La Société des Amis du Peuple - article ; n°28 ; vol.10, pg 169-179
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Description

Romantisme - Année 1980 - Volume 10 - Numéro 28 - Pages 169-179
11 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1980
Nombre de lectures 30
Langue Français

Extrait

Jean-Claude Caron
La Société des Amis du Peuple
In: Romantisme, 1980, n°28-29. pp. 169-179.
Citer ce document / Cite this document :
Caron Jean-Claude. La Société des Amis du Peuple. In: Romantisme, 1980, n°28-29. pp. 169-179.
doi : 10.3406/roman.1980.5349
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/roman_0048-8593_1980_num_10_28_5349Jean-Claude CARON
La Société des Amis du Peuple.
Dans la trilogie des révolutions françaises, 1 830 apparaît fréquem
ment comme une révolution mineure. Coincée entre « la » Révolution
française d'une part et, « 48 » d'autre part, 1 830 n'est que trop souvent
limité aux éclats des Trois Glorieuses. A cet égard, le tableau d'Eugène
Delacroix « Le 28 juillet 1 830 : la liberté guidant le peuple » est extr
êmement révélateur d'une vision de 1 830 qui a eu la vie dure.
Pourtant, le mouvement révolutionnaire n'est pas mort en juillet
1830 ; sans aller jusqu'à fixer une date précise à partir de laquelle le
gouvernement de Louis-Philippe se serait définitivement affirmé, il
semble incontestable qu'au moins jusqu'en juin 1832 la nouvelle dynast
ie doive faire face à de violents soubresauts révolutionnaires ; au pre
mier rang de ses adversaires se trouvent les républicains.
1830 occupe aussi une place mineure dans la trilogie des révolu
tions françaises parce qu'elle n'a pas été suivie de l'instauration de la
république, à l'égal de ses deux sœurs. Révolution bourgeoise, révolu
tion de type anglais, révolution de transition : autant de formules at
tribuées à la révolution de juillet par l'historiographie. Ces
plus ou moins contestables ne doivent pas cacher que le mouvement
républicain existe en 1830 : le livre de Georges Weill, Histoire du parti en France, 1814-1870, paru en 1900, a montré que l'idée
républicaine n'était jamais morte en France, bien que les tentatives
pour l'étouffer aient été nombreuses. Soyons précis : il n'y a pas de
parti républicain en 1 830, mais un certain nombre de sociétés secrètes
avant Juillet, publiques après Juillet, qui se réclament de la république
telle qu'elle exista en France à partir de 1 792 ; mais la plupart de ces
sociétés regroupent aussi des saint-simoniens, des francs-maçons, des
bonapartistes, des libéraux, des carbonari. Numériquement très faibles,
elles sont poussées à des alliances souvent contre-nature, qui ne résiste
ront pas à la révolution de 1 830.
La Société des Amis du Peuple connut elle aussi ces vicissitudes
mais plus tardivement ; car elle n'existait pas avant la révolution. La
société est en effet née de la Révolution.
Il existe de nombreux témoignages sur les Trois Glorieuses. Tous
se recoupent pour noter l'absence de cris, de slogans républicains, dans
la bataille. Ainsi, Juste Olivier écrit dans son Journal, à la date du 29
juillet : « J'ai entendu différents cris, les uns Vive la Charte ! et ce sont
les plus fréquents, les autres : Vive la Liberté ! Vive Napoléon II ! Vive
la Nation ! » (1). Pourtant des républicains — et futurs membres de la
Société des Amis du Peuple - participent activement à l'insurrection.
1. Juste Olivier, Paris en 1830, Mercure de France, 1951, p. 268-269. Jean-Claude CARON 170
F.-V. Raspail est blessé lors de l'attaque de la caserne de Sèvres-Baby-
lone ; Ch. Teste fait partie du groupe qui occupe la Bourse ; L.A. Blan-
qui participe à la prise du Palais de Justice ; C. Thomas, J. Bastide, A.
Guinard, G. Cavaignac — alors membres de la société « Aide-toi, le ciel
ťaidera » — combattent avec ceux qui plantent le drapeau tricolore sur
le Louvre. Nombreux seront les Amis du Peuple à recevoir — et à refu
ser — en avril 1831 la Croix de Juillet, « donnée par le Roi des Franç
ais ».
Mais si Ton peut soutenir avec Heinrich Heine que
« le cri Vive la Charte ! qu'on a interprété plus tard comme le désir général
. de maintenir la n'était pas alors autre chose qu'un mot d'ordre pour la
circonstance, mot employé comme signe de ralliement » (2),
il n'en reste pas moins vrai que l'idée de république est alors fort peu
populaire à Paris : le couple République-Terreur fait encore peur. Vic
tor Hugo, témoin attentif des événements résume bien un état d'esprit
alors fort répandu : « Après juillet 1 830, il nous faut la chose républi
caine et le mot monarchie. » (3)
Faiblesse, donc, de cette « chose républicaine », d'autant plus
qu'elle est peu et mal structurée. Pour lutter contre ce manque d'or
ganisation, un certain nombre de républicains vont réagir, se réunir,
et former une société républicaine, la Société des Amis du Peuple.
Dans le Manifeste de celle-ci, publié en octobre 1830 (4), il est
précisé : « ce fut le 30 juillet que se réunit pour la première fois la
Société des Amis du Peuple ». Notons que le 30 juillet fut aussi le jour
où fut affichée la « Proclamation du duc d'Orléans », rédigée par
Thiers, avec l'appui de l'opposition constitutionnelle. Thiers y faisait
l'éloge de ce « prince dévoué à la cause de la Révolution » et qui
« était à Jemmapes », mais surtout s'opposait à l'instauration d'un r
égime républicain : « La République nous exposerait à d'affreuses divi
sions, elle nous brouillerait avec l'Europe ».
Ce chef d'oeuvre d'habileté politique poussa les républicains à
réagir promptement. Plusieurs d'entre eux se réunissent le même jour
au 104 rue de Richelieu, chez le restaurateur Loin tier ; on trouve là
J.-L. Hubert, U. Trelat, C. Teste, A. Guinard mais aussi Béranger, Cabet,
Cauchois-Lemaire et M. Chevalier. Ces quatre derniers soutenaient
Louis-Philippe estimant impossible l'instauration de la République pour
l'instant : ils furent mis en minorité.
Au sortir de la réunion une adresse est portée à la Commission
municipale (formée de Casimir-Perier, de Schonen, Mauguin, Laffitte,
Lobau, Audry de Puyraveau), qui siégeait à l'Hôtel de Ville. Dans cette
2. H. Heine, De la France, Paris, éd. Montaigne, 1932, p. 86.
3. Choses vues, 1830-1846, « Folio », Gallimard, 1972, p. 105.
4. Tous les textes de la Société des Amis du Peuple sont regroupés dans le
volume II de la collection « Les Révolutions du XIXème siècle », intitulé La So
ciété des Amis du Peuple, 1830-1831, éd. Edhis, 1974. Une exception : la Déclara-
ration des principes, publiée par la Société le 8 septembre 1830, que l'on retrouve
in extenso dans Les Sociétés populaires de 1830, par un négociant, officier de la
Garde Nationale, Paris, Everat impr., 1830 (B .N. Lb 5 1 225). Société des Anás du Peuple 1 71 La
adresse, il est demandé : « qu'aucune proclamation ne soit faite qui,
déjà, désigne un chef lorsque la forme même du gouvernement ne
peut être déterminée ». L'entrevue avec la Commission municipale
n'aboutit à rien. Hubert « accompagné de plusieurs de ses amis encore
en armes et le fusil en bandoulière » (5) sortit de l'Hôtel de Ville et lut
la proclamation suivante :
« La France est libre. Elle veut une constitution. Elle n'accorde au gouver
nement provisoire que le droit de la consulter. En attendant qu'elle ait expri
mé sa volonté par de nouvelles élections, respect aux principes suivants : plus
de royauté ; le gouvernement exercé par les seuls mandataires élus de la na
tion ; le pouvoir exécutif confié à un président temporaire ; concours médiat
ou immédiat de tous les citoyens à l'élection des députés ; la liberté des cul
tes, plus de culte de l'État ; les emplois de l'armée de terre et de l'armée de
mer garantis contre toute destitution arbitraire ; établissement des gardes na
tionales sur tous les points de la France ; la garde de la Constitution leur est
confiée ; les principes pour lesquels nous venons d'exposer notre vie, nous
les soutiendrons au besoin par l'insurrection légale. » (6)
A plus d'un titre, ce texte est fondamental. Tout d'abord il fut
repris dans le numéro 218-219-220 des 1er, 2 et 3 août 1830 de La

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