La résistance des facteurs socio-culturels au développement économique. L exemple de l Islam en Algérie - article ; n°2 ; vol.10, pg 220-236
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La résistance des facteurs socio-culturels au développement économique. L'exemple de l'Islam en Algérie - article ; n°2 ; vol.10, pg 220-236

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Description

Revue économique - Année 1959 - Volume 10 - Numéro 2 - Pages 220-236
17 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1959
Nombre de lectures 26
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Monsieur René Gendarme
La résistance des facteurs socio-culturels au développement
économique. L'exemple de l'Islam en Algérie
In: Revue économique. Volume 10, n°2, 1959. pp. 220-236.
Citer ce document / Cite this document :
Gendarme René. La résistance des facteurs socio-culturels au développement économique. L'exemple de l'Islam en Algérie. In:
Revue économique. Volume 10, n°2, 1959. pp. 220-236.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/reco_0035-2764_1959_num_10_2_407350résistance des facteurs socio-culturels La
au développement économique
EXEMPLE DE ISLAM EN ALGERIE
Contrairement opinion courante les richesses naturelles abondance
du capital ne suffisent pas pour un pays puisse se développer il faut
tenir compte également du niveau culturel Nous donnons ici au mot
culture son sens le plus large et nous croyons il englobe tous les
usages et habitudes servant la satisfaction des besoins matériels nour
riture vêtement habitation etc. tous les principes et coutumes réglant les
relations entre les individus institutions juridiques organisation politique
etc. ou toutes attitudes de homme égard du problème de existence
Bien que ces éléments ne soient pas économiques ils ont sur éco
nomie une influence capitale Même si de nouvelles techniques sont intro
duites dans un pays sous-développé le revenu national est susceptible de
ne pas augmenter si environnement social défavorise la productivité Les
postulats économiques fondamentaux sont inversés
La productivité du travail augmente pas avec sa rémunération au
contraire une rémunération élevée peut faire cesser tout travail homme
ne recherchant plus en toutes circonstances le plus grand gain monétaire
Comme côté de la géométrie euclidienne il existe une géométrie non
euclidienne côté de économie smithienne il aurait une économie non
smithienne spécialement valable dans les pays sous-développés
Trois comportements humains sont fondamentalement différents dans
les pays sous-développés musulmans et dans les pays industrialisés le sens
de épargne esprit entreprise la propension au travail habitude de
mettre de côté un capital de se constituer une épargne aucun sens
quoi bon inquiéter de avenir puisque Dieu pourvoira esprit entre- LE VELOPPEMENT CONOMIQUE EN ALG RIE 221
prise qui se traduit par une mentalité commercialement agressive fait place
une passivité désarmante essentiel est de satisfaire aux besoins vitaux de
la famille Enfin la contemplation de Dieu la prière revêt plus de valeur
que le travail matériel idéal étant pas la cité terrestre mais la cité
céleste
En Algérie ces facteurs socio-culturels ont subi empreinte de Islam
cette religion établi un système de valeurs qui ne ressemble en rien
celui de nos sociétés occidentales elle explique attitude particulière
des masses musulmanes égard de la vie économique
**
De nombreux auteurs Sombart Weber Hauser Tawney 1) ont
examiné le problème des relations entre la religion et le développement
économique parmi eux Max Weber est un des plus connus Impres
sionné par les disparités dans la propagation spatiale du capitalisme
Weber trouve explication de la naissance du capitalisme dans la trans
formation des mobiles de activité économique due enseignement du
protestantisme
essentiel de cette thèse se ramène aux deux propositions suivantes
1e Le calvinisme fait du travail expression première de la volonté
de Dieu et donc le premier devoir de homme sur la terre Cet état
esprit ne se rencontre pas dans les pays catholiques où on considère
le travail comme la punition de Dieu
Le calvinisme enseigne que homme de par la volonté de son
créateur doit tirer parti de tout ce qui se présente lui pour accroître
les revenus de son travail produire est aussi vertueux que consommer
idée explosive dans un monde où on considère la consommation comme
une mesure de la situation sociale et acceptation passive de cet état
un signe de obéissance Dieu
Ces principes établissent un dénominateur commun entre la dévotion
religieuse et les appétits économiques et créent un climat psychologique
favorable épanouissement du capitalisme
SOMBAKT Des Bourgeois traduction fran aise Paris Payot 1926
WEBER Die protestantiche Etiiik una der Geist des Kapitalismus Tübin
gen 1934 HALSER Les Débuts du capitalisme en France Paris Alean
1927 R.H TAWNEY Religion and the Rise of Capitalism New York 1926 REVUE CONOMIQUE 222
Nous insisterons pas ici sur le caractère unilatéral de la thèse de
Weber ni sur le fait elle comporté au cours de histoire de bril
lantes exceptions capitalisme japonais 2) capitalisme catholique du Nord
de la France ces deux formes de capitalisme sont demeurées complète
ment étrangères la mentalité protestante et ne expliquent pas par
elle
important pour nous est moins de rechercher la cause du déve
loppement économique dans la religion que de prendre conscience une
certaine liaison entre le développement économique et la religion
heure actuelle la question posée par Weber est reprise dans un
autre sens Les auteurs interrogent moins sur origine du capitalisme
et plus sur le sous-développement ou le non-développement de certains
pays ils interrogent moins sur la religion et plus sur la civilisation
En autres termes il ne agit plus de montrer en quoi les facteurs
socio-culturels sont favorables au développement mais de savoir par quels
facteurs ils lui sont défavorables
Trop souvent les économistes spécialistes du sous-développement insis
tent uniquement sur des termes économiques formation du capital capa
cité investir etc. ils méconnaissent la résistance des facteurs socio-cul
turels Seuls quelques économistes comme Frankel Hoselitz ou Bucha-
nan 3) reprennent les idées de Weber et pensent que les peuples ne
peuvent accéder la civilisation industrielle sans une transformation pro
fonde de leur manière agir et de vivre Ils font de étude des idéo
logies des pays sous-développés une condition indispensable la pour
suite de toute politique de croissance importance des éléments non-éco
nomiques est peut-être aussi décisive que ces éléments eux-mêmes
Etant donné la résistance des facteurs socio-culturels rien ne permet
affirmer que dans les pays sous-développés le revenu national augmen
terait automatiquement si le capital suffisant existait ou si des techniques
nouvelles étaient introduites Déjà Thomas Malthus avait aper le
SOBOKIN Soziologische Theorie im 19 und 20 Jahrhrundert
Munich 1931 pp 238 et suiv
S.H FBANKEL The Economie Impact on Underdeveloped Societies
Oxford Basil Blackwell 1953 B.F HOSELITZ The Progress of Underdeve
loped Areas University of Chicago Press 1952 N.S BL-CHANA and H.S
ELLIS Approaches to Economic Development New York The XXth Century
Fund 1955
MALTHUS Principes économie politique 361 LE VELOPPEMENT CONOMIQUE EN ALG RIE 223
problème Les forces de production quel que soit leur degré ne sont
pas elles seules suffisantes pour assurer une augmentation proportionnelle
de richesses Quelque chose autre est nécessaire pour pousser ces forces
en pleine action. Ce quelque chose Malthus le voit dans appréciation
que les individus ou la société se font un bien
Or précisément les échelles de valeur dans les pays sous-développés
ne sont pas susceptibles de comparaison avec celles des pays développés
est une des raisons pour lesquelles les estimations du revenu national
de ces pays évaluées après une échelle des valeurs occidentales sont
sujettes caution
On pourrait se demander également ce que signifient pour la majo
rité de la population des pays sous-développés les grands impératifs de
politique économique de bien-être et emploi La réponse est ils
ont guère de sens car homme est pris en entier dans une structure
différente où les données économiques ont moins de place que les données
sociales et religieuses
Comme dans ces civilisations le spirituel emporte sur le temporel les
phénomènes économiques fondamentaux de production de consomma
tion échange ont une importance secondaire
On peut reprendre idée de Weber ou celle des économistes modernes
propos de Islam et essayer de dégager ses attitudes au regard de acti
vité économique
Avant de poursuivre cette analyse une remarque liminaire impose
Par Islam il faut entendre non seulement la rel

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