La répartition des exploitations dans l agriculture française à la fin du XIXe et au début du XXe siècle - article ; n°4 ; vol.25, pg 706-734
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La répartition des exploitations dans l'agriculture française à la fin du XIXe et au début du XXe siècle - article ; n°4 ; vol.25, pg 706-734

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Revue économique - Année 1974 - Volume 25 - Numéro 4 - Pages 706-734
La répartition des exploitations dans l'agriculture française, à la fin du XIXe et au début du XXe siècle
Les résultats des enquêtes décennales de 1862, 1882 et 1892, ainsi que le recoupement des données fournies par l'enquête de 1908-1909 sur la petite propriété rurale au moyen de documents d'origines diverses, permettent de mettre au jour les mouvements qui ont affecté la répartition des exploitations agricoles, en France, de 1860 à 1910.
La progression des exploitations de 5 à 30 ha au cours de la période 1862-1882 est à mettre en rapport avec l'extension de la transformation du modèle cultural, dont les caractères économiques s'accommodaient bien du cadre de la « petite-moyenne » culture. Durant la crise agricole qui a suivi, les formes spécifiques de son organisation ont conféré à la petite culture une remarquable aptitude à résister, tandis que les exploitations moyennes ont été d'autant plus atteintes que leurs dimensions étaient plus importantes.
Dans la suite, la politique protectionniste a sans doute réduit l'ampleur du procès d'élimination capitaliste des petites exploitations; mais elle a surtout favorisé l'essor de la moyenne culture, grande bénéficiaire de la rente différentielle liée à la protection et dont le cadre était approprié aux nouvelles formes du progrès agricole.
Les limites de ces variations catégorielles se marquent, cependant, dans une relative stabilité de la structure de la répartition des exploitations. Cette stabilité s'explique elle-même par référence aux obstacles internes au mouvement de concentration et à quelques caractères de l'évolution de l'agriculture au cours de ce demi-siècle, en particulier au rythme de son développement et au volume de sa population active.
The distribution of agricultural land-holdings in France at the end of the nineteenth and the beginning of the twentieth centuries
The results of the decennial surveys of 1862, 1882 and 1892 and the cross-checking of data provided by the 1908-1909 survey of small rural land-holdings by means of documents of varied origin throw light upon the movements which affected the allocation of agricultural holdings in France from 1860 to 1910. For the period 1862-1882, the increase in the number of land-holdings covering areas of between 5 and 30 hectares can be directly related to the more widespread application of the changes in the patterns of agriculture, whose economie characteristics fitted well the cadre of « small-to-medium-scale » farming. During the agricultural crisis which followed, the specific forms of its organisation conferred upon small-scale farming a remarkable resilience, while the middle-scale holdings suffered proportionately to their size.Thereafter, protectionist policies doubtless mitigated the process of buying out small-holdings, but, above all, these policies were favourable to the rise of the middle-scale farm, the great beneficiary of the differential income plan related to protection, and whose structuring was suited to the new forms of agricultural progress.The limits of these variations within categories are marked, however, by a relative stability in the structure of the System of allocation of these land-holdings. The explanation of this stability can be found by means of an examination of the internal obstacles to the movement towards concentration and of some characteristics of the evolution of agriculture during this half-century, and in particular the rhythm of its development and the volume of its active population.
29 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1974
Nombre de lectures 28
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Monsieur Jean Ibanès
La répartition des exploitations dans l'agriculture française à la
fin du XIXe et au début du XXe siècle
In: Revue économique. Volume 25, n°4, 1974. pp. 706-734.
Citer ce document / Cite this document :
Ibanès Jean. La répartition des exploitations dans l'agriculture française à la fin du XIXe et au début du XXe siècle. In: Revue
économique. Volume 25, n°4, 1974. pp. 706-734.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/reco_0035-2764_1974_num_25_4_408168Résumé
La répartition des exploitations dans l'agriculture française, à la fin du XIXe et au début du XXe siècle
Les résultats des enquêtes décennales de 1862, 1882 et 1892, ainsi que le recoupement des données
fournies par l'enquête de 1908-1909 sur la petite propriété rurale au moyen de documents d'origines
diverses, permettent de mettre au jour les mouvements qui ont affecté la répartition des exploitations
agricoles, en France, de 1860 à 1910.
La progression des exploitations de 5 à 30 ha au cours de la période 1862-1882 est à mettre en rapport
avec l'extension de la transformation du modèle cultural, dont les caractères économiques
s'accommodaient bien du cadre de la « petite-moyenne » culture. Durant la crise agricole qui a suivi, les
formes spécifiques de son organisation ont conféré à la petite culture une remarquable aptitude à
résister, tandis que les exploitations moyennes ont été d'autant plus atteintes que leurs dimensions
étaient plus importantes.
Dans la suite, la politique protectionniste a sans doute réduit l'ampleur du procès d'élimination
capitaliste des petites exploitations; mais elle a surtout favorisé l'essor de la moyenne culture, grande
bénéficiaire de la rente différentielle liée à la protection et dont le cadre était approprié aux nouvelles
formes du progrès agricole.
Les limites de ces variations catégorielles se marquent, cependant, dans une relative stabilité de la
structure de la répartition des exploitations. Cette stabilité s'explique elle-même par référence aux
obstacles internes au mouvement de concentration et à quelques caractères de l'évolution de
l'agriculture au cours de ce demi-siècle, en particulier au rythme de son développement et au volume de
sa population active.
Abstract
The distribution of agricultural land-holdings in France at the end of the nineteenth and the beginning of
the twentieth centuries
The results of the decennial surveys of 1862, 1882 and 1892 and the cross-checking of data provided
by the 1908-1909 survey of small rural land-holdings by means of documents of varied origin throw light
upon the movements which affected the allocation of agricultural holdings in France from 1860 to 1910.
For the period 1862-1882, the increase in the number of land-holdings covering areas of between 5 and
30 hectares can be directly related to the more widespread application of the changes in the patterns of
agriculture, whose economie characteristics fitted well the cadre of « small-to-medium-scale » farming.
During the agricultural crisis which followed, the specific forms of its organisation conferred upon small-
scale farming a remarkable resilience, while the middle-scale holdings suffered proportionately to their
size.Thereafter, protectionist policies doubtless mitigated the process of buying out small-holdings, but,
above all, these policies were favourable to the rise of the middle-scale farm, the great beneficiary of the
differential income plan related to protection, and whose structuring was suited to the new forms of
agricultural progress.The limits of these variations within categories are marked, however, by a relative
stability in the structure of the System of allocation of these land-holdings. The explanation of this can be found by means of an examination of the internal obstacles to the movement towards
concentration and of some characteristics of the evolution of agriculture during this half-century, and in
particular the rhythm of its development and the volume of its active population.fli.
LA REPARTITION DES EXPLOITATIONS
DANS L'AGRICULTURE FRANÇAISE
à la fin du XIXe et au début du XXe siècle
'étude de la répartition des exploitations dans l'agriculture fran
çaise a eu une étrange histoire. Elle s'est située, à la fin du XIXe siècle,
dans un climat passionné de controverses qui ont pesé sur son con
tenu et sur son devenir. Malgré l'approfondissement de la réflexion
théorique de plusieurs de ses représentants 1, le socialisme s'est alors
heurté à une sorte de vulgate — dans laquelle les interprétations de
ses adversaires avaient autant, voire plus de part que ses propres
thèses — , concluant au caractère inéluctable d'un mouvement puis
sant et rapide de concentration des terres. Il n'est pas étonnant que,
sur ces bases, les affrontements aient fait bon marché des observa
tions scientifiques et que les statistiques aient été, de tous côtés,
sollicitées de la manière la plus partielle — et la plus partiale. Lorsque
dans la suite — et, pour partie, à l'aide des textes mêmes des socia
listes de ce temps — l'hypothèque d'une telle simplification idéolo
gique a été levée, lorsqu'il a été bien établi que le procès de capita
lisation de l'agriculture se réalise par des voies complexes et qu'il
peut se traduire autrement que par la dépossession ou l'expulsion des
petits exploitants (en particulier, par leur sujétion au capital sous
sa triple forme industrielle, financière et commerciale), l'ombre des
1. Notamment K. Kautsky, La question agraire. Etude sur les tendances
de l'agriculture moderne, trad, par Ed. Milhaud et C. Polack, Paris, Girard et
Barrère, 1900 ; E. Vandervelde, « Le socialisme et la transformation capitaliste
de », Revue socialiste, juin 1900 ; J. Jaurès, « Socialisme et paysans »,
discours prononcé à la Chambre les 19, 26 juin et 3 juillet 1897, Journal officiel.
Cf. M. Augé-Laribé, Grande ou petite propriété ? Histoire des doctrines en
France sur la répartition du sol et la transformation industrielle de l'agriculture,
Montpellier, Coulet et Fils, 1902. Mise au point récente dans l'article de
C. Servolin, « L'absorption de l'agriculture dans le mode de production capital
iste », paru dans L'Univers politique des paysans, Cahiers de la Fondation
nationale des sciences politiques, n° 184, Paris, A. Colin, 1972, pp. 41-77. LA REPARTITION DES EXPLOITATIONS DANS L'AGRICULTURE 707
déformations originelles a continué à peser sur le débat et, pour la
période considérée, la question comme les statistiques permettant de
l'éclairer sont restées ensemble « disqualifiées » 2.
Il s'y attache pourtant un incontestable intérêt, à la fois pratique
et théorique. On sait l'argumentation qui fonde la supériorité de prin
cipe des grandes exploitations : elle repose à la fois sur les avan
tages propres de celles-ci et sur les faiblesses de la position des
petites.
Dans la grande culture, la division du travail est plus poussée
et la spécialisation accroît la productivité, qu'il s'agisse des bâtiments
distincts mieux adaptés à leur destination spécifique, des équipes
vouées à des tâches déterminées ou des chefs de culture plus exclu
sivement attachés à leur fonction, mieux formés (ou mieux conseillés)
et mieux informés. Cette catégorie d'exploitations bénéficie, en outre,
d'économies d'échelle : en particulier, la limitation de la durée d'uti
lisation des machines aux périodes au cours desquelles les travaux
doivent être effectués renforce la nécessité de disposer de vastes
superficies sur lesquelles les employer, par quoi les charges fixes
pesant sur chaque unité de surface ou de produit se trouvent dimi
nuées, donc les coûts unitaires réduits. A cela s'ajoutent des éco
nomies d'échelle externes, dans la mesure où son pouvoir de
négociation supérieur ou ses garanties réelles valent à la grande
culture de meilleurs prix pour ses approvisionnements ainsi que des
crédits plus faciles et moins onéreux.
Va dans le même sens la faiblesse de la position des petits exploi
tants : la « faim de terre » dans laquelle s'exprime la précarité de
leur situation les conduit à utiliser toutes leurs ressources à l'acqui
sition de parcelles supplémentaires et à sacrifier ainsi, au profit du
capital

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