La contraception dans le Tiers Monde - article ; n°6 ; vol.22, pg 999-1030
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Description

Population - Année 1967 - Volume 22 - Numéro 6 - Pages 999-1030
Longtemps ignorée ou réservée à une très faible minorité hautement évoluée (comme les Parsis en Inde), la contraception se répand aujourd'hui dans le Tiers Monde. Déjà en 1962, le vote à l'Assemblée générale des Nations unies avait montré l'étendue du chemin parcouru, en quelques années, par les gouvernements de ces pays, si longtemps opposés au principe même de la prévention des naissances. Depuis ce moment, le mouvement s'est encore accéléré.
En termes de taux de natalité, les résultats ne sont encore sensibles nulle part, à l'échelle nationale, à l'exception d'une zone limitée d'Extrême-Orient. Longtemps du reste, on a estimé qu'un ménage pauvre, ignorant et pourvu d'un logement précaire, n'était pas capable d'appliquer de façon sérieuse des procédés que déjà les populations européennes n'utilisent que très imparfaitement. Mais la découverte de nouvelles techniques, en particulier du stérilet (intra-utérin), a profondément modifié les données du problème.
M. Léon Tabah, directeur de recherches à l'I.N.E.D., et qui a travaillé et enseigné plusieurs années au Centre latino-américain de démographie des Nations unies à Santiago, expose ici comment se présente la question et, en particulier, quel rôle peuvent jouer les nouvelles techniques contraceptives.
32 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1967
Nombre de lectures 28
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Extrait

Léon Tabah
La contraception dans le Tiers Monde
In: Population, 22e année, n°6, 1967 pp. 999-1030.
Résumé
Longtemps ignorée ou réservée à une très faible minorité hautement évoluée (comme les Parsis en Inde), la contraception se
répand aujourd'hui dans le Tiers Monde. Déjà en 1962, le vote à l'Assemblée générale des Nations unies avait montré l'étendue
du chemin parcouru, en quelques années, par les gouvernements de ces pays, si longtemps opposés au principe même de la
prévention des naissances. Depuis ce moment, le mouvement s'est encore accéléré.
En termes de taux de natalité, les résultats ne sont encore sensibles nulle part, à l'échelle nationale, à l'exception d'une zone
limitée d'Extrême-Orient. Longtemps du reste, on a estimé qu'un ménage pauvre, ignorant et pourvu d'un logement précaire,
n'était pas capable d'appliquer de façon sérieuse des procédés que déjà les populations européennes n'utilisent que très
imparfaitement. Mais la découverte de nouvelles techniques, en particulier du stérilet (intra-utérin), a profondément modifié les
données du problème.
M. Léon Tabah, directeur de recherches à l'I.N.E.D., et qui a travaillé et enseigné plusieurs années au Centre latino-américain de
démographie des Nations unies à Santiago, expose ici comment se présente la question et, en particulier, quel rôle peuvent jouer
les nouvelles techniques contraceptives.
Citer ce document / Cite this document :
Tabah Léon. La contraception dans le Tiers Monde. In: Population, 22e année, n°6, 1967 pp. 999-1030.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/pop_0032-4663_1967_num_22_6_11235LA CONTRACEPTION
DANS LE TIERS MONDE
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nements de ces pays, si longtemps opposés au principe même
de la prévention des naissances. Depuis ce moment, le mouve
ment s'est encore accéléré.
En termes de taux de natalité, les résultats ne sont encore
sensibles nulle part, à l'échelle nationale, à l'exception d'une
zone limitée d'Extrême-Orient. Longtemps du reste, on a estimé
qu'un ménage pauvre, ignorant et pourvu d'un logement pré
caire, n'était pas capable d'appliquer de façon sérieuse des pro
cédés que déjà les populations européennes n'utilisent que très
imparfaitement. Mais la découverte de nouvelles techniques, en
particulier du stérilet (intra-utérin), a profondément modifié les
données du problème.
M. Léon Tabah, directeur de recherches à l'I.N.E.D., et qui a
travaillé et enseigné plusieurs années au Centre latino-américain
de démographie des Nations unies à Santiago, expose ici comment
se présente la question et, en particulier, quel rôle peuvent
jouer les nouvelles techniques contraceptives.
La fécondité effective d'une population est un fait plus social que physio
logique, ou même sexuel. L'objectif des politiques de population actuelles
dans le Tiers Monde est précisément de libérer le phénomène de son enrac
inement social, de l'inertie du cadre socio-culturel, en diffusant des procédés
nouveaux, comme le stérilet, qui soient en accord avec le registre limité des
motivations dans des populations d'une grande pauvreté et dont les aspira
tions sociales sont très limitées.
La limitation des naissances dans les sociétés industrielles a eu, dès son
origine, un caractère bourgeois, fondé sur l'idée, souvent implicite et non
perçue par les acteurs eux-mêmes, qu'une descendance nombreuse pouvait
entrer en conflit avec le désir de jouer certains rôles et de détenir certains
statuts dans une société en transformation. Ces motivations ont entraîné un
refoulement plus ou moins grand de la sexualité, au moyen de procédés,
certes contraignants, mais simples, et qui ont eu le mérite de n'avoir pas
besoin d'être « découverts », tant ils viennent naturellement à l'esprit de ceux 1000 LA CONTRACEPTION DANS LE TIERS MONDE
qui en ressentent la nécessité. Le « terrain » était d'ailleurs largement préparé
par l'éthique puritaine, hautement rationaliste et malthusienne, dans la partie
protestante de l'Europe, par l'attitude individualiste qui caractérise la culture
française à la veille de la Révolution, dans la partie de l'Europe où l'influence était prépondérante.
Les populations peu évoluées ne pouvant se satisfaire des mêmes procédés,
les laboratoires occidentaux ont été orientés par l'idée qu'ils se devaient de
trouver des moyens appropriés à des populations de faibles motivations.
Des deux procédés trouvés l'un est un stérilisant mécanique (le stérilet) et
l'autre un stérilisant chimique (« la pilule »). Le premier présente, plus que le
second, l'avantage de pouvoir être qualifié « aculturel » en ce sens qu'il peut
être implanté quel que soit le système de valeurs. Et, de fait, il est diffusé dans
des types culturels aussi variés que ceux de l'Inde, de l'Orient ou de l'Amérique
latine.
Les "questions qui se posent sont nombreuses : physiologiques, psycho
sociologiques, morales, politiques.
La fécondité naturelle. Rappelons d'abord quelle serait la fécondité d'une
population ne recourant pas à la contraception ou
pratiquant celle-ci avec une efficacité nulle. Les résultats de nombreuses
recherches sur ce thème, dues surtout à L. Henry, R. Potter, С. Tietze,
M. Sheps, ont été retrouvés au moyen d'un modèle de simulation par A. Jac
quard dans Population (1). Dans les conditions de nuptialité et de mortalité
des populations européennes d'aujourd'hui, la moitié des femmes auraient
au moins dix naissances, la moyenne se situant à 8,6. Le taux d'accroissement
d'une telle population serait de 4,4 °/o par an.
En fait, l'accroissement est toujours inférieur à ce chiffre, la moyenne
pour le Tiers Monde étant de 2,5 °/o et le taux maximal de 3,7 %• La diff
érence s'explique par la contraception de certaines couches sociales, par l'avor-
tement, exclus du modèle, et surtout par des conditions sanitaires moins
bonnes que celles des Européens. Par contre, la nuptialité joue dans le sens
d'une fécondité, et donc d'un taux d'accroissement, plus élevés.
La baisse de la mortalité se poursuivant sans modification des compor
tements relatifs à la nuptialité et à la fécondité, les taux d'accroissement
pourraient augmenter encore dans le Tiers Monde.
I. DONNÉES TECHNIQUES
L'anneau de Grâfenberg. L'introduction d'un corps étranger dans l'utérus
à des fins contraceptives est assez ancienne;
A.L. Southam (2) note que la littérature médicale sur le sujet est assez abon
dante au xixe siècle. Mais cette pratique toutefois n'a été présentée de façon
systématique qu'en 1928, à Berlin, devant un public de médecins, par le doc- LA CONTRACEPTION DANS LE TIERS MONDE 1001
teur E. Grâfenberg (3), soulevant un véritable tollé, parmi les gynécologues,
tant aux États-Unis qu'en Allemagne (1).
Grâfenberg proposait de remplacer les contraceptifs intra-utérins de
crin, dit crin de Florence, souvent en forme d'étoile, alors connus, par des
anneaux d'or ou d'argent visibles aux rayons X. Dès cette époque, il pensait
aux femmes des milieux sociaux les plus défavorisés. Émigré aux États-Unis
en 1940, il devait renoncer, devant l'opposition des médecins américains, à
diffuser sa méthode, dont on n'a presque plus entendu parler. En 1955, des
rapports présentés sur le sujet à la Ve Conférence internationale sur la plani
fication de la famille, à Tokyo, ont à peine éveillé l'attention.
En 1959, deux articles provoquèrent simultanément un renouveau d'in

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