La douleur et les nerfs dolorifiques - article ; n°1 ; vol.13, pg 370-399
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Description

L'année psychologique - Année 1906 - Volume 13 - Numéro 1 - Pages 370-399
30 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1906
Nombre de lectures 40
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

E. Wertheimer
La douleur et les nerfs dolorifiques
In: L'année psychologique. 1906 vol. 13. pp. 370-399.
Citer ce document / Cite this document :
Wertheimer E. La douleur et les nerfs dolorifiques. In: L'année psychologique. 1906 vol. 13. pp. 370-399.
doi : 10.3406/psy.1906.1306
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_1906_num_13_1_1306■^.ysiViv ;m ®^^
XXII
LA DOULEUR ET LES NERFS DOLORXPIQUES
I. La douleur en général. — La douleur est une sensation
qui paraît réservée aux organismes dont le système nerveux est
arrivé à un haut degré de développement. Il est vraisemblable
que les êtres inférieurs ne la ressentent pas. Les contorsions
du ver sous le pied qui l'écrase ne sont sans doute pas plus des
manifestations de douleur que le sont celles du muscle couturier
plongé dans une solution saline. Norman1 a montré que si l'on
sectionne un lombric en travers, sa moitié postérieure seule
s'agite avec violence, tandis que la moitié antérieure, celle qui
renferme les ganglions cérébroïdes, continue tranquillement
son mouvement de progression. Loeb et Friedländer avaient déjà
fait des observations semblables. Norman en a poussé plus loin
l'analyse : il a vu que si l'on coupe de nouveau en deux, soit le
segment céphalique, soit le segment caudal du ver, c'est tou
jours la moitié postérieure du segment qui répond par des
réactions que Ton pourrait considérer comme des signes de
douleur, et sur chacun des segments ainsi formés, on peut
refaire l'expérience avec le même résultat. D'où il faudrait
conclure, ce qui serait absurde, que dans un ver intact ou
dans un fragment de ce ver ce n'est jamais que la moitié pos
térieure qui serait apte à ressentir la douleur : il s'agirait là,
d'après Norman, d'un mode spécial de contraction des muscles
dans le segment postérieur. Bethe 2 a constaté également
qu'on peut couper l'abdomen d'une abeille, sans qu'elle s'arrête
de sucer du miel placé à sa portée.
A quel degré de l'échelle animale l'impression vague et indé
terminée qui sans doute accompagne tout traumatisme se
transforme-t-elle en douleur véritable? C'est ce qu'il est diffi
cile de dire. Ce qui est certain, c'est que cette sensation atteint
sa plus haute expression chez l'homme et les espèces voisines.
1. Arch, de Pflüger, t. LXVII, p. 137, 1897.
2. Id., t. LXVIII, p. 509, 1897. WERTHEIMER. — LA DOULEUR ET LES NERFS DOLORIFIQUES 371
Ce qui est non moins certain, c'est qu'elle s'est concentrée dans
les parties les plus accessibles aux offenses du monde exté
rieur, c'est-à-dire dans la peau, qu'elle constitue pour celle-ci
et par suite pour l'organisme tout entier un puissant moyen de
protection.
Le rôle défensif de la douleur ne nous paraît pas contest
able. Parce que la douleur est parfois en disproportion avec
le dommage subi, ou parce que ses avertissements sont parfois
tardifs, ce qui leur donne alors « le cachet d'une cruauté gra
tuite 1 » ce ne sont pas là des raisons süffisantes pour nier sa
finalité. On peut en dire autant de tous les moyens de défense
de l'organisme : leur efficacité n'est jamais absolue. D'abord
la douleur nous renseigne souvent sur l'imminence du danger,
et non pas seulement sur une désorganisation en train de
s'accomplir. Ainsi la température qui, appliquée à la peau,
commence à provoquer de la douleur (48°) est aussi celle qui à compromettre l'intégrité du tissu nerveux ( E. H.
Weber). La pression exercée parla pointe d'une aiguille sur la
peau devient douloureuse précisément au degré où elle serait
suffisante pour faire pénétrer l'aiguille dans la peau, c'est-à-
dire avant qu'elle soit devenue nocive.
Dès que la douleur se produit, elle suscite des mouvements
de défense, dont les uns sont conscients, dont les autres sont
purement réflexes, puisqu'il persistent à la suite de mutilations
des centres nerveux qui excluent toute manifestation cons
ciente : à la même catégorie des actes réflexes appartiennent les
modifications vasculaires, cardiaques, etc., qui accompagnent
la douleur et qui n'en sont donc pas les effets directs.
On pourrait même concevoir, comme le fait remarquer
Richet2 une défense efficace contre les causes externes de
destruction par le seul jeu de réflexes appropriés, sans qu'il
y ait douleur et conscience : et de fait, c'est sans doute ainsi
que les choses se passent chez les êtres inférieurs. Mais alors
même que la douleur serait inutile comme défense consécutive
contre les excitations nuisibles, elle n'en resterait pas moins,
dans la lutte pour l'existence, une arme puissante, en tant que
défense préventive. L'être intelligent, averti par la douleur du
danger qui le menace, fera effort pour fuir tout ce qui peut la
renouveler. La finalité de la douleur a paru à Ch. Richet d'une
1. Lourbet, Revue scientif., t. I, p. 753, 1897.
2- Art. Douleur du Diet, de Physiologie. MÉMOIRES ORIGINAUX 372
si grande importance qu'il en a fait la base de sa définition :
c'est une « sensation telle que nous ne voulons plus nous
exposer à la subir de nouveau ».
II. Les nerfs dolorifiques. — La douleur n'est-elle qu'une
qualité de la sensation, liée à toute excitation forte, ou bien est-
elle par elle-même une sensation qui posséderait ses organes
propres, ses appareils récepteurs, ses conducteurs et ses centres
spéciaux. Il faut reconnaître qu'un grand nombre de faits et
d'arguments militent en faveur de cette dernière opinion. C'est
d'abord le principe même de l'énergie spécifique des nerfs,
d'après lequel un nerf sensible, quel qu'il soit, ne peut donner
qu'une seule espèce de sensation, qui dépend des centres
auxquels il aboutit. On a soutenu, il est vrai, qu'une impres
sion douloureuse peut être le résultat de l'excitation intense
d'un nerf quelconque. Nous croyons au contraire, avec bon
nombre de physiologistes, qu'elle ne peut prendre naissance
dans aucun des principaux nerfs sensoriels l.
Analgésie des nerfs sensoriels. — Tenons-nous-en à
l'exemple du nerf optique. La sensation pénible que provoque
une vive lumière n'est pas due à l'excitation de ce nerf; car
elle peut se manifester même dans le cas de cécité complète
(Ph. v. Walther)*. Il y a longtemps que Cl. Bernard a soufenu
que la photophobie n'a pas son origine dans la rétine puisqu'on
la rencontre chez des amaurotiques pris d'ophtalmie, et chez
des chiens auxquels on pratique une plaie de la cornée, après
leur avoir coupé le nerf optique 3.
Inversement, on a signalé des cas d'insolation * de la rétine
suivis d'une altération profonde de cette membrane, sans que
le malade ait ressenti la moindre douleur, et Beauvais a ra
ssemblé récemment un grand nombre d'observations de ce
genre*. Nagel admet également que l'éblouissement rétinien ne
provoque pas la douleur par l'intermédiaire du nerf optique,
même quand cet accident entraîne une désorganisation de la
membrane photo-sensible. Lorsque cette sensation se produit,
ce qui n'est pas le cas chez tous les sujets, elle doit être attr
ibuée à une excitation des nerfs ciliaires par l'énergique con-
1. Voir Frédéricq, Revue scientif., 1896, t. II, p. 713.
2. Cité par Sherrington, in Text Book of Physiol. de Schäfer, t. II,
p. 967, 1900.
3. Système nerveux, t. II, p. 90.
4. Widmark, Skand. Arch. f. Physiol., t. IV, p. 281.
5. Recueil d'ophtalmologie, mai et juin 1906. &m w. v 'f-ix^-pi/i **?&. - ^fW^C
WERTHEIMÈR. — LA DOULEUR ET LES NERFS DOLORIFIQUES 373
traction de l'iris : car les phénomènes douloureux font défaut,
si on paralyse cette membrane par l'homatropine1.
Cependant, d'après Nagel, l'opinion si répandue que le nerf
optique est insensible à la douleur n'est pas exacte et n'aurait
été formulée que théoriquement : en réalité les malades que
l'on opère dans un état de narcose incomplète accusent une
vive douleur au moment où l'on sectionne ce nerf : toutefois ce
physiologiste ajoute que la douleur n'est sans doute pas due à,
la section des fibres visuelles, mais à celles des fibres sensibles
contenues dans le

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