La grotte de la Mouthe (Dordogne) - article ; n°1 ; vol.8, pg 484-490
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Description

Bulletins de la Société d'anthropologie de Paris - Année 1897 - Volume 8 - Numéro 1 - Pages 484-490
7 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1897
Nombre de lectures 9
Langue Français

Extrait

Docteur Emile Rivière
La grotte de la Mouthe (Dordogne)
In: Bulletins de la Société d'anthropologie de Paris, IV° Série, tome 8, 1897. pp. 484-490.
Citer ce document / Cite this document :
Rivière Emile. La grotte de la Mouthe (Dordogne). In: Bulletins de la Société d'anthropologie de Paris, IV° Série, tome 8, 1897.
pp. 484-490.
doi : 10.3406/bmsap.1897.5726
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bmsap_0301-8644_1897_num_8_1_57264 NOVEMBRE 489?
Il» grotte de lia Mouthe.
Par M. Emile Rivière.
Dans la séance du 3 juin dernier, j'ai eu l'honneur de faire, de
vant la Société d'Anthropologie, une longue communication sur
la grotte de La Mouthe et ses curieuses gravures sur roche, dont
l'antiquité préhistorique, je dirai même magdalénienne, est ad
mise aujourd'hui par tous ceux qui les ont vues, — k deux excep
tions près, — lesquelles encore ne les repoussent pas, mais se
bornent seulement, à leur égard, à une certaine réserve. Je ne
parle "pas ici des archéologues qui, n'ayant jamais pénétré dans
la grotte de La Mouthe^ se refusent systématiquement k recon
naître leur ancienneté, leur opinion ne pouvant avoir aucune va
leur en raison même de ce qu'ils parlent de choses qu'ils n'ont pas
vues. Mais je n'insiste pas, l'accueil que vous avez fait k ma com
munication, vos applaudissements, mes chers collègues, étant pour
moi un précieux encouragement, je tiens k vous faire connaître
les résultats de ma campagne du mois de septembre dernier dans
cette grotte.
Ce n'est pas que mes trouvailles aient été bien considérables ;
elles ne pouvaient l'être, les travaux ayant eu pour but, cette
fois, non pas de prolonger ma tranchée ouverte, comme je l'ai dit
précédemment, jusqu'à 147 mètres de distance de rentrée, mais
de faciliter l'exploration de la grotte en élargissant ladite tran
chée, de façon à pouvoir procéder, désormais, k une étude plus
fructueuse, scientifiquement parlant, c'est-à-dire k bien préciser
les diverses époques auxquelles la grotte a été habitée par
l'homme, la ou les époques elle a été remplie par les
argiles qui s'y sont déposées, la ou les portes d'entrée de ces ar
giles, de façon aussi k découvrir les points de la voûte par où la
lumière du jour — à défaut de tout autre mode d'éclairage, - a
pu pénétrer dans la grotte, et permettre aux artistes magdalé
niens de graver et peindre k l'ocre les dessins, dont je vous ai pré
senté les estampages et les photographies au mois de juin.
Ces travaux, auquels ont assisté plusieurs de nos collègues :
MM. Capitan, d'Ault du Mesnil, Pozzi, Testut, etc., — l'un d'eux
vous en parlera tout k l'heure, — m'ont cependant fourni quelques
documents intéressants, soit comme faune, soit comme silex
taillés, comme os gravés et instruments en os. RIVIERE. — LA GROTTE DE LA MOUTHE 485 JB.
Comme faune, c'est toujours Tours,, VUrsus spelœus, qui prédo
mine dans les dépôts argileux purs ou mêlés de cendre, et le
renne, le Tarandus rangifer, dans les foyers sous-stalagmitiques
ou quaternaires, c'est-à-dire situés au-dessous de la stalagmite qui
les sépare de la couche néolithique. De plus, j'ai trouvé du lynx
(Felis lynx), du chat sauvage (Felis catus férus), la fouine (Marta
foina) et le putois (Putorius).
Gomme industrie, ce sont des silex, surtout magdaléniens, quel
ques-uns aussi moustériens, recueillis les uns et les autres dans les
foyers du renne, plus quelques pièces acheuléennes ; ces dernières,
— une seule exceptée, — ont été trouvées dans les couches argi
leuses. La hache acheuléenne, qui fait exception, se trouvait à
14 mètres de l'entrée de la grotte, dans un foyer brun noîrâtre de
0m80 de profondeur au-dessous de la stalagmite, associée à des
restes d'animaux, parmi lesquels je citerai l'ours et le renne.
Cette hache, très bien conservée, est mince et très peu bombée;
bien retaillée sur ses deux faces, elle mesure 0 m 15 de longueur
sur 0m09 dans sa plus grande largeur, à la base; sa pointe est in
tacte.
Parmi les silex magdaléniens, je signalerai quelques belles lames,
d'assez nombreux burins simples ou doubles, de bonnes pointes;
quant aux grattoirs, ils brillent surtout, — non par leur absence,
— mais par leur rareté.
En fait d'os travaillés, je dois mentionner quelques pointes
(fragments d'armes ou d'outils), quelques morceaux de diaphyses
ornées de trails, un fragment de bois de renne, présentant d'une
petits"
part, sur l'un des bords mousses, une série de traits assez
rapprochés les uns des autres, et, d'autre part, un dessin dans le
quel, M. Capitan et moi, nous avons cru apercevoir des têtes
d'Équidés, mais ces traits sont tellement frustes, qu'il nous paraît
difficile de dire exactement ce qu'ils représentent. Enfin, dans une
Fig.^l.
petite anfractuosité de la paroi droite intérieure, à une quinzaine
de mètres environ de Ventrée de la grotte, un de mes ouvriers a 4 novembre 1897 486
trouvé, dans de l'argile sableuse, un petit fragment d'ivoire, long
de 0m056, épais de 0m011, et large de OmO47, présentant quatre
faces k peu près planes, dont la plus longue, d'un blanc laiteux,
est garnie de neuf traits, ainsi que le représente le dessin ci-des
sus (Fig. 4), tous dirigés transversalement.
Quant aux dessins gravés et peints k l'ocre sur les parois de la
grotte, je laisse k mon collègue et ami, M. le Dr Capitan, qui est
venu cette année, pour la seconde fois, les étudier minutieuse
ment avec M. d'Ault du Mesnil, le soin de vous en parler et de
vous faire connaître les résultats de leur commun examen, résul
tats dont les conclusions sont entièrement et absolument confirma-
tives des miennes, touchant l'authenticité et l'ancienneté de ces
gravures.
Je me bornerai seulement k dire que, à force d'étudier les pa
rois de la grotte de La Mouthe, j'ai découvert plusieurs autres
dessins, dans le voisinage de ceux que j'ai déjk signalés, —
l'un d'eux, très bien fait, représente un bouquetin, — c'est-k-dire
entre 95 et 147 mètres. D'ailleurs, dès que le passage sera suff
isamment élargi pour opérer avec succès, je me propose de pren
dre par estampage et de photographier ces nouvelles gravures,
en même temps que celles dont je n'ai pas encore pu prendre
l'image.
Je ne terminerai pas cette courte communication sans dire
quelques mots des découvertes d'un archéologue bien connu,
M. François Daleau, qui sont la confirmation absolue de celles que
j'ai eu la bonne fortune de faire dans la grotte de La Mouthe. Je
veux parler de la grotte de Pair-non-Pair (Gironde), dont les cu
rieuses gravures, faites aussi aux temps préhistoriques, présentent
une parfaite analogie avec celles de La Mouthe. Sur l'aimable in
vitation de notre collègue, je viens récemment de les étudier, sur
place, en sa compagnie, et je n'ai pas été peu frappé de leur simi
litude. Gomme k La Mouthe, elles représentent des animaux; elles
sont aussi très bien faites. Elles se trouvent également sur les pa
rois droite et gauche de sa grotte; comme elles aussi, elles étaient
masquées par les dépôts quaternaires. Les seules différences
qu'elles présentent : 1* c'est qu'k Pair-non-Pair^ elles se trouvent
k l'entrée de la grotte, dont la large ouverture les éclaire grande
ment, tandis qu'k La Mouthe elles se trouvent, les plus rapproc
hées,, k 95 mèlres de l'entrée; 2° c'est que les dépôts qui les
cachent sont, k Pair-non-Pair, des foyers humains, tandis qu'k La E. RIVIÈRE. — LA GROTTE DE LA MOUTHE 487
Mouthe ce sont des dépôts argileux, mais qui renferment aussi
une faune quaternaire, associée, ça et là, à des silex taillés par
la main de l'homme et à des traces de matières charbonneuses.
Notre savant collègue et maître, M. Gabriel de Mortillet, qui a
visité, au mois d'août dernier, la grotte de Pair-non-Pair, a re
connu, je crois, l'antiquité magdalénienne aussi des gravures de
cette grotte. Je regrette de n'avoir pas connu son voyage dans la
Gironde, je l'eusse invité à visiter la grotte de La Mouthe, dont
j'aurais été

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