La byline de Sadko - article ; n°1 ; vol.39, pg 91-103
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Description

Revue des études slaves - Année 1961 - Volume 39 - Numéro 1 - Pages 91-103
13 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1961
Nombre de lectures 35
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Bruno Meriggi
La byline de Sadko
In: Revue des études slaves, Tome 39, fascicule 1-4, 1961. pp. 91-103.
Citer ce document / Cite this document :
Meriggi Bruno. La byline de Sadko. In: Revue des études slaves, Tome 39, fascicule 1-4, 1961. pp. 91-103.
doi : 10.3406/slave.1961.1773
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/slave_0080-2557_1961_num_39_1_1773LA BYLINE DE SADKO
PAR
BRUNO MERIGGI
La byline de Sadko appartient au groupe des bylines de Novgorod, c'est-
à-dire à cette catégorie de chants populaires où se reflètent des situations et
des personnages inspirés par la vie et les vicissitudes historiques de la grande
métropole commerciale du Nord. Elle est relativement peu répandue, on en
connaît en tout une quarantaine de variantes. Le plus long texte est celui
qu'a enregistré A. F. Hilferding (1), d'après A. P. Sorokin, paysan de Novinka
dans la province d'Olonec.
Cette variante se divise en trois parties, dont il convient d'exposer ici
brièvement le contenu :
1° La pêche miraculeuse (v. 1-166). Sadko, pauvre gusljar', pendant plu
sieurs jours de suite, n'est pas appelé pour égayer les banquets joyeux de ses
riches et nobles concitoyens : il s'en va pincer ses gusli sur la rive du lac
Il'men'. Voici que, tout à coup, comme sollicitée par ses doux accords, l'eau
se met à s'agiter devant les yeux du musicien, qui s'enfuit épouvanté. Le
phénomène se répète encore trois jours de suite, et Sadko, à la fin, ayant pris
courage, résiste à la tentation de fuir et voit surgir des eaux le génie du lac,
qui l'instruit sur la façon de devenir riche : au prochain banquet auquel il
sera convié, quand les invités commenceront à se vanter, l'un d'une chose,
l'autre d'une autre, il devra parier qu'il peut pêcher un poisson aux écailles
d'or. Suivant les instructions du Seigneur de l'Il'men', Sadko n'hésite pas à
risquer sa tête; la pêche a lieu, et le musicien gagne six tables chargées de
marchandises ;
2° Le défi à Novgorod (v. 167-299). Ayant atteint une position financière
considérable, l'ancien gusljar' se livre à un commerce prospère, et voit ses
biens grandir de jour en jour. En même temps ses ambitions augmentent, et
enfin, au cours d'un joyeux banquet auquel il a invité les représentants de
toute la ville, il lance un défi à Novgorod, soutenant qu'il réussira à acheter
í1' A. F. Hilferding, Onežskie byliny, Spb., 1873, n° 70. Les citations sont empruntées
au recueil de textes intitulé Byliny et publié par les soins de B. N. Putilov (L., 1957, p. 224-239),
où l'orthographe est modernisée. 92 BRUNO MERIGGI
toutes les marchandises qui se trouvent sur le marché, tant et si bien qu'il ne
restera plus rien à vendre; dans le cas contraire il déboursera une forte somme.
Mais, cette fois, son entreprise échoue : après trois jours de vaines tentatives,
Sadko est obligé de se déclarer vaincu, paye l'enjeu du pari et, ayant fait
construire trente navires, part vendre à l'étranger l'énorme quantité de mar
chandises qu'il a accumulée;
3° Aventure au fond de la mer (v. 300-601). Sadko parcourt les mers de
long en large, mettant à profit son habileté de marchand et remplissant ses
cales d'or, d'argent et de perles. Mais voici qu'un jour, alors qu'il navigue,
ses voiliers s'arrêtent. Depuis des années déjà ses navires sillonnent les mers
du monde, et jamais il n'a fait de don au roi des eaux; le souverain des abîmes
réclame maintenant ses droits. Sadko essaie de calmer la divinité en faisant
jeter à l'eau l'or, l'argent et les perles qu'il possède, mais il apparaît en fin
de compte que le Seigneur de la mer exige un sacrifice humain, et que celui
qu'il réclame, c'est lui justement : Sadko. Par toutes sortes de ruses, le héros
tente de se soustraire à son destin, mais à la fin il se résigne, et, s' étant fait
abandonner sur une planche, il se plie à son sort. Quand il arrive en présence
du roi de la mer, celui-ci le réprimande et lui demande de jouer sur ses gusli;
au rythme de la musique, il commence une danse effrénée, provoquant une
tempête qui fait couler à pic de nombreux navires. A ce moment saint
Nicolas de Možajsk s'approche de Sadko et lui explique ce qu'il doit faire pour
mettre fin à la tempête et se défendre contre la nouvelle embûche qui le menace :
son hôte lui offrira en mariage une des neuf cents jeunes filles de la mer; il
devra choisir Černava et célébrer le mariage, mais non le consommer, c'est
de cette façon seulement que, le lendemain, il pourra se retrouver dans son
pays. Suivant les instructions du saint, Sadko réussit à apaiser la furie des
flots, se marie, se réveille près de Novgorod et revoit ses camarades et sa
femme. Il décide alors de changer de vie, de ne plus commercer sur mer, et
de rester dans sa ville; par reconnaissance, il fait construire deux églises, une
en l'honneur de saint Nicolas, l'autre dédiée à la Vierge.
* *
Parmi les bylines, rares sont celles qui posent des problèmes aussi vastes et
aussi difficiles à analyser que celle-ci. Si, en certains endroits, elle n'est que
trop claire par son langage réaliste, elle s'enveloppe parfois dans les voiles
d'un symbolisme qu'il est difficile de percer. Il ne faut donc pas s'étonner que
des spécialistes de grande autorité aient exprimé à son sujet des opinions très
divergentes.
F. Buslaev, par exemple, a vu dans le poisson aux écailles d'or une rémini
scence du trésor des Nibelungen et un parallèle au sampo finnois, et il a
comparé le voyage de Sadko dans les abîmes marins à des histoires analogues
où l'on raconte les aventures de saints voguant vers le salut sur des radeaux
rudimentaires. M. Chalanskij, lui aussi, a rapproché le sauvetage de notre LA BYLINE DE SADKO 93
héros des aventures miraculeuses de voyageurs que leurs prières arrachent
à la tempête. A. N. Veselovskij a cherché à démontrer avec une grande perspi
cacité que, si notre byline a puisé quelques éléments dans la tradition hagio
graphique, elle remonte aussi à la même source que le roman français de
Tristan le Léonois. Vs. F. Miller, tout en voyant dans Sadko un personnage
historique, et précisément le marchand Sotko Sytinič de la Chronique de
Novgorod, estimait que l'on peut aussi discerner dans son personnage cer
taine influence du Väinämoinen finnois, et faisait dériver le roi de la mer d'un
autre personnage de l'épopée finnoise : le dieu marin Ahto. A. V. Markov
soutenait que notre récit est né dans les milieux ecclésiastiques voisins de
l'église Saint-Nicolas. A. N. Robinson et D. S. Lichačev sont portés, comme
Vs. F. Miller, à identifier le héros avec le marchand de la Chronique. A. A.
Kaev voit dans l'histoire de Sadko une expression poétique du rêve de la
richesse acquise grâce à des moyens miraculeux. V. Ja. Propp, enfin, fait
justement ressortir l'élément mythique de la byline, en soulignant comme il
se doit l'épisode des noces célébrées au fond de la mer ^.
Parmi les nombreux chanteurs, A. P. Sorokin est le seul qui connaisse une
version aussi ample de la byline de Sadko, et l'un des rares à qui soient connues
les trois parties. A part lui, en effet, seuls A. M. Krjukova (2) et une des
sources de Kirša Danilov ^ en ont quelque connaissance, mais avec des
différences importantes et sous une forme beaucoup plus concise. Dans
plusieurs textes, chacune des parties est à peine ébauchée, en particulier la
première, et leur disposition ne correspond pas toujours à l'ordre suivi par
Sorokin. Certains détails, parfois assez importants, accusent en outre des diver
gences plus ou moins considérables avec notre version. La première partie
est rarement reproduite, la seconde est plus fréquente, la troisième enfin est
très répandue. La seconde et la troisième partie peuvent être l'une et l'autre
chantées isolément, mais se présentent le plus souvent combinées. La première
partie est ordinairement accompagnée de la seconde, mais peut être aussi
liée à la troisième.
Il n'y a aucun doute que, des trois parties, la dernière est celle qui remonte
par sa genèse à l'époque la plus reculée. Cela est prouvé par sa plus vaste
di

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