L Extrême-Orient légendaire au Moyen Âge : Roi David et Prêtre Jean - article ; n°1 ; vol.2, pg 225-244
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L'Extrême-Orient légendaire au Moyen Âge : Roi David et Prêtre Jean - article ; n°1 ; vol.2, pg 225-244

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Description

Annales d'Ethiopie - Année 1957 - Volume 2 - Numéro 1 - Pages 225-244
20 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié le 01 janvier 1957
Nombre de lectures 52
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

J. Richard
L'Extrême-Orient légendaire au Moyen Âge : Roi David et Prêtre
Jean
In: Annales d'Ethiopie. Volume 2, année 1957. pp. 225-244.
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Richard J. L'Extrême-Orient légendaire au Moyen Âge : Roi David et Prêtre Jean. In: Annales d'Ethiopie. Volume 2, année
1957. pp. 225-244.
doi : 10.3406/ethio.1957.1272
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ethio_0066-2127_1957_num_2_1_1272L'EXTREME-ORIENT LÉGENDAIRE
AU MOYEN AGE :
ROI DAVID ET PRÊTRE JEAiN
PAR
JEAN RICHARD
L'étude des traditions qui ont eu cours durant le Moyen Âge, et plus particuli
èrement du XIIe au xive siècle, sur les régions les plus éloignées de ce qu'on s'ima
ginait alors être le monde habité, est inséparable de celle de la représentation
de ce monde, telle qu'elle se traduisait dans les cartes géographiques. Car, si nous
avons trop tendance à attribuer aux Occidentaux du Moyen Age un certain mépris
de la cartographie (en leur opposant à ce point de vue l'effort scientifique des carto
graphes arabes, prolongeant celui de l'Antiquité), il n'en reste pas moins que les
« mappemondes » que nous a laissées le Moyen Âge occidental, en dépit de la
maladresse de leur technique et des différences qu'offre leur configuration avec
les contours qui nous sont aujourd'hui familiers, témoignent de la continuité
d'une tradition remontant, en dernière analyse, aux cartographes de l'Antiquité ^.
1. La représentation de l'Extrême-Orient dans la tradition médiévale
Nous possédons un témoin très précieux de la façon dont on se représentait
le monde, et en particulier sa partie orientale et méridionale qui nous retiendra
ici, depuis l'époque carolingienne jusqu'au XIIe siècle, grâce aux manuscrits du
célèbre Commentaire sur l'Apocalypse de l'Espagnol Beatus. Ces manuscrits,
dont la diffusion fut très large (on connaît leur influence sur l'imagerie romane),
comportent une carte du monde qui a été maintes fois recopiée; les ouvrages
postérieurs n'ont fait que compléter ou modifier sur quelques points cette concep
tion d'ensemble. Beatus divisait le monde en quatre parties, l'Europe, l'Asie,
l'Afrique et les Antipodes (2). Tout autour se trouvait la Grande Mer (Mare Ma
gnum), l'Océan des Anciens, avec un grand nombre d'îles : Iles Fortunées, île
W Nous renverrons à Konrad Miller, Mappae mundi. Die âltesten Weltkarten, Stuttgart,
1895-1898, 6 fasc. — Sur la richesse de la géographie médiévale théorique, cf. F. DE Dainville,
La géographie des humanistes, Paris, 1940, p. 7-9.
<2> Miller, op. cit., fasc. I.
15 226 ANNUES D'ETUI OPÏE
de Gadès (notre Cadix), Irlande, Grande-Bretagne, Thulé, Chryse et Argyre,
souvenirs de la géographie ptolémaïque, et Taprobane, sur laquelle les géographes
anciens paraissent avoir accumulé des informations concernant Ceylan et Sumat
ra Q.K Sur cette mer s'ouvraient trois vastes golfes, le mare Caspium, au Nord-Est
de l'Asie (2), la Mer Rouge se ramifiant en un golfe Arabique et un golfe Persique ^3),
enfin la Méditerranée qui se terminait par une succession de détroits formant un
angle droit avec la direction générale de cette mer et communiquant avec la Mer
Noire, elle-même prolongée par le fleuve Tanais que certains faisaient déboucher
dans l'Océan <4>.
Ajoutons à cette conception générale l'idée de placer Jérusalem au centre du
monde, et retranchons-en les Antipodes dont la plupart des cartographes ont fait
abstraction : nous avons les contours qu'on retrouve dans presque toutes les cartes
jusqu'au début du XIVe siècle^5', encore que les grands voyages du xuie siècle
aient commencé à les faire modifier sur quelques points. L'Europe est toujours
comprise entre la Méditerranée et la Mer Noire continuée par le Tanais; l'Asie
va du Tanais à la Mer Rouge qui la sépare de l'Afrique.
L'Asie est d'autre part divisée en deux par une chaîne de montagnes plus ou
moins rectiligne qui porte ordinairement le nom d'Arménie du côté de l'Ouest
et de Caucase sur le reste de son tracé. Cette chaîne sépare le Septentrion de l'Orient
proprement dit, qui est une région parcourue par de grands fleuves à peu près
parallèles — tous ayant leur source dans une île ou une presqu'île qui est le Paradis
terrestre. La plus grande partie de cet Orient est occupée par l'Inde, une Inde
qui reste celle des géographes anciens : ceux-ci avaient imaginé de distinguer
l'Inde d'en-deçà du Gange (India inferior, Ynde la meneur) de celle d'au-delà
du fleuve (India superior, Ynde la grant *6)). Ils donnaient en outre le nom d'Inde
extrême ultima) aux contrées voisines de la Mer Rouge ^7); un cartographe
du milieu du xne siècle nous montre bien une India ultima, mais aux bouches
de ITndus, en même temps qu'il situe en Afrique une India Egypti et une India
Ethiopie^. Ce n'est qu'aux xme et xive siècles qu'on se décidera à localiser
YIndia ultima, appelée Inde moyenne ou Troisième Inde, sur la côte d'Afrique.
L'Inde supérieure est d'ordinaire située entre la Grande Mer et le Gange, l'Inde
inférieure entre le Gange et ITndus (9). Au-delà de celui-ci se trouvent la Perse et
(1) Cf. Pierre Paris, Note sur deux passages de Strabon et de Pline, dans Journal Asiatique,
t. 239, 1951, p. 13-28.
(2) C'est à Rubrouck qu'on doit la notion que la mer Caspienne était une mer fermée, contrair
ement à l'opinion reçue (éd. d'Avezac, p. 265).
(3) Beatus faisait de la mer Rouge un détroit séparant l'Asie et l'Afrique des Antipodes où il loca
lisait les êtres de la Fable; les autres cartographes réduisent cette mer à un double golfe et relèguent
les monstres fabuleux entre le fleuve Gihon et la mer Océane. Ils laissent ordinairement les Antipodes
de côté, sauf à mentionner leur existence dans leur texte (cf. la carte du Psautier de Londres : Miller,
III, pi. 3; celle de Lambert de Saint-Omer : Miller, III, p. 51 et suiv.).
<4) Cette conception de la Méditerranée est à l'origine des cartes dites « en T », où mer Noire et
golfe d'Egypte dessinent avec le reste de la mer une sorte de T.
w Cf. la description du monde par Brunetto Latini (Li livres dou Trésor, éd. P. Chabaille, Paris,
1863, p. 151 et suiv., dans Collection de doc. inéd. sur Vhist. de France).
,(6) Un texte du IVe siècle, ÏExpositio totius mundi (éd. A. A. Vasiliev dans Annales de l'institut
Kondakov, III, 1936, p. 3), mêle à des noms de peuples ceux d'India minor et d'India major.
<') C'est l'eff^aVu 'Ivêta de Ptolémée. De même Isidore de Seville qualifie d'Indi les Éthiopiens
orientaux.
<8> Cartes du Saint- Jérôme de Londres (Miller, II, pi. 11 et 12; III, p. 8 et 18).
(9' Le dessin des cartes est ici particulièrement capricieux : plusieurs d'entre elles placent le fleuve
Hipanus entre l'Inde inférieure et l'Inde ultime. Cf. Miller, III, pi. 1. ETUDES 227
la Médie que le Tigre sépare de la Mésopotamie, elle-même séparée par l'Euphrate
(qui a pour affluent le Cobar ou Chobar, l'actuel Khabour) de l'Arabie et d'une
Palestine qui prend parfois un développement prodigieux.
Quant à la partie méridionale de l'Afrique, elle se termine vers l'Est par une
péninsule triangulaire qu'une chaîne de montagnes sépare de l'Egypte. C'fst là
que le Nil prend sa source — ou plus exactement qu'il réapparaît pour se diriger
vers la Méditerranée, car on l'identifie au Gihon qui occupe approximativement
l'emplacement du Niger. Cette péninsule porte ordinairement le nom de Nubia
et les portes qui permettent de passer de là en Egypte sont les portes de Nubie:
le reste de l'Afrique méridionale, celle qu'arrose le Gihon et qui borde la Grande
Mer, est qualifiée d'Ethiopia^K Seul, comme nous l'avons vu, le cartographe
du saint Jérôme de Londres substitue à ce nom celui tflndia.
2. Les répercussions de la Croisade sur la connaissance de l'Orient :
déjà le roi David?
Il est nécessaire d'avoir présente à l'esprit cette conception géographique famil
ière aux clercs lettrés (2) pour comprendre dans quel monde les Occidentaux
pensaient pénétrer &

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