La grande « corporation » multinationale - article ; n°6 ; vol.19, pg 949-973
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Description

Revue économique - Année 1968 - Volume 19 - Numéro 6 - Pages 949-973
25 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1968
Nombre de lectures 13
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Monsieur Stephen Hymer
La grande « corporation » multinationale
In: Revue économique. Volume 19, n°6, 1968. pp. 949-973.
Citer ce document / Cite this document :
Hymer Stephen. La grande « corporation » multinationale. In: Revue économique. Volume 19, n°6, 1968. pp. 949-973.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/reco_0035-2764_1968_num_19_6_407842LA
"CORPORATION" GRANDE MULTINATIONALE
Analyse de certaines raisons
qui poussent à l'intégration internationale
des affaires
Quelle est, d'abord, la nature de la « chose » ? Pour la désigner,
les étiquettes ne manquent pas : investissement direct, International
Business, International Firm, International Corporate Group, Multi
national Firm, Multinational Enterprise, Multinational Corporation,
Multinational Family Group, World Wide Enterprise, grande entre
prise plurinationale, grande entreprise multinationale, unité
interterritoriale, grande unité pluriterritoriale ou, pour reprendre une
expression du ministre français des affaires étrangères : « la société
géante américaine ».
Toutes les analyses mettent en valeur deux aspects. En premier
lieu, il y a la question de l'entreprise industrielle moderne, vaste
complexe bureaucratique et centre de décision, qui joue actuellement
un rôle dominant dans l'économie. Transposé sur le plan international,
le problème de la firme multinationale est analogue à celui de la
grande firme nationale au sein de l'économie d'un pays. En second lieu,
bien qu'internationales par leur envergure, les sociétés de ce genre
sont nationales par nature, et le fait qu'elles aient une nationalité
complique leur processus de décision et leurs relations avec le gouver
nement. La plupart d'entre elles sont américaines et les Américains
ont tendance à encourager leur diffusion et leur croissance. Quant aux
autres pays, ils éprouvent à leur égard des sentiments partagés : ils
reconnaissent leur importance tout en suspectant leur puissance.
Il n'est pas étonnant que la grande entreprise multinationale sus
cite une si grande préoccupation, souvent disproportionnée à son
importance quantitative réelle. Elle met en jeu deux des principales
institutions de l'économie moderne : la « corporation » et l'Etat natio- 950 REVUE ECONOMIQUE
nal, cependant qu'elle évoque, sur le plan idéologique, les plus impres
sionnants parmi les mots en « isme » : le capitalisme, le nationalisme
et l'impérialisme1.
La croissance de la grande entreprise et la tendance de l'Etat à
assumer une part de plus en plus grande de responsabilité directe dans
la vie économique engendrent inévitablement la tension aussi bien que
l'harmonie. Dans tous les pays, la question du juste équilibre à
observer entre secteur public et privé est d'une importance vitale.
Quand le secteur privé est de nationalité étrangère, la recherche du
compromis (ce qui s'appelle « interface » en langage moderne) prend
une extrême acuité 2.
Dans les lignes qui vont suivre, nous envisagerons les choses du
point de vue de l'entreprise et nous examinerons les motifs que celle-ci
peut avoir de devenir multinationale, ainsi que les problèmes auxquels
elle se heurte dans cette voie. En d'autres termes, on étudiera les
avantages et les difficultés qu'il y a à s'entendre avec un client,
un fournisseur ou un concurrent étrangers, à s'allier avec lui, à fusion
ner ou bien à l'absorber. Le raisonnement est sans détours et repose
sur les méthodes usuelles de l'analyse économique. La nouveauté
réside dans le fait que la théorie de l'entreprise et la théorie de l'oligo
pole n'ont pas encore été, à beaucoup près, appliquées autant qu'elles
pourraient l'être au problème des échanges et des investissements inte
rnationaux.
Bien qu'il ne s'agisse pas ici d'étudier du point de vue de l'Etat
national le processus d'intégration internationale des affaires, il est
bien évident pour le lecteur que nombre des questions abordées sous
l'angle de la firme peuvent être envisagées dans d'autres perspectives
et analysées en vue de découvrir leur implications du point de vue
des mesures de politique3.
1. Paul Baran and P. Sweezy, Monopoly Capitalism, New York, Monthly
Review Press, 1966. John Kenneth Galbraith, The Affluent Society, Boston,
Houghton Mifflin, 1958 ; et The New Industrial State, Boston, Houghton Mifflin,
1967. Harry Johnson, « The Political Economy of Opulence », The Canadian
Quandary, Toronto et New York, McGraw-Hill, 1962.
2. Voir sur ces différents points Foreign Ownership and the Structure of
Canadian Industry, Report of the Task Force on the Structure of Canadian
Industry, Ottawa, Queens Printer, 1968. Richard D. Robinson. International
Business Policy, New York, Holt Rinehart and Winston, 1964. Raymond Vernon,
« Multinational Enterprise and National Sovereignty », Harvard Business Review,
March-April 1967, pp. 156-172.
3. Voir, par exemple, Stephen Hymer, « Direct Foreign Investment and the
National Economic Interest». Peter Russel (éd.), Nationalism in Canada, Toronto,
McGraw-Hill of Canada, 1966, Yale Economic Growth Center Paper N° 108.
« L'impact des firmes internationales », in : La politique industrielle de l'Europe FINANCIERS INTERNATIONAUX 951 PROBLEMES
L'entreprise est un instrument permettant d'économiser les coûts
de marché.
Certaines entreprises opèrent de façon indépendante ; certaines
sont liées à d'autres du même pays ; il en est enfin qui sont liées
à des entreprises étrangères. Les liens sont divers : propriété et con
trôle directs d'entreprises opérant sur des marchés étrangers, contacts
seulement indirects par l'intermédiaire des marchés étrangers, ou
encore liens de nature hybride, tels que la participation minoritaire,
l'accord de licence, l'appartenance à un cartel, l'entente tacite, etc.
Qu'est-ce qui détermine ces liens ? Pour envisager la question
d'un point de vue différent, qu'est-ce qui détermine l'étendue du
contrôle exercé par une société, c'est-à-dire la nature et l'extension
du réseau dont elle dispose pour relier, coordonner et harmoniser
entre elles des activités déployées dans diverses branches et diverses
parties du monde et aussi variées que les mines, les industries de
transformation, le négoce en gros, la commercialisation des produits,
le transport, les opérations financières ?
Lorsqu'il s'agit d'étudier le degré d'intégration des affaires et le
problème des dimensions de l'entreprise, le rôle de l'analyse écono
mique consiste à établir s'il y a économies d'échelle, ou le contraire.
La taille de la firme est la résultante de deux tendances opposées :
d'une part, en augmentant les dimensions, on accroît les profits grâce
aux économies d'échelle ; d'autre part, les charges supportées pour
diriger et coordonner des unités nombreuses s'élèvent à mesure que
l'entreprise se développe. La firme atteint sa dimension optimum quand
les avantages marginaux d'échelle commencent à être dépassés par
le coût marginal d'administration. Comme au jeu de la corde à tirer,
les forces s'exercent l'une contre l'autre jusqu'à s'immobiliser dans
un équilibre. Si cet équilibre est réalisé lorsque la taille de l'entreprise
représente une petite fraction seulement de la production globale, la
concurrence est parfaite dans l'industrie considérée. Si au contraire
la taille optimum de la firme est grande par rapport à l'ensemble de
l'industrie, la structure du marché est oligopolistique et la demande
devient une contrainte supplémentaire s'exerçant sur la croissance.
intégrée, Paris, Presses universitaires de France, 1968. C.P. Kindleberger, « Public
Policy and the International Corporation », International Antitrust, U.S. Senate,
Hearings before the Subcommittee on Antitrust and Monopoly of the Judiciary
Committee, Washington, Government Printing Office, 1966. 952 REVUE ECONOMIQUE
L'analyse classique faite par Coase4 de la nature de l'entreprise
met bien en lumière les facteurs qui en déterminent les dimensions.
A juste titre, il souligne d'abord que :
« ... ce qui caractérise l&#

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