La création littéraire. Portrait psychologique de M. Paul Hervieu - article ; n°1 ; vol.10, pg 1-62
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Description

L'année psychologique - Année 1903 - Volume 10 - Numéro 1 - Pages 1-62
62 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1903
Nombre de lectures 19
Langue Français
Poids de l'ouvrage 4 Mo

Extrait

Alfred Binet
La création littéraire. Portrait psychologique de M. Paul Hervieu
In: L'année psychologique. 1903 vol. 10. pp. 1-62.
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Binet Alfred. La création littéraire. Portrait psychologique de M. Paul Hervieu. In: L'année psychologique. 1903 vol. 10. pp. 1-62.
doi : 10.3406/psy.1903.3539
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_1903_num_10_1_3539L'ANNÉE PSYCHOLOGIQUE
TOME X
PREMIÈRE PARTIE
MÉMOIRES ORIGINAUX
LA CRÉATION LITTÉRAIRE
PORTRAIT PSYCHOLOGIQUE DE M. PAUL HERVIEU
Deux mots d'introduction. — Enquêtes anciennes. — L'étude sur
l'imagination créatrice des littérateurs peut être faite à deux points de
vue : celui de la psychologie générale et celui de la psychologie indivi
duelle. — Méthode suivie pour étudier M. Hervieu. — Conversation,
examen des manuscrits, mensurations, expériences psychologiques. —
Valeur de ces différentes méthodes.
Portrait- — Expression de ses photographies. — Développement du
crâne et de la face. — Taille, poids, force musculaire. — Régime habituel.
— État de santé. — L'attitude et le geste.
Hérédité. Enfance. Débuts. — Utilité d'étudier l'homme dans l'enfant.
— Race, état social, profession, âge des parents. — Temps d'école. —
Aptitudes intellectuelles de M. P. Hervieu enfant. — Caractère. — -
A l'école de Droit et au Palais. — La première page de littérature.
Procédés de travail. — Petites habitudes. — Le travail pour une
échéance fixe. — La régularité des séances de travail. — Absence de
crise. — Le divin plaisir de la composition. — L'inspiration. —
Quantité de travail par jour. — Le rôle de l'Inconscient. — Durée
d'exécution pour ses principales pièces. — Sous quelle forme les idées
lui viennent. — II parle son dialogue. — Détails sur cette parole
créatrice. — Comparaison avec les auteurs qui sont des écouteurs et
des graphistes. — M. Hervieu « est tout seul ». — Le phénomène de la
métamorphose. — Ce qu'est la division de conscience. — Importance de
la question pour la psychologie. — Classification des auteurs dramat
iques à ce point de vue. — Le type moyen. — Le type divisé et hanté. —
Le type unifié. — Comparaison avec d'autres observations ; souvenirs
d'une entrevue avec Becque.
L'imagination, le style, la personnalité. — interrogatoire à l'aide
du questionnaire de Titchener. — Imagerie normale. — Quelques traces
l'année psychologique, x. 1 ;
MEMOIRES ORIGINAUX
de cinêmatographie mentale. — Négligence de la mise en scène. — Ce
que cela prouve. — Imagination logicienne. — ■ Genèse psychologique
de ses pièces. — Développement du sens critique. — Preuve et détails.
— Le style. — Le style et l'intonation. — Remarques épisodiques sur
M. Brieux. — L'acteur virtuel. — Les deux méthodes de travail de
M. Hervieu. — Ses brouillons. — Le texte raturé et le texte définitif.
— Le sens de ses corrections. — Le choix des noms propres, évocateurs
d'idées. — Petite obsession verbale. — Relation psychologique entre le
théâtre de M. Hervieu et sa personnalité. — Le dédain de la document
ation artificielle à la Zola. — Caractère de ses personnages. — Us
sont énergiques, sérieux, revendicateurs de leurs droits. — La sobriété
de l'expression émotionnelle de M. Hervieu. — Le comique, l'ironie. —
L'attitude revendicatrice ne peut être un souvenir d'école. Formule
synthétique. — Opposition de l'instinct et de la réflexion. — Conclusion.
DEUX MOTS D'INTRODUCTION
Je reprends aujourd'hui, et malheureusement seul, car la
mort cruelle me prive de mon ancien collaborateur et cher ami
Jacques Passy, — je reprends seul une étude que nous avions
commencée ensemble, lui et moi, il y a une douzaine d'années,
sur l'imagination créatrice. Nous avions rendu visite aux prin
cipaux auteurs dramatiques de l'époque, pour leur demander
de nous expliquer leurs procédés de travail. Le compte-rendu
de ces visites parut d'abord dans le Temps, puis, avec des
développements nouveaux, dans le premier volume de Y Année
psychologique *. On trouvera là quelques études sommaires
sur Dumas, Sardou, Valabrègue, F. de Curel, Daudet, Gon-
court, Pailleron, Meilhac, Lemaître, Coppée, etc. Ces articles
ne sont guère que des notes prises après quelques heures de
conversation; ils donnent l'impression ressentie par deux
curieux devant des personnalités intéressantes, bien plutôt
qu'une explication scientifique du mécanisme par lequel se
crée une œuvre d'art.
Je reviens aujourd'hui à cette étude de psychologie, pour
chercher à l'approfondir. J'espère sortir de la période de
tâtonnement, où l'on se contente surtout d'anecdotes, et
aborder véritablement le travail d'analyse.
La psychologie de l'imagination chez les littéraires peut se
proposer deux buts bien différents : 1° Chercher à connaître
ce qu'il y a d'essentiel dans l'homme d'imagination; à cette
fin, on doit, soit opérer la synthèse de toutes les observations
prises sur des artistes littéraires, soit chercher les différences
1. Année psychologique, 1884, p. 60-173. A. BINET. — LA CREATION LITTERAIRE 3
que ces artistes présentent avec les individus autrement doués
qui ne manquent ni de jugement, ni de sens pratique, mais
sont dépourvus de puissance imaginative pour créer, ou seu
lement pour se représenter. Le but poursuivi sera, dans ce cas,
une théorie générale sur l'imagination.
2° Au lieu d'insister sur les ressemblances entre artistes,
considérés comme formant une seule famille naturelle, mettre
en lumière leurs différences, chercher si l'examen de leurs
méthodes de travail, si leur psychologie particulière ne nous
révèlent pas l'existence de types imaginatifs distincts. L'étude
change alors de but; ce n'est plus de la psychologie générale,
mais bien de la « psychologie individuelle ».
Les pages qu'on va lire sont principalement une contribution
à cette dernière; par là, elles se rattachent, comme un maillon
nouveau, à la longue chaîne d'investigations que je publie
depuis bien des années, seul, ou avec mes élèves, sur des
questions, très diverses en apparence, mais dont l'idée direc
trice reste la même; qu'il s'agisse en effet de mesurer au
compas la sensibilité tactile d'une main J, ou de tâter la sug-
gestibilité d'une intelligence à qui on tend un piège 2, ou de
saisir l'orientation d'esprits différents vers l'observation ou
vers l'idéalisme 3, ou enfin de causer avec des littérateurs sur
leurs méthodes de travail, tout cela, malgré des différences
très manifestes de personnes, de problèmes, de décor et de
technique, tout cela converge au même but : relever les diff
érences psychologiques individuelles, afin d'établir expérimenta
lement une classification des caractères. Il m'a même semblé
que les hommes de talent et de génie serviraient mieux que
les exemplaires moyens à nous faire saisir les lois des carac
tères, parce qu'ils présentent des traits plus accusés.
Mes études d'après nature sur M. Paul Hervieu ont com
mencé en mai 1903, et ont duré pendant sept visites du matin,
de 2 heures chacune, que je lui ai faites chez lui; je l'ai revu
plusieurs fois en janvier 1904. Je ne me suis pour ainsi dire
servi d'aucun instrument pour cette recherche; je me suis
borné à poser des questions aussi précises que possible, écrites
et préparées à l'avance, selon un plan mûrement réfléchi, et
avec une incohérence suffisante pour empêcher M. Hervieu de
1. Études sur la sensibilité tactile, Année psychologique, IX, p. 79-252.
2. La Suggestibilité, Paris, Schleicher, 1900.
3. L 'étude expérimentale de l'Intelligence, Paris, Schleicher, 1903. 4 MEMOIRES ORIGINAUX
deviner la nature de mon plan; la réponse de M. Hervieu
m'était donnée oralement, et je l'écrivais en l'écoutant, avec un
effort pour conserver l'expression même dont il s'était servi.
Ignorant la sténographie, et craignant de rompre, par la pré
sence d'un sténographe profe

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