L idée du progrès dans l anthropologie - article ; n°1 ; vol.7, pg 535-560
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Description

Bulletins de la Société d'anthropologie de Paris - Année 1872 - Volume 7 - Numéro 1 - Pages 535-560
26 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1872
Nombre de lectures 7
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Lavroff
L'idée du progrès dans l'anthropologie
In: Bulletins de la Société d'anthropologie de Paris, II° Série, tome 7, 1872. pp. 535-560.
Citer ce document / Cite this document :
Lavroff . L'idée du progrès dans l'anthropologie. In: Bulletins de la Société d'anthropologie de Paris, II° Série, tome 7, 1872. pp.
535-560.
doi : 10.3406/bmsap.1872.4518
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bmsap_0301-8644_1872_num_7_1_4518— IDÉE DU PROGRÈS DANS L* LAVROFF. ANTHROPOLOGIE. 555
LECTURE.
Sur l'idée du progrès dans l'anthropologie *
RÉPONSE A SI. PELLARIN PAR M. LAVROFF.
« J'ai demandé à répondre à M. Pellarin ; mais, en re
passant mentalement la série des objections qu'il m'a faites
et des problèmes que je suis obligé de traiter pour y répon
dre, j'éprouve la crainte d'être entraîné loin du domaine
des questions traitées habituellement dans cette enceinte.
En faisant ma première communication sur l'idée da pro
grès, je savais bien que je me plaçais sur la limite même de
l'anthropologie; j'avais en vue d'exprimer quelques idées
sur la manière de préciser cette limite; je me croyais donc
en droit de vous faire la communication que vous avez eu
l'obligeance d'écouter. Je tâchais d'être aussi bref que pos
sible Sur tout ce qui est, strictement parlant, en dehors du
domaine anthropologique, et de me borner sur ce terrain
aux faits les plus nécessaires. C'est là justement ce qui m'a
attiré quelques-uns des reproches de notre honorable col
lègue, et, non content de m'accuser d'omissions dans les
points que j'ai cru devoir omettre, il m'a invité par d'autres
objections plus graves encore et qui me paraissent souven
tenir à un malentendu, il m'a invité, dis-je, à m 'avancer
tout h fait Gn dehors des limites que je croyais indiquées
par la nature de là science qui fait Pobjet dé nos travaux.
Les questions que M. Pellarin a soulevées me tentent
d'autant plus qu'elles ont été de ma part l'objet de longues
études ; jamais je n'aurais cru pouvoir les traiter dans cette
tîïiceintê, mais les objections de M. Pellarin m'y poussent -,
excusez-moi done à l'avance si, en suivant notre collègue
dans ses objections, j'empiète quelquefois sur le domaine
d'une science voisine; je tâcherai de pallier cet inconvé- SÉANCE DU 18 AVRIL 1 872 :.:
nient en m'efforçant d'être aussi bref que possible et en ne
me permettant d'autres excursions extra-anthropologiques
que celles qui sont absolument nécessaires à ma défense.
Je vais tout droit au cœur de la discussion et je tâcherai
de relier à la question principale les objections secondaires
soulevées par M. Pellarin.
11 croit renverser la barrière que j'ai youlu établir, dit-il,
entre l'histoire et l'anthropologie, en remarquant que ce
qui est devenu dans la suite des temps coutume et tradi
tion a été dans le principe un idéal; a L'histoire, pense-t-il,
devrait singulièrement rétrécir son domaine, si elle ne
commençait qu'à partir du moment où l'intelligence aurait
formulé une doctrine générale entièrement indépendante
de la tradition. » Je me suis probablement bien mal ex
primé pour avoir donné lieu à une pareille confusion. Je
crois cependant avoir indiqué bien distinctement que Vélé->
ment anthropologique de ïonie civilisation consiste dans le
résidu du passé de cette société, par quelque voie que ce se soit produit, « y compris le cas du travail antérieur
de la pensée, réduit maintenant à des formules routinières
et réglant des habitudes acquises ». Non-seulement ce cas
est possible, mais la majeure partie des traditions les plus
arriérées de la routine sociale la plus nuisible se compose
d'éléments qui un jour formaient de belles conquêtes de
l'esprit humain, conquêtes acquises au prix de luttes ar
dues, au moyen d'une critique implacable. Je pense même
qu'il est difficile de trouver dans l'histoire de l'humanité
une seule doctrine « entièrement indépendante de la tradi
tion ». C'est justement cette auréole de convictions an
ciennes et de luttes énergiques livrées dans ïe passé, c'est
cette critique accomplie à une époque qui n'est plus,
elle qui permet aux coutumes vieillies, aux traditions dé
pourvues de sens actuel, d'enrôler des adhérents passion
nés e| aveugles à des devises jadis progressives, mais — ÏDÉE DU PROGRÈS DANS i/aNTHRoPoLoGÏE. 537 LAVROFF.
devenues ensuite l'obstacle le plus sérieux au progrès so
cial. Ce sont ces traditions et ces coutumes qui forment la
matière première que la pensée et la critique doivent éla
borer pour en tirer de nouvelles doctrines progressives, de
nouveaux buts sociaux â poursuivre. ;
Aussi je suis étonné de voir que M. Pellarin a cru trou
ver dans ma communication la pensée que l'histoire com
mence lorsque l'anthropologie finit. C'est juste le contraire
de ce que je croyais avoir dit. S'il y a dans la vie de l'hu
manité une période purement anthropologique ou préhis
torique, s'il y a des peuples, peut-être des races entières
pour qui cette période dure encore, il y a par contre d'au
tres nations qui ont été les agents de l'histoire, les agents
du développement progressif de l'humanité; mais chez ces
dernières il n'y a eu à chaque moment de leur existence
qu'une fraction de leur activité qui ait été progressive, par
conséquent historique, tandis que la presque totalité de
cette activité se rattachait â des habitudes et à des tradi
tions non raisonnées. Cet élément, selon moi, appartient
non à l'histoire considérée comme science du progrès hu-
main* mais à l'histoire naturelle de l'homme, c'est-à-dire
à l'anthropologie, comme l'étude des mœurs et des habi
tudes des animaux appartient à la zoologie,.
« La distinction n'est pas facile à observer, » dit M. Pel
larin ; « l'office de l'histoire serait mêlé d'une façon inex
tricable à celui de l'anthropologie. » Ce n'est pas dans une
société de savants que je me permettrais de supposer que
la difficulté de discerner les éléments constitutifs d'un fait
complexe pesât de quelque poids dans les questions scien
tifiques Ce ne sont pas des problèmes faciles qui ont
fait la gloire des Archimède, des Newton, des Cuvier. Les
problèmes faciles sont spontanément résolus par l'intell
igence des masses avant que la science surgisse avec ses
méthodes ingénieuses et son analyse subtile. Les problèmes SÉANCE ÏM 18 ÀVML 1872. 558
qui forment l'objet principal des études dans cette enceinte
sont bien loin d'être faciles, et c'est dans leur difficulté que
consiste en grande partie leur attrait aux yeux du vrai savant.
Mais, pbur ne pas être facile à observer, la coexistence
dans l'activité sociale d'éléments historiques et anthropolo
giques, ou progressifs et coutumiers, est pour cela loin
d'être inextricable, M. Péllarin est médecin. Il sait bien que
le corps vivant présente des faits et des phénomènes coexis
tants appartenant à des groupes bien divers. Il y a les
formes qu'étudie l'anatomie et l'histologie ; il y a les phé
nomènes qui sont du domaine de la mécanique ou de la
chimie pure; d'autres appartiennent en propre à la physio
logie ; d'autres encore exigent l'emploi de l'analyse psycho
logique. Et tous ces phénomènes, tous ces faits morpholo
giques existent ensemble en se déterminant mutuellement,
en combinant leurs conditions d'existence de telle manière
qu'il a fallu des générations de savants avant que les formes
générales, les organes, les tissus, les fonctions diverses aient
pu être distingués scientifiquement les uns des autres et
aient pu servir de base à des divisions scientifiques aussi
différentes que le sont la chimie organique et la physiolog
ie, l'anatomie générale et l'histologie. Le corps semblait
sans doute un enchevêtrement inextricable d'organes et de
fonctions à ceux qui y ont por

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