La perméabilité du système de justice à la formation criminologique. La police, les policiers et la criminologie - article ; n°1 ; vol.4, pg 69-79
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La perméabilité du système de justice à la formation criminologique. La police, les policiers et la criminologie - article ; n°1 ; vol.4, pg 69-79

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Description

Déviance et société - Année 1980 - Volume 4 - Numéro 1 - Pages 69-79
11 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié le 01 janvier 1980
Nombre de lectures 19
Langue Français

Extrait

Henri Souchon
La perméabilité du système de justice à la formation
criminologique. La police, les policiers et la criminologie
In: Déviance et société. 1980 - Vol. 4 - N°1. pp. 69-79.
Citer ce document / Cite this document :
Souchon Henri. La perméabilité du système de justice à la formation criminologique. La police, les policiers et la criminologie.
In: Déviance et société. 1980 - Vol. 4 - N°1. pp. 69-79.
doi : 10.3406/ds.1980.1038
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ds_0378-7931_1980_num_4_1_1038Déviance at Société. Genève, 1980, vol. 4, No 1 . p. 69-79
LA PERMEABILITE DU SYSTEME DE JUSTICE
A LA FORMATION CRIMINOLOGIQUE
La police, les policiers et la criminologie
H. SOUCHON *
Autour du thème : perméabilité du système de justice à la format
ion criminologique, deux sous-questions sont énoncées : 1) La dimenscriminologique a-t-elle sa place dans la formation des personnels
concourrant à l'administration de la justice ? 2) Qu'en est-il de la place
faite à cette discipline scientifique dans la des cadres de la
police, en France ?
Deux sous-questions dont le contenu explicite, sans rien perdre de
son intérêt, nous paraît devoir le céder en importance à la forme de
l'interrogation et à l'urgence éventuelle de la réponse à y apporter. Si,
en effet, la préoccupation qui inspire ce débat n'est pas tout à fait
nouvelle, sa formulation actuelle — centrée sur la notion de perméabil
ité — ajoutée au trouble * qu'entraînent dans la criminologie contemp
oraine certaines orientations doctrinales, invitent à s'interroger sur
l'enjeu véritable du débat lui-même. Au surplus, le privilège accordé à la
formation, c'est-à-dire à un moment réputé décisif pour l'évolution des
mentalités, indique assez que cet enjeu concerne moins le système de
justice que la criminologie, moins l'ouverture de ses agents aux sciences
de l'homme que l'avenir de la criminologie mesuré au degré de son
influence sur l'administration de la justice pénale.
Dès lors, les questions inscrites en filigrane du thème ne sont-elles
pas : 1) la place actuelle réservée à la criminologie dans la formation
des cadres de la police est-elle la seule possible ? 2) peut-elle être autre
— sous-entendu, plus importante — et à quelles conditions ?
Les approches possibles de ce sujet sont multiples. Deux méritent
que l'on s'y arrête. Police, justice, administration pénitentiaire — pour
faire court — concourent à l'administration de la justice. Chacune de ces
trois institutions, à sa place et avec ses moyens propres, s'approprie le
phénomène criminel pour des finalités distinctes bien qu'évidemment
complémentaires. Sont-elles également perméables aux enseignements
de la criminologie ? Autrement dit, leurs structures administratives
respectives offrent-elles à leurs agents les moyens de bénéficier de la
diffusion d'une information criminologique ? Une étude comparative
conduite avec rigueur permettrait d'apprécier la qualité et les modalités
* Ecole Nationale Supérieure de Police • Saint-Cyr-au-Mont-d'Or.
69 relatives du degré de pénétration, de l'accueil aussi, de la criminologie
dans chacun des sous-systèmes en présence. Toutefois, outre qu'elle
aboutirait à une arithmétique un peu ennuyeuse, cette approche aurait
le grave inconvénient de négliger la spécificité des besoins qu'impliquent
concrètement les tâches du policier, du juge, du fonctionnaire pénitent
iaire.
Aussi, s 'agissant ici et en priorité de la police, il convient de
souligner brièvement la singularité de sa position dans le champ social.
Rapportée au système de justice, lato sensu, elle en est le premier
maillon; une "entrée" par laquelle transite, du policier-enquêteur au
magistrat-instructeur, le flot des affaires traitées d'initiative ou repor
tées par voie de plainte. La police alimente le système. Sans doute, cette
vision appellerait-elle bien des atténuations. La police n'est pas, ne peut
être, le témoin actif de toute l'activité délinquantielle;la "population"
ne reporte qu'imparfaitement et par intermittence 2 les faits délictueux
dont elle pâtit ou qu'elle constate avec plus ou moins d'indifférence ou
de tolérance; la police elle-même filtre dans le flot des affaires qui
parviennent à la connaissance de ses agents. Ces données sont connues.
Pour autant, la police ne se définit pas au travers de son seul rapport au
système de justice. Coextensive au corps social, elle remplit une fonc
tion beaucoup plus large de contrôle, de régulation et de normalisation
des conduites. Dans les représentations naïves, la police et ses agents
figurent même les seules pièces visibles et opérationnelles d'une justice
immédiate, sollicitée de rendre des arbitrages, d'intervenir à la naissance
des conflits. Contemporain immédiat, témoin actif des dysfonction
nements sociaux, la police déborde de toutes parts les limites de son
rôle de relais pré-répressif de l'appareil de justice.
A la spécificité des attributions dévolues, à la diversité des fonc
tions prêtées à la police, correspond — ou devrait correspondre — une
formation spécifique. Si, comme on le verra plus avant, cette étape dans
la carrière de l'agent donne lieu à une information criminologique, elle
n'est ni la seule, ni peut-être la plus importante. Les relations que la
police entretient avec la criminologie en acte sont multiples et variées.
Elles touchent, en amont de la pratique professionnelle, à quelques-unes
des composantes essentielles de l'idéologie policière; en aval, aux attr
ibutions et fonctions entrevues autant qu'à la qualité des partenaires
sociaux du policier. Etudier la perméabilité de la police à la criminolog
ie, ses modalités et ses avatars, renvoie en substance aux : 1) besoins
imposés par l'activité policière, auxiliaire de la justice et gardienne de
l'ordre public; 2) aux orientations inscrites dans l'idéologie latente des
corps de police; 3) aux contraintes spécifiques attachées à la qualité de
chef d'un service de police.
70 La question, on l'aura deviné, n'est ni simple ni facile d'accès. Sauf
à se limiter à l'exposé des programmes de formation actuellement en
vigueur, et donc à se priver des raisons qui en inspirent le contenu et
l'orientation, on ne peut mieux faire ici que d'engager le "débat" sur un
terrain où se croisent des facteurs inégalement attingibles à l'observa
teur.
Deux remarques pour commencer. Et d'abord au sujet de la notion
de perméabilité. Comme d'autres notions voisines auxquelles, sans en
abuser, la criminologie fait d'assez fréquents recours, celle de perméabil
ité fait image. Que nous dit-elle ? Quelles significations infuses recèle-t-
elle ? Est réputé perméable ce qui a la propriété de se laisser pénétrer.
D'un domaine à l'autre, la pénétration peut revêtir des allures bien
différentes, de l'influence exercée à la modification en profondeur d'un
milieu. Dans tous les cas, cependant, cette propriété renvoie à un
processus. Il s'agit de mettre au jour des voies, des cheminements, des
directions — alors aussi des vitesses et des lenteurs — pour suivre la
diffusion, la pénétration, l'engagement dans le milieu d'accueil. Il y a
donc, a priori, du plus et du moins, du durable et de l'éphémère dans ce
processus d'instillation d'un élément par un autre. De même, si l'on doit
déceler et apprécier la consistance des filtres, des écrans dressés, on doit
aussi révéler d'autres processus qui seraient d'échange, de réciprocité
peut-être entre les deux milieux en présence; entre ce qui pénètre et ce
qui reçoit, c'est-à-dire subit ou accueille. Etudier la perméabilité d'un
système — celui de la justice pénale — à un corps de connaissances — la
criminologie — revient à mettre au jour ces voies, ces filtres, ces
échanges éventuels.
Cependant, et sans aventurer la réflexion dans une voie par trop
intuitive, on retiendra que le processus de perméabilité peut n&#

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