La réception des œuvres et des idées de Diderot en Hongrie - article ; n°1 ; vol.4, pg 81-110
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Description

Recherches sur Diderot et sur l'Encyclopédie - Année 1988 - Volume 4 - Numéro 1 - Pages 81-110
30 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1988
Nombre de lectures 42
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Olga Penke
La réception des œuvres et des idées de Diderot en Hongrie
In: Recherches sur Diderot et sur l'Encyclopédie, numéro 4, 1988. pp. 81-110.
Citer ce document / Cite this document :
Penke Olga. La réception des œuvres et des idées de Diderot en Hongrie. In: Recherches sur Diderot et sur l'Encyclopédie,
numéro 4, 1988. pp. 81-110.
doi : 10.3406/rde.1988.949
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rde_0769-0886_1988_num_4_1_949Olga PENKE
La réception des œuvres
et des idées de Diderot
en Hongrie
été les troisième paraît œuvres Le L'accueil influencé être mouvement membre bien de plutôt profondément Voltaire plus du littéraire défavorable pâle grand et \ de et triumvirat Rousseau. social d'une des œuvres des manière des L'influence Lumières de spectaculaire Diderot hongroises de françaises, au Diderot, XVIIIe par a
siècle à l'étranger, ainsi qu'en Hongrie, est dû en grande partie au
fait que la plupart de ses ouvrages n'avaient pas été édités durant
sa vie. Ses écrits parus anonymement ou dans la Correspondance
littéraire, circulant en peu d'exemplaires, ne furent pas connus en
Hongrie, d'après nos recherches actuelles. Trois ouvrages import
ants de Diderot, de genres absolument différents ont trouvé un
écho en Hongrie au xviii6 siècle parmi ceux qui ont été imprimés
sous son propre nom, pendant sa vie : l'Encyclopédie, les Pensées
philosophiques et Le Père de famille.
Les idées de Diderot imprimées dans l'Encyclopédie ont in
fluencé toute la société hongroise contemporaine cultivée. Les
écrivains des Lumières hongroises en citent ou traduisent des
articles 2. Le comte Jôzsef Teleki est probablement le premier de
1. Ferenc Birô, « Voltaire et Rousseau en Hongrie à l'époque des Lu
mières », Lajos Hopp, « et Rousseau. L'apparition des Lumières en
Hongrie », Les Lumières en Hongrie, en Europe centrale et orientale, Budap
est [Bp.], 1981, p. 23-43. Nous résumons dans la première partie de cette
étude les résultats de nos recherches concernant la fortune littéraire et poli
tique des idées de Diderot au xvine siècle en Hongrie présentés en 1984,
lors de la réunion commémorant le 200e anniversaire de la mort du philo
sophe au Colloaue de Mâtrafured / Actes du sixième colloque de Mâtrafiired,
Bp., 1987, p. 265-274.
2. Borbâla Gesmey, Les débuts des études françaises en Hongrie (1789-
1830), Szeged, 1938, p. 178, 194, 207. Ferenc Kazinczy, Levelezése [Correspon
dance], Bp, 1905, XII, p. 480. 82 OLGA PENKE
nos penseurs éclairés qui ait connu les œuvres de Diderot. C'est
lui qui notait dans son journal écrit à Paris en 1761 que Diderot
fait valoir sa propre opinion dans la plupart des articles, en
influençant les collaborateurs. Ce penseur éclairé mais traditionnel
avait eu l'occasion de vivre en contact avec les Lumières françaises
et son ouvrage publié en français en 1761, l'Essai sur la faiblesse
des Esprits-forts retint entre autres, l'attention de Rousseau. Le
comte Teleki était hostile à l'athéisme et regretta l'influence de
Diderot sur les collaborateurs de l'Encyclopédie à cause de ses
convictions 3. De même il désapprouva les Pensées philosophiques.
Cette œuvre dont la structure correspond aux principaux thè
mes composant le centre de la polémique religieuse et philoso
phique de l'époque, fut l'objet d'une attention particulière de la
part des adversaires français de l'esprit nouveau, et cela pendant
quarante ans 4. Chez nous les partisans de l'apologétique catholique,
dans les réfutations écrites après 1789, critiquent vivement parmi
d'autres ouvrages des Lumières françaises celui de Diderot et le
rendent responsable de l'expansion de l'irréligion, du relâchement
de la morale et même de la Révolution. Leurs arguments ne tra
duisent pas leur propre opinion (ils ne lisent même pas le livre
de Diderot), ils les empruntent aux ouvrages des jésuites français8.
Son influence positive sur la pensée philosophique hongroise est
très indirecte et difficilement discernable de celle du Système de
la Nature de l'Holbach, ouvrage bien connu en Hongrie 6.
Le premier spectateur des drames de Diderot fut aussi le
comte Teleki, critique d'art hongrois, qui a assisté à la seconde
représentation du Père de famille, le 20 février 1761, à Paris. Les
remarques contenues dans son journal montrent qu'il a compris
l'importance des innovations de Diderot : cette « comédie » est
conçue dans le genre nouveau, écrit-il, et il approuve la simplicité
de l'auteur, le choix d'un sujet quotidien. Mais il trouve aussi les
défauts de la pièce : l'action est peu mouvementée, peu divertis-
3. Son journal est publié en hongrois : Egy erdélyi grôf a felvilâgosult
Eurôpâban. Teleki Jôzsef utazâsai 1759-1761 [Un comte transylvain en Europe
éclairée. Les voyages de T.J.], publ., notes, introd. par Gâbor Tolnai, Bp.,
1987, p. 204.
4. Robert Morin, Les « Pensées Philosophiques » de Diderot devant leurs
principaux contradicteurs au XVIIIe siècle, Les Belles Lettres, 1975.
5. Sândor Eckhardt, A francia forradalom eszméi Magyar or szâgon [Les
idées de la Révolution française en Hongrie], Bp., 1924, p. 168, 171, 174, 210 ;
Bêla Kôpeczi, Les philosophes de la Révolution française dans l'opinion
publique hongroise contemporaine, In Hongrois et Français, Bp., 1983, p. 377,
385 ; B. Gesmey, o.c. p. 79, 85 ; Emôd Brunner, A francia felvilâgosodâs es
a katolikus hitvédelem [Les Lumières françaises et la littérature apologé
tique catholique], Pannonhalma, 1930, p. 12, 14, 17, 20-21, 52-54.
6. Cette influence peut être reconnue dans l'ouvrage écrit en français
par Ignâc Martinovics, futur chef des jacobins hongrois: Les Mémoires
philosophiques ou la nature dévoilée. LA RÉCEPTION DES ŒUVRES DE DIDEROT 83
santé, les caractères sont trop bons et trop uniformes. Enfin il
considère la pièce comme un échec. Les drames de Diderot ont
pu être rapidement connus chez nous par l'intermédiaire de l'Au
triche. Le Père de famille et Le Fils naturel furent édités et joués
au théâtre de Vienne en français jusqu'en 1771. La traduction
allemande des deux pièces a donc pu contribuer à leur diffusion
en Hongrie 7. A partir de 1787, on joue déjà à Buda Le Père de
famille au théâtre allemand ; on retrouve également l'adaptation
allemande de cette pièce dans le programme du « château-théâtre »
de Presbourg 8. Le théâtre hongrois de Pest a mis aussi cette pièce
à son répertoire, et le Magyar Hirmondô [Courrier Hongrois]
annonce sa traduction en 1793 9. La théorie dramatique de Diderot
devient également connue, probablement par l'intermédiaire des
dramaturges allemands.
Nous n'avons pas jusqu'ici parlé de la partie de l'œuvre de
Diderot qui eut l'influence la plus intéressante et la plus importante
sur les Lumières hongroises, à savoir ses idées politiques. Le public
hongrois a pu les connaître dans V Encyclopédie et dans l'Histoire
des Deux Indes, parue anonymement en 1770 et en 1774, puis sous
le nom de Raynal en 1780. Le livre de Raynal a attiré particuli
èrement l'attention du public hongrois qui a lu cette histoire colo
niale en pensant au statut « colonial » de son pays et en y décou
vrant une affinité entre la situation de la Hongrie et celle des
« pays sauvages ».
L'HDI a enrichi plusieurs bibliothèques hongroises, elle fut
connue par des couches socialement différentes du mouvement
des Lumières. Vers les années 1780 les organisations rosicruciennes
hongroises utilisent les idées de Raynal-Diderot, les appliquant à la
situation de la Hongrie, pour revendiquer une politique douanière
plus favorable au pays, la liberté du commerce, le développement
économique, des réformes radicales du point de vue politique.
(On peut reconnaître les idées de l'HDI dans les ouvrages de
Gergely Berzeviczy, économiste célèbre de la fin du siècle, qui
fit connaissance de ce livre dans les loges maçonniques. 10)
7. Vera Oravetz, Les impressions françaises de Vienne

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