La notion d espèce et la théorie de la mutation - article ; n°1 ; vol.12, pg 95-112
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Description

L'année psychologique - Année 1905 - Volume 12 - Numéro 1 - Pages 95-112
18 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1905
Nombre de lectures 14
Langue Français
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Extrait

Louis Blaringhem
La notion d'espèce et la théorie de la mutation
In: L'année psychologique. 1905 vol. 12. pp. 95-112.
Citer ce document / Cite this document :
Blaringhem Louis. La notion d'espèce et la théorie de la mutation. In: L'année psychologique. 1905 vol. 12. pp. 95-112.
doi : 10.3406/psy.1905.3711
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_1905_num_12_1_3711VI
LA NOTION D'ESPÈCE ET LA THÉORIE
DE LA MUTATION
d'après les travaux de Hugo de Vries
Les récentes découvertes de Hugo de Vries, professeur à-
l'Université d'Amsterdam et directeur du Jardin botanique,
précisent, en les augmentant, les notions que nous possédons
sur l'espèce et l'évolution des êtres vivants *. A la théorie de
la Sélection, soutenue avec tant de succès par Darwin, s'ajoute
la théorie de la Mutation qui a pour fondement la découverte
expérimentale de la transformation des espèces. Avant d'en
faire l'exposé, il est nécessaire de bien établir la signification
du mot espèce.
L'ESPÈCE LINNÉENNE
Lorsque Linné eut établi les bases de la classification des
êtres vivants, il s'est trouvé dans la nécessité de donner son
opinion sur la valeur des groupes d'individus définis par la
nomenclature binaire. A l'origine de ses travaux, il n'avait pas
déterminé d'une façon précise les limites de l'espèce et, en
maints passages de ses œuvres, on pourrait trouver la trace
d'une croyance à la création récente de formes nouvelles/Plus
tard, pour donner une importance plus considérable à son
système et aussi pour éviter des discussions stériles, il recom
manda à ses élèves de négliger l'étude des détails et, en parti
culier, la diagnose de ces formes aberrantes qui semblent faire
croire à l'imperfection des lois régissant l'ensemble des êtres
vivants. Il conclut à l'existence de groupes parfaitement définis
et il établit le principe de la constance des espèces dans ce pas
sage de sa Philosophica botanica : « Novas species dari in vegeta-
1. Hugo de Vries, Die Mutationstheorie, Versuche und Beobachtungen
über die Ensiehung von Arten im P 'lanzenreich, Leipzig (Bd. I, 1900; Bd. II,
1903), et Species and Varieties, Chicago et Londres, 1905. 96 MÉMOIRES ORIGINAUX
bilibus negat generatio continuata, propagatio, observationes
quotidianœ.... »
Pendant de longues années, les disciples de Linné s'ingé
nièrent à conserver intacte une doctrine qui mettait une grande
clarté dans l'étude des sciences naturelles. Les plus dociles
s'adonnaient au travail presque manuel des collectionneurs.
Toute forme rencontrée trouvait sa case et son nom; des
diagnoses incomplètes facilitaient le triage et permettaient de
placer dans la même espèce des formes assez différentes d'as
pect. La commodité d'un langage adopté par tous les natural
istes eut cette conséquence de provoquer la formation d'i
nnombrables herbiers, collections de coquillages, de peaux, etc.,
Les savants, pour compléter ces documents, fouillèrent les
régions les plus reculées du globe et il y eut des institutions
qui organisèrent les voyages si coûteux d'exploration scien
tifique.
Des hommes de génie, comme Bernard et Alexandre de
Jussieu, A. Pyrame de Gandolle et d'autres ont pu suivre pas
à pas les découvertes chaque jour plus nombreuses et ont
réussi à établir les traits généraux de la Classification natur
elle. Tout en conservant intact le principe de la constance des
espèces, ils ont mis en évidence les affinités des espèces, des
genres et des familles et ont établi la filiation apparente de
ces groupes de formes, filiation qu'ils expliquaient par des
plans d'organisation. Leurs travaux ont donné une très haute
valeur scientifique au système de Linné. Peu à peu, on s'est
habitué à admettre la valeur objective des espèces définies
par la nomenclature binaire et, pour la plupart des natural
istes du xixe siècle, elles existent réellement dans la nature.
Il n'en est pas moins vrai que la plupart d'entre elles ne
correspondent à rien de précis. Elles sont, par suite de la
méthode même qui a présidé à leur classement, l'expression
de groupes d'individus liés par une parenté étroite, fondée
sur l'analogie des formes mais non établie expérimentalement.
La culture et la perpétuation par voie de semis des espèces
sauvages est impossible; l'étude de leur descendance est
rendue difficile par la durée d'évolution des plantes arbores
centes et surtout par la multitude d'êtres que peut fournir un
individu dont la progéniture croît suivant une progression
géométrique. D'autre part, la culture des végétaux utiles à
l'homme n'a pas fourni de solution au problème, parce que le
plus souvent l'attention n'a été attirée que sur les caractères L. BLARINGHEM. — LA NOTION D'ESPÈCE 97
mal définis, à stabilité incomplète, que les multiples opérations
agricoles et horticoles ont exagérés ou atténués.
Il semble que Darwin ait eu la notion très exacte de ces
difficultés, et il s'en est servi ponr établir sa théorie de l'évo
lution : « Nous verrons combien il est difficile et même sou
vent impossible, dit-il, de distinguer entre les races et les
sous-espèces — pour employer l'expression dont on se sert
quelquefois pour désigner les formes moins nettement pro
noncées — et en outre, entre celles-ci et les vraies espèces. »
Le principe de la descendance est la conséquence logique et
nécessaire de la Classification naturelle dont il précise la signi
fication. Établi sur des analogies et des rapprochements, il
explique la filiation progressive des groupes analogues, mais
on ne peut lui demander de montrer la métamorphose d'une
espèce linnéenne en une autre espèce linnéenne, car il est
possible que ces espèces n'aient pas une existence réelle et
qu'elles ne soient que des créations de notre esprit et de
nos méthodes.
L'ESPÈCE ÉLÉMENTAIRE
Dans une étude expérimentale de l'hérédité on peut, pour
éviter toute erreur de diagnose, étudier la descendance isolée
d'un seul couple. La réunion des sexes sur un même individu,
fréquente dans le règne végétal, permet même de s'assurer,
par Tautofécondation, de l'origine directe d'une population
dont on veut suivre la variabilité. La culture pedigree, c'est-
à-dire faite en isolant à chaque génération, les descendants
d'une même plante, fournit en quelques années un lot parfois
considérable d'individus qui appartiennent nécessairement à
la même espèce.
C'est par cette méthode, appliquée aux plantes sauvages et
cultivées, que vers le milieu du xixe siècle un botaniste français,
Jordan J, s'est proposé de montrer dans les espèces de Linné
l'existence d'un nombre parfois considérable de formes, par
faitement limitées et distinctes, constantes et invariables dans
leurs différences , en un mot d'unités véritables qui seules
répondent à la notion de l'espèce. Pour les distinguer des
1. Jordan (A.), Observations sur plusieurs plantes nouvelles rares ou
critiques de la France, Annales de la Société linnéenne de Lyon, 1846-1849;
*et Diagnoses d'espèces nouvelles ou méconnues pour servir à une flore
réformée de la France et des contrées voisines, Paris, 1864.
l'année psychologique, xii. 7 MÉMOIRES ORIGINAUX 98
espèces linnéennes qui les renferment on leur a donné le nom
d'espèces élémentaires ou petites espèces, ou encore espèces Jorda
niennes.
La Pensée sauvage, si commune dans les plaines cultivées et
même sur nos montagnes, se distingue des autres Violettes par
la forme des bractées et surtout la disposition relevée des
quatre pétales supérieurs de la fleur. Elle constitue l'espèce
Viola tricolor de la nomenclature binaire. Sa diagnose facile
à contrôler ne correspond pas à la description d'un ensemble
homogène d'individus, mais d'un groupement de formes dis
tinctes don

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