La nuptialité en France. Précocité et intensité suivant les régions et les catégories socio­professionnelles - article ; n°6 ; vol.26, pg 1029-1055

Louis Roussel

Description

Population - Année 1971 - Volume 26 - Numéro 6 - Pages 1029-1055
La nuptialité a généralement éti moins étudiée que les deux autres grands phénomènes d'une population en mouvement, natalité et mortalité; ce fait tient à plusieurs causes : la nuptialité ne modifie pas, par elle-même, la population totale et pourrait donc être laissée de côté, dans une pure comptabilité numérique des hommes; d'autre part, faisant intervenir deux personnes, elle présente une plus grande complexité statistique. Dépendant largement de facteurs sociologiques, la nuptialité présente un grand intérêt, même si on laisse de côté son influence sur la fécondité. Ses causes ne sont pas moins à rechercher que ses conséquences, faisant intervenir la génétique, l 'économie, les migrations, la législation et, bien entendu, la sociologie. Population a publié de nombreuses études sur les divers aspects de la nuptialité. M. Louis Roussel, chargé de recherches à l'I.N.E.D., présente ici une analyse de la nuptialité en France selon les régions et la situation socioprofessionnelle.
27 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

• Sociologie, société et politique

Informations

• Publié par: POPULATION0
• Publié le: 01 janvier 1971
• Nombre de lectures: 23
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 2 Mo

Extrait

Louis Roussel
La nuptialité en France. Précocité et intensité suivant les régions
et les catégories socio­professionnelles
In: Population, 26e année, n°6, 1971 pp. 1029­1055.
Résumé
La nuptialité a généralement éti moins étudiée que les deux autres grands phénomènes d'une population en mouvement, natalité
et mortalité; ce fait tient à plusieurs causes : la nuptialité ne modifie pas, par elle­même, la totale et pourrait donc être
laissée de côté, dans une pure comptabilité numérique des hommes; d'autre part, faisant intervenir deux personnes, elle
présente une plus grande complexité statistique. Dépendant largement de facteurs sociologiques, la nuptialité présente un grand
intérêt, même si on laisse de côté son influence sur la fécondité. Ses causes ne sont pas moins à rechercher que ses
conséquences, faisant intervenir la génétique, l 'économie, les migrations, la législation et, bien entendu, la sociologie. Population
a publié de nombreuses études sur les divers aspects de la nuptialité. M. Louis Roussel, chargé de recherches à l'I.N.E.D.,
présente ici une analyse de la nuptialité en France selon les régions et la situation socioprofessionnelle.
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Roussel Louis. La nuptialité en France. Précocité et intensité suivant les régions et les catégories socio­professionnelles. In:
Population, 26e année, n°6, 1971 pp. 1029­1055.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/pop_0032-4663_1971_num_26_6_5429LA NUPTIALITÉ EN FRANCE
Précocité et intensité suivant les régions
et les catégories socio-professionnelles
La nuptialité a généralement éti moins étudiée que les
deux autres grands phénomènes d'une population en mouve
ment, natalité et mortalité; ce fait tient à plusieurs causes :
la nuptialité ne modifie pas, par elle-même, la population
totale et pourrait donc être laissée de côté, dans une pure
comptabilité numérique des hommes; d'autre part, faisant
intervenir deux personnes, elle présente une plus grande
complexité statistique.
Dépendant largement de facteurs sociologiques, la nuptial
ité présente un grand intérêt, même si on laisse de côté son
influence sur la fécondité. Ses causes ne sont pas moins à
rechercher que ses conséquences, faisant intervenir la génétique,
l 'économie, les migrations, la législation et, bien entendu, la
sociologie. Population a publié de nombreuses études sur les
divers aspects de la nuptialité (1). M. Louis Roussel, chargé
de recherches à l'I.N.E.D., présente ici une analyse de la
nuptialité en France selon les régions et la situation socio
professionnelle.
<x> Citons en particulier parmi les dernières études :
Albert Jacquard et Robert Nadot : « Mariages consanguins et fertilité différentielle »,
Population, mars-avril 1968.
Louis Henry : « Problèmes de la nuptialité : considérations de méthode », Population,
sept.-oct. 1968. — « Schémas de nuptialité. Déséquilibre des sexes et célibat »,
mai-juin 1969. — « de des sexes et âge au mariage », Populat
ion, nov.-déc. 1969.
Newton Freire Maïa : « Recherche sur les mariages consanguins au Brésil », Population,
sept.-oct. 1969.
Louis Roussel : « Les divorces et séparations de corps en France (1936-1967) »,
mars-avril 1970. — « L'attitude de diverses générations à l'égard du mariage, de la famille et
du divorce en France », Population, numéro spécial, juin 71.
R. P. V. Martin : « Structure de la famille chez les Serer et les Wolof au Sénégal », Popul
ation, juillet-août 1970.
Voir aussi Alain Girard :Le choix du conjoint. Une enquête psychosociologique en France
Cahier n° 44, 1964.
Henri Léridon : Fécondité et famille en Martinique. Faits, attitudes, opinions. Cahier
n° 56, 1969.
Population, numéro spécial « Famille, mariage, divorce », paru en juin 1971. 1030 LA NUPTIALITÉ EN FRANCE
Dans la « Morphologie sociale », Maurice Halbwachs insistait sur la nécess
ité, pour le sociologue, de fonder sa recherche, au moins dans un premier
temps, sur les statistiques de la population. Si la démarche préconisée n'a
pas répondu, en France du moins, aux espoirs de l'auteur, c'est que la mat
ière première a manqué. La méthode suppose, en effet, que soient disponi
bles des tableaux précis et nombreux, permettant de croiser les indices dé
mographiques avec diverses caractéristiques socio-culturelles. De tels docu
ments sont rares. En matière de nuptialité, ils sont exceptionnels ^K
Aussi doit-on se réjouir de l'intérêt que l'LN.S.E.E. a porté, dans son
exploitation du recensement de 1968, aux données relatives à ce phénomène.
Le présent article se propose, avant tout, de présenter et d'analyser les prin
cipaux résultats d'un tableau '2' donnant la situation matrimoniale par sexe,
âge, région de programme ou zone d'étude et d'aménagement du territoire
(Z.E.A.T.) ^ et catégorie socio-professionnelle. Les données sont fournies,
par année d'âge de 19 à 27 ans, puis par groupe d'âges^. La ventilation par
catégorie comporte 20 postes. S'agissant d'une exploitation au l/20e, les ré
sultats ne sont pas tous significatifs. Mais l'ensemble forme un document
exceptionnel pour l'analyse de la nuptialité française ^.
W A. Monnier et G. Stroolant fournissent la liste des pays permettant de tels crois
ements: « Possibilités d'analyse de la nuptialité des célibataires dans quelques pays industrial
isés », in Recherches Économiques de Louvain, n° 4, nov. 1970, p. 365 et suiv.
<2> Exploitation aul/20e. Tableau DIV 589/V, 9 pages par région de programme. Ce tableau
nous a été très obligeamment communiqué dès sa sortie par le Service de Démographie de
<3> Une Z.E.A.T. comprend en général plusieurs régions de programme. Voici la composit
ion des 8 :
ZEAT Régions ZEAT Régions ZEAT Régions
Rhône- Alpes. 1. Région 4. Est Lorraine. 7. Centre-Est.
risienne. . . . Région Alsace. Auvergne.
ne. Franche-Comté.
Languedoc- 2. Hassin 8.
risien Champagne. 5. Ouest Pays de la Loire. née Roussillon.
Provence - Côte Picardie. Rretagne. Haute - Poitou-Charente. d'Azur-Corse.
die.
Centre. 6. Sud-Ouest. Aquitaine. Rasse - Midi-Pyrénées. die. Limousin. Rourgogne.
3. Nord Nord.
(4) Les tableaux annexes I et II présentent les données en valeurs absolues pour les princi
pales séries.
(5) Les recensements de 1936 à 1954 fournissaient bien une répartition suivant la situation
matrimoniale par catégorie socio-professionnelle, mais les groupes d'âges étaient trop larges
(25-34 ans par exemple) pour fournir un indice précis sur la précocité différentielle. Par contre,
les comparaisons sur l'intensité de la nuptialité étaient possibles. Le tableau III présente les
principaux résultats. NUPTIALITÉ EN FRANCE 1031 LA
L'information fourme est précise, puisqu'il s'agit de la proportion de cé
libataires à un âge donné. Ce pourcentage peut être assimilé, on le sait, à un
facteur correctif près, d'ailleurs négligeable, aux célibataires de la table de
nuptialité W. Les données collectées se rapportant à des générations diffé
rentes, nous ne pouvons connaître, par ce tableau, la précocité du mariage
des générations dont nous mesurons l'intensité ni, bien entendu, prévoir la
fréquence définitive du célibat pour les générations en pleine période de nupt
ialité.
L'année 1968 reste perturbée, objectera-t-on, pour la nuptialité : l'arrivée
des générations pleines (1946 et suivantes) à l'âge du mariage crée en raison
de l'écart d'âge au mariage un certain déséquilibre entre les effectifs des deux
sexes. Cette situation tend, depuis 1966, à retarder l'âge au mariage des femmes.
Mais on s'intéressera surtout ici aux différences entre régions et catégories
socio-professionnelles. Sans doute, le déséquilibre les effectifs