La crise du régionalisme en Méditerranée - article ; n°169 ; vol.43, pg 91-112
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Description

Tiers-Monde - Année 2002 - Volume 43 - Numéro 169 - Pages 91-112
Jean- Yves Moisseron — The crisis of Mediterranean regionalism.
The overview of the Barcelona accords after six years is still one of vacillation between failure and enlistment. Delays to the signature and application of the association accords seem endless. Contrary to declarations, the reality of MEDA payments is far from the fixed objectives. The cultural aspects are reduced to the bare minimum. The expected effects in regard to direct foreign investments in the Mediterranean are still lacking and the recent worsening of the international political climate are no help at all.
22 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 2002
Nombre de lectures 16
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Jean-Yves Moisseron
La crise du régionalisme en Méditerranée
In: Tiers-Monde. 2002, tome 43 n°169. pp. 91-112.
Abstract
Jean- Yves Moisseron — The crisis of Mediterranean regionalism.
The overview of the Barcelona accords after six years is still one of vacillation between failure and enlistment. Delays to the
signature and application of the association accords seem endless. Contrary to declarations, the reality of MEDA payments is far
from the fixed objectives. The cultural aspects are reduced to the bare minimum. The expected effects in regard to direct foreign
investments in the Mediterranean are still lacking and the recent worsening of the international political climate are no help at all.
Citer ce document / Cite this document :
Moisseron Jean-Yves. La crise du régionalisme en Méditerranée. In: Tiers-Monde. 2002, tome 43 n°169. pp. 91-112.
doi : 10.3406/tiers.2002.1569
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/tiers_1293-8882_2002_num_43_169_1569LA CRISE DU RÉGIONALISME
EN MÉDITERRANÉE
par Jean- Yves Moisseron*
Du pire doit résulter le meilleur. Alors que la communauté
internationale demeure sous le choc des attentats du 11 sep
tembre, ce traumatisme doit devenir source d'espoir. (...) Il est
plus que jamais nécessaire de restaurer un espace de paix et de
prospérité sur l'ensemble du pourtour méditerranéen,
Chris Patten.
Après six ans, le bilan des accords de Barcelone oscille entre l'échec
et l'enlisement. Les délais de signature et d'application des accords
d'association sont très longs. Contrairement aux annonces, la réalité des
paiements meda est largement en deçà des objectifs visés. Les effets
attendus en matière d'investissements directs étrangers demeurent
absents. Le volet culturel est réduit à la portion congrue. Le régiona
lisme en Méditerranée est en crise et la dégradation récente de la situa
tion politique internationale n 'arrange rien.
Le processus de Barcelone a été engagé depuis plus de six ans.
C'est un délai suffisamment long pour tirer un premier bilan, même
s'il s'agit d'un processus d'intégration qui prendra du temps et dont on
ne pourra pleinement mesurer les effets que dans quelques années. Si
l'on établit ce bilan par rapport aux objectifs du processus tels qu'ils
ont été définis au départ, dans l'ensemble des volets visés par l'accord,
il faut conclure à un échec. La Méditerranée reste une zone frag
mentée, très peu intégrée, ouverte essentiellement sur l'Europe. A
l'inverse d'autres régions du monde, les crises externes n'ont qu'une
influence très faible sur la zone. L'intégration régionale n'est pas
encore suffisamment avancée pour faire craindre une importation de
* IRD.
Revue Tiers Monde, t. XLIII, n° 169, janvier-mars 2002 92 Jean-Yves Moisseron
mouvements financiers et monétaires erratiques venus de l'extérieur.
Dans la Méditerranée, l'intégration régionale n'est pas une cause
d'instabilité ou de crise. On se trouve plutôt dans la situation inverse.
C'est le processus d'intégration lui-même qui est en crise.
Ce constat d'échec ou de ralentissement, selon la perspective, doit
être replacé dans son contexte historique et relié aux faits marquants
qui se sont produits dans le monde depuis l'initiative de Barcelone. Les
indices de ralentissement ne manquent pas et ce dans les trois volets. Il
est donc nécessaire de s'interroger sur les causes de cet enlisement,
même si elles paraissent très nombreuses. C'est nécessaire pour
contourner les obstacles et tenter de relancer le processus de Barcelone.
I. LES AMBITIONS DE BARCELONE
Les accords de Barcelone ont été marqués par un changement
d'orientation dans les objectifs et les moyens de la coopération entre
l'Europe et le sud de la Méditerranée. Plus important cependant, le
processus s'ancre dans les tendances lourdes de l'évolution de
l'économie mondiale, ce qui lui confère une portée particulière.
1. Rupture avec le passé
On est passé d'une coopération bilatérale où les politiques propres
à chaque pays prédominaient à un programme multilatéral réunissant
27 pays. La multilatéralisation a permis de donner corps à l'idée du
partenariat. Il s'agit de construire un projet d'ensemble cohérent et
ambitieux, plutôt que d'offrir une assistance et des aides en fonction
des intérêts particuliers des États donateurs.
Le deuxième point est que ce partenariat est envisagé non seul
ement dans ses dimensions économiques mais également dans les
domaines sociaux et culturels, la paix et la stabilité ainsi que le parte
nariat politique. Il s'agit d'un vrai tournant dans les intentions.
2. Moyens mis en œuvre
Le changement d'orientation introduit par l'initiative de Barcelone
se traduit par des moyens financiers mis à disposition par l'Union
européenne qui sont très supérieurs à ceux proposés dans les protocol
es financiers antérieurs. Dans le cas du Maghreb, le tableau suivant
retrace l'évolution après et avant Barcelone. La crise du régionalisme en Méditerranée 93
Les fonds meda hors ressources bei (Banque européenne
d'investissement) représentent plus de trois fois les fonds du quatrième
protocole financier sur une base annuelle pour l'ensemble du Maghreb
alors même que ce dernier protocole représentait déjà un progrès
notable dans le cadre de la politique méditerranéenne rénovée. Si l'on
compare aux vingt années précédentes, les fonds sont quintuplés sur
une base annuelle.
Tableau 1 . — Enveloppe globale des protocoles financiers
et de meda pour le Maghreb
(millions d'euros) hors prêts bei
Algérie Maroc Tunisie Maghreb
Total annuel Total annuel Total annuel Total annuel
Protocole
financier 4
165 33 218 43,6 116 23,2 499 99,8 (1991-1996)
Protocole
financier
309 16,2 614 32,3 334 17,5 66,1 1257 (1976-1996)
MEDA (1996-
164 41 660 165 428 107 1252 313 1999)
Source : Calculs de l'auteur, Commission européenne, Union européenne-Maghreb,
vingt-cinq ans de coopération, 1976-2001.
Sur le plan strictement quantitatif, les fonds meda représentent
une rupture par rapport aux engagements européens précédents.
3. Un nouvel environnement international
Ce qui donne beaucoup de force au processus de Barcelone, c'est
sa cohérence avec l'évolution de l'économie mondiale. Après
l'élargissement en cours des institutions européennes aux pays de
l'Europe centrale et orientale (peco) et dans un contexte de globalisa
tion/régionalisation qui touche l'ensemble du monde, il semble illu
soire de vouloir positionner les stratégies de développement en dehors
d'un ancrage à ce monde tripolaire. Dans une perspective longue, en
face des grands ensembles régionaux qui se constituent en Amérique et
en Asie, la prospérité de l'Europe et des psem (pays du sud et de l'est 94 Jean-Yves Moisseron
de la Méditerranée) dépendra en partie de leur capacité à établir et
renforcer durablement une zone d'équilibre et de croissance. Il serait
en effet difficilement imaginable que l'Europe puisse maintenir sa
place économique dans un monde marqué par de grands ensembles
sans un partenariat avec ses voisins du Sud. Il est tout aussi évident
que les psem ne pourront réussir des stratégies de développement
durable s'ils sont handicapés par des conflits ou des crises sociales
importantes, et si l'attitude de l'Europe devait conduire à restreindre
leur intégration. Le risque très réel prend la forme d'un cercle vicieux
de dépression économique, de crises sociales alimentées par le rejet du
« pari » européen, de conflits entre les pays. Un tel scénario, que l'on
ne peut pas exclure tout à fait, serait dommageable à l'Europe mais
aussi et surtout aux économies du sud et de l'est de la Méditerranée. Il
semble donc tout à fait essentiel pour les deux partenaires (psem et ue)
de s'associer non seulement économiquement mais aussi politique
ment. D'où l'intérêt du processus de Barcelone qui ne se limite pas
seulement au volet économique.
Ce constat de départ, qui explique la logique profonde des accords
de Barcelone, reste encore valable aujourd'hui. Mais

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