La planification sociale - article ; n°2 ; vol.17, pg 229-263
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Description

Revue économique - Année 1966 - Volume 17 - Numéro 2 - Pages 229-263
35 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1966
Nombre de lectures 11
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Monsieur André Garcia
La planification sociale
In: Revue économique. Volume 17, n°2, 1966. pp. 229-263.
Citer ce document / Cite this document :
Garcia André. La planification sociale. In: Revue économique. Volume 17, n°2, 1966. pp. 229-263.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/reco_0035-2764_1966_num_17_2_4077012.11
LA PLANIFICATION SOCIALE
La planification économique est devenue dans de nombreux pays
un moyen de croissance et une forme d'action gouvernementale dont
la valeur peut difficilement être contestée sans arrière-pensée doct
rinale. L'origine de cette technique et son succès sont liés à l'inte
rvention croissante de l'Etat, mais aussi à la nécessité de coordonner
les décisions et comportements économiques, sous peine de les voir
perdre leur efficacité.
Il s'agit cependant d'une technique sans finalité propre. Un plan
trouve sa pleine justification dans les périodes difficiles et d'effort
intensif (reconstruction, réarmement). Mais dès que l'on sort des
préoccupations immédiates, dès lors que les plans à moyen terme
peuvent se succéder sans à-coups excessifs, il se pose un problème
d'ensemble : où mène la croissance ? la planification pour quoi faire ?
La programmation économique tend alors à se nuancer de préoccu
pations sociales ou du moins qualitatives pour lesquelles on ne dis
pose encore d'aucun cadre d'analyse cohérente.
Certes il existe par ailleurs une politique sociale susceptible de
s'intégrer dans la planification. Comme en matière économique, la
puissance publique a multiplié ses interventions d'ordre réglementaire
ou financier dans les divers domaines de l'activité sociale. Mais il
s'agit là d'une collection d'initiatives dispersées, sans objectifs syn
thétiques, sans contrôle de cohérence interne ou externe. D'un sec
teur à l'autre (santé, enseignement, urbanisme, culture, relations de
travail...), les conceptions varient sur les techniques mises en œuvre
et même sur la philosophie qui les anime. D'ailleurs de telles inter
ventions, le plus souvent curatives, parfois préventives, reposent sur
une conception pathologique de la vie sociale alors que paraît indi
spensable un effort créateur de développement coordonné.
Pourrait-on appliquer au social les méthodes de la
planification économique ou du moins le souci qui la caractérise de
la cohérence et de l'optimum ? En quoi consisterait une planification
sociale ? Serait-elle, dans la société française, possible ? souhaitable ?
opportune ? 230 REVUE ECONOMIQUE
I. LES ASPECTS SOCIAUX DE LA PLANIFICATION FRANÇAISE
Considérons ce qui existe dans notre pays : certes la planification
française n'est pas à proprement parler une planification sociale et
les préoccupations qualitatives ne se sont manifestées réellement que
dans le IVe plan. Malgré l'introduction de la politique des revenus,
le Ve plan n'a pas non plus pour ambition de coordonner l'évolution
de la société française dans tous ses aspects. Cependant, les réper
cussions sociales d'une planification économique à la française sont
telles qu'il n'est plus possible de les ignorer et d'aborder les pro
blèmes du bien-être collectif ou des revenus, de l'équipement scolaire
ou de l'aide aux vieillards, des migrations rurales ou de la promotion
sociale, sans se référer à l'équilibre d'ensemble et aux diverses options
de développement.
Il existe de ce fait une planification sociale implicite dont les
lacunes peuvent conduire à proposer des formules plus cohérentes.
A) Les incidences sociales des choix économiques
de la planification française
L'existence même d'un plan destiné à ordonner la croissance, les
choix qu'il opère en matière de production, de revenus et de consom
mation ont des incidences considérables sur la vie sociale du pays.
i. LE PLAN, MECANISME DE CROISSANCE HARMONISEE
Le plan est un des moyens privilégiés dont dispose la puissance
publique pour organiser le développement économique, c'est-à-dire
pour accroître le volume des biens et services disponibles et pour
éviter en même temps les à-coups générateurs de difficultés d'ordre
social.
Les études préparatoires du plan de développement permettent
d'obtenir des taux de croissance élevés de la production nationale.
En établissant des esquisses de cohérence, les comptables nationaux
diminuent les risques de doubles emplois et favorisent l'utilisation
optimale des ressources nationales. Laissée à elle-même, l'économie
française ne pourrait sans doute pas atteindre les taux de croissance
qu'elle a connus ces dernières années. Le plan est donc un instru- LA PLANIFICATION SOCIALE 231
ment essentiel de l'élévation du niveau de vie. Il n'est pas utile d'in
sister sur l'importance sociale de ce facteur dans une civilisation qui
a franchement opté, depuis le milieu du xvme siècle, pour l'amélio
ration des conditions matérielles d'existence.
Ce qui importe aussi, c'est que cette croissance soit harmonisée.
Dans certains pays, l'importance de la demande ou le rythme des
investissements librement choisis suffisent à créer des taux de pro
gression élevés. Le plan a l'avantage supplémentaire de constituer un
facteur de régulation : grâce aux prévisions des comptables natio
naux, il permet de déceler les tensions ou crises qui résulteraient de
l'adoption de telle ou telle politique.
« Substitut du marché dans tous les cas où celui-ci est irréali
sable, défaillant ou dépassé » ou bien « réducteur d'incertitude, entrer-
prise de risque calculé » ou même simple « cadre de références pour
l'action », le plan français permet de diminuer l'ampleur et la fr
équence des accidents économiques dont sont toujours victimes les
catégories les plus défavorisées de la société. Il atténue ainsi les
inconvénients du système libéral en contribuant à instaurer, dans la
vie économique, l'élément de sécurité qui a longtemps été, avant même
le bien-être, l'exigence essentielle du travailleur.
En résumé, en dehors même de ce qu'elle implique dans le domaine
idéologique, l'institution d'une planification économique permet d'as
surer dans de meilleures conditions deux exigences essentielles du
développement social : la prospérité et la sécurité.
Mais le plan n'est pas un mécanisme de régulation neutre : il est
un instrument au service des fins que se propose la collectivité natio
nale. La philosophie sociale des choix opérés par le planificateur peut
se marquer dans deux domaines :
— les moyens de parvenir à la satisfaction des besoins : production
et revenus ;
— les types de besoins reconnus comme essentiels : structure de la
demande finale.
2. PRODUCTION ET REVENUS
a) La production.
Le choix du taux de progression reconnu souhaitable, les orien
tations de la production, traduisent des options sur le genre de vie,
les structures sociales, les finalités du développement. REVUE ECONOMIQUE 232
— Le choix du taux d'expansion commande tous les autres. C'est
sans doute le chiffre qui résume le mieux les doctrines en présence.
Un taux de progression très élevé implique des tensions très fortes
sur l'économie qui apparaissent évidentes dans le domaine du travail
(effet sur le volume nécessaire de population active et sur la durée
du travail) comme dans le domaine de la consommation (nécessité
d'un taux d'investissement élevé, donc d'une épargne s'accroissant
plus vite que la consommation). C'est à un véritable choix de genre
de vie que procède le gouvernement lorsqu'il se prononce pour un
taux de progression.
Pour le IVe plan, trois esquisses avaient été proposées au gouver
nement : un taux moyen de 4,5 % correspondant à une simple extra
polation de l'évolution passée, une variante faible à 3,3 % représen
tant le taux le plus couramment observé dans les économies des pays
occidentaux ; enfin, une variante forte à 5,8 % qui semblait à la
limite des possibilités de l'économie française. C'est un taux de 5,5 %
qui a été

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