La migration colombienne  vers  le  secteur agraire vénézuélien : un contexte binational - article ; n°84 ; vol.21, pg 735-747
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Description

Tiers-Monde - Année 1980 - Volume 21 - Numéro 84 - Pages 735-747
13 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié le 01 janvier 1980
Nombre de lectures 17
Langue Français

Extrait

Julio Mora
Alcide Gomez
La migration colombienne vers le secteur agraire vénézuélien :
un contexte binational
In: Tiers-Monde. 1980, tome 21 n°84. pp. 735-747.
Citer ce document / Cite this document :
Mora Julio, Gomez Alcide. La migration colombienne vers le secteur agraire vénézuélien : un contexte binational. In: Tiers-
Monde. 1980, tome 21 n°84. pp. 735-747.
doi : 10.3406/tiers.1980.3975
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/tiers_0040-7356_1980_num_21_84_3975LA MIGRATION COLOMBIENNE
VERS LE SECTEUR AGRAIRE
VÉNÉZUÉLIEN :
UN CONTEXTE BINATIONAL(I)
par Julio Mora et Alcide Gomez*
Pourquoi, au Venezuela, y a-t-il localement un manque chronique de
main-d'œuvre nationale dans le secteur agraire ? Pourquoi l'agriculture
vénézuélienne fait-elle appel à une main-d'œuvre étrangère, principal
ement colombienne ? On peut répondre en partie à la première question
par l'examen, dans le secteur agraire, du revenu des salariés et des condi
tions de reproduction de la force de travail depuis quelques années, tous
ces éléments ayant contribué de façon décisive au « vide » survenu dans
la campagne. D'autre part, en Colombie l'émigration massive est liée
au « boom » du commerce international : au cours de la dernière décennie
a été suivie une politique de blocage des salaires, avec pour résultat
l'exportation de main-d'œuvre et de produits manufacturés.
* * *
Les statistiques relatives au secteur rural vénézuélien sont très
insuffisantes et peu fiables. L'Annuaire statistique du mac (ministère de
l'Agriculture) portant sur le montant des salaires agricoles par catégories
d'emploi a été publié il y a quatre ans; le nombre des journées de travail
dans l'agriculture était fourni par le rapport de la bcv (Banque centrale
* Centro de Estudios economicos y sociales, Facultad de Agronomia, Universidad
Central de Venezuela, Maracay.
i. Synthèse d'une partie du travail intitulé « L'immigration colombienne et l'accumul
ation agro-industrielle : le cas de la canne à sucre ». Ce projet se réalise dans le cadre de la
« maestria » en Développement rural de la Faculté d'Agronomie de l'ucv par un accord
avec le conicit, où nous travaillons avec Luis Marina, Marc Geoffroy et Luisa Gonzalez.
Revue Tiers Mande, t. XXI, n° 84, Octobre-Décembre 1980 6 J. MORA ET A. GOMEZ 73
vénézuélienne), qui a cessé d'être publié dès 1976. L'information concer
nant la « rémunération du travail » ne peut être utilisée qu'avec une grande
réserve, car elle indique des revenus moyens qui, comme on le sait,
portent sur les résultats et non sur les conditions se trouvant à l'origine
de ce résultat monétaire qu'est le revenu correspondant au travail ; ainsi
on ignore notamment s'il s'agit d'un revenu à la journée ou d'un revenu
à la tâche, la durée et l'intensité de la journée, les modalités des heures
supplémentaires, etc.
Conscients de ces limites, nous avons fait des estimations des salaires
nominaux et réels, jusqu'en 1975, en établissant une relation entre le
nombre de journées travaillées dans l'agriculture et le revenu du travail
agricole évalués par la bcv; par la suite, nous déflatons par l'indice
correspondant du coût de la vie. La méthode A comprend l'utilisation de
l'indice du coût de la vie de la Banque centrale du Venezuela; la méthode
В se réfère à celui dont nous avons fait l'estimation2. Pour les
années 1976- 1977, nous estimons le nombre des journées, en prenant en
considération la population active agricole. Notre estimation du salaire
agricole ne sera pas une précision quantitative; ce sera une simple valeur
de référence.
Les revenus et les salaires dans le secteur rural vénézuélien : l'information
disponible donne une Population active agricole (paa) constante en
termes absolus pour la période 1961-1975. Selon Paez Celis3, pour 1961,
la paa est de 700 446 personnes et de 698 566 pour 1975. A notre avis,
ces chiffres doivent être sérieusement mis en doute. Le mouvement
migratoire massif des pays voisins en direction du Venezuela est notoire
à partir des années 1974- 1975 et coïncide avec le « boom » pétrolier; par
ailleurs, on sait que la participation de la main-d'œuvre colombienne
est croissante dans l'agriculture vénézuélienne; pour cette raison, nous
pensons que le chiffre réel de la paa est assez supérieur à celui enregistré
par les statistiques officielles, qui ne semblent pas inclure la population
économique active étrangère vivant à la campagne. La décomposition
de cette paa — oscillant autour de 700 000 personnes — selon des caté
gories sociales, pour l'époque la plus récente, montre une répartition selon
les proportions suivantes : 1) employés et ouvriers 40 % de la paa;
2) travailleurs à leur compte 30 % ; 3) patrons, 15 % et 4) aides familiales
non rémunérées, etc. 15 %4.
2. Voir Mora Julio, Lafuerza de trabajo en la agricultura (Annexe), ucv, Faculté d'Agro
nomie, juin 1970, miméographié.
3. J. Paez Celis, El limite poblacional de Venezuela, Estadisiica Vene^olana, n° 12,
Caracas, Oficina Central de Estadistica e Informacion (ocei), juillet 1978, p. 50.
4. Enquête de Hogares par échantillon, 2e semestre 1977, ocei, tableau n° 4, p. 31. LA MIGRATION COLOMBIENNE 737
II faut noter que la frontière existant entre les ouvriers agricoles et
les travailleurs à leur compte (talc) est très floue. Ces derniers — le plus
souvent — vendent leur force de travail étant donné leur condition très
précaire de propriétaires. A des moments déterminés — époque de la
récolte — pas moins de 60-65 % des travailleurs agricoles compris dans
la PAA deviennent des salariés et ceci sans compter avec le fait que
certaines régions, comme les Andes à l'occident, Quibor5 dans la région
centro-occidentale et la périphérie du lac de Valence, le travail salarié
des jeunes de moins de 15 ans et même des enfants est utilisé dans
la récolte des pommes de terre, tomates et des légumes en général. Il
s'agit d'information non recueillie par les publications officielles et on n'a
même pas une idée approximative de ce que cela représente.
L'enquête de Hogares a révélé l'insuffisance des revenus de la popula
tion rurale. Le tableau 1 montre comment la partie de la population
rurale « employés et ouvriers » était encore rémunérée en argent et en
nature, et que 78 % des travailleurs de cette catégorie percevaient des
revenus mensuels inférieurs à 700 bolivars en 1977.
Pour les « travailleurs à leur compte », la situation n'est pas différente :
59% d'entre eux avaient un salaire inférieur à 700 bolivars par mois et
même 12 patrons sur 100 avaient des revenus inférieurs à 700 bolivars
par mois. Il ressort du tableau 1 que presque 60 % de la population
au-dessus de 1 5 ans, travaillant dans l'agriculture, percevaient des revenus
mensuels inférieurs à 700 bolivars. Entre 1974 et 1979, le salaire minimum
rural était de 450 bolivars mensuels.
Il faut se rappeler que Chossudovsky6 estimait qu'en 1977 une
famille de 5 ou 6 personnes aurait dû dépenser 700 bolivars pour l'alimen
tation (à prix courants) pour atteindre les minimums requis en calories
et protéines. Or, en 1977, 5 5,2 % des foyers avaient un revenu moyen
par personne active inférieur aux 700 bolivars mensuels7.
L'évolution du salaire également joue un rôle dans la désaffection du
travail à la campagne. De 1968 à 1977, le salaire nominal est passé de
9,05 bolivars par jour à 19,78 bolivars par jour. En prenant 1968 comme
année de base, le salaire réel pour 1977 aurait été de 12,28 bolivars par
jour selon les calculs de la bcv sur la base d'un panier unique
(méthode A) ; en accord avec nos propres calculs, sur la base d'un
5. Voir Niňos explotados en fincas agricolas, los jorobaditos del Valle de Quibor, dans
El Nacionál, Caracas, 5 décembre 1979.
6. Michel Chossudovsky, La miseria en Venezuela, Valencia, Vadell Hermanos, 1977,
p. 46.
7. Enquête de Hogares par échantillon, 1977, oecei, tableaux 47 et 48 et nos propres
calculs.
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