L histoire de la Russie au miroir de l enseignement secondaire français, 1870-1940 - article ; n°4 ; vol.57, pg 621-636
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L'histoire de la Russie au miroir de l'enseignement secondaire français, 1870-1940 - article ; n°4 ; vol.57, pg 621-636

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Description

Revue des études slaves - Année 1985 - Volume 57 - Numéro 4 - Pages 621-636
16 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1985
Nombre de lectures 35
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Monsieur Christian Amalvi
L'histoire de la Russie au miroir de l'enseignement secondaire
français, 1870-1940
In: Revue des études slaves, Tome 57, fascicule 4, 1985. Aspects des relations intellectuelles entre la France, la
Russie et l'U.R.S.S., sous la direction de Robert-Henri Bautier. pp. 621-636.
Citer ce document / Cite this document :
Amalvi Christian. L'histoire de la Russie au miroir de l'enseignement secondaire français, 1870-1940. In: Revue des études
slaves, Tome 57, fascicule 4, 1985. Aspects des relations intellectuelles entre la France, la Russie et l'U.R.S.S., sous la
direction de Robert-Henri Bautier. pp. 621-636.
doi : 10.3406/slave.1985.5525
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/slave_0080-2557_1985_num_57_4_5525L'HISTOIRE DE LA RUSSIE
AU MIROIR DE L'ENSEIGNEMENT SECONDAIRE FRANÇAIS
1870-1940
PAR
CHRISTIAN AMALVI
II va désormais de soi pour la plupart des historiens dits des « mentalités » que
le système scolaire dans son ensemble a constitué, depuis un siècle et demi environ,
un incomparable véhicule de diffusion sociale de stéréotypes, de clichés mytholog
iques relatifs non seulement à l'histoire de France mais aussi à celle des principales
nations européennes. D est aujourd'hui généralement admis que l'inventaire exhaus
tif des représentations de « l'autre » (l'anglais, l'allemand, l'américain, l'italien, le
russe, etc.) passe nécessairement par l'étude des livres scolaires au sens large (ma
nuels du primaire et du secondaire, livres de lecture, d'étrennes et de prix...),
l'analyse scientifique et méthodique de leur contenu iconographique et textuel, de
leur mise en scène héroïque, etc.
Dans le cas de l'histoire de la Russie, nous nous sommes volontairement limité,
pour ne pas donner à cette contribution de proportions démesurées, à la littéra
ture historique de la Troisième République qui correspond grosso modo à la « Belle
Époque » de « la République des professeurs »...
I. Approche méthodologique.
L'école primaire, qui enseigne aux enfants du peuple l'histoire de leur nation
et ne s'intéresse à l'histoire russe que dans la mesure où celle-ci est étroitement liée
pour le meilleur (l'Alliance franco-russe) comme pour le pire (la retraite de Russie,
la guerre de Crimée...) à celle de la France, est exclue de notre étude qui analysera
l'enseignement secondaire de la Troisième République. Ce dernier, réservé à l'élite
sociale (« les héritiers ») et intellectuelle (« les boursiers ») de la nation, met en
effet l'accent sur l'histoire, sinon universelle, du moins européenne, et l'histoire
de la Russie y occupe une place non négligeable qu'il est cependant difficile de
quantifier de façon précise, de traduire en pourcentages significatifs.
Cette difficulté résulte d'abord de l'évolution des programmes au cours de la
période considérée : jusqu'à l'établissement de « la République des républicains »
Rev. Étud. slaves, Paris, LVII/4, 1985, p. 621-636. 622 Chr. AMALVI
en 1879-1880 les manuels s'arrêtent prudemment en 1789, négligeant ainsi le
XIXe siècle russe ; d'autre part la grande réforme de 1902, en introduisant deux
cycles, brise la continuité chronologique jusque-là en vigueur : dans le premier
cycle on survole l'histoire universelle jusqu'en 1789, dans le second cycle on appro
fondit l'étude des temps modernes et de l'époque contemporaine ; les XVIIe et
XVIIIe siècles russes sont donc, à partir de cette date, étudiés deux fois par les
élèves (en théorie du moins). Mais en 1925 une nouvelle réforme pédagogique
réintroduit le cycle unique que supprime à nouveau la réforme de 1938.
Il serait d'autre part très délicat d'évaluer quantitativement une histoire russe
qui relève de deux registres bien différents : un niveau politico-militaire européen
où la Russie, le plus souvent adversaire de la France, est indissociablement liée à
l'action de ses alliés, notamment lors des coalitions contre Napoléon ; un second
registre qui privilégie au contraire l'histoire de la sainte Russie, de ses héros, de
ses mœurs, de ses institutions, etc. Alors que le premier se réduit le plus souvent à
une « histoire bataille » classique, dépourvue de jugements de valeur sur la Russie,
le second constitue par ses observations morales, ses préjugés culturels et sociaux
un excellent révélateur de ce que les pédagogues français — catholiques et répu
blicains - pensent de la Russie et, à ce titre, retiendra seul notre attention. Préci
sons enfin que la distinction entre ces deux états n'est pas toujours nettement
tranchée et qu'il existe des problèmes qui relèvent autant de l'histoire européenne
générale que du domaine russe proprement dit : la question d'Orient par exemple.
Cette double tendance se dégage de l'étude d'une dizaine de manuels scolaires
choisis en fonction de trois critères complémentaires : ont été retenus en premier
lieu les ouvrages les plus diffusés entre 1870 et 1940 ; le corpus établi s'efforce
ensuite de couvrir la Troisième République dans son ensemble ; l'analyse enfin a
porté autant sur des livres réservés aux études classiques qu'aux études modernes
et techniques, aux garçons qu'aux filles, aux lycées publics collèges catho
liques1 .
On pourrait penser a priori qu'une telle diversité pédagogique et idéologique
aurait dû engendrer une pluralité d'images contradictoires sur l'histoire de la Russie,
or il n'en est rien : ce qui caractérise l'ensemble de notre corpus c'est au contraire
l'unanimité de la vision ; certes celle-ci s'accompagne de divergences, mais elles
n'affectent généralement que des détails, des aspects relativement secondaires ou
n'apportent que des correctifs, des nuances à une image de la Russie dont les
contours essentiels recueillent l'assentiment général. Le second paradoxe réside
dans la connotation franchement négative qui est accolée à la Russie et au peuple
russe entre 1870 et 1940. Certes le ressentiment causé en France par la Révolution
de 1917, qui a mis fin unilatéralement à la guerre contre l'Allemagne à Brest-
Litovsk et transformé en chiffons de papier les fameux emprunts russes, a rejailli
rétrospectivement sur l'ensemble de l'histoire russe. Cette explication n'est pourtant 1° pas satisfaisante, car on note une légère amélioration de l'image de marque de
la Sainte Russie dans les manuels diffusés entre 1920 et 1940 (Malet — Isaac notam2° que la vision la plus défavorable du passé russe correspond paradoxalement) ;
ment aux beaux jours de l'Alliance franco-russe qui a suscité dans tout le pays une
véritable euphorie dont l'écho enthousiaste rejaillit jusque dans les manuels du
primaire. Tels sont deux des nombreux problèmes que pose à l'historien des « ment
alités » le reflet de l'histoire russe dans le miroir scolaire français.
1 . Voir en annexe le corpus des manuels étudiés. HISTOIRE DE LA RUSSIE 623
IL L'image globale de la Russie dans l'enseignement secondaire
français.
1 . Dans l'histoire militaire de l'Europe.
Dans l'optique qui nous intéresse ici il y a peu de choses à en dire. On notera
surtout les divergences entre Albert Malet et Jules Isaac1 sur la responsabilité des
guerres napoléoniennes. Tandis que le premier l'attribue pour l'essentiel à la jalous
ie de l'Angleterre et de la Russie à l'égard de «la grande Nation », le second
souligne au contraire que l'ambition démesurée de Napoléon fut l'élément déter
minant de la formation des coalitions.
2. Dans l'histoire russe proprement dite.
Dans les manuels du secondaire l'histoire russe, indépendamment des variations
de programmes, se répartit en trois grandes périodes :
- le Moyen Age,
- les XVIie-XVIIP siècles de Pierre le Grand et Catherine II,
- le XIX* siècle.
a) Le Moyen Age ou le problème des origines de l'histoire russe.
Dans les manuels deux grandes tendances se dégagent (sans que l'on puisse
d'ailleurs y déceler un clivage d'ordre politique ou religieux), celle qui considère
que la grandeur russe des XVIIe et XV

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