L'institution de la science : un exemple au XVIIIe siècle - article ; n°5 ; vol.30, pg 1028-1044

Claire Salomon-Bayet

Description

Annales. Économies, Sociétés, Civilisations - Année 1975 - Volume 30 - Numéro 5 - Pages 1028-1044
17 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

• Sociologie, société et politique

Informations

• Publié par: ANNALES_ECONOMIES_SOCIETES_CIVILISATIONS
• Publié le: 01 janvier 1975
• Nombre de lectures: 12
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 1 Mo

Extrait

Claire Salomon-Bayet
L'institution de la science : un exemple au XVIIIe siècle
In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 30e année, N. 5, 1975. pp. 1028-1044.
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Salomon-Bayet Claire. L'institution de la science : un exemple au XVIIIe siècle. In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations.
30e année, N. 5, 1975. pp. 1028-1044.
doi : 10.3406/ahess.1975.293662
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ahess_0395-2649_1975_num_30_5_293662INSTITUTION DE LA SCIENCE UN EXEMPLE AU XVIIIe SI CLE
il appartient au philosophe de tracer ces
méthodes il ne peut appartenir au législateur
en transporter esprit aans organisation
même des établissements publics instruction
Pierre Cabanis
Comment écrire histoire des sciences La réponse cette question im
plique bien entendu un choix épistémologique autant idéologique le débat
entre externalistes et internalistes opposition entre sociologues de la science
et analystes des concepts scientifiques de leur logique et de leur transformation
est écho permanent de la constatation désabusée ou programmatique
un problème histoire des sciences ne se confond ni avec un problème his
toire ni avec un problème scientifique Nous voulons ici la faveur un
exemple poser un de méthode qui correspond pour une grande part
un problème épistémologique lié la fois la nature du phénomène scientifique
et la tâche qui se propose en saisir le sens et la portée où peut se situer
unité du propos de historien des sciences puisque unité qui tient la science
est pas son fait et que unité qui tient au déroulement historique ne lui suffit
pas a-t-il un type unification possible qui puisse être proposé comme grille
de lecture des phénomènes des éléments des documents qui relèvent de
histoire des sciences et qui la constituent Ou bien inversant la question ces
oppositions entre les types de discours que tiennent les historiens des sciences
ils se réfèrent strictement des écoles différentes ne tiennent-elles pas
une définition restrictive du phénomène scientifique
Du côté de la science on nous accordera que la logique de la recherche est
une traduction théorique nécessaire mais non suffisante pour en rendre pleine
ment compte La seule constante pure en ce domaine pourrait être qualifiée
de visée épistémique et remonte non pas aux débuts de la science moderne occi
dentale et ses repères possibles Kepler Galilée Harvey mais ses ori
gines est-à-dire la pensée grecque visée épistémique qui lisiblement dès
1028 SALOMON-BAYET INSTITUTION DE LA SCIENCE
Platon distingue la science de opinion droite objet scientifique de objet sen
sible Affirmer de autre côté que les sciences dans leur développement
obéissent pas seulement des impératifs théoriques est une trivialité mais
prétendre il faut principalement décrypter les fins non-scientifiques de la
science et en apprécier les retombées est risquer de méconnaître la scientificité
même de la science
Recherche une unité qui évidence prétend saisir un phénomène total
échappant aux limites une histoire des sciences des idées ou des mentalités
depuis quinze ans dans articulation des sciences au savoir Foucault
décrypte un ensemble qui les rend possibles qui ne se confond pas avec elles
malgré la similitude des types de discursivité qui vont de un aux autres On sait
la fécondité une telle elucidation de la folie la clinique de histoire naturelle
univers carcéral
intérieur de histoire des sciences il agit pour nous une articulation
de la science la science même entendue comme totalité organisée La science
est une institution au double sens du terme elle détermine et manifeste un objet
scientifique nouveau invention innovation) théorique ou pratique elle impose
et transmet pour un temps un corps de doctrines et de techniques ce qui sup
pose une communauté scientifique relativement homogène Elle donc au
même moment une fonction synchronique et diachronique Institution elle
inscrit dans des institutions qui sont fécondes en grande partie dans la mesure
où elles se surprennent définir un but différent de celui pour lequel elles ont
été instaurées Le jeu de articulation et du décalage de la science par rapport
elle-même permet de saisir rigoureusement ce qui relève du concept et ce qui ap
partient inscription dans ordre politique et social et qui est indissociable
négliger un on perd et un et autre
Ici donc nous parlerons une discipline mixte qui ne se confond ni la
mesure ni aux mathématiques la médecine la fois art savoir et pratique ins
crite dans le tissu social une période couvrant une dizaine années 17 95
804 riche de volonté organisation nationale dirigée finalisée un
homme le médecin Cabanis plus connu sans doute pour avoir donné son
nom la rue qui mène Sainte-Anne que pour avoir été le médecin de Mira
beau apologiste de la guillotine au nom de la clinique et le type même de
Idéologue homme du xvine siècle en possession une technique définie
médicale juridique mathématique ou administrative qui traverse les temps
troublés plutôt bien que mal et transmet aux temps nouveaux les techniques
acquises et des références au siècle terminé un livre enfin le Coup il sur
les révolutions et la réforme de la médecine dans lequel on voulu voir la
vieillesse de la clinique inconsciente de la manière dont Bichat dès 1802
relégué dans histoire les règles de analyse appliquées au déchiffrement des
ensembles symptomatiques en fondant anatomie pathologique sur les altéra
tions tissutaires spécifiques
Pourtant soumis au repérage simultané des thèmes théoriques systéma
tisation de la pratique médicale liée la clinique slogan du retour hippocra-
tisme application de analyse la médecine en référence idéologie des
Idéologues et des thèmes institutionnels réforme de enseignement
médical liée aux volontés de réforme hospitalière organisation de la profession
et notion une politique de la santé publique analysé non seulement en
fonction de sa date de publication 1804 mais par rapport sa date de rédaction
1029 HISTOIRE ET SCIENCES
1795) ce livre permet de saisir la forme une rationalité médicale applica
tion de sciences qui ne sont pas encore des sciences entièrement ration
nelles par essence destinée ordre civil
De la méthode de analyse appliquée la médecine
Dans le Coup il sur les révolutions et la réforme de la médecine 1795-
1804) Cabanis propose un programme assurant méthodiquement unité de la
médecine dans une pratique clinique qui oppose la succession des théories
innombrables Ce programme qui implique une réforme expose après un
préambule interminable consacré aux révolutions théoriques engendrant que
le scepticisme la méthode de analyse appliquée la médecine pour la
détermination conceptuelle du regard clinique Ce programme est Pinel7
et non Cabanis qui rendu effectif et on su après en 1804 il avait
été esquissé avant en 1795). Cabanis propose une réforme et non une
révolution En effet les révolutions sont soit théoriques soit politiques or la
théorie médicale est pas un fait La seule théorie qui égare jamais en
mérite pas le nom proprement parler Elle ne va pas plus loin que
observation elle est que observation elle-même Seul le fait est sensible
et par là conduit la vérité clinique La théorie se tait ou évanouit presque
toujours au lit des malades pour céder la place observation et expérience
et sur quoi se fondent expérience et observation si ce est sur le rapport de
nos sens
Le fil conducteur de cette réforme théorie de la non-théorie est analyse
philosophique de Condillac originant dans empirisme lockien Elle
manifesté sa fécondité dans la nouvelle chimie et la réforme de la nomenclature
qui accompagnée Réformer est retrancher rectifier rétablir la
médecine pléthorique confuse mal établie se substitue unité de acte médical
observation pour lequel un fait est rien il est pas connu Sans doute est-
ce un retour unité hippocratique mais on revient pas comme on en était
parti
unité de acte observation est dominante et unifiante elle unit ce qui
était séparé la médecine et la chirurgie et anatomie pathologique elle
subordonn