La population albanaise de Yougoslavie : accroissement numérique et répartition spatiale - article ; n°1 ; vol.38, pg 166-173
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La population albanaise de Yougoslavie : accroissement numérique et répartition spatiale - article ; n°1 ; vol.38, pg 166-173

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Description

Population - Année 1983 - Volume 38 - Numéro 1 - Pages 166-173
8 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1983
Nombre de lectures 19
Langue Français

Extrait

Hivzi Islami
La population albanaise de Yougoslavie : accroissement
numérique et répartition spatiale
In: Population, 38e année, n°1, 1983 pp. 166-173.
Citer ce document / Cite this document :
Islami Hivzi. La population albanaise de Yougoslavie : accroissement numérique et répartition spatiale. In: Population, 38e
année, n°1, 1983 pp. 166-173.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/pop_0032-4663_1983_num_38_1_17734166 NOTES ET DOCUMENTS
LA POPULATION ALBANAISE DE YOUGOSLAVIE :
ACCROISSEMENT NUMÉRIQUE ET RÉPARTITION SPATIALE
Le peuple albanais, dont la croissance démographique est la plus rapide
d'Europe et l'une des plus rapides du monde, dépasse aujourd'hui six millions
de personnes. Sa dispersion géographique est considérable : en dehors de leur
patrie, les Albanais vivent en grand nombre en Yougoslavie; il s'en trouve
aussi en Turquie, en Grèce, en Italie, en Bulgarie, en Syrie, en Europe
occidentale, en Amérique du nord et dans d'autres parties du monde. Ce sont
des raisons d'ordre économique, politique et religieux qui, depuis le xiv« siècle,
ont provoqué cette dispersion (1). On examinera ici l'évolution numér
ique et la répartition spatiale de la population albanaise de Yougoslavie
ainsi que son émigration de ce pays.
Il est difficile d'apprécier le nombre des Albanais avant la seconde guerre
mondiale, tant du fait des méthodes de recensement (on n'enregistrait pas
la nationalité des personnes, mais leur langue maternelle) que du fait du
contexte politique de l'époque. Le recensement de 1921 dénombre en Youg
oslavie 441740 albanophones, dont 280 440 en Kosově et 136 752 en
Macédoine (2), valeurs suspectes de sous-estimation (3).
Les autorités du Royaume de Yougoslavie ont mis en œuvre, entre les
deux guerres mondiales, une politique unitariste visant en particulier les
Albanais : il s'agissait d'une part de minimiser leur importance réelle (une
partie d'entre eux n'auraient été que des Serbes albanisés), d'autre part de
réduire leur nombre et de rompre l'unité de leur implantation spatiale en
recherchant soit l'assimilation, soit l'émigration forcée (vers la Turquie,
accessoirement vers l'Albanie). Diverses mesures drastiques d'ordre écono
mique, social et politique furent prises à cet effet, n'excluant pas la violence
policière et l'extermination. C'est dans ce contexte que s'inscrivent la réforme
agraire et la colonisation, dont le but était de « serbiser la Kosově » (4) en y
implantant des colons serbes et monténégrins.
(!) H. Islami, « Shtrirja, migrimi dhe numri i shqiptarëve ne bote» (Répart
ition, migrations et nombre des Albanais dans le monde), Përparimi, 3, 1979,
351-365; «La diaspora d'un peuple méditerranéen: le cas des Albanais», Peuples
méditerranéens, 15, 1981, 73-84.
(2) Prethodni rezultati Popisa stanovništva и Kraljevini Srba, Hrvata i Slo-
venaca 31 januara 1921 (Résultats préliminaires du Recensement de la population
du Royaume des Serbes, Croates et Slovènes du 31 janvier 1921), Državna
štamparija, Sarajevo, 1924, 3-24.
<3> M.M. Selišcev, Slavianskoe naselenie v Albánii (Le peuplement slave en
Albanie), Sofia, 1931, p. 5.
<4> M. Obradovič, Agrarna reforma i kolonizacija na Kosovu (1918-1941)
(La réforme agraire et la colonisation au Kosově, 1918-1941), Institut za Istoriju
Kosova, Pristina, 1981, p. 5. Voir aussi H. Hoxha, « Elemente të presionit
ekonomik ndaj shqiptarëve ne Jugosllavinë e vjetër » (Eléments de pression éco
nomique à rencontre des Albanais dans l'ancienne Yougoslavie), Përparimi, 4, 1970;
« Politika e eliminimit të shqiptarëve nga trualli i Jugosllavisë se vjetër » (La NOTES ET DOCUMENTS 168
Tableau 1. — Nombre et part des Albanais dans la population des
républiques et provinces autonomes d'apres les recensements de
l'après-guerre
1953 1961 1971 1981 194í
914 733 1 309 523 6,4 1 731 252 7,7 Yougoslavie 750431 4,8 754 245 4,5 4,9
3 764 0,1 4 394 0,1 Bosnie-Herz. 755 0,0 1578 0,1 3 642 0,1
35 674 6,7 37 735 Monténégro 19 425 5,2 23 460 5,6 25 803 5,5 6,5
Croatie 635 0,0 1 001 0,0 2 126 0,1 4 177 0,1 6 006 0,1
197 389 17,1 162 524 12,4 183 108 13,0 279 871 17,0 377 726 19,7 Macédoine
282 0,0 1 281 0,1 1981 0,1 Slovénie 216 0,0 169 0,0
51 173 1,1 65 507 1,2 72 484 1,2 Serbie 33 289 0,8 39 989 0,9
3 086 0,2 3 812 0,1 Voivodine 480 0,0 965 0,1 1994 0,1
916 167 73,7 1 227 424 Kosově 498 242 68,5 524 559 64,9 646 605 67,2 77,5
négro et 1 % dans le reste du pays. La concentration des Albanais dans la
Kosově, où ils sont majoritaires, et leur participation à la lutte de libération
nationale et à la révolution socialiste aux côtés des autres peuples et natio
nalités de Yougoslavie, sont les raisons fondamentales de l'accession de cette
province à l'autonomie après la guerre.
Les recensements de l'après-guerre (5) attestent tous un accroissement du
nombre des Albanais, qui a été de 395 000 entre 1961 et 1971 et de 422 000
entre 1971 et 1981. A cette dernière date, la part des Albanais dans la
population de la Yougoslavie (7,7 % ) dépasse celle des Macédoniens (6,0 % )
et celle des Monténégrins (2,6 %). Cette part n'a diminué que pendant la
période intercensitaire 1948-1953, où la population albanaise n'a progressé
que de façon insignifiante : 3 814 personnes (0,5 %), alors qu'elle a augmenté
de 21,3 % de 1953 à 1961, de 43,2 % de 1961 à 1971 et de 32,2 % de 1971
à 1981. L'indice d'accroissement des Albanais a été supérieur à celui de
toutes les autres nationalités, à l'exception des Turcs et des Macédoniens
(1948-1961) et des Musulmans (1961-1971) (tableau 1).
On ne peut expliquer la très faible croissance de la population albanaise
entre 1948 et 1953 (et sa diminution, dans le cas de la Macédoine) qu'en se
référant à l'évolution de la population turque, car à cette époque de nom
breux Albanais se sont déclarés Turcs afin de pouvoir émigrer en Turquie.
Le recensement de 1948 dénombrait en Yougoslavie 97 954 Turcs (0,6 % de
la population totale); celui de 1953 en trouve 259 535 (1,5 %), puis on tombe
à 182 964 (1%) en 1961, 127 920 (0,6 %) en 1971 et 101 263 (0,5 %) en
1981 <e>.
<5) Popis stanovništva i stanova 1971. Nacionalni sastav stanovniïtva po
opítinama (Recensement de la population et des logements de 1971. Composition
nationale de la population par commune), Bulletin statistique 111 de l'Institut
fédéral de statistique, Belgrade, 1972, pp. 7-11; même intitulé pour le recensement
de 1981 : Bulletin statistique 1278, Belgrade, 1982, pp. 8-26. NOTES ET DOCUMENTS 167
Limites de la Yougoslavie et de ses républiques fédérales
Limites des provinces
autonomes socialistes
Nombre de communes En %
1 I 1 T 463L_Jo,6 S 5,0
5,1 â 20,0
[ЕШгол а 40,0
ALBANIE ЫЯМ SKOPJE/. =^40,i a 60,0
60,1 à 80,0
80,1 et plus
Carte 1. — Proportion d'Albanais dans les communes de Yougoslavie
selon le recensement de 1971.
Après la seconde guerre mondiale, afin de résoudre la question des natio
nalités, la Yougoslavie nouvelle s'est efforcée de saisir dans les recensements
la composition nationale réelle de la population. Les formulaires de chaque
recensement comportent une question sur la nationalité, de telle sorte qu'on
peut estimer l'effectif de chacune de façon assez sûre, à certaines exceptions
près. La majorité des Albanais de Yougoslavie (71,0 % en 1981) habitent
la Kosově; 21,8 % vivent en Macédoine, 4,1 % en Serbie, 2,1 % au Monté-
politique d'élimination des Albanais de leurs foyers dans l'ancienne Yougoslavie),
Përparîmi, 5, 1970; P. Joviěevič, Politická situacija i rad Partijske organizacije na
Kosovu i Metohiji před rat 1941 godine » (Situation politique et activité de
l'organisation du Parti en Kosovo-Metohija avant la guerre de 1941), Zbornik
Ustanak národa Jugoslavije 1941, Livre II, Belgrade, 1963, p. 204; M. Eric,
Agrarna reforma и Jugoslaviji 1918-1941 (La réforme agraire en Yougoslavie de
1918 à 1941), Sarajevo, 1958; D. Krstic", Kolonizacija и Južnoj Srbiji (La colo
nisation en Serbie du sud), Sarajevo, 1928; A. Hadri, « Požita dhe gjendja e
Kosovës ne mbretërinë e Jugosllavisë 1918-1941 » (Situation de la Kosově dans
le Royaume de Yougoslavie, 1918-1941), Gjurmime albanologjike, 2, 1968. NOTES ET DOCUMENTS 169
La raison principale de ces oscillations tient au fait que se déclarer

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