La Baltique dans l historiographie scandinave, problèmes et perspectives - article ; n°3 ; vol.16, pg 425-440
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Description

Annales. Économies, Sociétés, Civilisations - Année 1961 - Volume 16 - Numéro 3 - Pages 425-440
16 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1961
Nombre de lectures 33
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Folke Lindberg
La Baltique dans l'historiographie scandinave, problèmes et
perspectives
In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 16e année, N. 3, 1961. pp. 425-440.
Citer ce document / Cite this document :
Lindberg Folke. La Baltique dans l'historiographie scandinave, problèmes et perspectives. In: Annales. Économies, Sociétés,
Civilisations. 16e année, N. 3, 1961. pp. 425-440.
doi : 10.3406/ahess.1961.420725
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ahess_0395-2649_1961_num_16_3_420725ÉTUDES
La Baltique
dans l'historiographie Scandinave
PROBLÈMES ET PERSPECTIVES (1)
Carl Jonas Love Almqvist, l'un des grands auteurs du xixe siècle
suédois, publia, en 1838, un essai qu'il intitulait Valeur et portée de
la pauvreté suédoise2. Il apportait ainsi une contribution assez curieuse
à la discussion que soulevait la question sociale la plus brûlante de l'
époque. Almqvist s'y efforce de saisir le caractère national suédois et
sa thèse revient, en substance, à ceci : ce qui donne aux Suédois leur
situation à part, c'est qu'ils sont pauvres. Mais cette pauvreté, poursuit
Almqvist, « cette dot ont reçue de la nature», est plutôt une force
qu'une faiblesse : il développe son thème en chantant les louanges du
menu peuple, des paysans surtout qui ont appris l'art difficile d'être
pauvres, et celles d'une nature ingrate. Le poétique hommage qu'il rend
à la fleur d'églantine symbolisant, par son charme pâle et timide, l'e
ssence même de la nature nordique, est resté célèbre. C'est de la Suède
que parle Almqvist, mais quelques mots semblent indiquer que sa
description s'applique également aux Norvégiens. Rien ne permet de
déceler à quelle catégorie il faut rattacher les Danois, mais on peut
deviner que le Danemark, aux terres plus fertiles, devait sembler à
Almqvist plus favorisé que sa patrie. Quant au peuple de Finlande tel que
le poète Johan Ludvig Runeberg nous le présente, il a beaucoup d'af
finités avec le portrait idéal du paysan suédois d'Almqvist ; dans le poème
de Runeberg — écrit en 1846, et qui allait être adopté comme hymme
national finlandais — l'idée que la pauvreté est une sorte de titre de
noblesse s'affirme de nouveau : « Notre pays est pauvre, et pauvre il
1. Conférence prononcés à la séance de clôture du XIe Congrès international
des sciences historiques à Upsala, le 28 août 1960. — La matière de cette conférence
étant extrêmement vaste, je me suis trouvé tenu de ne citer qu'une sélection très
restreinte d'ouvrages, qui sont, naturellement, en majeure partie empruntés à la li
ttérature Scandinave.
2. « Den svenska fattigdomans betydelse », dans Samlade skrifter, éd. F. Book,
VIII, p. 295-341 ; cf. les remarques de l'éditeur l'introduction à ce volume.
425 ANNALES
restera... » Ni Almqvist, ni Runeberg n'étaient historiens. La convic
tion que la pauvreté était la compagne inévitable, éternelle, de leurs
peuples était née en eux au spectacle d'une société qui souffrait de sur
population et qui était menacée de famine, à une époque antérieure à
la révolution industrielle qui allait modifier radicalement les structures
sociales. Mais, dans le cas d 'Almqvist, il est fort probable qu'il était,
lorsqu'il écrivit son essai, nettement influencé par le grand historien de
son temps, Erik Gustav Geijer. Dans l'introduction d'un ouvrage sur
l'histoire ancienne de la Suède 1, Geijer avait formulé quelques réflexions
sur le caractère national suédois. Lui aussi, estimait qu'un climat incl
ement et des conditions précaires de vie étaient des facteurs favo
rables. Il était persuadé que l'âpre lutte pour la vie à laquelle le paysan
suédois était acculé favorisait en lui le développement de précieuses
qualités, le rendait ingénieux, l'endurcissait, et qu'il lui devait cette
résistance qui lui avait été nécessaire pour sauvegarder la liberté —
son patrimoine — , et pour enrayer la féodalisation du pays et l'intr
oduction du servage. La forme qu'avait prise la société s'expliquait donc
par le caractère national, qui, à son tour, s'expliquait par les conditions
naturelles du pays.
Depuis lors, des générations d'historiens se sont penchées sur l'e
nsemble des problèmes que l'on entrevoit derrière l'expression « valeur
et portée de la pauvreté ». Il ne s'agit pas uniquement de spécialistes
d'histoire économique et d'histoire sociale, mais aussi de chercheurs
qui s'attachent au déroulement politique des événements. La tension
créée par la présence simultanée d'ambitions politiques et de faibles
ressources matérielles est un phénomène général que l'on peut
illustrer d'exemples tirés de tous les pays et à toutes les époques. Il n'est
pas exagéré de dire que cette tension caractérise, à un haut degré, les
premiers stades de l'histoire des peuples Scandinaves. Ceux-ci manif
estèrent pendant de longues périodes une activité politique intense, impré
gnée d'un esprit dominateur effréné, mue par un besoin d'expansion
impératif ; or les bases matérielles de cette activité étaient d'une fa
iblesse évidente : chiffre bas de la population, vie économique qui suffi
sait tout juste aux nécessités de l'existence.
Ce trait de l'histoire Scandinave apparaît très nettement dans les
résultats scientifiques que je vais essayer de vous présenter aujourd'hui.
Il est bien évident que je devrai me contenter d'esquisser l'essentiel
et que je me bornerai à traiter seulement quelques questions. J'ai cru
préférable de m' arrêter surtout aux travaux historiques de ces dernières
décennies.
1. Svea rikes haf der, Upsala, 1825.
426 LA BALTIQUE
L'histoire des régions de la Baltique à l'époque viking a fait l'objet
de bien des études. Mais il n'y a pas lieu ici de nous arrêter aux résultats
intéressants qui, dans ce domaine, sont le fruit d'une heureuse coopéra
tion entre les historiens, les archéologues, les philologues et les numis
mates. Mon collègue, le professeur Bolin, a déjà traité ce sujet devant ce
congrès. Pour la cohésion de mon exposé, je relèverai seulement quelques
faits. L'expansion Scandinave à l'époque viking eut une force explosive
qui garde quelque chose de mystérieux, et il est bien naturel que les his
toriens se soient acharnés à en trouver la cause. Longtemps, la théorie
la plus communément admise fut celle qui voyait dans cette vaste émi
gration l'effet d'une situation économique très précaire, analogue à celle
qui, au xixe siècle, décida les Scandinaves à partir pour l'Amérique par
centaines de milliers. La famine aurait poussé d'innombrables Nordiques
à chercher, dans un effort désespéré, des moyens d'existence à l'étranger,
soit comme pirates, soit comme soldats mercenaires, ou encore comme
négociants. Actuellement, on voit les choses tout autrement. La recherche
historique moderne, dont le professeur Bolin est le principal représentant,
tend au contraire à considérer que l'époque viking fut une période flo
rissante : les pays nordiques devinrent une région de transit commercial
entre le royaume des Francs et le Califat au précieux métal : l'argent.
Les Scandinaves ne furent pas longs à profiter de la situation, surtout
à l'est, au-delà de la Baltique, exploitant ces régions, se munissant de
marchandises particulièrement recherchées en Orient — principalement
esclaves et fourrures —, et finissant par établir des communications
directes avec les marchés orientaux, à travers les vastes espaces russes \
La richesse de l'époque viking n'allait pas durer. L'heureuse conjonc
ture commerciale était précaire, vulnérable aux changements que la situa
tion économique et politique pouvait subir. Et c'est ce qui se produit
à partir de la fin du xe siècle : les communications à travers la Russie
sont coupées ou deviennent difficiles, et la Méditerranée reprend son
rôle natur

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