L histoire de l esthétique et ses grandes orientations - article ; n°62 ; vol.16, pg 237-259
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L'histoire de l'esthétique et ses grandes orientations - article ; n°62 ; vol.16, pg 237-259

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Revue néo-scolastique - Année 1909 - Volume 16 - Numéro 62 - Pages 237-259
23 pages

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Publié le 01 janvier 1909
Nombre de lectures 26
Langue Français
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Extrait

Maurice De Wulf
L'histoire de l'esthétique et ses grandes orientations
In: Revue néo-scolastique. 16° année, N°62, 1909. pp. 237-259.
Citer ce document / Cite this document :
De Wulf Maurice. L'histoire de l'esthétique et ses grandes orientations. In: Revue néo-scolastique. 16° année, N°62, 1909. pp.
237-259.
doi : 10.3406/phlou.1909.2706
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/phlou_0776-5541_1909_num_16_62_2706VI.
L'HISTOIRE DE L'ESTHÉTIQUE
ET SES GRANDES ORIENTATIONS.
La présente étude n'est qu'une incursion rapide dans un
vaste domaine de théories, dont on n'a pu songer à explorer
ici les multiples régions. Se faire une idée exacte des
grands courants qui dominent l'histoire de l'esthétique,
est une orientation préliminaire à l'étude particulière
d'un système. Et puis, il y a, croyons-nous, pour l'esthé
tique contemporaine, d'utiles leçons à puiser dans un com
merce d'idées plus étroit avec l'antiquité et le moyen âge.
I.
L'antiquité grecque.
Le Grec est né artiste ; la poésie apparaît au berceau de
la civilisation hellénique ; l'éducation athénienne fait une-
large place à la culture du beau. Malgré cela, l'éveil des
théories esthétiques est tardif et n'est pas antérieur à
l'époque socratique. C'est qu'avant le siècle de Périclès
la pensée grecque ne sut pas s'élever à de véritables systé
matisations, et qu'une étude du beau n'est féconde et même
possible que dans une philosophie intégralement constituée.
Un caractère général domine, selon nous, l'esthétique
grecque, depuis ses timides débuts dans les Mémorables de
Xénophon jusqu'à son efflorescence dans les écrits néo
platoniciens : le beau est considéré comme un attribut 238 M. DE WULF
des choses. De l'impression qu'il produit sur nous on ne
s'occupe pas, ou bien, si on le fait, c'est de façon secon
daire et sans voir dans cette impression un élément essentiel
de la beauté. Il en résulte que ces spéculations prennent
une allure métaphysique ; l'esthétique grecque a grand air,
mais elle vit et se développe en étroite solidarité avec la
doctrine de l'être.
La première doctrine qui forme la mentalité esthétique
des hellènes régna sur les esprits durant cinq ou six siècles,
c'est-à-dire pendant la plus longue période de l'antiquité
grecque et romaine. Elle fut élaborée par Platon et
Aristote.
Ni de Platon, ni d' Aristote, nous ne possédons un traité
sur le Beau, et Leurs idées sont éparses en divers ouvrages.
Platon parle principalement du Beau dans le Banquet,
le Premier Hippias, le Gorgias et dans plusieurs livres
de la République. Aristote nous avertit, à la fin de sa
Métaphysique, qu'il reviendra sur le Beau dans une œuvre
spéciale; mais celle-ci, si jamais elle fut écrite, ne nous
est pas parvenue. Quant à sa Poétique, on y trouve quelques
principes généraux, mais le traité ne s'applique en propre
qu'à la tragédie.
La parenté intellectuelle d'Aristote et de Platon, en
matière esthétique est si étroite, qu'on peut ramener leur
doctrine à quelques thèses communes et que voici : le beau
réside dans tordre interne des êtres, et se confond avec leur
bonté.
Le beau réside dan s l'ordre, et dans tous les éléments
métaphysiques que l'ordre comporte : unité, multiplicité,
harmonie, symétrie, proportion. Un des problèmes sur
lequel se fixe le plus volontiers l'attention des écoles
grecques, est celui de Y un et du plusieurs, et de savoir com
ment ces deux notions se compénètrent et se complètent :
l'étude de l'ordre est l'aspect esthétique do ce problème.
L'art grec, principalement l'architecture et la sculpture
à l'époque de Périclès, fournit un commentaire éloquent l'histoire de l'esthé'iique £39
et combien parfait, de la formule platonico-aristotélicienne.
Les chefs-d'œuvre de la plastique symbolisent, dans la pierre
et dans le marbre, la théorie de l'ordre ; ils font vivre les
nombres et les symétries. « La mesure et la proportion, dit
Platon dans le Phibèbe, sont les éléments de la beauté et
de la perfection. Par beauté de forme je n'entends pas
la beauté qu'on reconnaît aux animaux ou à des peintures,
comme on pourrait le croire ; mais je parle de lignes
droites et courbes et des figures planes et solides qu'elles
engendrent. De ces figures je dis qu'elles n'ont pas seule
ment, comme les autres choses, une benuté relative, mais
une beauté éternelle et absolue •* !).
Aristote écrit de même : - Le beau consiste dans l'ordre
uni à la grandeur *> 2).
L'un et l'autre fournissent de leurs formules des applica
tions significatives, bien qu'arbitraires, Platon à la nature,
Aristote à l'Etat.
L'univers sensible pour Platon est marqué au coin de la
beauté, dans ses plus profondes entrailles, car il réduit les
éléments premiers dont tout se compose, l'air, l'eau,
la terre, le feu, à des figurations géométriques qu'il compte
parmi les plus belles. Et l'Etat d'Aristote, pour se revêtir
de beauté, ne peut être ni trop grand ni trop petit.
Aux éléments de l'ordre le sentiment populaire joignait
comme caractéristique du beau, quand il s'agit de corps,
le charme du coloris (suavitas colorh). Xénophon, les stoï
ciens, Cicéron et d'autres se font les interprètes de cette
conception, et on verra que Plotin la présente comme
l'expression de la beauté généralement admise par ses con
temporains et ses prédécesseurs immédiats.
Le beau est identique au bien, et cette identité s'applique
principalement au bien moral ou à la vertu. Inversement
le vice est la laideur de l'âme. C'est la traduction philo-
') Philèbe, 51.
-) 10 -;ap KaXôv çv pLeys^si x«î totïei (Poétique, VII, 4). 240 .,._,, M. DE WULP
sophique du terme xaXoxayaea,-. Le Thersite, d'Homère, n'est-il
pas k la fois laid de corps et lâche de cœur ? « Quelque
belles que soient la science et la vérité, tu peux assurer,
sans,' crainte de te tromper, que l'idée du bien en est
distincte et les surpasse en beauté » !). Et quand on songe
que l'Idée centrale, dans la métaphysique de Platon, est le
Bien et non le Vrai, on comprend combien est infidèle cette
formule qu'on lui prête : le beau est la splendeur du vrai.
— Aristote a essayé d'établir quelques distinctions entre
le beau et le bien, mais celles-ci sont superficielles, et
nous concluons avec Bénard : « Quand on signale ici un
grand progrès dans la science du beau, on se trompe » 2).
Cet exposé sommaire de la doctrine platonico-aristoté-
licienne appelle quelques remarques complémentaires.
D'abord il va sans dire que les théories qui viennent d'être
rappelées, sont influencées par les divergences doctrinales
qui séparent, en métaphysique, les deux grands génies
grecs. Pour Platon, le réel, — donc aussi le Beau, l'ordre,
l'harmonie, — trône dans un empyrée suprasensible, dont
les choses saisies par nos sens ne sont que l'ombre fugace ;
pour Aristote, le réel habite sur terre, et le beau est
immanent aux êtres ordonnés où notre intelligence le
perçoit, par le canal des sens, et grâce à son pouvoir
d'abstraire.
Ensuite Aristote s'accorde avec Platon, pour séparer le
beau et l'art, celui-ci ayant toute sa raison d'être dans
l'imitation (ijuV^k) comme telle de la nature, sans que la
valeur de cette imitation entre en ligne de compte. Il
en résulte que l'art est déprécié, toute imitation étant
inférieure à l'original, et que, n'ayant pas de fonction
esthétique, il n'a qu'une mission d'un autre ordre : servir
à l'éducation et à la diffusion de la morale.
^Platon, République, VI, 508.
p. •) 683. Bénard, L'esthétique <T 'Aristote, Ac ad. se mor. et polit., 1887, l'histoire de l'esthétique 241
Enfin, Platon et Aristot

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