L expérience du divin - article ; n°59 ; vol.15, pg 345-367
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Revue néo-scolastique - Année 1908 - Volume 15 - Numéro 59 - Pages 345-367
23 pages

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Publié le 01 janvier 1908
Nombre de lectures 20
Langue Français
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Extrait

Clodius Piat
L'expérience du divin
In: Revue néo-scolastique. 15° année, N°59, 1908. pp. 345-367.
Citer ce document / Cite this document :
Piat Clodius. L'expérience du divin. In: Revue néo-scolastique. 15° année, N°59, 1908. pp. 345-367.
doi : 10.3406/phlou.1908.2169
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/phlou_0776-5541_1908_num_15_59_2169.
IX.
L'EXPÉRIENCE DU DIVIN.
,et intuition à plus pris intellectuelle nos nous âme, et d'un serait sensation magnétique il autour d'une ceux Dieu sentirait Il parfois « morale. concepts. cours Imaginons, de ne y contact dépasse façon doué qui sensible découvrir de produit s'agit de très depuis tactile veulent pourtant lui d'une consciente, sous et Dieu de On infiniment floues. plus, : tout dit au un notre ces quelque l'influence ou vive Dieu parle ; soutenir William cœur surplus et les éthérée à visuelle, impressions conscience l'heure être c'est diverses sous d'une et temps, : voilà que qui, intérieur croissant James, de les des sans intuition présente, l'Être modes fait modifications par sous nous aimants attitudes magnétique l'hypothèse détermineraient aucune un cette son des avec avons parfait d'énergie rigides barreau sourde d'une formes action qui hypothèse et une représentation, ; qui diverses ; se et de sans il et réalité perception religieuse froids sur multiples déplacent demeure ne son vivante, certaine en fer aucune s'agit qui notre tenétat lui, qui de a
dances. Impuissant à nous décrire l'aspect des objets dont
l'action ferait frémir ses molécules, il aurait néanmoins un
vif sentiment de leur présence réelle et de leur souveraine
importance pour tout son être » *). Ces paroles rendent
*) L'expérience religieuse, p. 47. . 346
assez bien le phénomène religieux dont parlent les
tiques du jour. On y fait l'expérience immédiate de l'Être
divin ; on y sent comme les touches purifiantes de l'Infini.
I.
D'après les uns, ces touches sont intermittentes ; c'est
par intervalles seulement qu'elles se produisent ; il arrive
même qu'elles n'ont lieu qu'une fois dans une vie tout
entière : elles marquent alors une heure décisive, celle où
l'on se convertit sans réserve à la pratique efficace du bien.
Les causes de ces états extraordinaires sont d'ailleurs
multiples.
La présence de Dieu peut se faire sentir au bout
d'un certain temps de vie ascétique. C'est ce que l'on a vu
chez sainte Catherine de Sienne, chez sainte Thérèse et
saint Jean-de-la- Croix. C'est ce qui se présenterait égale
ment chez les Çoufis, au sens des auteurs dont nous parlons
en cet endroit 1).
Le sentiment de la présence de Dieu peut être l'aboutis
sant d'une inquiétude religieuse et morale plus ou moins
prolongée. Il y a des âmes à la Pascal qui souffrent profon
dément de l'insuffisance trop manifeste de la vie. Cette
angoisse, qui n'est en définitive qu'une forme de la prière,
se traduirait à la longue par une révélation tout intérieure
de la divinité. C'est ce que soutient M. Ed. Schneider
dans le livre séduisant de finesse et de coloris qui s'intitule
Les raisons du cœur. « Oui, dit son héros, je sais avec une
entière certitude que mon malaise s'est dissipé chaque fois
que je me suis abandonné aux voix de la prière qui chan
taient dans mon âme, au besoin de méditation qui solli
citait ma volonté, aux examens intérieurs que ma con
science réclamait, aux appels muets que la présence de
certains êtres privés de direction m'adressait en d'admi-
*) V. De la croyance en Dieu, pp. 231 et suiv., Paris, Alcan, 1907. L* EXPÉRIENCE DU DIVIN 34?
rabies gestes de secret amour et de douce confiance. Dans
ces moments de vie intérieure, je communiais avec quelque
chose de plus grand qu'elle et de plus puissant. Au contact de
cette force, dans son développement si tendre, je me sentais
pénétré d'un sentiment de sécurité contre lequel tout semb
lait devoir se briser fatalement. Ma conscience était plus
forte, ma volonté plus résolue ; jfi connaissais des raisons
supérieures d'agir, je voyais avec une lucidité non encore
éprouvée les principes nécessaires de toute action et aussi
l'objet qui lui était proposé » 1). Le même auteur ajoute
un peu plus loin : « En m'isolant de tout ce qui est exté:
rieur et en me repliant sur la profondeur la plus intime de
ma conscience, j'éprouve soudain avec une incomparable
intensité le contact brûlant, la pénétration directe d'une
vie où la mienne semble se noyer ou plutôt d'où la mienne
semble surgir; je me trouve en présence d'une force étrange
auprès 4e laquelle ma force n'est que faiblesse quoiqu'elle
soit d'une nature semblable et qu'elle tienne d'elle son
essentiel mouvement. Dans une intuition spontanée, vivante
et intime, je connais de la façon la plus indiscutable que
mon être se mêle à un être qui le déborde et l'enveloppe,
à une conscience dont la mienne n'est qu'un faible reflet,
à une vie dont ma vie n'est que la continuation et le rayon
nement. Cet être mystérieux qui « se révèle comme la Con-
» science suprême à ma conscience individuelle, je le nomme
» spontanément Dieu » 2).
Voici, d'un autre côté, ce que raconte Charles Secrétan
lui-même, cette âme si noble -et si profondément sensible
dans sa haute sérénité : « De quelque manière que ma con
stitution mentale se soit formée, elle m'oblige à chercher
dans le bien moral la dernière raison de l'existence, ce qui.
revient à penser que Dieu m'aime. Je sais qu'il est, parce
que je sais que j'en suis aimé, je ne subsiste que par cet
Y) P. 99. E. Sansot, Paris, 1907.
») Ibid., pp. 119-120; cfr. pp. 107-118. 348 CLODIUS PIAT
amour. Dans ses pages les moins oubliées, Théodore Jouf-
froy retrace avec une éloquence un peu voulue la nuit où
s'écroulèrent les croyances de sa jeunesse. Si j'ai quelquef
ois envié ce don d'éloquence, c'eût été pour fixer l'instant
où, dans une soirée d'hiver, sur la terrasse d'une vieille
église, je sentis entrer en moi, avec le rayon étoile,
l'intelligence de cet amour. Il y a bien cinquante ans de
cela, car mon foyer n'était pas fondé. Je rentrai chez moi
avec quelque hâte, j'essayai de me concentrer et d'adorer.
Pressé de traduire l'impression reçue en pensées distinctes,
récrivis avec une impétuosité que j'ignorais el qui n'est
jamais revenue : je m'efforçai de graver l'éclair sur des
pages que je n'ai jamais relues. Je crois que le cahier qui
les renferme existe encore, mais je n'oserais l'ouvrir, certain
que l'écart serait trop grand entre la lumière aperçue et
les mots tracés alors par la plume. Depuis ce moment,
j'ai vécu, j'ai souffert, j'ai eu des torts dont le souvenir me
laboure. J'ai essayé de bâtir des systèmes ; les motifs de
nier ont passé sur mon âme, j'ai vu les difficultés se dresser
l'une sur l'autre, j'ai compris que je n'avais réponse à rien,
mais je n'ai jamais douté. L'évidence du contact prévaut
sur tous les raisonnements, sur tous les spectacles, sur
toutes les fautes » *).
Il se produirait des phénomènes analogues dans les
émotions artistiques elles-mêmes, quand elles acquièrent
un certain degré de noblesse et d'intensité. Moins propres
à changer brusquement l'orientation de notre vie, ces
émotions n'enfermeraient pas moins une sorte de sensation
de l'Absolu qui se peut traduire en nous par un accroisse
ment de vaillance morale. C'est à la musique surtout que
reviendrait cet effet mystérieux. Lorsqu'on entend certains
passages de Berlioz, de Wagner ou de César Franck, le
moule de nos routines ne tarde pas à se briser, les banalités
') La Civilisation et la Croyance, pp. 213-214, Paris, Alcan, 1892. —
Voir d'autres faits de même nature dans W. James, L'expérience
religieuse, l*e Partie, c. III. l'expérience du divin £49
de l'existence s'évanouissent comme un mauvais songe ;
c'est en face d'une r&

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