La modernisation violente en Italie : perspective historique du crime organisé - article ; n°4 ; vol.15, pg 419-437
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Déviance et société - Année 1991 - Volume 15 - Numéro 4 - Pages 419-437
Cet article tente de comprendre les caractéristiques actuelles de la mafia en la resituant dans une perspective historique et au sein de l'histoire de la montée de la violence organisée. Plutôt que d'accepter l'image de la mafia comme force invincible et mystérieuse, l'auteur, se basant sur les sources judiciaires et policières, montre qu'elle est née au début du XIXe siècle, après l'éviction de la féodalité et la tentative des Bourbons de réaliser un Etat centralisé. Elle se serait également formée en contact étroit avec la réalité des prisons.
The aim of this article is to understand the main features of the mafia by setting it in a historical perspective — the rise of organized violence. The author does not accept the idea that the mafia is an invisible and mysterious force. On the grounds of judiciary and police records, he explains that the mafia is born at the beginning of the XlXth century, after the drop out of the feodality and the Bourbon's attempt to raise a centralized state. Mafia would also have been developped by close links with prisons.
Dieser Artikel versucht, die gegenwärtigen Eigenschaften der Mafia zu erfassen, indem er diese in einer historischen Perspektive und inmitten der Geschichte der organisierten Gewalt wiederansiedelt. Anstatt das Bild der Mafia als einer unbezwingbaren und mysteriosen Kraft zu akzeptieren, zeigt der Autor, der sich auf gerichtliche und polizeiliche Quellen stützt, dass sir zu Beginn des 19. Jahrhunderts geboren ist, nach der Abschaffung des Feudalwesens und dem Versuch der Bourbonen, einen zentralisierten Staat zu verwirklichen. Sie habe sich auch in engem Kontakt mit der Wirklichkeit der Gefägnisse gebildet.
Dit artikel tracht de huidige kenmerken van de maffia te begrijpen door ze terug te plaatsen in een historisch perspektief, in het kader van het opkomen van het georganiseerd geweld. Eerder dan het beeld van de mafia als een onover- winnelijke en geheimzinnige macht te aanvaarden, toont de auteur aan dat zij ontstaan is in het begin van de XIXe eeuw, na de val van de feodaliteit en de pogingen van de Bourbons om een staat met sterk gecentraliseerde bestuursvorm tot stand te bregen. Daarbij steunt zich op bronnen uit de kringen van gerecht en politie. De organisatie zou ook ontstaan zijn in nauw kontakt met de alledaagse realiteit van de gevangenis.
19 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1991
Nombre de lectures 23
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Paolo Pezzino
La modernisation violente en Italie : perspective historique du
crime organisé
In: Déviance et société. 1991 - Vol. 15 - N°4. pp. 419-437.
Citer ce document / Cite this document :
Pezzino Paolo. La modernisation violente en Italie : perspective historique du crime organisé. In: Déviance et société. 1991 -
Vol. 15 - N°4. pp. 419-437.
doi : 10.3406/ds.1991.1242
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ds_0378-7931_1991_num_15_4_1242Résumé
Cet article tente de comprendre les caractéristiques actuelles de la mafia en la resituant dans une
perspective historique et au sein de l'histoire de la montée de la violence organisée. Plutôt que
d'accepter l'image de la mafia comme force invincible et mystérieuse, l'auteur, se basant sur les
sources judiciaires et policières, montre qu'elle est née au début du XIXe siècle, après l'éviction de la
féodalité et la tentative des Bourbons de réaliser un Etat centralisé. Elle se serait également formée en
contact étroit avec la réalité des prisons.
Abstract
The aim of this article is to understand the main features of the mafia by setting it in a historical
perspective — the rise of organized violence. The author does not accept the idea that the mafia is an
invisible and mysterious force. On the grounds of judiciary and police records, he explains that the mafia
is born at the beginning of the XlXth century, after the drop out of the feodality and the Bourbon's
attempt to raise a centralized state. Mafia would also have been developped by close links with prisons.
Zusammenfassung
Dieser Artikel versucht, die gegenwärtigen Eigenschaften der Mafia zu erfassen, indem er diese in einer
historischen Perspektive und inmitten der Geschichte der organisierten Gewalt wiederansiedelt. Anstatt
das Bild der Mafia als einer unbezwingbaren und mysteriosen Kraft zu akzeptieren, zeigt der Autor, der
sich auf gerichtliche und polizeiliche Quellen stützt, dass sir zu Beginn des 19. Jahrhunderts geboren
ist, nach der Abschaffung des Feudalwesens und dem Versuch der Bourbonen, einen zentralisierten
Staat zu verwirklichen. Sie habe sich auch in engem Kontakt mit der Wirklichkeit der Gefägnisse
gebildet.
Dit artikel tracht de huidige kenmerken van de maffia te begrijpen door ze terug te plaatsen in een
historisch perspektief, in het kader van het opkomen van het georganiseerd geweld. Eerder dan het
beeld van de mafia als een onover- winnelijke en geheimzinnige macht te aanvaarden, toont de auteur
aan dat zij ontstaan is in het begin van de XIXe eeuw, na de val van de feodaliteit en de pogingen van
de Bourbons om een staat met sterk gecentraliseerde bestuursvorm tot stand te bregen. Daarbij steunt
zich op bronnen uit de kringen van gerecht en politie. De organisatie zou ook ontstaan zijn in nauw
kontakt met de alledaagse realiteit van de gevangenis.Déviance et Société, 1991, Vol. 15, No 4, pp. 419-437
LA MODERNISATION VIOLENTE
EN ITALIE
Perspective historique du crime organisé
P. PEZZINO*
I. Les élites violentes
On trouve souvent dans la presse et les médias, une idée répandue dans l'opi
nion publique, selon laquelle la mafia est une force invincible, une entité mysté
rieuse et terrible en lutte contre l'Etat et ses représentants. Une lutte bien sou
vent victorieuse et qui semble donc insensée, tout au moins pour ceux qui sont
appelés à se battre du côté des institutions. Chaque fois que des épisodes de faits
divers éclatants nous rappellent l'actualité tragique de la criminalité de la mafia,
la plupart des commentaires accréditent l'image d'une «pieuvre» gigantesque
qui arrive à tout dominer et à tout régler, véritable Etat dans l'Etat, qui a le pou
voir de contrôler les ressources, d'imposer une réglementation sociale et l'appli
cation de sanctions. Ceci en fait une véritable institution totale, douée d'une
espèce de forme d'organisation juridique, d'un système de normes, d'organes
de justice et de capacité d'imposition. C'est une image souvent accréditée par
les juristes, par les hommes de culture et les opinion-makers, par les hommes
politiques et les magistrats. Neppi Modona, dans «La Repubblica» du 1er avril
1989, définissait la mafia comme un anti-Etat mafieux, tandis de Giorgio Bocca
demandait dans le même journal qu'on cessât de «faire semblant de croire que
sur les terres de la mafia, la guerre n'est pas déclarée et que n'est pas encore arri
vée l'heure de proclamer l'état de guerre... adoptant les méthodes, les lois et les
moyens qui conviennent à la guerre»1. L'état de guerre définit les rapports entre
deux sujets juridiques de même niveau, deux entités d'états homogènes, bien
qu'en opposition, et présuppose justement de reconnaître que la mafia est ainsi
et que c'est de cette manière qu'il faut la considérer.
Il ne s'agit d'ailleurs pas d'une nouveauté: après l'Unité de l'Italie, la culture
libérale percevait la camorra comme «un véritable pouvoir parallèle, capable de
contester à l'Etat le monopole de la violence et le de punir, et d'être
• Université de Pise (Italie).
1 La Repubblica, 31 mars 1989.
419 donc un Etat souverain»2. A l'époque de la répression la plus féroce, au cours
des années vingt, on rappela souvent l'image d'un anti-Etat doué d'une organi
sation juridique, utilisant même dans ce sens l'œuvre d'un juriste comme Santi
Romano.
Je dois dire cependant que le profil d'un contre pouvoir de la mafia qui tend
à se transformer en une institution me laisse perplexe. Si l'image d'un anti-Etat
nous apparaît suffisamment plausible quand il s'agit de cerner les éléments réels
de la question — du caractère organisé de ces formes de délinquances à leur
caractère politique (c'est-à-dire à leur capacité d'occuper les espaces territoriaux
et les sphères d'action typiquement soumis à la réglementation de l'Etat3, à leur
capacité de diffusion et d'expansion, cette image possède cependant une ambig
uïté implicite dans l'idée d'un Etat totalement étranger à la mafia. C'est une
idée devant laquelle restent perplexes non seulement l'historien, habité aux
consistantes négociations entre institution et organisations criminelles que les
archives reportent à la mémoire, mais aussi le magistrat engagé dans la répres
sion du phénomène. «La cohabitation avec l'Etat se révèle tout autre qu'insout
enable, et, au contraire, la mafia préfère d'habitude se nicher dans son sein,
pour l'exploiter, évitant soigneusement de s'y opposer... L'organisation de la
mafia ne représente plus une variable dégénérée du système, mais un de ses él
éments désormais stable.»4
L'idée d'un anti-pouvoir criminel, d'un Etat dans l'Etat, fait en outre allu
sion à une capacité d'organisation universelle et improbable du crime organisé
qui rappelle beaucoup la fausse hypothèse des premiers fonctionnaires piémon-
tais en Sicile après l'Unité. Ceux-ci étaient prêts à retrouver partout les traces
de complots politiques et militaires «qui avaient pour objet de changer ou de
détruire délibérément la forme de gouvernement, ou d'exciter les sujets à la
révolte» selon l'art. 156 du Code pénal. Complots gérés par une mafia mystér
ieuse, qui servait de ciment entre les garibaldiens, la gauche républicaine, les
cléricaux et le parti des Bourbons. Un juriste a récemment écrit qu'en réalité,
les soi-disants «contre-pouvoirs criminels» ... sont tellement à l'intérieur du
pouvoir légal que seule une implication totale des institutions peut nous per
mettre de les «dénicher»5 (c'est une observation valable aussi pour le passé).
Au contraire, c'est à l'opposé que se situe l'interprétation qui trouve crédit
surtout chez Hess dans une étude vieille d'une vingtaine d'années6 et générale
ment reprise par les spécialistes de problèmes sociaux. Mafia et camorra
seraient l'expression de systèmes de sous-cultures répandues dans les sociétés
M. MARMO e O. CASARINO, Le invicibili loro relazioni: identifîcazione e controllo délia
camorra napoletana nelle fonti di età postunitaria, Studi Storici, 1988, avril-juin, p. 386.
M. CALISE, Le catégorie del politico nella criminalità o

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