L objectivité de la Connaissance intellectuelle d après saint Thomas d Aquin - article ; n°9 ; vol.3, pg 24-44
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L'objectivité de la Connaissance intellectuelle d'après saint Thomas d'Aquin - article ; n°9 ; vol.3, pg 24-44

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Revue néo-scolastique - Année 1896 - Volume 3 - Numéro 9 - Pages 24-44
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Publié le 01 janvier 1896
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Langue Français
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Extrait

Comte Domet de Vorges
L'objectivité de la Connaissance intellectuelle d'après saint
Thomas d'Aquin
In: Revue néo-scolastique. 3° année, N°9, 1896. pp. 24-44.
Citer ce document / Cite this document :
Domet de Vorges . L'objectivité de la Connaissance intellectuelle d'après saint Thomas d'Aquin. In: Revue néo-scolastique. 3°
année, N°9, 1896. pp. 24-44.
doi : 10.3406/phlou.1896.1463
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/phlou_0776-5541_1896_num_3_9_1463IL
L'objectivité de la Connaissance intellectuelle
D'APRES SAINT THOMAS d'aQUIN*
nous* n'entendons pas démontrer En parlant d'objectivité,
que la pensée a un objet. Ceci est d'une évidence immédiate.
On ne saurait penser sans penser à quelque chose.
Nous parlons d'objectivité dans le sens où ce terme est
généralement usité, quand on l'oppose au subjectivisme de
Kant et de ses disciples.
Ceux-ci considèrent les formes de la connaissance comme
de simples apparences. Sont-elles conformes à la réalité exté
rieure? Quelques-uns entreprennent de le démontrer. D'autres
considèrent cette affirmation comme une hypothèse nécessaire.
Plusieurs enfin déclarent .ne pas s'en inquiéter. Il y en a qui-
vont jusqu'à soutenir que la connaissance de l'objet extérieur,
tel qu'il est en lui-même impliquerait contradiction.
Nous n'essayerons pas aujourd'hui de réfuter ces thèses.
Notre but est d'étudier un problème d'histoire philosophique :
que pensait saint Thomas de cette question ? Croyait-il que la
connaissance vise un objet au-dehors, a pour terme néces
saire une réalité extérieure connue en elle-même l -
Pour la, sensation, il n'y a pas de doute. Personne, croyons-
nous, ne conteste que, dans l'opinion de saint Thomas, la cou-
*) M. Domet de Vorges développe ici des idées qu'il a déjà présentées
dans son beau volume La Perception et la psychologie thomiste. Nous avons
rendu compte de cet ouvrage lors de son apparition et nous avons eu l'o
ccasion de marquer alors en quoi nos vues différent de celles de l'auteur. Le
lecteur que la chose intéresse trouvera les éléments du débat dans la Bévue
des questions scientifiques de Bruxelles, octobre 1892. D. M. l'objectivité de la connaissance intellectuelle. 25
leur ou l'étendue connues par notre œil ne fussent la couleur
oui 'étendue réelle qui sont dans les choses.
Pour l'intelligence la chose paraît moins claire. Beaucoup
ne parlent de que comme d'une faculté de com
prendre et de généraliser ce qui est connu par les sens. Parce
que l'intelligence, d'après saint Thomas, ne connaît qu'après
avoir emprunté ses > déterminations aux formes sensibles, per
species a sensibus abstractors , on veut en conclure qu'elle ne
possède d'autres données que les données connues d'abord par
les sens.
Ceci nous paraît excessif. Saint Thomas ne l'a jamais dit.
11 a plutôt dit le contraire 1).. Ceci en outre est dangereux à
une époque où l'objectivité de la connaissance sensible est si-
fortement battue en brèche. S'il vient à être démontré que la
connaissance sensible ne donne que des apparences très diff
érentes des choses, c'en sera fait de toute connaissance imméd
iate., Nous n'aurons plus qu'à attendre la découverte de ce
fameux pont entre la pensée et la réalité que personne n'a pu
encore retrouver.
Mais nous croyons que saint Thomas n'a pas entendu ainsi
les choses et qu'il a attribué, à la connaissance intellectuelle
avec un objet propre, la perception immédiate de cet objet
dans sa réalité extérieure.
Nous avons déjà touché ce point dans un ouvrage publié
il y a quelques années 2). Nous croyons utile d'y revenir et de
reproduire d'une manière plus complète les affirmations de
saint Thomas sur le rôle et la portée de la connaissance
intellectuelle.
Nous allons donc étudier les enseignements du docteur
angélique sur ces trois questions si importantes :
') Licet intellectus operatio oriatur a sensu, tamen in re apprehensa per
sensum multa cognoscit intellectus quee sensus percipere non poterit.
la 78. 4. Ainsi les sens présentent l'objet à l'intelligence, mais il n'est point
nécessaire qu'ils y aient perçu tout ce que l'intelligence y perçoit.
1892.1 2) La Perception et la, psychologie thomiste. Paris, Roger et Chernoviz,
'
U.C.L.
INSTITUT SUPERIEUR Bibliothèque DE PHILOSOPHIb
Collège D. Mercier
Place du Cardinal Mercier, 14
B-1348 Louvain-la-Neuve 26 DOMEÏ DE VORGES. .
1° La nature de l'intelligence implique-t-elle l'appréhension
de la réalité objective?
2° Y a-t-il dans humaine une circonstance
l'empêchant d'atteindre cette réalité ? .
3° Quelles sont précisément les réalités objectives qu'atteint
l'intelligence de l'homme ?
I. — La nature de l'intelligence implique l'appréhension
d'une réalité objective
Quel est le caractère générique de la faculté de connais
sance ? Les êtres connaissants, dit saint Thomas, se distinguent
des êtres ■ qui ne connaissent pas en ce que ■ ceux-ci n'ont que
leur propre forme (en langage moderne leur essence spéci
fique), tandis que l'être connaissant peut recevoir en outre les
1).'
formes d'autres natures
Qu'est-ce à dire? cette définition n'est-elle pas une énigme ?
Un être peut-il recevoir plusieurs formes ? ■
Ce ne peut être assurément d'une manière substantielle ;
une substance ne saurait avoir deux déterminations.
C'est donc d'une manière accidentelle ; mais encore de quelle
manière ? nous voyons souvent un être reproduire la ressem
blance d'un autre. Il n'est pas pour cela connaissant. Le miroir ,
ne connaît point celui dont il reflète l'image.
Il faut' pour être connaissant produire la forme d'une autre
chose d'une manière active et vivante. Les êtres connaissants
ont un surcroît d'énergie intime, grâce auquel ils peuvent
vivre les formes étrangères. Non seulement ils émettent une
forme qui" se trouve semblable à quelque autre être. Ce peut
être de l'imitation, ce n'est pas encore la connaissance. Il faut
qu'ils vivent ces formes en tant qu'étrangères, conçues comme
J) Cognoscentia a non cognoscentibus in hoc distinguuntur quia non cognos-
centianihil habent nisi suam formam tantum, sed cognoscens natum est
habere formam etiam rei alterius. (la. 14, 1.) de la connaissance intellectuelle. 27 l'objectivité
appartenant à. quelque chose- en dehors d'eux. rAlors ils la
possèdent en vérité comme la forme d'une autre chose, formant
rei alterius.
Il suit de cette définition que la connaissance, tout en étant
un acte interne de l'âme, implique essentiellement un rapport
à une réalité extérieure ; c'est au reste la doctrine expresse
de saint Thomas l).
L'être connaissant a en soi la ressemblance du dehors. Il
produit son acte conformément au dehors. Cette conformité
était appelée dans le langage de l'école l'espèce intentionnelle.
Cette espèce n'est pas connue d'abord. Elle n'est que le mode
de l'acte par lequel nous connaissons 2). Nous ne l'atteignons
qu'en second lieu par la conscience. Tout d'abord la faculté
mise en acte suivant cette conformité connaît la chose même 3).
Son acte direct est essentiellement objectif.
Cette théorie est générale et s'étend^ aussi bien à la con
naissance sensible qu'à la connaissance intellectuelle 4j. Qui
voudrait dire que, dans la théorie de l'école, la connaissance
sensible n'atteint pas l'objet lui-même l Si la même théorie
convient aux deux ordres de connaissance, elle doit conduire
dans tous deux aux mêmes conclusions. Si l'assimilation . de
l'organe de la vue rend l'œil capable devoir une couleur hors
de soi, l'assimilation de l'intelligence doit également la rendre
capable de voir son objet hors de soi. Ce rapprochement est
fait par saint Thomas lui-même 5).
La nature de l'intelligence est donc bien d'opérer en vue
d'un terme extérieur ; point de terme extérieur, point d&

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