La région et le phénomène du pouvoir - article ; n°50 ; vol.13, pg 309-328
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Description

Tiers-Monde - Année 1972 - Volume 13 - Numéro 50 - Pages 309-328
20 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1972
Nombre de lectures 7
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Luiz Navarro de Britto
La région et le phénomène du pouvoir
In: Tiers-Monde. 1972, tome 13 n°50. pp. 309-328.
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Navarro de Britto Luiz. La région et le phénomène du pouvoir. In: Tiers-Monde. 1972, tome 13 n°50. pp. 309-328.
doi : 10.3406/tiers.1972.1850
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/tiers_0040-7356_1972_num_13_50_1850LA RÉGION
ET LE PHÉNOMÈNE DU POUVOIR
par Luiz Navarro de Britto*
La région est l'espace polarisé. Ce phénomène de polarisation résulte,
d'une part, d'un certain nombre d'agents et d'activités qui commun
iquent par des liens de dépendance et s'orientent vers un centre de
forces. Les différents flux de personnes, de services et de marchandises
qui s'y développent, correspondent à des relations de subordination,
quelquefois très hiérarchisées.
D'autre part, le phénomène de polarisation se caractérise par son
« intégration fonctionnelle » (i). Il repose alors, à la fois, sur les lignes
de complémentarité qui engendrent l'ensemble d'un champ de forces et,
ajoute Paul Cla val, sur « un certain nombre de caractères communs et
de traits stables » (2).
En d'autres termes, la polarisation se définit notamment par des
rapports de domination et d'intégration.
Or, toute forme de domination ou de superposition de « supériorités »
en dynamique d'intégration est toujours un phénomène politique.
Certes, le pouvoir dans la région peut ne pas être institutionnalisé,
dans les termes d'un gouvernement formel. Les rapports d'autorité
se déchaînent encore, indépendamment même d'une reconnaissance
juridique.
* Professeur à l'Université fédérale de Bahia (Brésil) et à l'Institut d'Etude du Dévelop
pement Economique et Social de l'Université de Paris I.
(1) Voir Bernard Kayser, Les divisions de l'espace géographique dans les pays sous-
développés, in Annales de Géographie, 1966, n° 412, p. 686.
(2) Régions, nations, grands espaces, Paris, Editions M. Th. Génin, 1968, p. 306.
309 LUIZ NAVARRO DE BRITTO
Ceci équivaut à dire qu'il n'y a pas de polarisation possible sans
relations de pouvoir. L'idée de région suppose donc les précipités
structurels du politique.
Par contre, les manifestations du pouvoir ressortent toujours d'un
cadre régional. Chaque secteur de l'activité humaine comporte des
relations de pouvoir. A chaque secteur correspond pourtant un système
politique.
Mais, dans tous les cas, chaque système a ses limites spatiales. Il
ne s'agit pas uniquement des limites conventionnelles qui donnent la
qualité de membre à l'individu appartenant à un groupe politique déter
miné. Celles-ci, écrit Robert Dahl, peuvent être des limites géographiques
aussi bien que le fait de payer des taxes, de toucher un salaire, ou « sim
plement l'individu lui-même peut se considérer comme membre, comme
c'est le cas de beaucoup de clubs et d'organisations religieuses » (i).
Au-delà de ces limites conventionnelles, tous les systèmes politiques
s'épanouissent et se développent inévitablement sur une étendue phys
ique, dans un groupe « territorial » ou dans un groupe « fonctionnel ».
D'autant plus que l'existence du système requiert un titulariat de la
force, dont la capacité de contrôle suppose une base spatiale. « II n'est
pas possible, disait Talcott Parsons, d'avoir différentes juridictions
commandant la force dans le même territoire sans définitions de leurs
limites » (2).
Le phénomène du pouvoir comporte donc une délimitation spatiale,
dans sa nature et dans ses formes d'expression. Cette délimitation, étant
donné le parallélisme, la subordination ou la superposition des systèmes
politiques, modèle des espaces polarisés, qui font toujours partie inté
grante d'un ensemble plus étendu ou plus complexe. En d'autres termes,
le pouvoir ne se révèle que dans un cadre régional.
Il y a, par conséquent, une interaction permanente entre la région
et le phénomène politique. On essayera dans cet article de préciser et de
détailler les incidences, à travers l'analyse de quelques-uns de leurs
aspects, sous les deux titres suivants : I. La construction politique des
régions; IL L'espace régional et les forces politiques.
(1) A Moderna Anàlise Politico, Rio de Janeiro, Editora Lidador Ltda., 1966, p. 18 et 19.
(2) The Social System, New York, Free Press of Glencoe Inc., 195 1, p. 162.
310 RÉGION ET PHÉNOMÈNE DU POUVOIR
* * *
I. — La construction politique des régions
L'expression « politique des régions » indique la pré
sence de la décision politique face à l'avènement de l'unité régionale.
En d'autres termes, dès l'installation territoriale du groupe, il y aurait
toujours un acte politique à partir duquel les manifestations régionales
s'épanouiraient. Dans le monde moderne, l'Etat serait le grand créateur
des régions, y compris des unités nationales.
Mais ceci n'est vrai que pour des contextes historiques bien précis.
D'une part, parce que faire autrement serait entamer des discussions
byzantines étant donné l'impossibilité de réduire tout le phénomène
régional à des projections politiques. D'autre part, parce qu'il est certain
que, parfois, la décision du gouvernement a tenu compte des dispositions
de la base géographique ou socio-culturelle.
Du point de vue politique, on l'a déjà dit, l'idée de région repose sur
la présence d'un champ de force autour d'un pôle. On doit trouver,
dans un territoire, des liens entre les habitants et des caractéristiques
communes qui expliquent ou justifient, d'après Bernard Kayser, « son
organisation autour d'un centre doté d'une certaine autonomie et son
intégration fonctionnelle dans une économie globale » (i). Cette notion
superpose les concepts bien connus de « région homogène » et de
« région polarisée ». En effet, les manifestations de pouvoir se structurent,
à la fois, sur des indicateurs d'homogénéité et d'interdépendance. Certes,
chaque région a ses singularités. On insiste beaucoup sur la différence
entre la des pays industriels et la région des pays sous-développés.
Leurs caractères aussi bien que leurs projections sont différents; par
conséquent, les analyses et les critères permettant de les déterminer
seront forcément différents. Mais l'idée de région reste toujours la même
dans la mesure où elle veut identifier un « espace polarisé ». La dimension
de cet espace engendre les unités régionales.
En décrivant les traits caractéristiques des « constructions régio
nales », Paul Claval conclut que « la dimension est le seul caractère
commun que l'on puisse qualifier de positif dans l'analyse régionale ».
Les autres, tels que la responsabilité des institutions politiques ou la
limite des fonctions économiques, s'exprimeraient plutôt de façon
(i) Op. cit., p. 686.
311 LUIZ NAVARRO DE BRITTO
négative. C'est ainsi qu'il estime la région la plus fréquente, comme une
unité supérieure à 10 ooo km2, quoiqu'elle puisse « atteindre plusieurs
centaines de milliers de kilomètres carrés dans les régions en voie de
développement de l'Est » (i). En d'autres termes, Paul Claval, comme
la plupart de ceux qui se sont penchés sur ce sujet, voit toujours la région
comme une unité mineure ou moyenne; plus précisément comme une
unité intra-étatique, comme une unité de division interne de l'Etat.
Certes, le mot région suppose une partie intégrante d'un ensemble.
Mais cet ensemble peut être l'Etat et peut aussi être n'importe quelle
autre unité spatiale, dans la mesure où son territoire se décompose en
morceaux polarisés. La région sera toujours une unité moyenne ou
mineure par rapport à l'unité immédiate d'ensemble qui l'encercle et
qui n'est pas forcément l'Etat. En somme, nous nous trouvons devant
une question d'échelle.
L'Etat cependant demeure la société global

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