La révision du système de comptabilité nationale des Nations Unies. - article ; n°4 ; vol.18, pg 596-617

Alain Pichot

Description

Revue économique - Année 1967 - Volume 18 - Numéro 4 - Pages 596-617
22 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

• Sociologie, société et politique

Informations

• Publié par: REVUE_ECONOMIQUE
• Publié le: 01 janvier 1967
• Nombre de lectures: 23
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 1 Mo

Extrait

Monsieur Alain Pichot
La révision du système de comptabilité nationale des Nations
Unies.
In: Revue économique. Volume 18, n°4, 1967. pp. 596-617.
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Pichot Alain. La révision du système de comptabilité nationale des Nations Unies. In: Revue économique. Volume 18, n°4,
1967. pp. 596-617.
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DU SYSTEME DE COMPTABILITE NATIONALE
DES NATIONS UNIES
HISTORIQUE DE LA REVISION DU S.C.N.
La décision, prise récemment, de réviser le système de compta-
bilité nationale des Nations Unies (S.C.N.) est l'aboutissement d'un
vaste mouvement de mise en cause du système au nom de situations
statistiques nouvelles et d'exigences analytiques accrues.
A l'instar des systèmes comptables de l'O.E.C.E. (« Système sim
plifié », puis « Système normalisé de comptabilité nationale » parus
respectivement en 1950 et 1952), le S.C.N., publié pour la première
fois en 1953, était surtout destiné à des comparaisons internationales
d'agrégats. Il en est résulté un certain nombre de difficultés quand
on a cherché à l'utiliser pour la politique économique. L'expérience
française et celle de certains pays africains sont à cet égard très
significatives.
Les inconvénients du cadre anglo-saxon pour la politique écono
mique en France, déjà soulignés à diverses reprises, sont officie
llement dénoncés dans une note sur les « Principes d'établissement
d'une comptabilité nationale et d'un tableau économique » rédigée en
1952 par L. Blanc, R. Mercier et Ch. Prou1. Ces critiques sont
reprises et développées dans le Rapport de 1956 sur les comptes de
la Nation, le Tableau économique de l'année 1951 paru en 1957 et
le livre de Ch. Prou consacré à la comptabilité nationale française 2.
Par suite de son caractère « fonctionnel global », la comptabilité
de type anglo-saxon ne permet, estime-t-on. qu'une étude sommaire
de l'équilibre à court et moyen terme. Les comptables nationaux fran-
1. La critique est dirigée contre le système O.E.C.E., mais le S.C.N. en est
très proche et lui est même depuis 1956 pratiquement identique.
2. Ch. Prou, Méthodes de la comptabilité nationale française, Paris, A. Colin,
1956. NATIONALE DES NATIONS UNIES 597 COMPTABILITE
çais lui ont substitué un système qui intègre, aux comptes nationaux
proprement dits, des tableaux d'échanges interindustriels et des
tableaux d'opérations financières. D'autres pays occidentaux ont connu
une évolution assez analogue.
Mais si le système international de comptabilité nationale ne
satisfait plus les pays développés statistiquement, il ne suffit pas
davantage aux pays moins développés.
Encore voilées dans Systèmes de comptabilité nationale en Afrique
de Peter Ady et Michel Courcier, résultat d'une enquête entreprise
en 1958-1959 sur les pratiques comptables en vigueur dans les divers
pays d'Afrique, les critiques se font de plus en plus précises. Au
S.C.N. estimé trop global, le mémoire présenté par M.G.C. Bur
lington à la conférence d' Addis Abeba de 1961 propose de substituer
un « système minimal de comptabilité nationale à l'usage des pays
africains ». Ce « système minimal » a été suivi en 1962 d'un « système
intermédiaire » beaucoup plus ambitieux.
Alors que l'ancien S.C.N. est basé essentiellement sur l'utilisation
de statistiques de revenus, ces divers systèmes de « rechange » accor
dent la priorité aux comptes physiques de produits et d'inventaire.
Les comptes financiers ne semblent pas présenter le même caractère
d'urgence.
L'expérience tirée, par les experts des commissions économiques
des Nations Unies pour l'Afrique et l'Europe, de l'application des
comptes nationaux à la politique économique, semble avoir foué un
rôle important dans le travail de révision du S.C.N. Cependant, cette
révision a été également influencée par les travaux menés à Bruxelles
pour l'établissement d'une comptabilité communautaire adaptée aux
besoins de la politique économique et sociale des Communautés euro
péennes.
Il y a déjà quelques années, le groupe de travail de comptabilité
nationale, réuni par l'Office statistique de Bruxelles, s'était efforcé
de distinguer, dans les divers systèmes comptables des Six, les parti
cularités réelles tenant à la spécificité des structures et des institu
tions et celles provenant de simples habitudes comptables ou statis
tiques. Ces travaux ont donné lieu à un rapport visant à la mise
sur pied du cadre comptable communautaire, dont l'établissement a été
décidé en février 1964 3. Ce cadre communautaire devra être plus
complet que celui des Nations Unies ou de l'O.C.D.E. Les besoins
3. Les tableaux d'entrée-sortie (1959 ou 1960) pour les différents pays du
Marché commun ont été publiés, en octobre 1964, par l'Office statistique de
Bruxelles. .
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de la Communauté économique européenne sont en effet plus proches
des besoins nationaux que de ceux des organisations internationales
à vocation géographique plus large 4.
Enfin, la révision du S.C.N. s'effectuera avec la préoccupation de
faciliter l'établissement de liaisons avec la C.P.M. 5, système de compt
abilité nationale en vigueur dans les pays de l'Est. Depuis 1959,
un groupe chargé de comparer les systèmes de comptabilité nationale
en usage à l'Ouest et à l'Est de l'Europe s'est réuni périodiquement
à Genève. On accorde une grande importance à la matrice théo
rique de la C.P.M., en préparation, qui aidera à faire ressortir plus
nettement les points de correspondance et de divergence entre S.C.N.
et C.P.M. Elle constituera une base de départ pour la construction
d'une matrice pour les transformations des deux systèmes.
Ainsi inspirée des travaux poursuivis à New York, Bruxelles et
Genève, la révision du S.C.N. doit durer quatre à cinq ans et se
dérouler en trois phases comportant chacune une consultation de tous
les pays, l'examen de leurs réponses par un groupe d'experts et une
discussion par la Commission de statistique des Nations Unies A
Orientés par un rapport de 1964 du prof . Richard Stone7, dans le
prolongement de ses recherches menées à Cambridge sur un modèle
de projection, les travaux ont été poursuivis en 1965-1966 par les
groupes de travail des Commissions économiques régionales des
Nations Unies et le Bureau de statistique des Nations Unies chargé
de la synthèse des différents points de vue. Le nouveau S.C.N. ne
doit être adopté définitivement que vers le milieu de 1968.
S'il est donc trop tôt pour décrire en détail ce que sera le nou
veau système, il est cependant possible d'indiquer l'orientation prise,
telle qu'elle se dégage des travaux en cours. Laissant de côté l'étude
des « concepts », objet, dans le nouveau S.C.N., de peu de trans
formations importantes, nous insisterons sur les nouvelles structures
comptables où la révision est très poussée. La présentation du nouveau
cadre comptable, sa comparaison tant à l'ancien S.C.N. qu'à la compt
abilité nationale française actuelle, permettront de juger de l'ampleur
de la réforme.
4. Cf. A. Vanoli, « Propositions pour un cadre communautaire de comptab
ilité nationale», Informations Statistiques 4, 1964 (O.S.C.E.).
5. Comptabilité du produit matériel.
6. Cf. J.D. Mayer, « La révision du système de comptabilité nationale des
Nations Unies, Analyse critique des travaux en cours », Analyse et Prévision 6,
déc. 1966, pp. 923-927.
7. Le prof. Stone est à l'origine du premier S.C.N. comme d'ailleurs des
systèmes de comptabilité nationale de l'O.C.D.E. NATIONALE DES NATIONS UNIES 599 COMPTABILITE
I
STRUCTURE DU NOUVEAU S.C.N.
Nous utiliserons, pour définir la structure du nouveau système de
comptabilité nationale des Nations Unies, la forme matricielle. L'emp
loi de matrices pr