L or et les différenciations sociales dans l Anno, ou la création de l espace politique de l Anno - article ; n°1 ; vol.48, pg 71-88
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L'or et les différenciations sociales dans l'Anno, ou la création de l'espace politique de l'Anno - article ; n°1 ; vol.48, pg 71-88

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Description

Journal des africanistes - Année 1978 - Volume 48 - Numéro 1 - Pages 71-88
After a brief geographic and historic description of the country of the Anno, Diana Rey-Hulman shows how the exploitation of gold-bearing deposits determined how the land was occupied : each political unit of the Anno comprises both the place from which power was exercised, and gold deposits — sometimes the same, sometimes separate. The productive unit is made up of a small family group of a man, his wife and a « son » (who can, if necessary, be a slave). The rules governing the distribution of the metal extracted benefit Chiefs of clan and of lineage but women, young people and even slaves are not excluded from the division : women, in particular, can obtain gold in exchange for karite nut, of which they control the harvesting and sale. Two products are obtained in exchange for Anno gold : in the south, guns, and in the north, slaves. Amongst the Anno who have emigrated to Sansanné-Mango, gold — which has lost its monetary function, in favour of cowries — is no longer the symbol of clan unity.
18 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1978
Nombre de lectures 23
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Madame Diana Rey-Hulman
L'or et les différenciations sociales dans l'Anno, ou la création de
l'espace politique de l'Anno
In: Journal des africanistes. 1978, tome 48 fascicule 1. pp. 71-88.
Abstract
After a brief geographic and historic description of the country of the Anno, Diana Rey-Hulman shows how the exploitation of
gold-bearing deposits determined how the land was occupied : each political unit of the Anno comprises both the place from
which power was exercised, and gold deposits — sometimes the same, sometimes separate. The productive unit is made up of a
small family group of a man, his wife and a « son » (who can, if necessary, be a slave). The rules governing the distribution of the
metal extracted benefit Chiefs of clan and of lineage but women, young people and even slaves are not excluded from the
division : women, in particular, can obtain gold in exchange for karite nut, of which they control the harvesting and sale. Two
products are obtained in exchange for Anno gold : in the south, guns, and in the north, slaves. Amongst the Anno who have
emigrated to Sansanné-Mango, gold — which has lost its monetary function, in favour of cowries — is no longer the symbol of
clan unity.
Citer ce document / Cite this document :
Rey-Hulman Diana. L'or et les différenciations sociales dans l'Anno, ou la création de l'espace politique de l'Anno. In: Journal
des africanistes. 1978, tome 48 fascicule 1. pp. 71-88.
doi : 10.3406/jafr.1978.1805
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/jafr_0399-0346_1978_num_48_1_1805des Africanistes, 48, 1 (1978), pp. 71-88. J.
Vor et et les différenciations sociales
dans Г Anno,
ou la création de l'espace politique
de Г Anno
PAR DIANA REY-HULMAN
Le pays que les Dioulas appellent Mango et les Agnis Anno s'étend entre les 7e et
8e degrés de latitude Nord sur la rive droite du Comoé qui forme ainsi sa fron
tière Est, tandis que la ligne de partage des eaux, entre le N'-zi et le Comoé en
constitue approximativement la ligne Ouest.
La forêt dense couvre tout le pays sauf une bande de 20 à 25 km de large, le
long du Comoé de N'Groumaya jusqu'à Nafana.
Une particularité signale ce pays à notre attention. Dans l'Ouest, une bande
de terrains aurifères, que les indigènes appellent le Во- Nou (dans la forêt), s'étend
sur une largeur de 40 km environ le long de la route d'Attakro à N'Groumaya,
du village de Zanzassou au Sud, jusqu'à celui de Banbrassou au Nord.
Schiffer l introduit ainsi son rapport sur Г Anno : du point de vue
géographique et sociologique, l'extraction de l'or est en effet l'une des
caractéristiques du pays ; c'est tout au moins le cas pour certaines des
divisions territoriales et sociales qui composent cet ensemble hétérogène.
Les habitants qui occupent actuellement cette contrée, y sont venus de tous les
coins du pays, attirés par l'or ; ils y ont créé d'abord des villages provisoires,
puis ils s'y sont fixés ensuite définitivement.
Les habitants du pays anno ne sont pas venus « de tous les coins
du pays » indifféremment ; l'hétérogénéité qui résulte de la dispersion
des chercheurs d'or se manifeste par une différenciation d'origine
ethnique : un peuplement d'origine mandé est attesté, un peuplement
en provenance de l'Ashanti est tout aussi certain.
— Une première vague semble être à l'origine des unités Dyeremabu
— actuellement groupées autour de Famienkro — et Badara dont le
centre est Anyanou ; ces premiers emigrants de tradition mandé trou
vent les Abé installés à l'ouest et les Alou installés à l'est.
— Schiffer considère que les Dje, « surnommes N'Guyes (fourmis
magnans) » seraient arrivés après les emigrants mandé. Il invoque
les liens avec Sansanné-Mango pour justifier l'antériorité des Benyé,
1. Schiffer, Rapport du Capitaine Schiffer, 1905. Pacification du pays Mango Annoh, textes
recueillis et rassemblés par M. Ndjore Ndjore, source Archives Nationales, 53 p. 72 DIANA REY-HULMAN
fondateur des unités Dyeremabu et Badara, dont il affirme l'homog
énéité. La relation avec Sansanné-Mango est bien connue, elle n'a été
établie que lorsque les Benyé et les Dje se sont rencontrés. Néanmoins
cette erreur évidente ne met pas en cause l'origine mandé de Dyere
mabu et de Badara et pose le problème de la date à laquelle le groupe
mandé fondateur de l'Anno a séjourné dans la région des Gbandia.
Les Gan, eux-mêmes d'origine mandé, seraient arrivés bien plus
tardivement ;
le roi du Mango leur donna l'autorisation de pénétrer dans le pays après qu'ils se
furent engagés à reconnaître la suzeraineté des chefs Bényés de l'Atingbere et
du Famoro et ils s'installèrent en bordure de la forêt dense de Kamelessou jus
qu'à Prikro en deux groupes parallèles [...] puis ils se mirent immédiatement à
la culture des colas.
Au cours de cet exposé il ne sera pas traité spécifiquement des
Gan ou des Bidiesso qui leur sont assimilés, si ce n'est lorsqu'ils
interviennent dans les échanges internes aux unités Dyeremabu, Badara,
Dje, Ati-Mbre, Alou 2. Hier comme aujourd'hui, la production domi
nante des Gan comme des Bidiesso est celle de la cola ; chez eux,
l'or ne tient un rôle que dans la mesure où il en joue un dans les
autres unités : les colas sont échangées contre de l'or ou des cauris
suivant qu'elles sont expédiées vers le centre de l'Anno ou au-delà de
ses frontières septentrionales.
Sources historiques, situation temporelle.
La bibliographie concernant précisément le pays anno est extrême
ment restreinte ; l'histoire de cette région ne se confond pas avec celle
du pays baoulé. Une courte enquête en pays anno a fourni l'ensemble
des données que nous analyserons.
L'histoire du pays anno est dominée par les séquences consacrées
à la lutte contre les Abron et par les suites de l'épopée de Samori ;
le récit de la pénétration coloniale est facilement obtenu. La période
historique que j'ai tenté d'explorer se situe avant ces événements :
il s'agit de la période pendant laquelle s'est produit le départ des
Tyokossi ; ce moment se confond avec le « temps des chercheurs d'or,
da atin, le chemin d'autrefois » (Devalière, 1972) 3 : c'est alors que la
forêt a été occupée et que la hiérarchie des différentes unités les unes
par rapport aux autres a été mise en place. Tous les récits concer
nant cette époque mentionnent l'exploitation ou du moins l'utilisation
de l'or.
par les 2. La géographes désignation ; il des en est unités de même est reprise, des noms quant de à lieu. son orthographe, de la transcription donnée
3. Devalière, François, Essai sur le faire et le dire traditionnel des Amandjé, Wati-Abidjan,
1972, 65 p. dact. L'OR ET LES DIFFÉRENCIATIONS 'SOCIALES DANS l'ANNO 73
Schiffer parle au présent quand il évoque l'exploitation de l'or :
en 1903, les mines ne sont pas fermées, et leur saisie vient s'ajouter
à la liste des nombreuses causes qui provoquent le soulèvement de
l'Anno ; parmi celles-ci, Schiffer cite en effet :
Enfin le peu de souci que nous avons paru prendre des intérêts des indigènes de
la région aurifère du Bonou qui ont vu les prospecteurs venir s'installer chez eux
et y entreprendre des travaux de fouilles trop considérables pour ne paraître que
de simples recherches, sans nous préoccuper de faire indemniser, d'une manière
quelconque, les propriétaires du sol.
Les références à la chronique de voyage de Binger4 sont utilisées
en contrepoint, tant pour compléter que pour mener l'analyse des
récits, recueillis lors de mon enquête.
La collecte des données a été réalisée à Famienkro, à Timbo, à
Kamaya et à Kamélinsou, trois villages de l'unité Dyeremabu ; à Anya-
bou, centre de l'unité dite Badara ; à Tiokonou, village relevant d'une
catégorie dite dje ; à Atoumabo, village classé par l'assemblée du lignage
royal de Famienkro 5 et par celle de son propre lignage dirigeant,
dans la catégorie dje, alors que Schiffer le classe dans Atingbere 6.
4. Binger, Cpt Louis-Gustave, Du Niger au Golfe de Guinée par le pays de Kong et le
Mossi U887-1889X tome II, Paris, Hachette,

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