La coopération chez les primates - article ; n°1 ; vol.95, pg 119-130
13 pages
Français

La coopération chez les primates - article ; n°1 ; vol.95, pg 119-130

-

Le téléchargement nécessite un accès à la bibliothèque YouScribe
Tout savoir sur nos offres
13 pages
Français
Le téléchargement nécessite un accès à la bibliothèque YouScribe
Tout savoir sur nos offres

Description

L'année psychologique - Année 1995 - Volume 95 - Numéro 1 - Pages 119-130
Résumé
Une activité comportementale au cours de laquelle des individus coopèrent semble impliquer des processus cognitifs hautement intégrés propres à l'être humain. Pourtant les biologistes proposent une modélisation de la dynamique de la coopération dans un cadre évolutionniste : la coopération est étudiée comme une capacité qui se transmet génétiquement de génération en génération, et des modèles calculant l'évolution de différentes stratégies comportementales au sein des populations animales sont élaborés. Dans cette perspective néo-darwinienne, sinon sociobiologique, la question de la démonstration de l'existence chez les animaux de la coopération intentionnelle n'est pas abordée. En revanche, dans le cadre d'une extension de la psychologie cognitive appliquée à l'animal, le problème est plutôt de fixer des critères permettant de définir une activité de coopération, afin de décider si elle existe chez les animaux et d'étudier éventuellement comment elle est acquise. Dans ce travail, nous proposons une définition « cognitive » de la coopération et nous discutons sa nature chez les primates non humains.
Mots-clés : coopération, communication, intentionnalité, primates.
Summary : Cooperation among non-human primates.
The behaviour of cooperative individuals appears to involve cognitive abilities specific to human beings. However, biologists have proposed mathematical models to investigate the dynamics of cooperation in an evolutionary framework ; cooperative behaviour is assumed to be transmitted genetically from one generation to another. These mathematical models calculate the costs and benefits of cooperative behaviour and predict the evolution of different behavioural strategies in animal populations. In this neo-darwinian perspective, the question of the existence of intentional cooperation in animals is not approached. From a cognitive-psychological perspective, the problem is to determine the criteria that allow us to define cooperation, to decide if cooperative behaviour exists in animais, and possibly, to explain how this behaviour is acquired. We propose a « cognitive » definition of cooperation and discuss the nature of this ability in non-human primates.
Key words : cooperation, intentionality, communication, primates.
12 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1995
Nombre de lectures 32
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

R. Chalmeau
Alain Gallo
La coopération chez les primates
In: L'année psychologique. 1995 vol. 95, n°1. pp. 119-130.
Résumé
Une activité comportementale au cours de laquelle des individus coopèrent semble impliquer des processus cognitifs hautement
intégrés propres à l'être humain. Pourtant les biologistes proposent une modélisation de la dynamique de la coopération dans un
cadre évolutionniste : la coopération est étudiée comme une capacité qui se transmet génétiquement de génération en
génération, et des modèles calculant l'évolution de différentes stratégies comportementales au sein des populations animales
sont élaborés. Dans cette perspective néo-darwinienne, sinon sociobiologique, la question de la démonstration de l'existence
chez les animaux de la coopération intentionnelle n'est pas abordée. En revanche, dans le cadre d'une extension de la
psychologie cognitive appliquée à l'animal, le problème est plutôt de fixer des critères permettant de définir une activité de
coopération, afin de décider si elle existe chez les animaux et d'étudier éventuellement comment elle est acquise. Dans ce
travail, nous proposons une définition « cognitive » de la coopération et nous discutons sa nature chez les primates non humains.
Mots-clés : coopération, communication, intentionnalité, primates.
Abstract
Summary : Cooperation among non-human primates.
The behaviour of cooperative individuals appears to involve cognitive abilities specific to human beings. However, biologists have
proposed mathematical models to investigate the dynamics of cooperation in an evolutionary framework ; cooperative behaviour
is assumed to be transmitted genetically from one generation to another. These mathematical models calculate the costs and
benefits of cooperative behaviour and predict the evolution of different behavioural strategies in animal populations. In this neo-
darwinian perspective, the question of the existence of intentional cooperation in animals is not approached. From a cognitive-
psychological the problem is to determine the criteria that allow us to define cooperation, to decide if cooperative
behaviour exists in animais, and possibly, to explain how this behaviour is acquired. We propose a « cognitive » definition of
cooperation and discuss the nature of this ability in non-human primates.
Key words : cooperation, intentionality, communication, primates.
Citer ce document / Cite this document :
Chalmeau R., Gallo Alain. La coopération chez les primates. In: L'année psychologique. 1995 vol. 95, n°1. pp. 119-130.
doi : 10.3406/psy.1995.28810
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_1995_num_95_1_28810L'Année psychologique, 1995, 95, 119-130
REVUES CRITIQUES
Laboratoire de Neurobiologie et Comportement
Université Paul Sabotier, Toulouse1
LA COOPÉRATION
CHEZ LES PRIMATES
par Raphaël CHALMEAU et Alain GALLO
SUMMARY : Cooperation among non-human primates.
The behaviour of cooperative individuals appears to involve cognitive
abilities specific to human beings. However, biologists have proposed
mathematical models to investigate the dynamics of cooperation in an
evolutionary framework ; cooperative behaviour is assumed to be transmitted
genetically from one generation to another. These mathematical models
calculate the costs and benefits of cooperative behaviour and predict the
evolution of different behavioural strategies in animal populations. In this
neo-darwinian perspective, the question of the existence of intentional
cooperation in animals is not approached. From a cognitive-psychological
perspective, the problem is to determine the criteria that allow us to define
cooperation, to decide if cooperative behaviour exists in animals, and possibly,
to explain how this behaviour is acquired. We propose a « cognitive »
definition of cooperation and discuss the nature of this ability in non-human
primates.
Key words : cooperation, intentionality, communication, primates.
LA COOPÉRATION RÉSULTANT DE LA SÉLECTION NATURELLE
Les observations réalisées en milieu naturel se réfèrent le plus sou
vent à la sélection naturelle pour expliquer l'existence de la coopération
au sein des groupes de primates. Dans l'étude des interactions sociales, le
concept de coopération est utilisé pour décrire plusieurs comportements
1 . 118, route de Narbonne, 31062 Toulouse Cedex. Raphaël Chalmeau et Alain Gallo 120
(Barnett, 1981 ; McFarland, 1987 ; Walters et Seyfarth, 1987 ; Harcourt,
1991), comme le lustrage (grooming) qui non seulement débarrasse les
individus des ectoparasites mais semble renforcer les liens affiliatifs entre
les concernés. Les auteurs suggèrent que cette activité est éga
lement utilisée pour développer les relations de coopération. Les autres
comportements de coopération sociale incluent les cris d'alarme qui
signalent la présence d'un prédateur, la défense collective contre les pré
dateurs, la défense collective d'un territoire, le partage de nourriture, la
tolérance mutuelle sur les sites de nourrissage et enfin la formation d'al
liances. Les comportements coopératifs chez les primates apparaissent
donc très diversifiés. Ils sont le plus souvent situés dans le cadre de la
théorie de l'altruisme réciproque (Trivers, 1971 ; Seyfarth et Cheney,
1984; Harcourt, 1987, 1991; Bercovitch, 1988). Pour cette théorie, l'o
bservation de comportements dirigés vers un but commun permet d'infé
rer l'existence d'une coopération, existence qui est expliquée par un
bénéfice en terme de fitness (la probabilité de répandre ses gènes dans la
population) pour les individus qui coopèrent. On, ne cherche pas à savoir
comment cette capacité est acquise par l'animal, ni ce qu'il connaît et/ou
comprend de la situation.
Depuis les travaux de Hamilton (1964), la coopération observée chez
diverses espèces dans leur milieu naturel est, en effet, interprétée comme le
résultat de l'action de la sélection naturelle : un animal coopère si cela
améliore la fitness à la fois de l'acteur et du receveur de ces actions. A la
suite de Hamilton, certains chercheurs (Axelrod et Hamilton, 1981 ; May-
nard Smith, 1982 ; Bull et Rice, 1991) proposent une modélisation de la
dynamique de la coopération au sein d'une population. Cette démarche
consiste à observer comment un comportement particulier (par exemple,
coopérer) se répand au sein d'une population en fonction de la valeur sélec
tive qu'on attribue initialement à cette stratégie comportementale ainsi
qu'aux autres stratégies présentes dans la population. Ces travaux, ont
montré qu'avec diverses conditions de base au sein d'une population (fr
équence d'une stratégie dans la population, types de stratégies développées
par les individus...), la dynamique des stratégies pouvait mimer ce que l'on
retrouve dans les populations naturelles. Ces modélisations impliquent que
les individus possèdent certaines stratégies fondées sur une réponse au
comportement du partenaire (c'est l'exemple du « Tit for Tat » dans le jeu
du « Dilemme du prisonnier »). En effet, les stratégies sont exprimées par
des algorithmes du type « si le partenaire coopère, je coopère », ou bien
« s'il coopère, je ne coopère pas... » suivant la stratégie fixée pour chacun
lors de la modélisation. En clair, ces modèles ne prennent pas en considé
ration les compétences probables des animaux, ni leur mode de fonctionne
ment social. Ils permettent en fait de comprendre comment un comporteparticulier (par exemple, coopérer) est maintenu ou non au sein
d'une population en fonction des fréquences des autres stratégies dans
cette population. La coopération chez les primates 121
A partir de ces études, des travaux en primatologie ont appliqué les
modèles de la théorie des jeux (Aoki, 1984 ; Bercovitch, 1988 ; Noe, 1990)
pour rendre compte de certains comportements sociaux comme notam
ment la formation d'alliances et de coalitions chez les primates. Par
exemple, Noe (1990) utilise un modèle issu de la théorie des jeux pour illus
trer la formation de coalitions chez des babouins mâles (Papio cl cynoce-
phalus). Son modèle prend en compte la réciprocité et la coopération
comme stratégies intervenant dans la formation de coalitions. Cependant,
il ne permet pas de comprendre si et comment l'animal en vient à coopérer,
s'il dispose de cette capacité génét

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents