L exploration du bassin de l Oyapok par Jean-Baptiste Leblond (1789) d après des documents inédits - article ; n°1 ; vol.54, pg 9-22
15 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

L'exploration du bassin de l'Oyapok par Jean-Baptiste Leblond (1789) d'après des documents inédits - article ; n°1 ; vol.54, pg 9-22

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
15 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Journal de la Société des Américanistes - Année 1965 - Volume 54 - Numéro 1 - Pages 9-22
14 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1965
Nombre de lectures 12
Langue Français

Extrait

Jean Hurault
L'exploration du bassin de l'Oyapok par Jean-Baptiste Leblond
(1789) d'après des documents inédits
In: Journal de la Société des Américanistes. Tome 54 n°1, 1965. pp. 9-22.
Citer ce document / Cite this document :
Hurault Jean. L'exploration du bassin de l'Oyapok par Jean-Baptiste Leblond (1789) d'après des documents inédits. In: Journal
de la Société des Américanistes. Tome 54 n°1, 1965. pp. 9-22.
doi : 10.3406/jsa.1965.1270
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/jsa_0037-9174_1965_num_54_1_1270L'EXPLORATION DU BASSIN DE L'OYAPOK
PAR JEAN-BAPTISTE LEBLOND (1789)
d'après des documents inédits, recueillis et commentés
par Jean HURAULT
Jean-Baptiste Leblond, médecin et naturaliste vint en Guyane française
en 178H ; il était chargé par le gouvernement de recherches de géologie et
de botanique, plus spécialement de la recherche du quinquina. Il avait par
couru les années précédentes plusieurs régions de l'Amérique du Sud : Antilles,
Venezuela, Pérou, Bolivie.
Ses voyages dans le Sud de la Guyane, faits en 1788-90, n'amenèrent pas
la découverte escomptée. Leblond cessa ses fonctions en 1790 et s'établit à
Cayenne, puis rentra en France en 1802. Il mourut en 1815, avant la fin
de la période troublée, sans avoir pu faire imprimer le grand ouvrage en
4 volumes résumant l'œuvre de sa vie : « Voyages aux Antilles et à l'Amé
rique méridionale », dont les manuscrits ont disparu.
Ainsi rien n'était parvenu à nous de l'œuvre de Leblond, sinon une carte
générale de la Guyane française, qui devait être utilisée pendant plus
d'un siècle ; mentionnons pour mémoire sa « Description abrégée de la
Guyane française ", un mémoire sur la civilisation des Indiens et diverses
notices qui ne contiennent que des considérations philosophiques peu inté
ressantes. A vrai dire, si Leblond fut un grand voyageur et un homme de
cœur, c'était un fort mauvais philosophe ; mais il estimait fort sa philoso
phie et c'est elle avant tout qu'il se préoccupait d'exposer dans ses premiers
ouvrages. La destinée a voulu que la mort le surprit avant qu'il pût faire
imprimer la partie vraiment originale et utile de son œuvre.
Les recherches effectuées avec le concours de Mme Sarotte-Pouliquen nous
ont permis de retrouver plusieurs comptes rendus, mémoires et correspon- 10 SOCIÉTÉ DES AMÉRIGANISTES
dances permettant de retracer dans leurs grandes lignes ses principales ex
plorations.
Avec J.B. Leblond s'ouvre l'ère des explorations systématiques. Avant
lui, on se contentait de suivre des guides sur des rivières connues d'eux et
sur des sentiers joignant des villages. Leblond a osé, le premier, entreprendra
la reconnaissance systématique, de l'embouchure à la source, de rivières
totalement inhabitées, il se frayait un passage à travers les fûts tombés,
puis ouvrait des tracés en forêt, selon les méthodes mêmes qui demeurent
en usage de nos jours.
J.B. Leblond a fait preuve d'une énergie et d'un courage physique remar
quables ; mais ses observations témoignent d'un esprit brouillon, impulsif
et sans méthode. Ce qui nous est parvenu de son œuvre est plus important
sous l'angle de, la géographie humaine que sous l'angle de l'ethnographie.
Exploration du Sinnamari (1).
Parti le 11 juillet 1788 avec dix Indiens et cinq Noirs dans trois canots
Leblond remonta le Sinnamari, puis son principal affluent le Courcibo, r
ivière présentant des sauts très difficiles. Il ouvrit ensuite un tracé sur une
trentaine de kilomètres en direction du Sud, à travers un pays montagneux
extrêmement difficile, cherchant à atteindre les formateurs du Maroni et le
cours supérieur de ce fleuve. A cette époque en effet, le cours moyen du Mar
oni était le domaine exclusif des tribus des Noirs réfugiés Djuka, qui en
interdisaient l'accès aux Européens.
Leblond dut renoncer, à bout de vivres, à peu de distance du but. Il revint
fin octobre, avec tout son personnel malade et épuisé.
Ce voyage, au point de vue de la géographie humaine, présente un intérêt
considérable bien que négatif : ces coups de sonde lancés dans deux direc
tions divergentes, sur une profondeur de plus de deux cents kilomètres, ne
rencontrèrent aucune trace de vie humaine. Le centre de la Guyane était
déjà à cette époque totalement désert.
Exploration du bassin de l'Oyapok (1789).
A cette époque, les tribus indiennes du bassin de l'Oyapok, décimées de
puis plus de 60 ans par les maladies à virus involontairement importées par
les Européens, étaient presque totalement éteintes ; il ne subsistait que
150 Indiens environ, concentrés autour de la mission St Paul, et en voie de
rapide extinction. Mais les Européens du littoral ne pouvaient croire à une
destruction si totale, et supposaient que plusieurs tribus s'étaient réfugiées
« au fond des forêts ».
On attachait d'autre part une grande importance à conserver le contact
avec les Wayana ou Roucouyennes, grande tribu immigrée vers 1760 dans
le bassin supérieur du Maroni, jusque-là indemne des épidémies. Les Wayana
avaient été visités par Patris en 1766 et 1769 (2). Ils possédaient alors une
forte organisation, d'ordre essentiellement militaire. Fig. 1. — Voyages de J.-B. Le blond (1788-89)
Illustration non autorisée à la diffusion
REGIONS INHABITEES
nhabit/ees
c Villages Wayana et Oupouloui
1789 о Ullages d'autres tribus
__— Sentier Indien
— вш. Itinéraire de J. B. LEBLOND
Les itinéraires terrestres soulignés de flèches,ont été parcourus hors des chemins indiens.
Le tracé du chemin des Wayana vers le Parou, a été reconstitué d'après les indications
recueillies par LEBLOND, et les données postérieures de COUDREAU. SOCIÉTÉ DES A.MÉRIGANISTES 12
II est probable que les instructions données à Leblond par le gouverneur
étaient de parcourir les formateurs de l'Oyapok à la recherche des tribus
disparues, de prendre contact avec les Wayana, et secondairement de r
echercher les peuplements de cacao sauvage qui avaient fait l'objet de plu
sieurs explorations entre 1720 et 1740 (3).
Au cours de l'été 1789, Leblond, à la tête d'une forte expédition (24 hommes),
effectua la première remontée complète du cours de L'Oyapok, dont il recon
nut les trois formateurs ; il franchit la ligne de partage des eaux, atteignant
un des du Rouapir. Toute cette région était absolument vide
d'hommes (Les Oyampi à cette époque étaient établis sur le Yari). 11 redes
cendit ensuite l'Oyapok et remonta le Camopi, puis le Tamouri, où il prit
contact avec les Wayana. Leblond visita les cinq premiers villages, et s'efforça
de localiser les autres par renseignements, d'après les directions et le temps
de marche indiqué. Bien que conduisant à une surestimation des distances,
le croquis déduit de ces renseignements n'est pas sans valeur et permet de
situer avec une grande vraisemblance l'habitat des Wayana à la fin du
xixe siècle. Oupouloui et Wayana, pratiquement fusionnés, avaient renoncé
aux grands villages fortement structurés décrits par Patris. Leurs villages
comportaient en moyenne 20 flécheurs (hommes de plus de 1.5 ans), soit
60 personnes environ. On peut penser que chacun d'eux correspondait à un
groupe de parenté ; les villages des principaux chefs étaient à peine plus
importants que les autres. De toute évidence, la discipline astreignante sur
laquelle reposait l'organisation sociale et militaire des W^ayana leur apparut
vite insupportable. Le voyage de Patris, leur apportant l'amitié et la pro
tection des Français, dut être suivi d'un retour très rapide à un type d'habi
tat moins astreignant. Le pouvoir des chefs demeurait encore assez fort
pour imposer aux villages l'alignement sur un sentier unique, permettant,
le cas échéant, une concentration rapide.
Il est probable que d'autres fractions Wayana et Oupouloui étaient restées
sur le Yari et le Parou, et que les 33 villages dénombrés par Leblond (2 000
personnes environ) ne représentaient pas la totalité de la tribu (4). En effet
les Wayana considèrent ces rivières comme le berceau de leur tribu. De nos
jours, des groupes sont venus s'installer sur le L

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents