La présentation des objets de cultures vivantes : le cas du Musée national du Mali - article ; n°1 ; vol.69, pg 29-52
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La présentation des objets de cultures vivantes : le cas du Musée national du Mali - article ; n°1 ; vol.69, pg 29-52

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Description

Journal des africanistes - Année 1999 - Volume 69 - Numéro 1 - Pages 29-52
L'auteur, faisant part de sa propre expérience au Musée national du Mali, présente les traits particuliers que peut prendre le travail muséographique lorsqu'il s'applique à des objets intervenant dans des rituels et qui sont marqués par des interdits chez ceux-là mêmes devant qui ils sont exposés.
The author, drawing upon his own experience at the National Museum in Mali, discusses the particular form museum work may take when applied to ritual objects characterised by prohibitions directed at the very people before whom these objects are exhibited.
24 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1999
Nombre de lectures 26
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Salia Malé
La présentation des objets de cultures vivantes : le cas du
Musée national du Mali
In: Journal des africanistes. 1999, tome 69 fascicule 1. pp. 29-52.
Résumé
L'auteur, faisant part de sa propre expérience au Musée national du Mali, présente les traits particuliers que peut prendre le
travail muséographique lorsqu'il s'applique à des objets intervenant dans des rituels et qui sont marqués par des interdits chez
ceux-là mêmes devant qui ils sont exposés.
Abstract
The author, drawing upon his own experience at the National Museum in Mali, discusses the particular form museum work may
take when applied to ritual objects characterised by prohibitions directed at the very people before whom these objects are
exhibited.
Citer ce document / Cite this document :
Malé Salia. La présentation des objets de cultures vivantes : le cas du Musée national du Mali. In: Journal des africanistes.
1999, tome 69 fascicule 1. pp. 29-52.
doi : 10.3406/jafr.1999.1185
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/jafr_0399-0346_1999_num_69_1_1185MALE*
Salia
La présentation des objets de cultures
vivantes :
le cas du Musée national du Mali
Résumé
L'auteur, faisant part de sa propre expérience au Musée national du Mali, présente les
traits particuliers que peut prendre le travail muséographique lorsqu'il s'applique à des objets
intervenant dans des rituels et qui sont marqués par des interdits chez ceux-là mêmes devant
qui ils sont exposés.
Mots-clefs
Initiation, culte du jo, Bamanan, Mali, muséographie
Abstract
The author, drawing upon his own experience at the National Museum in Mali, discusses
the particular form museum work may take when applied to ritual objects characterised by
prohibitions directed at the very people before whom these objects are exhibited.
Keywords
Initiation, jo cult, Bamanan, Mali, museum work
Directeur adjoint du Musée national du Mali, BP 159, Bamako, Mali.
Journal des Africanistes 69 (1) 1999 : 29-52 30 Salia Malé
HISTORIQUE DU MUSEE NATIONAL DU MALI
L'histoire du Musée national du Mali, comme celle de la plupart des
musées nationaux d'aujourd'hui dans les pays anciennement colonisés par la
France, remonte à l'époque coloniale. Elle est intimement liée à celle de
l'Institut français d'Afrique noire (IFAN). Créé en 1936 à Dakar, l'IFAN avait
pour vocation le développement de la recherche dans les territoires colonisés.
La nécessité de promouvoir la recherche sur l'ensemble de l'AOF avait
conduit les autorités françaises à créer des sections locales de l'IFAN dont
celle du Soudan en 1951. C'est cette section, dont la responsabilité fut confiée
à Georges Szumowski, archéologue d'origine polonaise, qui fut à l'origine du
musée que l'on a appelé «Musée soudanais de l'IFAN». Le Musée fut
inauguré le 14 février 1953 avec une exposition présentée dans le hall de
l'École des travaux publics, actuellement École nationale d'ingénieurs (ENI).
En 1957, le Musée déménagea dans ses propres locaux, au pied de la colline
du Point G, à Bamako. À l'indépendance, le musée devint Musée national
du Mali. Dans le contexte politique de l'époque, il devait jouer un rôle
important dans la réhabilitation de la culture et le renforcement de l'unité
nationale.
Cependant, les difficultés de fonctionnement, dues à l'absence de
personnel qualifié et à la faiblesse des moyens financiers, n'ont pas permis
à l'institution de se développer pour accomplir pleinement ses nouvelles
missions. Au contraire, la situation s'est considérablement dégradée. Les
collections se sont détériorées : de nombreux objets ont été détruits par les
termites, d'autres ont disparu à la suite de vols. On estime que, de
15 000 pièces en 1964, le musée n'en possédait plus que 1 500 en 1975, date
à laquelle il a été privé de ses locaux au profit de l'Institut de productivité
et de gestion prévisionnelle (IPGP). Les collections furent dispersées entre
l'Institut national des arts, une villa à Korofina et un dortoir de l'École
nationale d'ingénieurs.
Devant la dégradation de la situation, des journées d'étude sur les
musées au Mali furent organisées en mai 1976 à l'initiative de M. Alpha
Oumar Konaré, alors chef de la Division du patrimoine historique et
ethnographique1, afin de définir les axes d'une politique muséale répondant
efficacement aux besoins de préservation et de promotion du patrimoine du
pays. Ces journées firent prendre conscience aux autorités de l'impérieuse
nécessité de doter le Musée national de locaux adaptés. C'est dans ce contexte
1 Rappelons que Alpha Oumar Konaré a été président du Conseil international des musées
(ICOM) et qu'il est aujourd'hui président de la République du Mali.
Journal des Africanistes 69 (1) 1999 : 29-52 La présentation des objets de cultures vivantes 3 1
que, à l'occasion de la visite au Mali en 1977 de M. Valéry Giscard d'Estaing,
alors président de la République française, la France accorda au Mali une
subvention pour la construction d'un complexe moderne pour le Musée
national. Les travaux débutèrent en 1980 et, le 14 mai 1981, les clés du
nouveau bâtiment furent remises aux autorités maliennes. Le 8 mars 1982,
l'exposition inaugurale fut ouverte au public. Avec la construction de ce
nouveau complexe, une page importante venait d'être tournée dans l'histoire
du Musée national. L'institution était désormais dotée de structures lui
permettant de jouer un rôle plus efficace dans le développement culturel du
pays. Il restait néanmoins à définir les programmes, à recruter et à former le
personnel afin de créer les conditions d'un réel de l'institution.
Aujourd'hui, les activités du Musée national sont diversifiés et couvrent
l'ensemble des champs de la pratique muséographique.
L'ENRICHISSEMENT DES COLLECTIONS ET
LA COLLECTE DES DONNÉES
Les collections du musée sont estimées aujourd'hui à 6 000 pièces,
comprenant pour l'essentiel des objets ethnographiques et archéologiques.
L'examen des collections ethnographiques à l'ouverture du musée révélait
d'importantes disparités tant du point de vue régional que thématique.
Celles-ci étaient constituées pour l'essentiel de statues et de masques à
caractère religieux, provenant dans leur majorité des groupes ethniques
bamanan, dogon, senufo et bwa. Les autres groupes ethniques ne produisant
pas traditionnellement de statues ni de masques, étaient très peu représentés.
De plus, l'extrême pauvreté de la documentation sur les pièces rendait difficile
l'exploitation d'une quantité importante de pièces pour les expositions ou
pour la recherche scientifique. Le plus souvent, seule l'origine ethnique de
la pièce était signalée, avec une indication sommaire de la fonction. Il était
donc nécessaire de définir une politique d'enrichissement des collections
destinée à combler les lacunes constatées, mais aussi à enrichir la document
ation sur les objets.
Aujourd'hui, le musée développe une stratégie d'acquisition qui privi
légie autant l'information que l'objet, celui-ci étant considéré comme un
témoignage matériel de la culture. Les collections se font au cours de missions
de terrain destinées à documenter des phénomènes culturels déterminés, avec
constitution d'une collection témoin. Au cours des dix dernières années, le
musée a réalisé des missions d'étude et de collecte sur le tissage, la céramique
et le patrimoine musical qui lui ont permis de constituer une importante
collection de textiles, de céramiques et d'instruments de musique. Étant donné
Journal des Africanistes 69 (1) 1999 : 29-52 32 Salia Malé
le caractère vivant des cultures traditionnelles, le musée s'implique dans la
préservation et la revitalisation du patrimoine immatériel. Des missions dites
« missions audiovisuelles » sont organisées pour étudier, photographier, filmer
ou enregistrer les manifestations traditionnelles et les savoir-faire. Le Musée
national dis

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