La quête mystique de Vladislav Xodasevič : essai d interprétation de l œuvre du dernier symboliste russe  ; n°3 ; vol.71, pg 763-774
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La quête mystique de Vladislav Xodasevič : essai d'interprétation de l'œuvre du dernier symboliste russe ; n°3 ; vol.71, pg 763-774

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Revue des études slaves - Année 1999 - Volume 71 - Numéro 3 - Pages 763-774
The mystic quest of Vladislav Khodasevich : an approach to the poetry of the last Russian SymbolistThe poetry of Vladislav Xodasevič (1886-1939) has now regained the place it deserves; however the significance of this work when seen in its full chronological development raises interesting questions. We think the main thread of his poetry is a truly mystic quest, which accounts for its complexity, its contradictions and its irregular dynamics up to the silence of his last ten years. We have studied the successive stages of Xodasevič's poetic career, starting from a corpus of early poems (1904-1906), unpublished until 1989, which shows how deeply his yearning for transcendence — for a return to the native world of the soul — was linked to a radical rejection of this world. The failure of the initial phase of his quest gives a better understanding of the decadent character of his first book of verse, Molodosť (1908), whereas the main theme of the second, Sčastlivyj domik (1914) is an attempt at serene acceptance. However, in Putëm žerna (1920), the culminating point of his search, he finds his way to a spiritual reawakening, and even though he does not attain the direct revelation of God he had so ardently longed for at the beginning of his quest, he reaches moments of luminous plenitude when reality seems to be transfigured by reflections of eternity. But his very negative outlook on this world can be felt again in Tjaželaja lira (1922), and finally in Evropejskaja noc' (1921) — composed during the emigration — , it leads him to an inescapable feeling of imprisonment in a degraded world. In spite of its singularity (classicism in cultural references and style, ironic distancing and an acute vision of prosaic reality), the work of Xodasevič because it is inseparable from a conception of poetry that unites the search for transcendence with poetic inspiration, appears to us as fundamentally belonging to the mystical idealism of Russian Symbolism
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Publié le 01 janvier 1999
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Langue Français
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Monsieur Emmanuel Demadre
La quête mystique de Vladislav Xodasevič : essai
d'interprétation de l'œuvre du dernier symboliste russe
In: Revue des études slaves, Tome 71, fascicule 3-4, 1999. pp. 763-774.
Abstract
The mystic quest of Vladislav Khodasevich : an approach to the poetry of the last Russian Symbolist
The poetry of Vladislav Xodasevič (1886-1939) has now regained the place it deserves; however the significance of this work
when seen in its full chronological development raises interesting questions.
We think the main thread of his poetry is a truly mystic quest, which accounts for its complexity, its contradictions and its irregular
dynamics up to the silence of his last ten years. We have studied the successive stages of Xodasevič's poetic career, starting
from a corpus of early poems (1904-1906), unpublished until 1989, which shows how deeply his yearning for transcendence —
for a return to the native world of the soul — was linked to a radical rejection of this world.
The failure of the initial phase of his quest gives a better understanding of the decadent character of his first book of verse,
Molodosť (1908), whereas the main theme of the second, Sčastlivyj domik (1914) is an attempt at serene acceptance. However,
in Putëm žerna (1920), the culminating point of his search, he finds his way to a spiritual reawakening, and even though he does
not attain the direct revelation of God he had so ardently longed for at the beginning of his quest, he reaches moments of
luminous plenitude when reality seems to be transfigured by reflections of eternity. But his very negative outlook on this world can
be felt again in Tjaželaja lira (1922), and finally in Evropejskaja noc' (1921) — composed during the emigration — , it leads him to
an inescapable feeling of imprisonment in a degraded world.
In spite of its singularity (classicism in cultural references and style, ironic distancing and an acute vision of prosaic reality), the
work of Xodasevič because it is inseparable from a conception of poetry that unites the search for transcendence with poetic
inspiration, appears to us as fundamentally belonging to the mystical idealism of Russian Symbolism
Citer ce document / Cite this document :
Demadre Emmanuel. La quête mystique de Vladislav Xodasevič : essai d'interprétation de l'œuvre du dernier symboliste russe.
In: Revue des études slaves, Tome 71, fascicule 3-4, 1999. pp. 763-774.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/slave_0080-2557_1999_num_71_3_6637CHRONIQUE : THÈSES
LA QUÊTE MYSTIQUE
DE VLADISLAV XODASEVIČ
Essai d'interprétation de l'œuvre du dernier symboliste russe*
par Emmanuel DEMADRE
II nous est très vite apparu en découvrant l'œuvre poétique de Vladislav
Xodasevič qu'une inspiration d'ordre mystique, un ardent désir d'entrer en
contact avec ľ« autre réalité », était le moteur et la clef de toute cette œuvre,
dans ses élans, dans sa complexité et ses contradictions, mais aussi dans ses
retombées douloureuses, jusqu'au silence final, et que cette inspiration ne pou
vait être dissociée, même dans ses phases apparemment les moins « symbol
istes », des conceptions fondamentales du symbolisme russe.
Il est vrai que, si certains des articles qu'il a écrits durant l'émigration
célèbrent le souvenir des grands symbolistes russes qu'il avait connus — Blok,
Belyj, Sologub — , dans plusieurs autres il a formulé de vives critiques à l'en
droit du mode de vie symboliste, accréditant ainsi l'idée qu'il était non seule
ment, selon sa propre expression, « sorti du symbolisme », mais parfois même
qu'il était devenu hostile à ce mouvement.
C'est pourquoi, avant d'aborder l'œuvre elle-même, nous avons voulu
définir le regard, ou plutôt les regards, en apparence contradictoires, que Xodas
evič a portés sur le symbolisme.
Entré dans le milieu symboliste moscovite sous l'égide de Brjusov, puis
déçu par ce dernier, Xodasevič a dénoncé le culte du Moi et la philosophie
solipsistique des instants, prônés par Brjusov, et il a rappelé les conséquences
tragiques que la conception de la vie-œuvre d'art avait entraînées pour certains
des plus vulnérables parmi les adeptes du credo décadent.
Il distinguait d'ailleurs nettement symbolisme et décadentisme, ou, plus
exactement, l'élément « sain » et « pur » du symbolisme, et son élément
Thèse de doctorat sous la direction de Michel Aucouturier, soutenue le 25 juin
1999, à l'université de Paris - Sorbonně (membres du jury : Michel Aucouturier, Jean-Claude
Lanne, Véronique Lossky, Michel Niqueux, Nikita Strave), 2 vol., XIV-645 p., bibliogr.,
annexes.
Rev. Étud. slaves, Paris, LXXI/3, 1999, p. 763-774. 764 EMMANUEL DEMADRE
« malade », en établissant cette distinction sur un plan synchronique, et non sur
l'opposition traditionnelle des deux générations, car, selon lui, aucun des symb
olistes n'a totalement échappé aux effets pernicieux du « poison » décadent.
Mais, s'il a condamné le décadentisme, rien dans ses écrits de mémorialiste
ou de critique, ne permet de dire qu'il ait jamais renié ses racines symbolistes
sur un point essentiel : celui de la conception même de la poésie — comme de
toute forme d'art — , dont le but unique est resté pour lui la « transfiguration de
la réalité », qui permet au poète d'atteindre dans la création « le plus réel que le
réel ». Cela, il l'a répété à maintes reprises, mais sans allusion précise à sa
propre poésie, et parfois même en traitant d'un sujet à première vue assez éloi
gné du symbolisme, ce qui explique qu'il ait pu être mal compris. C'est dans le
préambule d'un article sur Nabokov à propos du célèbre Poèt de Puškin que,
deux ans avant sa mort, il affirmait encore : « Par nature, l'art est religieux, car,
sans être une prière, il est semblable à la prière, et il est l'expression du rapport
au monde et à Dieu. »
Cette phrase résonne comme le lointain écho d'une ébauche de préface où
le jeune Xodasevič disait vouloir publier ses « premières prières », et « voir la
Face de Dieu », texte resté inédit jusqu'à la publication en 1989 des œuvres
poétiques de Xodasevič dans la « Biblioteka poèta » ; dans cette édition il y
avait surtout un corpus presque entièrement inédit d'une cinquantaine de
poèmes composés durant les années 1904-1906, que nous avons étudiés en leur
donnant le titre ď« avant-Molodosť », car ils présentent l'intérêt d'un véritable
recueil, dont la thématique, pour la plus grande part existentielle ou mystique,
confirme ce que suggérait déjà l'enchaînement des cinq recueils publiés par la
suite — Molodosť (1908), Sčastlivyj domik (1914), Putëm žerna (1920),
Tjazëlaja lira (1922) et Evropejskaja noc' {1921).
Certes, si l'on se reporte à la production poétique contemporaine, les
thèmes et les images de ľ« avant-Molodosť » ne paraissent pas très originaux ;
pourtant certaines des potentialités du poète s'y affirment déjà, et surtout, en
confrontant ces poèmes à son œuvre ultérieure, on s'aperçoit qu'en profondeur
celle-ci y est déjà en germe.
Par-delà les résonances décadentes de la « tristesse crépusculaire » qui
domine une partie de ľ« avant-Molodosť », s'expriment en effet la mélancolie
fondamentale du tempérament de Xodasevič, son insatisfaction et son angoisse
existentielle, liées à son exigence d'absolu et à sa nostalgie de l'au-delà.
De même, son rapport au monde résolument négatif, le sentiment qu'il
éprouve d'être enfermé dans la prison terrestre, ne relèvent pas seulement des
tendances gnostiques courantes à cette époque dans le milieu symboliste ; ils
resteront des constantes de son œuvre, et il ne parviendra que pendant de brèves
périodes à surmonter totalement sa vision dualiste.
Quant à l'unité de ľ« avant-Molodosť », elle réside selon nous dans une
première quête mystique, dont on peut suivre le tracé en filigrane les
poèmes majeurs du corpus, même si ce tracé est irrégulier, les ténèbres succé
dant brusquement à la lumière, et les ascensions aux chutes, suivant un mouve
ment en ligne brisée qui porte également la marque du tempérament de
Xodasevič. LA QUÊTE MYSTIQUE DE VLADISLAV

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