La fête des coutumes au Dahomey : historique et essai d interprétation - article ; n°4 ; vol.19, pg 696-716
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La fête des coutumes au Dahomey : historique et essai d'interprétation - article ; n°4 ; vol.19, pg 696-716

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Description

Annales. Économies, Sociétés, Civilisations - Année 1964 - Volume 19 - Numéro 4 - Pages 696-716
21 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié le 01 janvier 1964
Nombre de lectures 16
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

La fête des coutumes au Dahomey : historique et essai
d'interprétation
In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 19e année, N. 4, 1964. pp. 696-716.
Citer ce document / Cite this document :
La fête des coutumes au Dahomey : historique et essai d'interprétation. In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 19e
année, N. 4, 1964. pp. 696-716.
doi : 10.3406/ahess.1964.421199
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ahess_0395-2649_1964_num_19_4_421199TRAVAUX EN COURS
La fête des coutumes au Dahomey :
HISTORIQUE ET ESSAI D'INTERPRÉTATION
Dès le xvine siècle, les cérémonies longues et complexes, en partie
sanglantes, auxquelles les Européens donnèrent le nom de « Coutumes »
ou « Customs », frappèrent l'imagination des voyageurs qui osaient s'aven
turer à l'intérieur du Dahomey. Aujourd'hui, malgré les descriptions
relativement nombreuses qui sont entre nos mains x, l'étude des coutumes
reste à faire ; elles offrent un champ fertile d'investigations à l'historien
comme à l'ethnographe et au sociologue.
Au delà du travail préliminaire de critique des sources qui permettent
de définir les fêtes et de reconstituer leur déroulement, il importe en effet
de dégager la signification de ces rites en les replaçant au sein de la civi
lisation dahoméenne. Si les coutumes apparaissent comme des fêtes
religieuses célébrées en l'honneur de la dynastie régnante, si leur essor
est lié à celui d'une solide monarchie militaire, leur signification déborde
du cadre guerrier ou religieux proprement dit ; les coutumes ne sont pas
un phénomène isolé ; elles expriment la civilisation dahoméenne dans sa
totalité, au point qu'il fut admis par les témoins européens que leur
suppression porterait un coup fatal aux institutions, aux rapports sociaux,
au fondement même du royaume d'Abomey.
Reflet du système politique et économique du royaume, les coutumes
exaltent le régime de monarchie absolue et militaire où le roi, « celui
qui est nourri pour nourrir », cumule les pouvoirs de gardien du culte des
ancêtres, de principal juge, de seul législateur et surtout de chef suprême
de l'armée. Enfin, de par leur périodicité annuelle et le volume des biens
mis en cause au cours des cérémonies, les coutumes agissent comme un
des principaux stimulants de la vie économique : puisque leur réussite
dépend de la prospérité du royaume, les fêtes qui résultent de la richesse
du. roi, mais aussi qui l'exigent, sont devenues un des moteurs de l'éc
onomie de traite ; elles ont contribué à développer un besoin que le Daho
mey, désormais accroché à l'occident d'une façon irréversible, a vu
1. Voir en fin d'article la liste des récits de témoins oculaires. On devra s'y repor
ter désormais pour connaître les références bibliographiques précises des ouvrages
cités dans les notes infra-paginales.
696 DES COUTUMES FÊTES
croître en fonction de leur somptuosité. En un mot les coutumes, « phé
nomène social total », permettent d'embrasser la civilisation dahoméenne
de la période pré-coloniale en un raccourci d'autant plus saisissant que
leur histoire se confond avec celle du royaume : à partir d'une origine
commune, le village ďÁllada \ elles s'épanouirent progressivement au
cours du xvme siècle ; leur apogée coïncida avec celui du règne de Ghézo,
au milieu du xixe siècle, et la chute d'Abomey en 1894 entraîna leur
disparition presque totale.
Les documents permettent de remonter avec certitude jusqu'à l'aube
du xvine siècle ; les premiers récits européens ont une valeur inestimable
de témoignage et le mérite de fixer les échos d'une tradition locale
ancienne 2. Ainsi, dès 1727, Snelgrave s'entendit affirmer que « de tout
temps c'avait été la coutume de leurs ancêtres, après toutes les con
quêtes, d'offrir à leur Dieu un certain nombre de captifs que le roi choi
sissait lui-même parmi les prisonniers » 3.
En-deçà du xvine siècle cependant, nous en sommes réduits à des
conjectures. Certes, les coutumes ne furent pas l'apanage des Fon du
Dahomey ; des meurtres rituels comparables sont attestés à l'est et à
l'ouest, chez les Yoruba et chez les Ashanti 4. Mais là comme ailleurs
doit-on les faire remonter jusqu'au temps de la grandeur du Bénin (du
xne au xvie siècles) ? Il ne semble pas. La tradition n'atteste qu'assez
tardivement (sous le règne d'Agadja, vers 1710) la célébration annuelle
de coutumes. En fait, les coutumes sont peut-être apparues seulement
à l'époque où se nouaient des relations étroites entre l'Afrique et l'Occi
dent. Basil Davidson estime que l'essor de quatre siècles de traite outre
mer dut exercer une influence cruciale sur le développement des sacri
fices humains : « L'Europe colonialiste, écrit-il, peut avoir réussi, çà et
là, à attacher à la mentalité africaine un sens de culpabilité particulière
au sujet des siècles de traite »A
1. Dès 1705 Bosman connaissait l'existence du royaume de Grand- Ardra (Allada)
« pour le moins vingt fois plus puissant que celui de Fida » (Juda), p. 424.
2. Ils permettent souvent de vérifier la fidélité de la transmission orale jusqu'au
xxe siècle, puisque les chronologies transmises de génération en génération coïncident
presque toujours avec les dates points de repère des documents européens. (Voir les
traditions recueillies par M. J. Herskovits ; P. Mercier, Connaissance de Г Afrique,
Civilisation du Bénin, Paris, 1962, 365 p., fig. et planches ; P. Mercier et Lombard,
Guide du Musée d'Abomey ; E. Dunglas ; R. Cornevin.)
3 Cf. Snelgrave, p. 54.
4. Par exemple sur les Achanti : description des massacres de Coomassie dans le
Times, 5 février 1874 ; sur les Yoruba : texte du commandant Bacon, chef de la colonne
expéditionnaire anglaise au Bénin en 1897, cité par B. Davidson, L'Afrique avant les
Blancs, trad., Paris, 1962, p. 125. Voir aussi H. Brunschwig, L'avènement de l'Afrique
noire, du XIXe siècle à nos jours, Paris, 1963 (248 p. Tableaux, Index, Bibliographie)
sur les Achanti : p. 64 ; sur les Yoruba : p. 70.
5. Op. cit., pp. 125-126.
697
Annales (19e année, juillet-août, n° 4) в '
ANNALES
TABLEAU
GÉNÉALOGIE DOCUMENTS EUROPÉENS DES ROIS D'ABOMEY
Zozè roi d'Allada (fin xvie siècle)
Akpadi
I ' I I
Kokpon Do'-Aklin Tê-Agbanlin
LÉGENDAIRE (Allada) (Abomey) (Porto-Novo)
I (t vers 1620 I ?)
(1) Gan Yeheson Dako (1625-1650 ?)
(2) Aho (1650-1679 T)
(3) Akaba W. Bosnian, 1705 : côte du Bénin.
(1680 ou 85- B. Lamb, 1724, à Allada.
W. Smith, 1727, à Juda. 1708)
(4) Agadja ou Guadja-Trudo * W. Snelgrave, 1727, à Juda et au
(1708-1728 ou 32) camp d'Allada. Bossa- le roi
Ahadée de
♦ R. Noms, 1771, à Abomey. (5) Tegbessou Norrit
(1732-1774)
(6) Kpengla ou Adahounzou (1774-1789)
A. Dalzel, publ. 1793. (7) Agonglo (1789-1797)
Adandoza I (1797-1818) Gankpe 1 J. M'Leod (à Whydah à partir de 1803).
(omis par la tradition) |
* J. Duncan, 1845-46 (Abomey). K /Q4 > (1818 Ghézo à 1858) * F. E. Forbes, 1849-50
* J. Lartigue et P. W. Bernasko, I860
(Abomey).
* Commerçant hollandais, 1862
mey).
* Commodore Wilmot, 1862-63
Glélé mey). (9)
(1858-1889) * R. F. Burton, 1863-64 (Abomey).
* J. A. Skertchly, 1871
Abbé Laffitte, 1861-70 (Ouidah-Lagos) Bouche, 1866-1875 (Ouidah-Por-
to-Novo-Lagos).
* Bayol, 1889 (Abomey).
E. Chaudom.,^1890 (Abomey). Behanzin (10)
(1889-1894)
Лг. В. — * Témoins oculaires des cou
tumes.
Généalogie d'après :
— Ji A. Skertchly,
— С Aguessy et A. Akindele : Le Da
homey, Pari», 1955,
— E. Dunglas et R. Cornevin, op. cil.
698 FÊTES DES COUTUMES
H est vrai que les témoignages portugais antérieurs ne mentionnent
nulle part l'existence de sacrifices rituels. Les guerres quasi permanentes
entre voisins, dont le but était de procurer des esclaves domestiques, ne
seraient devenues qu'avec l'arrivée des Européens le fondement même de
la civilisation. Alors seulement les dignitaires du Bénin trouvèrent rap
idement profit à vendre les captifs (cha

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