La croissance de la population de la Tunisie. Passé récent et perspectives - article ; n°1 ; vol.26, pg 105-123
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Description

Population - Année 1971 - Volume 26 - Numéro 1 - Pages 105-123
19 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1971
Nombre de lectures 38
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Alain Marcoux
La croissance de la population de la Tunisie. Passé récent et
perspectives
In: Population, 26e année, n°1, 1971 pp. 105-123.
Citer ce document / Cite this document :
Marcoux Alain. La croissance de la population de la Tunisie. Passé récent et perspectives. In: Population, 26e année, n°1, 1971
pp. 105-123.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/pop_0032-4663_1971_hos_26_1_4972[los]
LA CROISSANCE DE
LA POPULATION DE LA TUNISIE
Passé récent et perspectives
Nous allons retracer l'évolution récente de la population de la Tunisie (depuis l'indépendance, proclamée le 20 mars 1956) et dégager les tendances à moyen terme. Les données rassemblées ici étant rarement utilisables sans ajustement, il s'agit d'estimations, que nous avons voulues aussi réalistes et utiles que possible.
LA PÉRIODE 1956-1969.
Pour cette période, nous disposons de données certes imparfaites, mais qui permettent des recoupements. Notamment, la population totale à deux recensements successifs et le solde migratoire annuel permettent d'estimer l'accroissement naturel pour la période intercensitaire.
Les données disponibles. Les deux recensements du 1er février 1956 et du 3 mai 1966 nous fourniront les chiffres de base de l'estimation, après de légères corrections destinées notamment à tenir compte du sous-enregistrement des femmes (courant en pays musulman).
Pour le recensement de 1956, un ajustement était disponible M. Mais il avait été fait de manière à effacer tous les accidents apparents de la pyramide des âges, alors que, du fait des épidémies de typhus et de typhoïde notamment, il existe effectivement en Tunisie des « classes creuses », correspondant aux générations nées entre 1940 et 1946 '2).
Un nouvel ajustement nous conduit aux chiffres suivants (en milliers) :
Chiffres bruts Estimation
milliers milliers Sexe masculin 1 957 1 960 Sexe féminin 1 82G 1 940
Ensemble .... .... ... 3 783 3 900
f1' Annuaire statistique de la Tunisie, 1959. (2) Cf. Michel PïCOUET : « Étude de la structure par âge de la population tunisienne », actes du Colloque de démographie imghrébine, Tunis 1969, Revue tunisienne de sciences sociales, n° 17-18. :
:
:
106 LA CROISSANCE DE LA POPULATION DE LA TUNISIE
Le sous-enregistrement global serait de 3 %. L'excédent d'hommes est vraisemblable pour deux raisons : la forte mortalité féminine (dures conditions de vie, charges du travail domestique et agricole, mortalité en couches) et la présence d'une population immigrée comprenant une forte proportion d'hommes.
Pour le recensement de 1966, l'omission, évaluée par les responsables à 4 % environ, porte surtout sur les femmes âgées et les filles en bas âge. Les causes de l'excédent d'hommes tendant à disparaître, la répartition par sexe se rapproche de la '< normale » :
Estimation Chiffres bruts
milliers milliers 2 .314 2 349 Sexe féminin 2 219 2 366
Ensemble 4 533 4 715
II faut ramener ces chiffres au 1er janvier, à l'aide des données du mouvement naturel et des migrations pour janvier 1956 et les quatre premiers mois de 1966 :
P (1er janvier 1950) - 3 892 000 P (1" I960) = 4 664 000
Les statistiques de l'état civil comportent de nombreuses lacunes. Le taux de couverture des naissances ne dépasse pas 95 % en période courante, et celui des décès, bien que nettement amélioré depuis 1956, ne doit pas dépasser 65 %. Nous avons corrigé les chiffres annuels sur ces bases, à quelques variations près : le meilleur enregistrement des naissances en 1958-1959 (effet de la nouvelle législation réglementant le statut personnel et instituant la déclaration obligatoire) et de 1964 à 1966 (influence indirecte de la loi de février 1964 reculant l'âge minimal légal au mariage, puis de la publicité faite à l'occasion du recensement ^); progression du taux de couverture des décès, de 43 % en 1956 ^ à 64 % en 1968 (comparaison avec des résultats provisoires de l'enquête nationale démographique), compte tenu des indications fournies par les annuaires statistiques sur les progrès de l'enregistrement au cours de
la période.
Le solde migratoire annuel (en l'espèce, l'émigration nette) est connu par les statistiques du ministère de l'Intérieur. Ces données sont correctes. Toutefois, l'entrée en Tunisie des réfugiés algériens à l'époque de la guerre, puis
(1) J. Vallin et R. Lapham « Place du Planning Familial dans l'évolution récente de la natalité en Tunisie », A.C.D.M., R.T.S.S., n° 17-18 et A. Mahcoux « Évolution générale et mouvements saisonniers des naissances en Tunisie », R.T.S.S., n° 20. (a> Mahmoud Seklani « La mortalité et le coût de la santé publique en Tunisie-I. », Cahiers du C.E.R.E.S., juin 1967. ■



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LA CROISSANCE DE LA POPULATION DE LA TUNISIE 107
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108 LA CROISSANCE DE LA POPULATION DE LA TUNISIE
leur départ après l'Indépendance, n'ont fait objet d'aucun comptage; notre estimation portera donc sur la population présente en Tunisie à l'exception des réfugiés algériens (estimés à 170 000 en 1960, et qui avaient tous quitté le territoire au 30 juin 1962).
Résultats. La population serait passée, entre le 1er janvier 1956 et le
1er janvier 1970, de 3 892 000 à 5 080 000 personnes, en accroissement de 30 % environ (tableau I page précédente).
L'accroissement moyen annuel de la période serait 85 000 environ. Le seul accroissement naturel aurait abouti à une croissance nettement plus forte : 116 000 par an en moyenne, pour une finale supérieure à 40 %. Mais l'émigration a été suffisamment intense (31 000 sorties nettes par an) pour réduire notablement le taux d'accroissement. Ce mouvement a surtout été le fait de l'émigration européenne, du moins dans la première moitié de la période. En 1956, 1957 et 1961, plus de 1 % de la population a quitté le pays; il y a donc eu à peu près une sortie par émigration pour deux par décès. En 1961, année de la crise de Bizerte, l'émigration a réduit de moitié le taux d'accroissement. Au cours de la période, le taux d'émigration n'a jamais été inférieur à 4 °/00, et en conséquence le taux global d'accroissement n'a jamais dépassé 2,3 % - il a même été inférieur à 2 % une année sur deux.
Population au 30. 6
у 5,000 У^ * у* „ у^^
4,500 У* у^,
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Г 1, У*" 4,000 -1ПЩ- И27О 1. 1956 1958 I960 1962 1964 1966 1968 1970
Graphique 1. — Croissance estimée de la population de la Tunisie 1956-1969
Tableau IL — Composantes de la croissance de la population DANS LES DEUX PÉRIODES 1956-1962 ET 1963-1969
(Estimations)
Taux Taux Taux Taux Taux moyen moyen d'accroimoyen d'accroimoyen moyen d'émiPériode de do ssement ssement natalité mortalité gration naturel global
45,8 19,8 9,3 2,6 1,7 1956-19G2 1963-1969 42,7 16,3 5,0 2,6 2,1
44,2 18,0 7,2 2,0 1,9 1956-1969 i
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1
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j
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LA CROISSANCE DE LA POPULATION DE LA TUNISIE 109
Le graphique 1 montre qu'on peut distinguer deux phases, correspondant à des rythmes de croissance sensiblement différents. La première couvrirait les années 1956 à 1962, avec un taux moyen de 1,7 %; la seconde, les années 1963 à 1969, avec un taux de 2,1 %. Le tableau II présente les caractéristiques moyennes de ces deux phases. On voit que le taux d'accroissement naturel a peu varié; l'accél

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