La question des races en psychologie - article ; n°1 ; vol.13, pg 292-307
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Description

L'année psychologique - Année 1906 - Volume 13 - Numéro 1 - Pages 292-307
16 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1906
Nombre de lectures 39
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

J. Deniker
La question des races en psychologie
In: L'année psychologique. 1906 vol. 13. pp. 292-307.
Citer ce document / Cite this document :
Deniker J. La question des races en psychologie. In: L'année psychologique. 1906 vol. 13. pp. 292-307.
doi : 10.3406/psy.1906.1302
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_1906_num_13_1_1302- _ .y ™; ' •
XVIII
LA QUESTION DE RACES EN PSYCHOLOGIE
L'influence du physique sur le moral, du corps sur l'âme,
comme on dit vulgairement, est admise par tout le monde et
depuis la plus haute antiquité. On sent qu'il doit y avoir un
rapport entre telle ou telle structure ou état corporel et telle
ou telle autre mentalité ou état d'âme. Et cependant la ques
tion n'a jamais été examinée dans toute son ampleur. Si l'on a
des observations nombreuses des modifications dans le carac
tère, dans l'intelligence, etc., sous l'influence des différents
états physiologiques ou pathologiques produits par
agents, il n'y a encore aucune vue d'ensemble, aucune indica
tion précise, aucune loi ou règle sur l'influence de la structure
du corps sur les phénomènes psychiques.
Quant à l'influence de la structure primordiale du corps,
morphologique ou histologique, préexistante aux variations
physiologiques et aux modifications évolutionnelles, en un
mot de l'influence sur la vie psychique de ce que nous appe
lons la « race », la question est à peine effleurée sérieuse
ment.
On a noirci, il est vrai, des monceaux de papier pour dis
cuter les aptitudes psychiques des différentes races et même
pour établir une échelle de leur valeur morale, mais tout cela
était fait sans aucune base scientifique et, si quelques considé
rations a priori paraissent dignes d'examen, combien d'autres
ne sont qu'un jeu d'esprit, quand ce n'est pas de la rhéto
rique pure.
Pour discuter utilement la question il faudrait s'entendre
sur le mot « race » et établir nettement l'existence et le
nombre de ces races. Ce n'est qu'alors, en étudiant telle ou
telle particularité psychique dans chacune de ces races, qu'on
verrait si la race exerce ou non une influence sur celle-ci.
Ensuite on passerait à une autre particularité et, après en
avoir examiné ainsi un grand nombre on arriverait à une vue DENIKER. — LA QUESTION DE RAGES EN PSYCHOLOGIE 293 J.
d'ensemble sur le « caractère psychique » de chaque race et on
aurait le tableau comparatif de ces caractères.
La tâche, comme on le voit, est assez difficile et exige la
collaboration de nombreux psychologues avec de non moins
nombreux anthropologistes, ethnographes et sociologues.
La première chose à faire, c'est de délimiter, ne serait-ce
que provisoirement, quitte à rectifier plus tard, le nombre de
races humaines et leurs caractères. Il va de soi que je consi
dère ici le mot « race » dans son sens anthropologique, c'est-à-
dire comme un groupement d'individus semblables supposés
issus de parents communs. Je dis supposés car, en effet, si la
notion de « race » (ou d'espèce) exige la constatation de
caractères morphologiques (ressemblances) et des caractères
physiologiques (descendance commune), il n'est un secret pour
personne qu'en anthropologie, comme en zoologie et en paléont
ologie, on est forcé de se limiter presque exclusivement
aux caractères morphologiques pour établir des différences
spécifiques ou raciales.
En somme, pour le moment, la différenciation des races ne
peut se baser que sur la différence ou la ressemblance des
caractères somatologiques.
On comprendra de suite que les différences entre les nom
breux groupes ethniques (qu'on les appelle « peuplades »,
« tribus », « hordes », « peuples », « nations ») établis d'après
la similitude des caractères linguistiques ou sociologiques ne
peuvent pas nous guider dans cet examen. Il faut se pénétrer
de cette idée que la « race » et le « groupe ethnique » sont
deux conceptions bien différentes.
Ordinairement un groupe ethnique se compose de plusieurs
races, plus ou moins mélangées entre elles. D'autre part la
même race peut rentrer, à doses diverses, dans la composit
ion de deux, trois, ou un plus grand nombre de groupes
ethniques. Il s'ensuit que si l'on veut déterminer le caractère
psychique d'un groupe ethnique donné, il faut prendre en con
sidération non seulement l'idiome dont il se sert, non seul
ement les conditions économiques et sociales, non seulement
les conditions géographiques et historiques au milieu des
l'es-'
quelles il s'est développé dans le temps et se meut dans
mais encore sa composition sociale. Si l'on parvient à pace,
discerner la part due à chacune des races composant même
un petit nombre de groupes ethniques, la question de races
augmentera considérablement d'intérêt; dans le cas contraire, 294 MÉMOIRES ORIGINAUX
elle n'aura qu'une importance secondaire tout en offrant
encore de l'intérêt à différents points de vue.
Les caractères de race ont une persistance remarquable,
malgré les mélanges sans nombre, malgré toutes sortes de
modifications dues à la civilisation, aux changements de langue
ou de religion. Ce qui varie, c'est la proportion numérique de
représentants de chacune des races dont se compose le groupe
ethnique, et cela tient souvent à des circonstances fortuites :
extermination ou permutation de certaines classes de la société
formées en majorité par telle ou telle race; plus ou moins de
fécondité de telle ou telle race composante, suivant l'état éc
onomique ou social du groupe ethnique, et aussi suivant les
idées morales ou religieuses réglementant la procréation des
enfants, leur suppression, etc.
Il y a près d'un siècle Cuvier, et à sa suite, d'autres natu
ralistes, ont adopté la division de l'humanité en trois races :
blanche, noire et jaune. Cette classification a eu du succès,
d'abord parce qu'elle cadrait bien avec la Bible, ensuite parce
qu'elle était très facile à retenir. On l'enseigne encore aujour
d'hui dans beaucoup d'écoles.
Cependant, à mesure que l'on connaissait mieux les diff
érentes populations du globe, il n'était pas difficile à s'aperce
voir que cette classification est par trop simple et rudimen-
taire. Ainsi, dans la seconde moitié du siècle passé, Geoffroy
Saint-Hilaire, puis Huxley et Topinard ont élevé le nombre
de races à 4, 5 et 16 respectivement.
D'ailleurs, même les auteurs qui ont maintenu jusqu'à ces
derniers temps la division en trois races avouent qu'ils s'en
servent faute de mieux. Ainsi de Quatrefages * dit que les
noms de ces races « sont consacrés par l'usage et qu'il serait
fort difficile, dans l'état... actuel de nos connaissances, de
remplacer par des termes présentant un sens plus précis et
plus vrai ». D'après le même savant « il a y des Blancs aussi
noirs que n'importe quels Nègres »; et l'on sait que les
Bochimans et les Hottentots sont classés parmi les Nègres par
les « triadistes », quoiqu'ils soient jaunes. On pourrait multi
plier les exemples.
Il y a là plus qu'incorrection des termes reposant sur des
idées supposées justes; il y a là une preuve qu'on a voulu
englober en un seul tout les choses disparates : quoi d'étonnant
i. Les races humaines, Paris, p. 298. */*\.rr>î~
— LA QUESTION DE RACES EN PSYCHOLOGIE 295 J. DENIKER.
que le terme désignant cet ensemble, devint faux? D'ailleurs
on ne peut caractériser une race par une seule particularité,
par exemple dans le cas présent, par la couleur de la peau.
C'est bon tout au plus pour dresser un tableau dichotomique,
tout artificiel, pour déterminer la race, comme on l'a fait pour
déterminer une plante d'après la clef dichotomique d'une flore.
Pour bien préciser les races il faut donner un ensemble de
caractères qui les différencie les unes des autres.
Je me propose dans cette note, répondant à l'aimable
invitation de M. Binet, toujours à la recherche de sources
nouvelles d'informations, de présenter aux psychologues l'état
actuel de nos connaissances sur les races humaines.
Je dois donc leur donner

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