travail cité, c'est que l'auteur n'est pas
parti d'une idée préconçue de ce « sous-développement », au nom duquel
ont été engagées tant d'actions — aides financières, investissements et
interventions étatiques — , plus ou moins programmées ou planifiées,
dans les directions les plus différentes : réformes foncières, équipement
infrastructurel, modernisation technique, industrialisation, reconversions
ou intensification culturales, scolarisation, habitat, Santé Publique, etc.
569
37 MONDE TIERS
On se trouve pourtant ici au cœur non seulement d'un pays typiquement
« sous-développé », mais d'une région qui souffre de retards et de diff
icultés plus considérables encore que les diverses autres parties du Tell
tunisien par exemple : Cap Bon, région de Tunis, Bizerte-Mateur, Béja
ou Souk-el-Arba. La pauvreté des sols, l'irrégularité climatique, l'inten
sité de l'érosion, le caractère extensif et dévastateur de l'exploitation
agricole, la misère des populations, l'absence de toute industrie, les
mauvais rapports so

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