L offre de travail des femmes en Europe centrale dans la période de transformation systémique - article ; n°2 ; vol.29, pg 11-40
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Description

Revue d’études comparatives Est-Ouest - Année 1998 - Volume 29 - Numéro 2 - Pages 11-40
30 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1998
Nombre de lectures 41
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Madame Ariane Pailhé
L'offre de travail des femmes en Europe centrale dans la
période de transformation systémique
In: Revue d’études comparatives Est-Ouest. Volume 29, 1998, N°2. Les transformations du travail et de l'emploi en
Europe de l'Est depuis 1990. pp. 11-40.
Citer ce document / Cite this document :
Pailhé Ariane. L'offre de travail des femmes en Europe centrale dans la période de transformation systémique. In: Revue
d’études comparatives Est-Ouest. Volume 29, 1998, N°2. Les transformations du travail et de l'emploi en Europe de l'Est depuis
1990. pp. 11-40.
doi : 10.3406/receo.1998.2907
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/receo_0338-0599_1998_num_29_2_2907M
Revue d'études comparatives Est-Ouest, 1998, vol. 29, n° 2, pp. 11-40
L'offre de travail des femmes en Europe centrale
dans la période de transformation systémique
Ariane PAILHÉ *
résumé : En Europe centrale, le taux d'activité féminin était très élevé durant la
période socialiste, notamment en raison des pénuries de main-d'œuvre. La participation
des femmes a diminué dans les premières années de la transformation systémique.
Cependant, cette baisse affecte essentiellement les personnes ayant dépassé l'âge légal
de la retraite et, hormis en Hongrie, la réduction du taux d'activité est de même ampleur
pour les hommes et les femmes. L'estimation d'un modèle Probit de participation révèle
que la baisse du taux d'activité féminin s'explique essentiellement par un plus grand
nombre de mères recourant aux congés parentaux, hormis en Pologne, et par une dimi
nution des salaires leur étant offerts. Contrairement à ce qui est observé en Occident, le
revenu du mari et le taux de chômage régional n'exercent pas d'effet significativement
négatif sur la probabilité de participation des femmes.
abstract : During the Communist period, women in Central Europe had a very high
labour force participation rate, mainly because of a shortage of manpower. During the
first years of the period of systemic change, this rate fell. However, on the whole,
people over the legal retirement age are particularly affected by the the labour market's
evolution, and the percentage decrease in the activity rate is about the same for both
men and women everywhere except in Hungary. By estimating a Probit model, the
decrease in women's participation rate turns out to be mainly due both to more women
(everywhere except in Poland) taking child-care leave and to the lower wages being
offered to them. Unlike in the West, the husband's income level and joblessness rate has
little negative impact on the probability that the wife works.
Dans les économies socialistes d'Europe centrale (Hongrie, Pologne, Tchécos
lovaquie), le taux d'activité féminin était particulièrement élevé par rapport
aux standards internationaux. Il s'approchait de celui observé dans les pays
Scandinaves mais, contrairement à ces derniers, le temps partiel y demeurait
marginal 1.
* ATER à l'Université de Reims Champagne Ardenne et membre du ROSES-CNRS (MSE,
Centre Titien, 106-1 12, boulevard de l'Hôpital, 75013 Paris).
1. Le travail à temps partiel ne concerne pas plus de 3 à 4 % des femmes en activité. 12 Ariane Pailhé
La forte activité des femmes résultait d'une combinaison de la doctrine social
iste, des besoins de l'économie et des nécessités financières des ménages. Le
processus d'émancipation féminine est en effet intégré au projet révolutionnaire
global des théoriciens marxistes. Selon Marx, Engels ou Lénine, la participation
en grand nombre des femmes à la force de travail, d'une part, et la transformat
ion des relations familiales et des responsabilités domestiques des femmes,
d'autre part, constituent les moyens de l'émancipation féminine. Dès l'instaura
tion des régimes communistes en Europe centrale, le premier aspect fut privilé
gié2, les autorités tâchant d'encourager les femmes à travailler hors de leur
domicile 3. Le discours officiel de l'après-guerre prônait en particulier l'émanci
pation des femmes par le travail, à l'image des affiches de propagande représen
tant des au volant de tracteurs ou aux commandes de tramways.
Cependant, ces principes reposaient sur une nécessité objective, celle d'étendre
le volume de la population active. La période 1949-1960 exigeait la mobilisa
tion de toutes les ressources de main-d'œuvre disponibles, afin de répondre aux
besoins de la reconstruction et de l'industrialisation croissante. Il apparaissait
d'autant plus nécessaire de mobiliser la main-d'œuvre féminine que les pertes
humaines, avant tout masculines, furent très lourdes durant la seconde guerre
mondiale et qu'un modèle de croissance extensive fut adopté. Les pénuries
chroniques de main-d'œuvre, liées aux dysfonctionnements du marché du tra
vail et à l'ambition parfois démesurée des objectifs du plan, accentuaient le
besoin de recourir à la main-d'œuvre féminine. L'engagement massif des
femmes sur le marché du travail résultait enfin d'une nécessité économique
pour nombre de foyers. Depuis les années 1950, deux salaires étaient en effet
indispensables pour la majorité des ménages.
Le taux d'activité féminin a connu une vive ascension, notamment dans les
années 1950 et 1960. Un tassement s'est ensuite produit dans les années 1980. À
la fin des années 1980, le taux d'activité des femmes en âge de travailler atte
ignait environ 70 % dans chacun des pays étudiés, celui-ci étant le plus élevé en
République slovaque et le plus faible en Hongrie. Les différences entre ces pays
apparaissent néanmoins marginales. Lorsqu'on comptabilise les femmes en
congé parental comme actives, le taux d'activité des femmes en âge de travailler
s'élevait à plus de 80 % en Hongrie et en Tchécoslovaquie à la fin des années
1980. Il atteignait un maximum de 85 % en Hongrie, les congés parentaux y
étant très prisés. Il était d'environ 75 % en Pologne, la formule des congés étant
peu choisie en raison de la faiblesse des prestations. Le modèle de la famille à
deux revenus était donc généralisé dans tous les pays d'Europe centrale (PEC).
2. Le second aspect fut négligé, la socialisation du travail domestique et des soins aux enfants
n'étant pas programmée au moment de l'implantation des systèmes socialistes. Le nombre de
places dans les crèches n'a jamais couvert les besoins.
3. L'emploi pour tous fut notamment érigé en règle, le travail devenant non seulement un
droit, mais un devoir. Les citoyens n'avaient pas réellement l'obligation de travailler, mais
devaient néanmoins prouver l'existence d'une source légale de revenu, la profession étant par
ailleurs mentionnée sur leurs papiers d'identité. L'offre de travail des femmes en Europe centrale 1 3
La mutation systemique entamée depuis 1989-1990 engendre de profondes
transformations de la société et du monde du travail, et ce d'autant plus qu'elle
s'est accompagnée dans les premières années d'une rude récession économique.
En effet, non seulement le Code du travail de ces pays est amendé, donnant
droit à tous les citoyens de choisir librement un travail, mais la politique de
l'emploi pour tous est abandonnée. La transformation majeure, et la plus appar
ente, est le passage d'une situation de pénurie de main-d'œuvre à celle d'un
chômage de masse - hormis en République tchèque - qui s'accompagne d'une
montée de la pauvreté. En outre, la reconnaissance du secteur privé et les muta
tions sectorielles de l'économie conduisent à de nouvelles opportunités
d'emploi. Les changements des modes de consommation rendent, eux, l'activité
nécessaire. L'ensemble de ces éléments est susceptible de faire évoluer le com
portement d'activité des femmes, d'autant plus que l'objectif officiel d'émanci
pation des femmes par le travail est rejeté et que les discours sur le rôle
traditionnel de "la" femme, épouse et mère avant tout, se font plus virulents.
L'observation de l'évolution du taux d'activité féminin au cours du change
ment systemique permet d'apprécier les transformations du rôle et de la pl

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