L œuvre économique de Maurice Bourguin - article ; n°4 ; vol.17, pg 640-670
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Description

Revue économique - Année 1966 - Volume 17 - Numéro 4 - Pages 640-670
31 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1966
Nombre de lectures 18
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Monsieur Michel Luftalla
L'œuvre économique de Maurice Bourguin
In: Revue économique. Volume 17, n°4, 1966. pp. 640-670.
Citer ce document / Cite this document :
Luftalla Michel. L'œuvre économique de Maurice Bourguin. In: Revue économique. Volume 17, n°4, 1966. pp. 640-670.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/reco_0035-2764_1966_num_17_4_407722ECONOMISTES DE JADIS
L'ŒUVRE ECONOMIQUE
DE MAURICE BOURGUIN
Né le 10 décembre 1856 à Château-Thierry, Maurice Bourguin
fut d'abord chargé de cours de droit administratif à la Faculté de
Droit de Douai (bientôt transféré à Lille), « discipline vers laquelle
ne l'inclinaient pas ses penchants naturels, mais qu'il dut enseigner
pendant longtemps », réussissant cependant à mener de front ses
enseignements et ses recherches personnelles en matière économique !.
C'est ainsi que le discours d'ouverture de la rentrée solennelle de la
Faculté de Droit de Lille qu'il prononce en 1892 est consacré à un
parallèle entre Proudhon et Marx (publié en 1893).
Cette étude l'introduit au problème de la valeur : il présente en
1895 par livraisons une véritable somme sur le sujet, qui sera par
la suite réunie en un volume, intitulé Le mesure de la valeur et la
monnaie ; il s'y montre également un critique du monométallisme or ;
il a d'ailleurs l'occasion de revenir en 1896 {La question monétaire
et la baisse des prix) et 1897 («L'étalon or au Japon»), sur les
rapports entre étalons métalliques.
La question sociale, qui le préoccupe comme tous les penseurs
de l'époque 2, lui dicte ses recherches d'économie rurale (« L'indem-
1. Sur l'homme, on consultera Y In Memoriam écrit par J. Lescure dans la
Revue d'économie politique (1910, p. 97), revue dont B. fut un collaborateur
assidu, lui donnant ses meilleures œuvres ; également A. Fontaine, avant-propos
au 3e tirage de la 3e édition des Systèmes socialistes.
On trouvera à la fin de cette note une bibliographie des principales œuvres
de B. qui seront citées en note par l'année de leur parution.
2. « Les questions sociales, on peut le dire à l'honneur de notre temps, sont
devenues la grande préoccupation de l'heure présente ... Elles préoccupent aussi,
à des titres divers, ceux qui ne sont pas des travailleurs manuels : les uns,
à cause des craintes que ces problèmes leur inspirent ; les autres, par un sent
iment de solidarité de sympathie agissante, par une sorte d'inquiétude de con
science qui a remplacé l'indifférence d'autrefois.» [1902] p. 6. Nul doute,
l'ensemble de son œuvre le témoigne précisément, que B. soit l'un de ces autres. ECONOMISTES DE JADIS 641
nité de plus-value au fermier sortant », « L'intensité de la crise
agricole d'après la statistique décennale de 1892») et de législation
industrielle (« Nouvelle réglementation de la journée de travail et
ses premiers effets dans la grande industrie du Nord», « L'appli-
cation des lois ouvrières aux ouvriers et employés de l'Etat»).
Il est ainsi amené, par son intérêt pour la théorie comme par son
souci de la peine des hommes, à s'interroger sur les systèmes socia-
listes, en théoricien (dont nous soulignerons le mérite), mais aussi
en observateur scrupuleux des faits, utilisant graphiques et statis
tiques et appliquant la méthode positive pour mieux critiquer les
dogmatiques de tout crin.
Aboutissement de son œuvre, que ce livre couronne, résume et
approfondit, Les systèmes socialistes et l'évolution économique paraît
en 1904. Signe de son succès, sanctionné par les prix Wolowski et
Michel Chevalier de l'Académie des sciences morales et politiques,
une deuxième édition est nécessaire en 1906 et une troisième, reman
iée et complétée, en 1907. Devenu professeur à Paris, Bourguin
meurt à 54 ans, le 19 janvier 1910 à Versailles, alors que le succès
de son lœuvre capitale ne se dément point, un second tirage inte
rvenant en 1913 et un troisième, celui que nous utiliserons ici, en 1921.
L'intérêt de l'œuvre de Bourguin — ce qui le rend encore acces
sible au lecteur moderne — tient à la fois au caractère et au style
de l'homme (Bourguin est d'une grande honnêteté scientifique, qui
s'exprime par une langue claire, parfois belle, jamais ampoulée) et
au domaine extrêmement vaste de ses curiosités et de ses connais
sances, sur le plan des faits comme sur celui des théories. Bourguin
a traité notamment de la valeur, des nombres indices, de la monnaie,
du coût de production, des crises, de l'agriculture, des relations
sociales ; il a fait le tour des principaux sujets abordés par les éco
nomistes de son temps. Ceci ne doit pas nous dissimuler ses limites,
qui sont celles de la plupart des hommes de son époque, surtout en
matière d'analyse économique. Il reste que la méthode de Bourguin
est un modèle : il s'est mis à l'école des faits, sans renier l'intérêt
des études théoriques. Constatant l'inadaptation des idéologies : ind
ividualisme (qui s'exprime juridiquement par le code civil, économi
quement par ce que l'on appelait alors l'Ecole, c'est-à-dire les dis
ciples français attardés de Say et de Bastiat) ou collectivisme pur
(essentiellement le marxisme dont les quelques lueurs sur la société
future font présager qu'il fera triompher la bureaucratie, les distor
sions économiques et la tyrannie), Bourguin s'efforce de dégager les
Revue Economique — N° 4, 1966 41 642 REVUE ECONOMIQUE
traits dominants des sociétés présentes : ce sont un renforcement
modéré mais non universel de la concentration capitaliste, et paral
lèlement un développement du rôle des associations — particulièr
ement des syndicats — et de l'Etat, ces derniers intervenant pour
jouer le rôle de pouvoir compensateur. Ainsi s'annonce une société
équilibrée, dont les Etats-Unis veulent nous donner aujourd'hui
l'exemple.
Bourguin valorise trop la liberté pour la sacrifier à la bureaucratie,
mais son amour des hommes lui fait voir que le laisser faire a abouti
à trop de souffrances, trop d'inégalités, à un monde qui demand
erait pour fonctionner efficacement que les hommes soient en fait
des « animaux chercheurs d'or, dénués de toute affection humaine,
incessamment bêchant, tissant, filant, surveillant avec des yeux aigus
et infaillibles les mouvements les uns des autres, passant sans cesse
et facilement de place en place à la recherche du gain, tous vigilants,
rusés, mobiles » 3.
On a reconnu là, sous la plume du philanthrope anglais Arnold
Toynbee, la description imagée des principales hypothèses du laisser
faire et de la psychologie de Y homo ceconomicus ricardien.
Bourguin, au nom de l'histoire et au nom de l'idée qu'il se fait
de l'homme, refuse ce monde. Il peint plutôt ce qui est et son oeuvre
est d'abord une critique de l'analyse ricardienne, qui sert de fonde
ment, à travers Marx, à la théorie de l'économie socialiste ; mais
l'œuvre de Bourguin est aussi un dépassement de l'historisme du
xixe siècle, historisme qui conduit soit à nier toute loi tant soit peu
généralisable, donc toute science, soit à dégager un sens unique à
l'histoire justifiant les préférences du penseur ; Bourguin montre com
ment Spencer tire de l'histoire le triomphe, dans l'avenir, de l'ind
ividualisme, Marx celui du collectivisme. Bourguin, inspiré par son
désir de liberté et de démocratie, construit une esquisse de la société
démocratique, où seront équilibrés les différents pouvoirs 4 sans
qu'aucun passe l'autre.
Ce double souci d'instruments d'analyse mieux adaptés et d'une
application de la méthode aux faits économiques et sociaux de son
temps, fera l'objet des deux parties de notre exposé.
3. Cité par A. Dubly, L'œuvre économique d'A. Toynbee, Paris, Sirey,
1937, p. 30.
4. J'entends pouvoir politique, pouvoir économique, pouvoir social, tels que
les définit le professeur Jean Lhomme : Pouvoir et société économique, Paris,
Cujas, 1966. ECONOMISTES DE JADIS 643
I. LA METHODE ET LES INSTRUMENTS D'ANALYSE
Dès l'origine de sa carrière 

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