La philosophie de M. Grote, professeur à Cambridge - article ; n°35 ; vol.9, pg 381-393
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Revue néo-scolastique - Année 1902 - Volume 9 - Numéro 35 - Pages 381-393
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Publié le 01 janvier 1902
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Langue Français

Extrait

G. R. Woad
La philosophie de M. Grote, professeur à Cambridge
In: Revue néo-scolastique. 9° année, N°35, 1902. pp. 381-393.
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Woad G. R. La philosophie de M. Grote, professeur à Cambridge. In: Revue néo-scolastique. 9° année, N°35, 1902. pp. 381-
393.
doi : 10.3406/phlou.1902.1760
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/phlou_0776-5541_1902_num_9_35_1760Mélanges et Documents.
VII.
LA PHILOSOPHIE DE M. GROTE
PROFESSEUR A CAMBRIDGE.
Dans son « Exploratio philosophica »') M. Grote ne nous donne que
les prolégomènes de la philosophie morale. N'allez pas y chercher
l'ordre et l'agencement d'un traité : tout est laissé à l'état de « Rough
notes». Ajoutez à cela que l'auteur a voulu remédier à l'énorme
confusion de notre terminologie philosophique moderne en donnant
souvent aux termes un nouveau sens, et la difficulté d'interpréter
son idée se comprendra facilement.
On pourrait dire que M. Grote emploie la méthode d'« opposi
tion » : il ne développe, en effet, son système qu'en examinant et
commentant les opinions des autres. Pour ce faire, il ne sort pas de
la philosophie anglaise contemporaine et fait surtout à Ferrier,
Hamilton, Spencer, Mill, Whewell, l'honneur d'un examen appro
fondi. Il distingue trois courants philosophiques.
Voici d'abord l'ancienne philosophie de l'esprit humain (Locke,
Hume et autres) qui, ne se contentant pas d'attribuer à l'homme,
à l'exclusion des animaux, le monopole de l'esprit, restreint encore
cette étude chez l'homme aux seules représentations intellectuelles
et mérite ainsi le nom de noo-psychologie, psychologie de l'idée.
Or, cette veine est épuisée, on en a déjà retiré le peu qu'on pouvait
en attendre : même dans ce domaine restreint on tombe souvent
1) Exploratio philosophica, II vol. by John Grote, B. D., senior fellow of Trinity
College and professor of taoral philosophy in the University of Cambridge. — Seule
la première partie a été arrangée et éditée par M. Grote en 1865. Elle venait d'être
rééditée en 1900, lorsque M. Joseph Bickersteth Mayor, M. A. publia sur la demande
des amis de M. Grote (celui-ci était mort en 1866) le second volume des notes qui
lui avaient été remises. 382 MÉLANGES ET DOCUMENTS
dans une psychologie erronée (Mis-psychology) qu'il nous faudra
rencontrer. Et cependant à l'heure présente le champ est large
ouvert à une bonne p/M/sto-psychologie. Par là qu'on n'entende pas
seulement « l'anatomie mentale humaine, l'anatomie du corps pour
suivie aussi loin que possible dans la direction de l'esprit et l'ob
servation des résultats de l'action de l'esprit. C'est une analomie
comparée qu'il nous faut actuellement : une étude des variétés de
l'intelligence animale ».
Voilà une des deux branches en lesquelles tend à se diviser
ce premier courant philosophique. Que ces physio-psychologues
déposent toutefois la prétention que leur science répondra aux
grandes questions de l'intelligence humaine ou dictera ce que nous
devons faire. Ceci n'appartient qu'à la vraie philosophie, la seconde
subdivision qui constitue en même temps le second courant philo
sophique anglais.
La véritable philosophie, c'est l'étude de la sensation et de la
pensée ; — non la question de la relation de notre esprit à notre
organisation corporelle ou de la distribution d'esprit plus ou moins
semblable au nôtre dans les différents organismes, — mais l'étude
de notre pensée, de notre sensatioîi, comme nous les comprenons,
pensons, sentons au fond de notre personnalité. Ici il faut se garder
d'un excès d'idéalisme, que Grote appelle notionisme, parce qu'il
tend à réaliser ce qui n'est que notion logique. Certes, l'esprit est
actif et ses productions sont des réalités ; il faut néanmoins exclure
certaines notions du monde réel.
A l'opposite se trouve le troisième système,- qui ne mérite pas le
nom de philosophie: c'est le positivisme, ou, pour employer le terme
de M. Grote, le « phénoménisme erroné », qui cesse précisément d'être
erroné lorsqu'il cesse de prétendre au titre de philosophie.
Une vraie philosophie sans notionisme, une étude juste de la
nature sans cette prétention de nous fournir la philosophie et la
moralité : voilà ce qui, loin de se combattre, doit coexister et s'éclair-
cir mutuellement, chacune de ces recherches étant légitime dans
son domaine propre. Voilà aussi tout ce qu'il s'agit d'expliquer
le système de M. Grote, non par l'analyse de toutes les questions
philosophiques qui sont traitées dans ses notes, mais par l'examen
de ces trois notions fondamentales : le phénoménisme, le point de
vue philosophique, le problème de la connaissance.
Le point principal, qui résume en même temps sa pensée, c'est que
le monde peut être envisagé sous deux aspects différents; ou plus
exactement, que dans notre considération sur les choses nous pou
vons effectuer une double abstraction : d'une part, considérer direc- PHILOSOPHIE DE M. GROTE 383 LA
teinent les objets de connaissance ou ceux qui se posent comme tels,
d'autre part étudier le fait lui-même de la connaissance. La pre
mière considération, que M. Ferrier appelle la façon ordinaire de
penser, et qui est de fait la façon générale de se représenter les
choses, ou plutôt l'aspect sous lequel le monde se présente lui-même
à nous, a reçu de M. Grote le nom de phénoménisme, terme dont il
s'agira de fixer la portée. L'autre, qu'il n'oppose pas à la première
comme M. Ferrier, mais qu'il place à côte d'elle, c'est la véritable
philosophie, la a view » philosophique. « A elle d'examiner la nature
et la genèse dà la connaissance, le sens de ces termes : vérité et cer
titude ; à elle aussi de nous renseigner sur la nature de la liberté et
du choix, sur le sens que peut avoir pour nous un projet ou idéal
d'action. » Cette dernière partie toutefois, qui forme sa philosophie
pratique, ne doit pas nous occuper pour le moment.
Qu'est-ce donc que ce phénoménisme ? Le phénoménisme repré
sente le monde tel qu'il se pose comme objet de connaissance
commun à tous — toute nuance d'un sens spécial au terme « connais
sance » mise de côté. — « Le monde phénoménal, c'est ce qui remp
lit exactement notre capacité cognitive. et constitue notre nature
idéale ou imaginative. Sous ce rapport, le phénomène est l'objectif,
l'idéal le subjectif. » C'est dire que nous ne faisons que recevoir,
emplir une capacité avide de connaissances. Et que nous représente
cet aspect particulier ? D'une part, nous-mêmes: le «moi», mais
le moi phénoméniste comme nous le dirons; d'autre part, tout un
monde en dehors et à côté de nous : l'un et l'autre composés de
divers éléments et forces agissant différemment entre eux. Nous di
sséquons et analysons dans ses parties constitutives aussi loin que
possible, le moi tout comme les autres organismes et objets qui l'e
ntourent. Voilà le domaine de l'homme de science, avec ses diverses
subdivisions et terminologies, ou l'étude des éléments constitutifs
et des lois de la matière.
Le moi et le monde, deux réalités indépendantes entre lesquelles
est jeté une espèce de pont. Nous disons « est jeté », car dans cette
considération, il n'apparaît pas que c'est nous qui le jetons ; il y est,
nous l'observons. Ce pont, c'est la sensation, ou plutôt ce que
M. Grote appelle constamment, et fort heureusement semble-t-il,
communication matérielle ou corporelle. Action physique entre l'o
rganisme visuel et les vibrations lumineuses, entre l'organe auditif
et les ondulations sonores, en un mot, entre les diverses portions
de matière qui ne sont pas nous et une portion spéciale, appelée
notre corps, voilà cette communication ; voilà ce qui est du domaine
du phénoménisme et que le physiologue peut étudier et poursuivre MÉLANGES ET DOCUMENTS 384
dans toutes ses modifications. C'est à cette communication que nous
assistons par la sensa

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