La situation démographique de la France en Europe (11e conférence annuelle Broca) - article ; n°1 ; vol.5, pg 648-686
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Description

Bulletins de la Société d'anthropologie de Paris - Année 1894 - Volume 5 - Numéro 1 - Pages 648-686
39 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1894
Nombre de lectures 9
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Arthur Chervin
La situation démographique de la France en Europe (11e
conférence annuelle Broca)
In: Bulletins de la Société d'anthropologie de Paris, IV° Série, tome 5, 1894. pp. 648-686.
Citer ce document / Cite this document :
Chervin Arthur. La situation démographique de la France en Europe (11e conférence annuelle Broca). In: Bulletins de la Société
d'anthropologie de Paris, IV° Série, tome 5, 1894. pp. 648-686.
doi : 10.3406/bmsap.1894.5559
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bmsap_0301-8644_1894_num_5_1_5559648 CONFÉRENCE ANNUELLE BROCA
portaient que des colliers et des bracelets ; et quand elles
n'en avaient pas, elles se faisaient des entailles pour les s
imuler. Ni les unes ni les autres n'avaient de pagne. Les
croisements devaient être nombreux entre les deux races.
La Vénus impudique de M. de "Vibraye, taillée dans une pla
quette d'ivoire, paraît être une métisse.
L'un des Secrétaires : Dr Capitan.
SÉANCE SOLENNELLE BU 13 DÉCEMBRE 1894
Présidence de M. Dareste.
11° Conférence annuelle Broca.
Ïj» situation démographique de la France en Europe
Par M. le Dr Ghervin.
Messieurs,
II y a dix ans, la Société d'Anthropologie, dans une
pieuse pensée d'hommage à son fondateur, décidait, que,
chaque année, il serait fait une conférence spéciale placée
sous le patronage du grand nom de Broca.
La Société d'Anthropologie forme une grande famille
scientifique, où les relations d'amitié tiennent également
une large place ; aussi la mort de Broca fut-elle, pour nous
tous, un deuil cruel.
Cette sorte de culte du grand ancêtre que nous avons
institué n'a donc rien pour surprendre de notre part.
La Société a voulu ainsi rendre impérissable le souvenir
d'un de ses membres les plus illustres et montrer que sa — SITUATION DEMOGRAPHIQUE DE LA FRANCE 649 CHËRVTN.
reconnaissance était toujours vivante envers celui dont
l'activité et le dévouement ont porté si haut l'éclat de la
science qui nous est chère.
Du môme coup, par cette heureuse survivance, nous
associons le Maître lui-même à nos travaux.
On a vanté, à juste titre, le savoir encyclopédique de
Broca. Il avait touché, en effet, à tous les sujets, pourtant
si multiples, qui sont étudiés et discutés au sein de notre
Société.
Aussi, tous mes savants prédécesseurs dans cette confé
rences ont ils pu traiter les matières les plus diverses de l'a-
natomie ou de l'ethnologie sans sortir du domaine que
Broca avait exploré en y laissant la large marque de son
esprit pénétrant.
La Société m'a fait le très grand honneur d'être son
porte-parole dans la solennité d'aujourd'hui. Je sais bien
que la plus élémentaire prudence eût été de décliner cette
tâche redoutable et de rester dans le rang.
J'ai du moins une excuse qui justifie ma témérité, c'est
que je désire appeler une fois de plus l'attention sur un
sujet cher à Broca et, qui hélas, est plus que jamais à l'ordre
du jour des préoccupations de tous ceux qui prennent
souci de l'avenir de la France.
Enfin je dois avouer que si j'ai accepté la mission de
prendre la parole devant vous, c'est que j'ai escompté à
l'avance, la bienveillance particulière avec laquelle la
Société accueillera toujours celui, — fut-il le plus humble
de ses membres, — qui viendra lui parler. sous le patro
nage de Broca.
I
Vous connaissez tous, Messieurs, les travaux de Broca
sur la craniométrie, l'ethnologie, la localisation cérébrale
du langage, sur l'hybridité, I'anatomie des primates et sur
les branches les plus diverses de l'Anthropologie. Mais il CONFÉRENCE ANNUELLE BROCA 650
ne faut pas oublier qu'il fut aussi un économiste de valeur
et un démographe habile et avisé. Je resterai donc dans la
pensée qui nous réunit aujourd'hui en traitant un sujet de
démographie.
Broca en effet, avait parfaitement compris que le grand
intérêt des études sociologiques c'est de faire profiter le
présent et l'avenir des faits du passé. Et au premier rang
des préoccupations sociales, ne faut-il pas placer le souci
d'assurer la conservation de l'espèce? Pour cela, il faut
connaître comment se développe, vit et meurt l'organisme
social.
C'est un axiome aussi vieux que les plus vieilles sociétés,
que l'importance du chiffre de la population fait la richesse
d'un État. La chose est vraie, non-seulement en soi, mais
encore et surtout à l'époque actuelle par rapport aux autres
pays.
Le nombre n'est pas tout, répond le philosophe. Mais,
avec la diffusion de tous les progrès qui tend chaque jour
à égaliser les forces vives intellectuelles et matérielles des
peuples, on peut dire que jamais le nombre n'a été aussi
prépondérant qu'aujourd'hui.
L'état politique du monde a même ravalé la question à un
point de vue plus terre à terre encore. Et, nous en sommes
presque venus à trouver que celui- là est le plus grand, qui
peut mettre le plus grand nombre d'hommes sous les
armes. La culture intellectuelle, semble disparaître ou
passer tout au moins au second plan, à la condition d'avoir
le nombre ; ce sont les gros bataillons, dit-on, qui font les
grands peuples ou tout au moins qui assurent leur existence.
D'aucuns même, parmi les hommes d'Etat ne daignent
apporter quelqu'attention aux intérêts économiques de la
nation qu'à cause de la force de résistance aux lourds
budgets guerriers qu'ils leur procurent.
Les amis de la paix se désolent, à juste raison, de cette
situation qui pèse si lourdement sur l'activité des peuples,
retardent les réformes et paralysent le libre développement GHERVIN. — SITUATION DEMOGRAPHIQUE DE LA FRANGE 651
de l'activité et de la pensée humaine. Mais les patriotes
avisés et les politiques prudents doivent mieux faire que
de s'abandonner aux rêves chimériques de la paix univers
elle ; ils doivent examiner le problème en face et voir si
nous sommes dans des conditions démographiques satis
faisantes, et, dans le cas contraire, rechercher les causes
de cette situation pour y remédier dans la mesure du
possible.
Mais pour ne pas s'égarer dans les conceptions plus ou
moins réalistes de l'esprit, il faut étudier ce problème à la
lumière des faits. C'est le seul moyen d'arriver à la vérité
et de pénétrer les grandes lois qui gouvernent le monde
social.
(( La médecine ordinaire, disait un jour Broca à la tr
ibune de l'Académie de médecine (séance du 26 janvier 1875),
n'a pu sortir de l'empirisme et entrer dans la voie scienti
fique qu'en établissant sa base sur l'anatomie et la physio
logie et en s'élevant ainsi de la connaissance de l'homme
sain à celle de l'homme malade. La médecine publique ne
doit pas procéder autrement; elle aussi se trouve en pré
sence d'un organisme compliqué, qu'on appelle avec raison
l'organisme social, et dont elle doit connaître la structure
et les fonctions avant d'en étudier les perturbations. Or
cette anatomie et cette physiologie du corps social, cette
constatation de l'état des choses, cette base nécessaire de
la médecine publique, c'est la statistique. Sans elle, nous
n'embrassons que de petits groupes ; nos jugements ne sont
que des impressions et quand ces impressions ne nous
trompent pas, elle ne nous font connaître qu'imparfaite
ment des faits qui ne sont que partiels, et dont les lois nous
échappent. Par elle, nous substituons à ces notions vagues
et incomplètes des déterminations scientifiques ; la popul
ation tout entière, considérée dans son ensemble et dans
ses principales subdivisions naturelles ou artificielles, se
condense et se formule devant nos yeux, nous manifeste
ses mouvements, nous révèle ses lois ; et les mômes pro- 652 CONFÉRENCE ANNUELLE BROCÀ
cédés de recherches qui nous fournissent ces données fon
damentales nous permettent ensuite, non-seulement de
constater toutes les anomalies générales ou partielles et
d'en mesurer rigoureusement la gravité, mais encore de
déterminer les conditions favorables ou déf

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