La définition génétique de l espèce humaine. - article ; n°4 ; vol.9, pg 409-435
28 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

La définition génétique de l'espèce humaine. - article ; n°4 ; vol.9, pg 409-435

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
28 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Bulletins et Mémoires de la Société d'anthropologie de Paris - Année 1966 - Volume 9 - Numéro 4 - Pages 409-435
27 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1966
Nombre de lectures 42
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Jacques Ruffié
La définition génétique de l'espèce humaine.
In: Bulletins et Mémoires de la Société d'anthropologie de Paris, XI° Série, tome 9 fascicule 4, 1966. pp. 409-435.
Citer ce document / Cite this document :
Ruffié Jacques. La définition génétique de l'espèce humaine. In: Bulletins et Mémoires de la Société d'anthropologie de Paris,
XI° Série, tome 9 fascicule 4, 1966. pp. 409-435.
doi : 10.3406/bmsap.1966.1369
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bmsap_0037-8984_1966_num_9_4_1369el Mémoires de la Société ď Anthropologie de Paris, Bulletins
tome 9, XIe série, 1966, pp. 409 à 435.
LA DÉFINITION GÉNÉTIQUE
DE L'ESPÈCE HUMAINE
par J. RUFFIÉ
(Travail du Centre ď Hémotypologie du C.N.R.S.,
C.H.U. de Purpan, Toulouse.)
La définition de l'espèce humaine, comme celle des autres
espèces vivantes, fut longtemps fondée sur les caractères morphol
ogiques. C'est sur la morphologie que repose toute la classifica
tion linnéenne. Cependant, les zoologistes se sont vite rendu
compte que, seuls, les caractères fixes, transmissibles, indépen
dants du milieu devaient être retenus pour définir l'espèce, la
sous-espèce ou la race, les caractères qui apparaissent sous l'i
nfluence du milieu n'ayant aucune valeur taxinomique. Cette dis
tinction entre biotypes et écotypes est fondamentale pour le
systématicien.
C'est donc, en définitive, sur des caractères morphologiques à
conditionnement héréditaire que furent définies les espèces. Les
traits spécifiques ne sont qu'un ensemble, plus ou moins comp
lexe, de facteurs génétiques.
On sait aujourd'hui que les caractères morphologiques con
trôlés par l'hérédité ne sont que les résultats lointains de réac
tions biochimiques complexes, à contrôle enzymatique, dont le
sens est « imposé » par les cistrons chromosomiques. C'est dans
la structure de ces zones actives des chaînes d 'A.D.N. que réside
toute l'information génétique qui contrôle l'apparition des carac
tères héréditaires.
Les étapes biochimiques qui vont du cistron à la réalisation des
caractères macroscopiques sont nombreuses. Les données ac
tuelles de la biochimie cellulaire permettent d'en définir quatre ;
elles correspondent à quatre « compartiments » bien autonomes,
à savoir :] société d'anthropologie de paris 410
1° Le premier compartiment correspond aux molécules
d'A.D.N. et d'A.R.N.
La chaîne d'A.D.N. détient l'information génétique et, par
l'intermédiaire de l'A.R.N. messager, la transmet aux organites
cellulaires. Cet A.R.N. messager contrôle la synthèse des pro
téines spécifiques, qui se fait au niveau des ribosomes. C'est là
en effet que se réunissent A.R.N. messager, porteur de l'informa
tion génétique, et A.R.N. soluble, porteur des acides aminés
simples qui vont servir de matériaux de constructions des pro
téines.
Toutes les molécules détenant l'information génétique ont été
appelées par E. Zuckerkandl et L. Pauling « molécules sémanto-
phores » ou « sémantides ». Les zones actives d'A.D.N. constituent
les sémantides primaires ; les molécules d'A.R.N., qui viennent
se mouler sur les premières pour porter l'information au niveau
du ribosome : les « sémantides secondaires ».
2° La deuxième étape correspond aux molécules protéiques
synthétisées sur le ribosome. La plupart d'entre elles sont douées
de pouvoir enzymatique. Bâties sous le contrôle direct de
l'A.R.N. messager, elles constituent encore une « copie de l'i
nformation ». Aussi, les appelle-t-on « sémantides tertiaires ».
3° Ces sémantides tertiaires, dans la plupart des cas, ne sont
autres que les enzymes spécifiques contrôlant la synthèse des
molécules de constitution qui correspondent aux constituants
fondamentaux de la cellule et des liquides interstitiels. Celles-ci
ne renferment plus la totalité de l'information génétique, puisque
leur synthèse se fait par l'intermédiaire d'enzymes, mais elles
représentent un produit indirect de génétique. Ce
sont les molécules épisémantiques. Elles constituent la troisième
étape : celle des molécules spécifiques de constitution que l'on
peut appeler compartiment de la morphologie moléculaire ou de
la micromorphologie.
4° C'est à partir de ces molécules de constitution que se fait,
grâce à des enzymes spécialisées, l'ontogénie des caractères
morphologiques. Cette quatrième étape aboutit donc à la réal
isation des caractères physiques généralement retenus par les
taxinomistes. C'est le compartiment de la macromorphologie.
Nous avons résumé dans le tableau suivant ces quatre prin
cipales étapes : DÉFINITION GÉNÉTIQUE DE L'ESPÈCE HUMAINE 411 RUFFIÉ.
Tableau I
Compartiment Compartiment Compartiment Compartiment
II III IV
Cistron Ribosome Molécules Caractères
chromosomique spécifiques de ontogéniques et
constitution morphologiques,
ADN ARN Synthèse des (micromorphologie macromorphologie
sager : + ARN protéines ou morphologie
spécifiques enzy- soluble + acides moléculaire) aminés cytoplas- matiques molécules
miques (sémantides épisémantiques
= (information tertiaires)
génétique +
tériau de base
constitutif) sémantides
maires et
secondaires
Jusqu'à une date récente, les systématiciens, qu'ils soient
anthropologistes ou zoologistes, n'avaient utilisé pour définir
l'espèce ou la race que les critères groupés dans le comparti
ment IV (macromorphologie). Comme nous avons eu l'occasion
de l'exposer ailleurs [1 ], on commence à entrevoir maintenant
tout ce que la systématique peut apprendre de la biochimie moléc
ulaire. En effet, il semble possible de définir un certain nombre
d'espèces par la morphologie des molécules de constitution (mol
écules épisémantiques : compartiment III) ou des molécules
porteuses de l'information génétique (molécules sémantiques :
compartiments I et II).
On peut même penser que ces critères sont plus rigoureux que
ceux fournis par la macromorphologie ; en effet, plus les chaînes
biochimiques sont courtes, plus elles ont de chances d'échapper
aux influences de l'environnement. Aussi, tout caractère sera
d'autant plus rigoureusement conditionné par l'hérédité et par
elle seule, qu'il se trouvera plus rapproché de l'information géné
tique initiale (c'est-à-dire du cistron). Les caractères situés dans
le compartiment III (molécules épisémantiques) et, a fortiori,
ceux des compartiments II et I (molécules sémantiques) ont
donc une valeur beaucoup plus grande pour définir l'espèce que
ceux du compartiment IV, fruits de réactions biochimiques part
iculièrement longues, et qui peuvent être, de ce fait, plus ou
moins déviées par les conditions d'environnement.
Nous allons envisager ici ce que l'étude de la morphologie
moléculaire, qui correspond à des caractères génétiques rigou
reux, peut apporter à la définition de l'espèce humaine. société d'anthropologie de paris 412
Nous étudierons successivement :
— l'espèce humaine et les molécules sémantophores (essen
tiellement le matériel chromosomique) ;
— l'espèce humaine et les épisémantiques (molé
cules de constitution : essentiellement antigènes sanguins).
I. — Les molécules sémantophores.
Les molécules sémantophores les plus caractéristiques corre
spondent aux sémantides primaires, c'est-à-dire aux cistrons
chromosomiques qui détiennent l'information génétique initiale
et la transmettent identique à elle-même au cours des générat
ions. C'est sur l'invariance structurale du cistron que repose
la pérennité de l'espèce.
Un jour viendra où les systématiciens tireront le plus grand
profit de la connaissance de structure des chaînes d'A.D.N. qui
caracté

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents