La langue littéraire tchèque - article ; n°1 ; vol.28, pg 93-110
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Description

Revue des études slaves - Année 1951 - Volume 28 - Numéro 1 - Pages 93-110
18 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1951
Nombre de lectures 22
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Marc Vey
La langue littéraire tchèque
In: Revue des études slaves, Tome 28, fascicule 1-4, 1951. pp. 93-110.
Citer ce document / Cite this document :
Vey Marc. La langue littéraire tchèque. In: Revue des études slaves, Tome 28, fascicule 1-4, 1951. pp. 93-110.
doi : 10.3406/slave.1951.1562
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/slave_0080-2557_1951_num_28_1_1562(1) LA LANGUE LITTERAIRE TCHEQUE
PAR
MARC VEY
La première langue littéraire, attestée par des documents, qui ait été écrite
pour des Tchèques et des Slovaques, est le vieux slave. Et c'est un fait que les
textes vieux-slaves contiennent de nombreux moravismes, qui durent être corri
gés plus tard quand les ateliers de traduction furent transportés en Bulgarie.
De plus, il existe des monuments dont l'origine tchécoslovaque est certaine,
et qu'on appelle slavons-moraves.
Џ Mais l'emploi du vieux slave comme langue littéraire ne devait pas se maint
enir longtemps dans les pays de langue tchécoslovaque. Déjà les Fragments
'de Prague marquent, par rapport au Sacramentaire de Kiev, un déclin du slavon
morave, et cette décadence va s'accentuer rapidement. Les gloses inscrites en
caractères latins, vers l'an 1100, entre les lignes d'un manuscrit dés Libri
diabgorum de Grégoire-le-Grand et de deux évangiles présentent déjà un état
de langue mixte : tchèque et vieux slave. Quant à l'hymne Hospodine, pomiluj ny,
considéré naguère comme le plus ancien monument tchèque, R. Jakobson
pense que c'est en réalité un texte slavon de la fin du xe siècle, remanié ultérie
urement pour rétablir le mètre, compromis par la chute àesjers faibles — le seul
texte slavon que la tradition littéraire et musicale tchèque ait conservé. .
Mais si le vieux slave n'a été la langue littéraire de la Bohême que pendant
une brève période, il est certain que la culture slavonne s'est perpétuée chez
les Tchèques beaucoup plus longtemps. D'autre part, dans la deuxième moitié
du xiv" siècle et au début du xv", des moines de rite catholique slave croate
écrivirent à Prague des textes tchèques [Bible, Comestor, . . .) en caractères glago-
litiques. L'Evangéliaire slavon de Reims, le fameux « Texte du Sacre », s'achève par
une dizaine de lignes en langue tchèque, mais en caractères glagolitiques, qui
y ont été ajoutés en 1З95.
L'épisode vieux-slave a sans doute eu pour les Tchécoslovaques la conséquence
capitale d'assurer leur autonomie nationale contre les entreprises germaniques,
de leur éviter le sort des Polabes. Mais leur rattachement définitif à Rome dès
la fin du ixe siècle a eu un résultat presque aussi important : le latin, devenu
W Les ouvrages essentiels sont : V. V. Flaišhans, Nái jazyk materský, Prague, 1934, et
В. Havránek, Vývoj spisovného jazyka českého, Čsl. Vlastivěda, Rada II, Prague, 19З6.
Revue des Etudes slaves, t. XXVIII, ig5i, fasc. 1-й. 9Д MARC VEY.
dès lors leur langue liturgique, ne pouvait jouer longtemps le rôle d'une langue
littéraire. Et c'est la raison essentielle grâce à laquelle la Bohême, plus grande
puissance d'Europe Centrale au Moyen Age, aura la première en date et en impor
tance des littératures slaves anciennes.
Du xie siècle à la fin du xiii*, la prépondérance du latin ne laisse au tchèque
que de timides occasions de se manifester (le premier texte proprement
littéraire est le Cantique de Saint Venceslag, qui remonte au début du хшв siècle
ou à la fin du xne). Mais très rapidement on voit apparaître une littérature de
langue tchèque, attestée dans tous les genres que connaissait le Moyen Age :
lyrique religieuse, puis courtoise au xiii" siècle; — poésie lyrique, épique et
dramatique dès le début du xiv8 (le plus remarquable chef-d'œuvre étant la
Légende de Sainte Catherine). C'est surtout depuis Charles IV que se développe
la prose, principalement historique et théologique, — dont le sommet est
l'œuvre de Tomáš ze Štítného. Enfin en 1 3 70 apparaît le premier des documents
administratifs ou juridiques écrits en tchèque.
Le vocabulaire du premier hymne connu [Svatý Václave) paraît coïncider
avec celui de la langue pariée de son époque. Mais la culture latine des auteurs
et la nécessité d'exprimer en tchèque les idées abstraites rencontrées dans les
textes latins amènent rapidement soit l'emprunt d'assez nombreux mots latins
— soit l'adaptation de termes tchèques aux notions chrétiennes — soit le déve
loppement de procédés de dérivation existants, surtout pour former des noms
ou adjectifs abstraits. D'autre part, dès le xiii" siècle, le système féodal et la
colonisation allemande introduisent beaucoup de nouveaux vocables empruntés
à l'allemand, surtout pour exprimer des notions administratives ou sociales,
puis dans des formules appartenant à la conversation usuelle. Au xiv" siècle,
la formation de nouveaux termes abstraits est poursuivie — et enregistrée dans
une certaine mesure dans les dictionnaires de Klaret, destinés à reconnaître
le vocabulaire savant de toutes les disciplines représentées à la Faculté des
arts de l'Université organisée par Charles IV.
C'est au cours de cette période que se produisent ou s'annoncent les plus
graves bouleversements phonétiques de l'histoire du tchèque : diphtongaison
ou fermeture des voyelles longues, changement de timbre des voyelles placées
après consonne mouillée, passage de g à 7 puis à Л, de r (mouillée) à ř.
Bouleversements d'autant plus graves qu'ils rompent l'unité dialectale tchéco
slovaque d'une manière qui devient décisive à partir de la fin du xnie siècle.
Tous ces phénomènes, si on les prend dans leur ensemble, caractérisent le
domaine tchèque central, les parlers des environs de Prague. Ils sont communs
aussi à toute la production littéraire — dont la provenance dialectale unique
est par conséquent évidente.
La morphologie des œuvres de l'âge d'or est encore d'un type très archaïque :
elle conserve régulièrement le duel (du moins dans le nom), partiellement
l'ancien accusatif masculin animé (identique au nominatif); elle a encore le
nominatif pluriel inanimé en -г, l'aoriste et l'imparfait. La seule inno
vation vraiment importante se produit au cours de la première moitié du LA LANGUE LITTERAIRE TCHEQUE. 95
xiv" s. : c'est l'apparition de désinences de première personne du singulier du
présent en -m.
La syntaxe du premier texte littéraire est celle de la langue parlée des xne-
xiii' s. Mais déjà la Chanson de Cunégonde et le Psautier offrent une phrase
complexe imitée du latin. Et sous Charles IV la syntaxe latine influence fortement
la prose savante. C'est alors que s'installent quelques constructions latines,
couramment employées dans la langue du xive s. et conservées en partie
jusqu'au xix*.
Avec Jan Hus et ses contemporains, le tchèque écrit joue un rôle nouveau :
celui de la propagande. Il ne s'adresse plus exclusivement à l'élite intellectuelle
(clercs et nobles), mais au grand public. Il en résulte qu'il se rapproche, du moins
dans sa structure générale, de la langue parlée par le peuple. « Sache donc que
j'ai écrit comme je parle habituellement», déclare Hus. Et pour écarter les
divergences locales ou individuelles, il entend fixer l'usage : «... je demande à
quiconque écrira de ne pas écrire autrement que je n'ai écrit moi-même ».
Effectivement la norme définie par Hus sera observée par les écrivains de cette
période : Chelčický, Rokycana, etc.
Cependant cette langue n'implique pas une acceptation passive de la langue
parlée. Parmi la masse des innovations qui venaient de bouleverser le tchèque
pendant tout le xiv" s., Hus opère un choix, tantôt conservateur, tantôt
libéral. Il rejette l'emploi des mots d'origine manifestement allemande. C'est
en phonétique qu'il se montre le plus conservateur, écartant la diphtongaison
des voyelles longues et maintenant la distinction de deux l et des deux і (і et y)
dans l'orthographe et dans la prononciation, etc. Par contre, il confirme les
tendances morphologiqu

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