La diversification des cultures et ses problèmes au Sénégal - article ; n°24 ; vol.6, pg 1031-1041
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Description

Tiers-Monde - Année 1965 - Volume 6 - Numéro 24 - Pages 1031-1041
11 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié le 01 janvier 1965
Nombre de lectures 12
Langue Français

Extrait

Mireille Bouthier
La diversification des cultures et ses problèmes au Sénégal
In: Tiers-Monde. 1965, tome 6 n°24. pp. 1031-1041.
Citer ce document / Cite this document :
Bouthier Mireille. La diversification des cultures et ses problèmes au Sénégal. In: Tiers-Monde. 1965, tome 6 n°24. pp. 1031-
1041.
doi : 10.3406/tiers.1965.2161
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/tiers_0040-7356_1965_num_6_24_2161LA DIVERSIFICATION DES CULTURES
ET SES PROBLÈMES AU SÉNÉGAL
par Mireille Bouthier*
INTRODUCTION
Diversifier les cultures : tel fut l'impératif du Plan quadriennal de Déve
loppement en matière agricole pour les années 1 961-1964, tel est le pôle autour
duquel s'organisent les efforts du gouvernement sénégalais ; tel est aussi,
par voie de conséquence, le leitmotiv des entretiens que nous avons eus avec
les milieux responsables.
Diversifier les cultures signifie d'abord rompre avec la structure de l'éc
onomie de traite qui donne à l'arachide la place prépondérante dans la pro
duction, la priorité dans la commercialisation aux dépens des autres cultures
en stagnation (1).
Qui dit agriculture nouvelle dit modernisation des techniques mais implique
aussi une modification de la mentalité de la masse de la population qui ne peut
s'obtenir que par l'instruction, conçue comme le plus fondamental et le plus
rentable des investissements.
Nous serons amenés à voir, dans cette étude, combien le problème humain
domine tout et conditionne la réussite.
I. NÉCESSITÉ DE LA DIVERSIFICATION DES CULTURES
A) Vulnérabilité de l'arachide
Pourquoi la culture de l'arachide suscite-t-elle actuellement tant de soucis
au gouvernement sénégalais ? C'est que, représentant 90 % en valeur des
exportations, elle est le fondement même de la vulnérabilité économique du
* Professeur agrégé de l'Université. Assistante de Géographie à la Faculté d'Aix-en-
Provence.
(1) Rompre le cercle de l'arachide, slogan actuel du Sénégal, signifie donc une réorien
tation agricole qui donnerait aux cultures vivrières le rôle essentiel qu'elles auraient toujours
dû conserver, aux produits maraîchers une place de choix dans la commercialisation et
l'alimentation.
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jeune État. En effet, si ce quasi-monopole pouvait se comprendre à une époque
où le Sénégal était assuré d'un marché extérieur stabilisé, il devient un non-
sens à l'époque de l'indépendance, car il fait dépendre la stabilité du pays de
la régularité des conditions climatiques et du bon vouloir de quelques fabri
cants d'huile.
Cependant, les superficies cultivées en arachide augmentent : de 88 1 ooo ha
en 1958, elles sont passées à 1 027000 ha en 1961. La production progresse
également : 902 000 t en 1962 contre 751 000 en 1958.
Lorsque survient une année de mauvaise récolte, c'est la santé économique
du pays entier qui se trouve menacée (1) : l'exemple de l'année 1962-1963
en apporte la preuve. Avec une baisse de production d'environ 137000 t,
due à des conditions climatiques défavorables, le revenu des agriculteurs
a été amputé d'à peu près 3 milliards de francs C.F.A., les recettes des trans
porteurs de 300 millions CF. A., les recettes de l'Office de Commercialisation
agricole (O.C.A.), qui monopolise le commerce du produit, d'environ 200 mil
lions CF. A., les recettes budgétaires dues à l'exportation ont baissé de 650 mil
lions CF. A. Si l'on ajoute à cela la baisse de la demande des biens de consom
mation et d'équipement entraînée par la baisse généralisée du niveau de vie
des paysans, on peut estimer que le revenu national du Sénégal a baissé de
5 à 6 milliards CF.A.
Mais les variations climatiques ne sont pas les seuls facteurs de fragilité :
les accords économiques internationaux viennent maintenant l'accentuer, du
fait que le Sénégal est signataire de la nouvelle convention d'association à
la Communauté économique européenne (2).
Jusqu'à présent, en effet, le Sénégal vendait tout son arachide sur le marché
français à un prix supérieur au cours mondial : par exemple, en 1962, ce
supplément équivalait à 6,66 F CF.A. sur le prix de vente du kilo coque
d'arachide qui était de 22 F CF.A. Ce système préférentiel, qui correspondait
donc à une aide indirecte de la France (7 milliards CF.A. en 1962), a été
condamné par les accords de la CE.E.
Mais afin que l'adaptation du Sénégal aux cours mondiaux puisse se faire
progressivement, sans amputation brutale des ressources des producteurs d'ara
chide, il a été prévu une période transitoire de 5 ans (196 5-1970) ainsi qu'une
aide financière de 1 1,6 milliards de francs CF.A. Cette aide, destinée à l'accroi
ssement des rendements et à la diversification de la production, se répartira
de la façon suivante :
— 75 % au titre de l'aide à la production de l'arachide par l'amélioration
des facteurs de production (engrais, semences, machines...), des facteurs
(1) Situation économique du Sénégal (1962), Service de la Statistique et de la Mécanographie.
(2) Op. cit.
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humains (encadrement rural, vulgarisation agricole) et de la commerci
alisation (stockage, conditionnement, vente des marchandises...);
— 25 % au titre de l'aide à la diversification des cultures pour opérer une
transformation aussi rationnelle que possible des productions agricoles.
B) Les insuffisances des cultures vivrieres et maraîchères
De plus, la contrepartie du monopole de l'arachide est l'insuffisance
flagrante des cultures vivrieres et maraîchères. Il est en effet paradoxal qu'un
pays, où la population agricole représente 80 % de la population active,
soit obligé d'importer des céréales (85 000 t de blé, 118 000 t de ri2 en 1962)
et des légumes (20 000 t en 1962 pour une production de 34 000 t).
Certes, la superficie consacrée aux cultures vivrieres s'est accrue de 10 %
entre 1958 et 196 1, et la récolte totale de céréales est passée dans le même laps
de temps de 613 000 à 751 000 t, avec progression très nette du mil. Néan
moins, le déficit alimentaire s'accroît à cause de la forte expansion démogra
phique de la population sénégalaise qui compte 93 000 bouches supplément
aires à nourrir chaque année.
Dans cette optique, la faible densité de la population apparaîtrait comme
un bienfait puisque les 16 habitants au kilomètre carré évitent au pays le
tragique problème de la faim (la malnutrition et les carences alimentaires
relevant de l'instruction diététique plus que de l'économie).
Il n'en reste pas moins vrai que le Sénégal pourrait facilement se suffire
et même nourrir une population bien supérieure puisque 7 600 000 ha sont
cultivables contre 2 mis en valeur actuellement; les rendements
actuels ne dépassent pas 5 q à l'hectare pour le mil, 10 pour le riz, faute d'un
« sol », faute d'une quantité suffisante d'engrais, de semences de qualité, de
matériel agricole, d'unités de culture attelée...
Le président Senghor se plaint justement des retards du Plan en cette
matière, en constatant que la distribution des engrais n'atteint, pour l'année 1962,
que 56 % des prévisions et celle des semences sélectionnées 58 % (1).
Pour toutes ces raisons, la mutation agricole du Sénégal devient une
nécessité d'intérêt national, à priorité absolue, car le sort économique inter
national du pays en dépend, nous l'avons vu, dans un délai de 5 ans.
II. — Un exemple de diversification des cultures : les niayes
Toutes les régions actuellement à l'étude, en vue d'augmenter les superf
icies cultivées (cf. la carte I), posent aux techniciens le problème toujours
semblable de l'eau et du sel, principalement en ce qui concerne les amé-
(1) Rapport de politique générale présenté par le président Senghor (octobre 1963).
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Ю34 DOCUMENTATION
nagements sur le fleuve Sénégal ou en Casamance pour la riziculture (i).
Pour nous limiter, nous allons prendre comme exemple précis l'aména
gement des Niayes en terres maraîchères. Les Niayes sont des dépressions inter-
d

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