La nature du composé chimique - article ; n°18 ; vol.5, pg 172-192
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Revue néo-scolastique - Année 1898 - Volume 5 - Numéro 18 - Pages 172-192
21 pages

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Publié le 01 janvier 1898
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Langue Français
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Extrait

D. Nys
La nature du composé chimique
In: Revue néo-scolastique. 5° année, N°18, 1898. pp. 172-192.
Citer ce document / Cite this document :
Nys D. La nature du composé chimique. In: Revue néo-scolastique. 5° année, N°18, 1898. pp. 172-192.
doi : 10.3406/phlou.1898.1599
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/phlou_0776-5541_1898_num_5_18_1599IX.
La natnre du composé chimique.
. La chimie partage les espèces qui constituent le - monde
inorganique en deux classes : les corps simples et les corps
composés: Les espèces élémentaires sont peu nombreuses ; on
n'en compte à l'heure , présente que soixante-quinze environ.
Quelques-unes existent comme telles à l'état de liberté ; la plu
part ne se rencontrent que dans le composé chimique.
Malgré la richesse et l'étonnante variété de ses parties con
stitutives, l'univers matériel résulte donc des combinaisons
diverses de quelques masses élémentaires. Aussi, sauf quelques
exceptions, est-il permis de dire que les composés chimiques
jouent dans le monde un rôle prédominant, qu'ils constituent
l'état normal de la matière. Le cours de la nature n'est que
la succession ininterrompue de combinaisons et de décompos
itions partielles, un travail continu de synthèse1 et d'analyse
composé" chimique est tout à la fois le but et le point dont le
de départ.
Aussi, l'homme de science et le philosophe font du com
posé chimique l'objet d'une étude spéciale. A l'aide de
méthodes relativement simples, le chimiste en donne un signa
lement complet. Il décrit ses propriétés, fait connaître ses -
générateurs immédiats, les circonstances de sa genèse, le
nombre même d'atomes que chacun des facteurs y apporte.
Mais, si intéressante et si précise que soit cette description/
l'intelligence ne se déclare pas encore satisfaite. Elle se pose
une question ultérieure, plus délicate mais non moins impor- NATURE DU COMPOSÉ CHIMIQUE. 173 LA.
tante, à savoir : Quelle est, dans cette unité nouvelle qu'on
appelle la molécule du composé, la manière d'être des éléments ?
Pour constituer cette synthèse, les éléments se sont-ils dépouill
és de leur être propre, de "leur nature distinctive? Ont-ils
revêtu une nature commune et nouvelle? Ou bien, le composé
n'est-il qu'un édifice moléculaire, un simple agrégat d'éléments
immuables enchaînés suivant un ordre déterminé ?
Cette question qui est avant tout du domaine de la philoso
phie, est suggérée par les faits eux-mêmes. Considérons un in
stant la formation de l'eau. Dans un bocal se trouvent renfermés
deux corps gazeux, l'oxygène et l'hydrogène. L'état aériforme
leur est tellement naturel qu'on ne peut les liquéfier qu'à une
température inférieure à — 180°. Soumettons ces deux corps
à l'action de -l'étincelle électrique. Aussitôt la combinaison
se produit ; une flamme jaillit qui souvent détermine la rup
ture du bocal et, au lieu des deux gaz disparus, nous trouvons
quelques gouttes d'eau liquide.- Les propriétés physiques, ch
imiques et cristallines de ce corps diffèrent tellement de celles de
ses générateurs, que l'on soupçonnerait à peine sa provenance,
si l'on n'était 'quelque peu initié aux secrets de la chimie.
Cependant, les propriétés nouvelles affectent bien les masses
combinées, sinon quel en serait le support ? D'ailleurs, la
perte . considérable ■ de chaleur qui accompagne ce travail
d'unification, comme aussi les phénomènes . électriques conco
mitants, donnent la mesure des altérations profondes subies
par les substances réagissantes.
Si éloignées qu'elles paraissent de leur état connaturel; ces
substances n'ont cependant pas complètement disparu dans
cette intégration nouvelle. Soumettons à un courant électrique
suffisamment intense l'eau que nous venons d'obtenir. Après
peu de temps, nous la verrons disparaître, tandis que se
reformer, ont, avec toutes leurs propriétés distinctives, les
deux gaz constitutifs, l'oxygène et l'hydrogène.
Voilà donc deux faits indéniables ;sil s'agit de les concilier.
A n'envisager, que le premier, il paraît bien logique d'attri- 174: d.
buer au composé une nature nouvelle, d'en faire le substitut
de générateurs .radicalement transformés. Les propriétés,,
en effet, ne sont-elles pas l'expression immédiate de la nature
des êtres ? Si le composé nous offre un ensemble de propriétés
rationnel'
'nouvelles, permanentes, spécifiques, n'est-il pas d'y
voir un être nouveau ? Au 'contraire, à s'en tenir au second
fait, il semble que l'électricité n'a eu d'autre rôle que de/
briser les liens qui retenaient captifs les éléments, essentiels ■
du composé.
Ces deux faits : l'unité du composé chimique et l'aptitude
intrinsèque • qu'il possède à régénérer les 'éléments dont il
découle, sont apparemment peu conciliables ; car/ plus on
accentue l'unité de cette synthèse chimique, mieux, on en com
prend les propriétés ; mais, par contre, moins s'explique le
retour infaillible des éléments à. leur état > antérieur- sous
l'influence d'une cause extrinsèque.
Ce problème épineux était déjà très débattu au moyen âge ;.
il ne l'est pas moins de nos jours.
Pour un bon nombre d'hommes de science, le corps ch
imiquement composé est un agrégat de corps simples, une
unité accidentelle formée d'éléments qui, dans son sein, .con
servent leur état substantiel propre.
Au contraire, les partisans de la philosophie aristotélicienne
et - scolastique se prononcent, - en général, pour l'unité essent
ielle. D'après eux, le composé est une substance nouvelle,,
un' être doué d'une nature spécifique, au même titre- que -les
matières élémentaires.
Nous réserverons pour un travail ultérieur l'examen de la
première hypothèse, et nous nous bornerons actuellement à
l'étude de l'interprétation scolastique.
On comprend que dans cette théorie toute la difficulté con
siste . à trouver, dans le composé ainsi ramené à une unité
essentielle, une cause physique qui puisse, sous une influence NATURE DU COMPOSÉ CHIMIQUE.' 175 LA
extrinsèque, faire jaillir de ce fonds commun, des espèces
diverses et parfois même multiples.-
Les scolastiques avaient si bien senti la difficulté, que mal
gré l'entente 4a plus parfaite au sujet de l'unité du composé,-
ils se trouvaient d'avis bien partagés sur les causes réelles de ■
ces décompositions si régulières.
Une première interprétation revient à . accentuer les rela
tions intimes qui rattachent tout composé chimique à ses
générateurs.
- Sans doute, dit-on, le corps chimiquement composé jouit
d'une unité essentielle, mais il est le substitut naturel de
plusieurs substances élémentaires. C'est un fait d'expérience
quotidienne, qu'une synthèse chimique est toujours le résultat
ultime d'altérations profondes produites dans les substances
réagissantes. En cédant à leurs • affinités natives, les corps
échangent leurs activités, se dégradent mutuellement, donnent
lieu à une résultante de propriétés qui finalement cesse d'être-
en harmonie avec. les exigences des natures en présence et
nécessite dès lors le passage de ces corps à une intégration
supérieure. En fait, les propriétés d'un être lui sont des moyens
naturels pour atteindre sa fin spécifique. Modifiez-les au delà
d'une certaine limite, elles perdront leur adaptation à la
nature de l'être qu'elles affectent, au but particulier qui lui est
assigné.
Au terme de ces modifications profondes, et conformé
ment aux exigences de cette résultante finale de forces, les
agents fde la combinaison, dépouillés de leur principe spéci
fique, reçoivent en échange une détermination substantielle
commune qu

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